Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 08:16

Bonjour les amis,

Je viens de finir un énorme pavé de près de 800 pages de Philipp Meyer intitulé LE FILS, et  j' ai trouvé une excellente critique que je vous invite à lire ci-dessous:

 

 

Audrey Chaix a pratiquement tout dit, et je me contenterai d' y ajouter juste quelques commentaires personnels.

Alors la grande particularité de ce roman qui se passe au Texas c' est de remettre en perspective l' histoire de cette partie du monde.Nous avons tous une vision de la colonisation qui a commencé au XVI ème siècle et durant laquelle l' homme blanc a chassé les natifs qui formaient une communauté d' une vingtaine de millions d' habitants.

Ce qu' on perd de vue c' est que la guerre va durer pendant près de 350 ans...Et dans ces conflits on oublie les mexicains.Or au Texas les luttes entre les blancs, les mexicains et les indiens de différentes tribus seront incessantes.

Blancs contre les mexicains, mexicains contre indiens, et indiens contre les blancs pendant plus de 3 siècles.Sans oublier blancs contre blancs puisqu' il y aura la guerre de sécession.Je simplifie le récit car quand je dis indiens il faut parler des différentes tribus rivales ( même si le livre s' attarde plus sur celles des comanches)

Evidemment, avec un tel passé si sanglant, si marqué par le recours systématique à la violence, et à l' usage des armes, on peut comprendre que le Texas soit une terre particulière où l' origine familiale de chacun pèse sur l' approche qu' il a de se voisins.Chaque dynastie a sa propre histoire ( généralement violente), vue de son côté.Chez les blancs il y a les éleveurs, les producteurs de coton, et ensuite il y aura le pétrole qui va enrichir nombre d' entre eux...et cela durera jusqu' aujourd' hui.

Le fondateur de la dynastie Mc Cullough a été enlevé par les comanches et il vivra trois ans dans leur communauté.C' est la partie qui pour moi est la plus passionnante du récit car Philipp Meyer s' est documenté de manière très détaillée sur les us et coutumes des indiens.On apprend tout dans son livre.C' est bourré d' informations.Comment cuisiner toutes les parties comestibles du bison, comment préparer les peaux, comment réaliser un arc.Quelles sont les coutumes sexuelles et affectives entre les comanches qui ont  des relations assez libres avec les filles tant qu' elles ne sont pas encore mariées ( par ailleurs ce sont souvent elles qui prennent les initiatives...) .Comment les comanches traitaient leurs prisonniers quand ils décidaient de les garder, et comment ils les éxécutaient dans le cas contraire.On y apprend aussi comment s' organisait la vie sociale dans les tribus, comment et en fonction de quoi ils planifiaient leurs transhumances.Le livre nous en apprend beaucoup sur leurs systèmes de valeurs ( la fameuse bravoure indienne, par exemple),et aussi sur leur sens de l' humour ...

Le récit est d' une extraordinaire violence mais sans complaisance et Philipp Meyer essaie de le raconter de la manière la plus honnête possible, c' est à dire avec la sensibilité des personnages de l' époque ( et pas avec notre sensibilité à nous, ses lecteurs).

Elli Mc Cullough est parfois très brutal mais on a de l' empathie pour lui car on se resitue dans le contexte qui est le sien,et ses réactions sont justifiées par une certaine forme de bon sens et d' instinct de survie.Le roman de ce point de vue fait penser à la première scène hyper violente du film LE REVENANT.Elli est un personnage hybride car, même s' il retourne dans le monde des blancs il garde beaucoup d' amour et de respect pour sa communauté comanche d' adoption.Il garde un goût insatiable pour la nature et la liberté.

L' histoire se passe sur 5 générations avec 3 narrateurs.

C' est un livre assez torrentiel, avec plein de personnages toujours décrits avec précision et réalisme comme si Meyer avait voulu y mettre tout le Texas.

Quand on referme la dernière page, on n' a plus la même perception de cet Etat.On comprend mieux pourquoi les texans sont et resteront toujours un peu à part.

