Bonjour les amis,
Dimanche dernier le grand rendez-vous que nous attendions tant impatiemment a enfin eu lieu. Les jours qui ont précédé nos 2 concerts étaient fébriles. Et pour être tout à fait sincère je n'avais peur que d'une seule chose : qu'un évènement imprévu m'empêche comme c'est déjà arrivé par le passé de participer moi aussi à cette expérience fabuleuse. Chanter un CARMINA BURANA dans son intégralité c'est la réalisation d'un rêve. Il y a des oeuvres comme ça : le REQUIEM de Mozart, le MESSIE de Haendel, LA PASSION SELON ST MATHIEU de J.S. Bach....
La veille du concert la dernière répétition s'était bien passée et tous les participants, musiciens et chanteurs, étaient parfaitement concentrés. CARMINA BURANA est une oeuvre exigeante dans laquelle les entrées de voix sont extrêmement percutantes et précises. Tout se joue au millimètre. C'est aussi une oeuvre très contrastée avec des successions de fortes et de pianos, et des crescendos qu'il faut bien doser.
CARMINA BURANA est peut-être l'oeuvre la plus viscérale du XX ème siècle et les hommes y ont des parties chantées très énergiques d'une rare intensité, tels des pirates qui partent à l'abordage. Parfois c'est sauvage...déchaîné !
Tout ça est dans nos esprits quand nous prenons tous place un par un devant l'autel. Le public a répondu présent. L' église est archicomble et le spectacle va pouvoir commencer.
Et dès le départ ça démarre très fort puisque l'oeuvre commence de manière culminante avec O FORTUNA.
Et là, on a été impeccable, impétueux dès le début. Faisant bien alterner fortissimos suivis de pianissimos. Et on sent un frisson qui parcourt le public...et nous aussi on a le frisson bien sûr.
Et c'est parti pour plus d'une heure et 15 minutes....
Tout le groupe a une énorme gratitude pour le chef d'orchestre Jaume Morell qui possède une grande connaissance de l'oeuvre, qui a beaucoup d' expérience et qui a su nous diriger avec autorité, précision et finesse.
Alors il y a pas mal de vidéos de notre concert qui circulent sur les réseaux mais les seules qui sont éditées sur youtube sont celles où chante le baryton Miguel Angel Ariza, un jeune prodige promis à un grand avenir sur la scène lyrique.
Dans la partie centrale de l'oeuvre, dans les parties chantées par les hommes, mon coeur s'est un peu emballé pendant le concert, et mes pulsations cardiaques sont montées d'un cran.
Pour calmer un peu ma surexcitation, je me suis dit:
" Respire profondément. Calme-toi...sinon ce concert tu vas pas le terminer. Là, sans t'en rendre compte, t'es au bord de la syncope...".
Il faut dire aussi qu'il régnait une forte chaleur dans l'église.
Finalement tout s'est très bien passé et sur la partie finale on s'est complètement lâché...
Le public nous a applaudi très chaleureusement. Standing ovation...
Pour préserver nos forces pour le 2 ème concert qui devait avoir lieu 45 minutes plus tard, nous sommes tous passés silencieusement dans un des salons de la paroisse. Objectif : préserver sa voix, faire des exercices de relaxation et rester concentré.
CARMINA BURANA est une oeuvre qui met les voix des sopranos et des ténors à rude épreuve car ils doivent parfois chanter des notes très aigües et les tenir pendant 4,5,6,7,8 et 9 mesures ! C'est pas le genre d'efforts qu'on peut produire plusieurs fois dans une journée.
A la fin du 2 ème concert on était rincé, mais profondément heureux...et on se congratulait tous joyeusement et recevions avec ravissement les chaudes félicitations enthousiastes des amis qui étaient venus nous écouter.
En fin de soirée nous sommes allés nous détendre dans un bar à côté de l'église.
Le lendemain matin quand il a fallu se lever pour aller au travail j'ai senti des courbatures dans tout mon corps alors que pendant tout le concert on est statique et on reste debout sans bouger.
Oui, mais d'une part rester debout sans bouger deux fois pendant toute la durée de l'oeuvre et dans la chaleur ça demande un vrai effort, et d'autre part il y avait surtout l'énorme tension musculaire produite par l'interprétation et par les shoots d'adrénaline....48 heures après le concert je ressentais toujours physiquement les traces de l'effort produit.
Aujourd'hui on est mercredi et je ne suis toujours pas redescendu de mon petit nuage. CARMINA BURANA continue encore de résonner dans mon esprit....
C'était magique, et j'y étais....Le rêve d'enfant s'est réalisé.
commenter cet article …