Philpp Meyer

Philpp Meyer

 

 

Partager cet article
Repost0
5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 08:14

Bonjour les amis,

La semaine dernière un collectif de 35 psychiatres américains a envoyé une lettre au NEW YORK TIMES dans laquelle ils mettaient très sérieusement en doute l' état de santé mentale de Donald Trump.

C' est un fait atypique et complètement inhabituel dans l' histoire des Etats-Unis, et même si cette initiative ne respecte pas les règles déontologiques de la profession, le simple fait que 35 experts, dont certains de renom international, tirent la sonnette d' alarme est en soi très inquiétant.

 

 

Alors, en ce qui me concerne, je ne suis pas spécialiste en psychiatrie pour émettre un diagnostic, mais je n' oublie pas que dans l' histoire de l' humanité de grands malades mentaux ont occupé la plus haute responsabilité de certains Etats.Il y avait eu sur ce sujet un excellent documentaire dans les années 80 intitulé: " Ces malades qui nous gouvernent".

Un documentaire qui rappelait, par exemple, qu' un pilote d' avions qui a la responsabilité de la vie de 200 à 300 personnes doit faire des examens de contrôle régulièrement, alors que des présidents qui dirigent la destinée de nations entières, formées de dizaines de millions d' habitants, ne sont pas soumis à des examens aussi stricts.

Vous pourrez voir, si ça vous intéresse, l' intégralité de ce documentaire bien plus passionnant que n' importe quel film à l' affiche en ce moment sur le lien ci-dessous.

 

Alors,pour amener un peu de dérision et de dimension métaphorique sur un sujet qui est inquiétant et pas du tout drôle, je me suis complu à imaginer,à la manière de Woody Allen,quel genre de joueur d' échecs serait Donald Trump ?

Vous savez que j' aime l' art échiquéen, et que je considère que de nombreux grands hommes politiques étaient de redoutables joueurs, à commencer par Napoléon, pour n' en citer qu' un seul.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2016/03/eloge-du-jeu-d-echecs.html

Alors quel serait le style de Donald s' il appliquait les mêmes stratégies à ce  noble jeu qu' il ne le fait en politique ?

Disons qu' il aurait un style direct, impulsif...Il se précipiterait sur le Roi adverse comme un soudard, de manière trop cavalière, avant d' avoir mesuré les possibles effets collatéraux d' une attaque trop précipitée.Il utiliserait toute la puissance de sa Reine sans penser à la protéger et à couvrir son action.

Donald ne reculerait pas ses pièces avancées de manière trop hasardeuse.Il est trop orgueilleux pour reconnaître qu' il s' est lancé dans une offensive de manière aventureuse, sans la préparation nécessaire, et qu' il serait plus sage de battre en retraite.Non, battre en retraite lui est impossible...

Du coup, Donald sacrifierait sans états d' âme ses pions, échangerait rapidement ses pièces mineures, et on se trouverait vite en phase de fin de partie.Tenter de longs mouvements préparatoires pour essayer d' en tirer un bénéfice stratégique à long terme est hors de sa portée intellectuelle.

Serait-il un joueur fair-play ? Alors là, je sors mon joker mais je l' imagine bien devant une position de fin de partie clairement désespérée pour lui renverser le jeu de manière malencontreuse et déclarer qu' il faut reprendre la partie à zéro...ou alors balancer l' échiquier à la figure de son adversaire, en disant que ce jeu, de toutes façons, c' est de la m...

Alors, il y a quand même un conseil que je donnerais aux adversaires de Trump.

Aux échecs on apprend une règle d' OR que voici.

Face à un adversaire qui joue mal, voire très mal, il faut maintenir une certaine rigueur et ne pas vouloir se mettre à son niveau en jouant de manière trop rapide en pensant qu' on va gagner sans aucune difficulté la partie car on risque de commettre des erreurs regrettables.Face à un mauvais joueur il faut continuer de jouer comme si on avait affaire à un grand maître.Il ne faut jamais sous-estimer son concurrent.

Celui-ci peut parfaitement cacher derrière des manoeuvres qui ont l' air simples et directes d' autres qui sont plus subtiles.

Or, je vois depuis un certain temps des responsables étrangers tomber dans la provocation de Trump, et adopter ses formes vulgaires, voire insultantes, comme par exemple l' ex-président mexicain Vicente Fox déclarant que ses compatriotes ne paieront jamais son p.... de mur.C' est exactement ça qu' il faut éviter: se mettre à son niveau.Il faut continuer de jouer comme si Trump était un président respectable, et le laisser tout seul nager dans son tas d' ordures.

Un autre responsable suédois a demandé par tweet ce qu' avait "fumé" Trump après l' avoir entendu commenter un attentat en Suède dont personne n' a jamais entendu parler.Encore une fois, ce n' est pas sain que le langage international diplomatique perde ses formes.Laissons Trump se mouvoir tout seul dans sa propre fange...

Je terminerai par une métaphore à deux balles.Parfois mes certains de mes élèves ( très peu nombreux heureusement) s' expriment de manière très vulgaire et insultante et tiennent des propos scandaleux et absolument inacceptables.Mais le pire serait que le professeur leur réponde sur le même ton et dans le même registre...Quand on perd les formes, on perd tout honneur, toute crédibilité et on finit par donner raison aux agresseurs qui marquent des points.

Que penserait nos élèves s' ils voyaient leurs professeurs s' interpeller entre eux de manière vulgaire, peu respectueuse et inappropriée ? L' effet serait désastreux pour tout le monde.

C' est le danger que fait courir Trump à la planète toute entière.

Pour revenir au joueur d' échecs qu' il serait, je crois que ce jeu n' est vraiment pas fait pour lui, ni pour son caractère.

Par contre il aura, qu' il le veuille ou non, à s' affronter à d' excellents joueurs comme Vladoche, par exemple...Un Vladimir Poutine qui, lorsqu' il avance un pion, est rarement amené à le sacrifier.Le président chinois Xi Jinping n' est pas du genre à improviser ses mouvements tactiques de manière irréfléchie non plus.

Ces malades qui nous gouvernent...

 

Donc, je vois mieux Donald sur un ring avec des gants de boxe et essayant de mettre KO rapidement son adversaire...pratiquant les coups bas aussi, comme il l' a fait avec Hillary.

Mais même sur un ring, Trump serait redoutable mais ce ne serait pas un bon boxeur.

 

Ces malades qui nous gouvernent...

Alors, le poker menteur peut-être ?...Là, oui, il serait sans doute très bon car il est capable de balancer n' importe quelle énormité comme si c' était une vérité première dont personne ne doute.Il croit lui-même en ses contre-vérités.Même l' aiguille d' un détecteur de mensonges ne capterait pas la moindre variation...C' est peut-être pour ça d' ailleurs que les 35 experts psychiatres doutent de sa bonne santé mentale...

Ces malades qui nous gouvernent...
Partager cet article
Repost0
4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 10:43

Bonjour les amis,

Voici juste un clip vidéo que je voudrais partager avec vous sur l' exploitation des enfants dans les mines de Cobalt au Congo.Le cobalt entre dans la composition des batteries des portables, tablettes, etc...L' enfant qu' on voit au bout d' une minute de reportage n' a que 8 ans !

Je crois que je vais passer ce court document à mes élèves le 20 Novembre prochain, jour des droits de l' enfant.

Non pas pour les culpabiliser bien sûr, ce serait idiot.Cette situation est notre faute à nous, les adultes.

Je passerai ce clip simplement pour qu' ils aient conscience de la souffrance humaine qui se cache en 2017 derrière leurs inséparables portables, et en leur rappelant qu' il leur appartiendra peut-être à eux de tenter de changer ce monde-ci.

 

Et puis aussi, juste leur rappeler qu' on pourrait faire le même genre de reportages avec la fabrication de nombreux articles de marques de sport, de produits manufacturés de l' industrie, de produits de l' exploitation agricole...et un très long etcétéra.

Partager cet article
Repost0
4 mars 2017 6 04 /03 /mars /2017 08:27

Bonjour les amis,

Quand vous êtes dans une chorale et qu' il vous faut chanter une phrase un peu trop aigüe pour votre registre votre directeur ou directrice de chant vous conseille de le faire en FALSETTO pour que vous puissiez émettre les notes de manière juste et sans les tirer vers le bas.

Alors, en quoi consiste cette technique ?

Le fausset (ou voix de têtevoix de fausset, en italien falsetto) est une technique vocale utilisant le registre le plus aigu — parfois appelé mécanisme 2 de tête, ou registre léger — obtenu en accolant les cordes vocales avec une faible pression, comme les femmes et les enfants, obtenant ainsi un bord d'accolement mince permettant les notes aigues de la voix de tête. Le terme est surtout appliqué aux chanteurs de sexe masculin, ceci afin de bien distinguer ce type d’émission de voix de la technique opposée, plus habituelle, utilisant la voix de poitrine — ou mécanisme 1 de poitrine —, souvent considérée (à tort) comme plus naturelle. La voix de fausset est peu puissante, et d’un timbre particulier : son ambitus, relativement court, se rapproche de celui du contralto féminin.

 

Alors, moi, j' ai un petit problème car, avec l' âge, je n' arrive plus à utiliser cette technique ( la note reste bloquée dans mon gosier).Du coup, si une phrase est trop haute pour moi, et bien,je préfère tout simplement me taire ( l' avantage d' un choeur c' est qu' on n' est pas tout seul et qu' on peut compter sur les petits copains en cas de problème...et par ailleurs quand, au contraire, il faut assurer une notre très grave, ceux-ci peuvent compter sur moi).

 

Alors dans la musique moderne, et surtout anglo-saxonne cette technique particulière de voix de fausset est et a été très utilisée par de nombreux grands artistes.

Commençons avec un exemple hyper connu.Les BEE GEES qui chantaient presque toujours en falsetto.

Il y avait les BEACH BOYS bien sûr.Voici un medley...

Un autre exemple de falsetto avec Mick Jagger sur Emotional Rescue ( je déteste ce morceau des STONES...parfaitement cripsssant !...)

Un autre exemple avec PRINCE..et son fameux KISS !

Il y a avait le groupe IMAGINATION qui chantait tout le temps en falsetto

Le ROI du falsetto c' était surtout Michael Jackson.Remember !

Voici un petit numéro de fausset que personne n' a oublié de Paul Da Vinci des RUBETTES. Paul n' a rien à voir avec Leonardo ( j' ai vérifié) si ce n' est que tous les deux portaient une casquette...

Les mariachis mexicains aussi sont les champions du falsetto.

Allez, je vous remets LA MALAGUEÑA SALEROSA !

Je vous remets aussi la version Rock des Chingon, avec sur le clip Dany Trejo ( et sa gueule taillée au couteau) et Salma Hayek, belle à tomber raide ! Pour mes fidèles lectrices,il y a Antonio Banderas qui n' est pas mal non plus.

Alors, le falsetto c' est pas mal pour ponctuer certaines phrases comme le faisait avec énormément de talent Michael Jackson, mais à contrario, je vais vous présenter Jon Anderson du groupe YES qui n' a pas besoin d' utiliser cette technique car il possède un registre naturellement aigu qui lui permet de monter haut avec la poitrine et à pleine voix.

Ecoutez-le en direct à partir de 2 minutes 10 secondes....J'ai eu la chance de le voir sur scène en 1977 à Anvers au Sport Paleis.

Sans doute l' un des plus beaux concerts Rock de ma vie  ! 

L' occasion aussi de réécouter le bassiste Chris Squire qui nous a laissé en 2015.

Hors-sujet: je suis en pleine répétitions avec mon groupe choral pour deux concerts que nous donnerons  pendant le mois d' avril où nous serons accompagnés par une section d' instruments à cordes.On chantera entre autres le TONIGHT de West Side Story.

Alors moi, par esprit de contradiction,et au moment d' attaquer la partition de TONIGHT avec le choeur je me suis mis à entonner avec une voix de stentor  le I WANT TO LIVE IN AMERICA et la directrice a éclaté de rire en ajoutant qu' effectivement, après l' élection de Trump cette chanson serait plus d' actualité ... Qu' on pourrait l' enregistrer et  envoyer une copie à la Maison Blanche !

Partager cet article
Repost0
3 mars 2017 5 03 /03 /mars /2017 16:15

Bonjour les amis,

Après avoir vu LA LA LAND que j' ai beaucoup aimé, c' est très logiquement que j' ai voulu voir aussi MOONLIGHT qui lui a raflé l' oscar du meilleur film.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2017/02/la-la-land.html

Vous connaissez tous la mini polémique politiquement incorrecte qui sous-entendrait que l' attribution de l' Oscar par l' académie était une forme de compenser le palmarès de l' année antérieure jugé " trop blanc" au goût de certains.

Alors ? MOONLIGHT méritait-il davantage le prix que LA LA LAND ?

La question mérite d' être posée, et le moins qu' on puisse dire c' est qu' il est difficile de trancher de manière immédiate entre deux films qui appartiennent à des catégories si différentes.Drame social cruel d' un côté, comédie musicale de l' autre.

Alors, parlons un peu de MOONLIGHT qui est une comédie dramatique qui montre les difficultés de Chiron,  un jeune afro-américain vivant dans un quartier marginal, dont la mère est droguée et qui est davantage attiré par les garçons que par les filles.

 

 

Les film se présente en trois tableaux successifs qui correspondent à 3 âges de Chiron ( enfance, adolescence et âge adulte) interprétés par 3 acteurs différents ( bons interprètes tous les trois mais le dernier est le plus impressionnant).

Le film nous raconte avec sensibilité les déboires du jeune Chiron, et la vraie difficulté d' être noir dans un quartier populaire d' une part, et de surplus, d' être marginalisé dans sa propre communauté ( disons qu' il y a un gros sous- problème dans le problème...comme dirait un prof de maths).

Toute cette problématique douloureuse et cruelle est bien relatée dans le film mais n' est pas exempte de nombreux clichés:

- l' enfant silencieux, taciturne presque muet ( impossible de faire plus court en dialogues)

- la peinture sociale du milieu des dealers: le portrait est très juste,réaliste, authentique,sans en rajouter...mais moi je me suis dit que bon nombre d' afro américains doivent aussi saturer de cette image stéréotypée qu' on projette d' eux.

- le mentor dealer charismatique qui montre à Chiron le chemin de la vérité et de la liberté

-  la mère droguée incapable d' assurer une éducation normale à son fils

- les camarades de classe qui harcèlent Chiron de manière très violente, etc...

Le film n' est pas exempt de longueurs bien inutiles non plus.

Je suis désolé mais tout ce que raconte MOONLIGHT est finalement assez rebattu, et la seule originalité du récit proviendra de l' homosexualité du héros qui ne peut exprimer ses émotions intimes dans le monde hyper machiste des habitants des quartiers populaires de Miami.

Le réalisateur nous sert un dernier chapitre qui récompense le spectateur patient.La métamorphose du héros est troublante.Là, on se prend une claque !

On sent la tension émotionnelle et sexuelle que Chiron porte en lui de manière puissante et contenue.Il en émane un véritable magnétisme.Le personnage métamorphosé qu' il est devenu nous trouble vraiment...Un Chiron inquiétant, étonnament honnête, qui ne se la joue pas et qui n' a pas peur de montrer ( malgré sa présence physique imposante) son côté le plus fragile et vulnérable.Les dernières scènes sont psychologiquement intenses...Elles m' ont fait penser aux westerns-spaghetti de Sergio Leone et à ces scènes interminables où tout se passe dans les yeux.La caméra de Jenkins n' arrête pas de faire des allers et venues entre le regard de Chiron et celui de son copain pendant à peu près 20 minutes.

Je n' en dirai pas plus...Le scénario pourrait se résumer en 4 lignes...Et franchement, même si je suis d' accord pour dire que MOONLIGHT possède d' indéniables qualités, je dois ajouter que je me suis pas mal ennuyé quand même... que pendant les 2 premiers chapitres j' ai pas eu grand chose à me mettre sous la dent.Je n' ai pas succombé au charme de la scène initiatique du mentor apprenant Chiron à nager, par exemple...

Alors, de là  à  donner à MOONLIGHT l' Oscar du meilleur film, il y a un pas que je n' aurais jamais franchi.

MOONLIGHT aurait t' il bénéficié d' une discrimination positive inconsciente de la part du jury ? Le doute est plus que permis....

Finalement l' erreur historique de Warren Beatty annonçant l' attribution du prix à LA LA LAND n' est peut-être pas si une si grosse erreur que ça !

Rendez-vous dans 20 ans pour faire les comptes et savoir qui se souviendra de MOONLIGHT et qui se souviendra de LA LA LAND.Je prends les paris...

 

Moonlight...un film oscarisé, mais un film surcoté.
Partager cet article
Repost0
27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 16:24

Bonjour les amis,

Il y a quelques jours je vous avais dit tout le bien que je pensais de MANCHESTER BY THE SEA de Kenneth Lonergan.

J' avais écrit dans mon article que pour ma part j' aurais attribué à Casey Affleck l' Oscar de la meilleure interprétation masculine, et l'académie américaine a exaucé mes voeux.

J' ai donc misé sur le bon cheval !

C' est un Oscar mérité pour un acteur qui interprète avec beaucoup de vérité, de pudeur et d' authenticité, la douleur, la désolation morale d' un personnage qui a commis une petite erreur très lourde de conséquences qu' il ne peut se pardonner. 

Lee ne sombre pas dans la dépression.Il affronte ses responsabilités tout en vivant au bord d' un gouffre, d' un vide métaphysique dans lequel la vie l' a projeté.C' est un héros existentialiste surgi du quotidien d' une Amérique desenchantée, cette Amérique prolétarienne qui a probablement voté Trump...Le désarroi de Lee nous touche car il est partiellement le nôtre, à tous.

Casey ne se lance dans aucun numéro d' acteurs.Il joue son rôle avec justesse et sobriété.Il est Lee de manière crédible car il a bien intériorisé tous les codes du monde ouvrier.Il est capable de nous faire ressentir plein d' émotions sur de simples attitudes ou regards.

La scène de sa déclaration dans le bureau de Police est une des plus bouleversantes que j' ai jamais vues.

Alors,je suis content de cette attribution mais je me dis qu' on revient de loin car si Nate Parker ( dont j' ai écrit tout le mal que je pensais de son interprétation dans NAISSANCE D' UNE NATION) n' avait eu des démêlées avec la justice au sujet d' une affaire de viol il aurait probablement été proposé dans la liste des nominés...Et rien que le fait qu' il soit nominé aurait été assez honteux.

Affleck et Parker sont vraiment deux exemples parfaitement opposés.

D' un côté Nate Parker qui en fait des tonnes, et qui s' identifie lui-même à son " héros" à la morale tordue et dévoyée. Nate Parker hyper narcissique qui se LA PÈTE à fond...qui est vraiment insupportable à l' écran et qui représente le cinéma QUE J' ABHORRE de ces jeunes réalisateurs méprisants, suffisants, prétentieux, finalement très nulos et avec un égo démesuré inversement proportionnel à leur talent...Nate Parker qui tente de profiter du personnage historique qui avait ses propres raisons d' en découdre avec les blancs pour se mettre en valeur lui-même et cracher sa haine comme un vulgaire rappeur ( excusez mon pléonasme ).Parker qui serait risible si le sujet abordé n' était dramatique...

En face, l' interprétation d' Affleck est une vraie leçon de sensibilité, de modestie et d' humanité.

Après avoir vu le MANCHESTER BY THE SEA, j' ai gardé le personnage de Lee deux jours d' affilée dans mon esprit...et ça, il faut être un très grand acteur ( servi par un grand metteur en scène) pour faire une telle impression sur le spectateur.

Lee m' accompagnera pour toujours...

And the winner is...Casey Affleck !

PS: alors, il se trouve que, par le plus grand des hasards Casey Affleck est lui-aussi au coeur d' un mini scandale dans  une affaire de moeurs...Certains penseront donc qu' il y a eu deux poids, deux mesures de la part de l' académie des Oscars.Je n' entrerai pas dans ces polémiques sur lesquelles la justice ne s' est pas encore prononcée.Je m' en tiens  à l' interpétation des deux acteurs, et là, il n' y a pas photo:

Celle de Casey est énorme...et celle de Nate Parker nulle à c...

 

 

Partager cet article
Repost0
25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 16:57

Bonjour les amis,

Je viens de voir SILENCE de Martin Scorcese qui raconte un des épisodes finaux de la lutte des autorités japonaises contre l' implantation du catholicisme dans leur pays.

Deux pères jésuites,Sébastien Rodrigues et son compagnon, le père François Garpe arrivent au Japon en 1638 pour tenter de reprendre contact avec le père Ferreira dont la rumeur dit qu' ils s' est apostasié et qu' il est devenu l' allié des japonais.

La population chrétienne vit dans la clandestinité. Pour dénicher les chrétiens cachés, les policiers forcent ceux qu’ils soupçonnent de l’être à piétiner une image du Christ (l'épreuve du fumi-e). Ceux qui refusent sont emprisonnés et torturés à mort.

Rodrigues et Garpe ne sont pas en mesure de poursuivre longtemps leur ministère pastoral. Bientôt arrêtés ils sont contraints à être témoins de la mort lente et cruelle de chrétiens japonais refusant d’abandonner leur foi chrétienne. Il n'y a pas de gloire dans ces martyres, pense maintenant Rodrigues au contraire de ce qu’il avait imaginé, mais seulement brutalité et cruauté.

Bon alors, avec ce film on s' embarque pour 2 heures et 40 minutes de souffrances, de tourmentes physiques et  de dilemmes moraux.

Ce SILENCE, c' est celui de Dieu qui laisse ses jésuites chargés de répandre sa bonne parole seuls face aux terribles conséquences de leurs actes évangéliques dans l' empire nippon.

Je commencerai, comme toujours, par parler des grandes qualités du film.

Scorsese aborde un grand chapitre de l' histoire de l' Eglise alors, comme on pouvait s' y attendre, la mise en scène est grandiose.Le Maître Scorsese garde son savoir-faire et sait raconter une histoire.

On est littéralement transporté dans le Japon du XVII ème avec des images à la fois très belles, parfois violentes et parfois poétiques, au coeur d' une société féodale très dure.On partage d' abord le quotidien et la vie précaire d' humbles paysans vivant leur foi dans la clandestinité.

Scorsese prend son temps, et ne précipite pas les étapes.Nous partageons d' abord dans un petit village côtier les espoirs et angoisses de ces missionnaires  qui savent qu' ils vont être confrontés à de terribles épreuves de vérité.Une lourde attente chargée d' angoisses s' installe.

Le spectateur attend patiemment la confrontation avec le grand inquisiteur japonais, et aussi avec le père Ferreira ( aussi attendu dans ce film que le colonel Kurtz joué par Marlon Brando à la fin d'  Apocalypse Now).

Cette confrontation, et ce choc de cultures et de civilisation  donneront lieu à des dialogues excellement interprétés par tous les acteurs qui jouent leur rôle avec sincérité et justesse.

L' inquisiteur japonais a décidé de lutter contre l' expansion du christianisme en obligeant les missionnaires à abjurer leur foi, et comme il sait que ceux-ci sont prêts à faire le sacrifice de leur vie,il les met en face d' un autre dilemme plus cruel et plus subtil.S' ils ne renoncent pas à leur foi, ce sont des innocents villageois chrétiens qui seront torturés et mis à mort à leur place.

Nous voici donc plongés dans un dilemme qui confronte le missionnaire face à une dimension absurde de son action évangélique:le fait qu' il propage la bonne parole et la croyance en un Dieu d' amour provoque la mort et la désolation qu' il a le pouvoir de stopper par un simple acte d' abjuration...Notons au passage que ces scènes d' abjuration répétées trop souvent dans le film, et de manière vraiment trop insistante, finissent rapidement par lasser le spectateur( là, Scorsese ne fait pas dans la dentelle...très répétitif, pour ne pas dire assommant...on a envie de lui dire " ok mec ! On a compris ! ").

La vision de la foi vécue et vue à travers les yeux de paysans japonais est très simpliste ( et se résume en une perception très iconographique de la religion).On se dit que pour eux, cette religion doit être aussi exotique que le bouddhisme l' est pour nous. D' ailleurs on ne comprend pas bien dans le film ce qui les pousse à mourir et à se sacrifier.Ça paraît presque incongru...à la limite du crédible ( alors que ça s' est réellement passé).

Le grand inquisiteur tente de convaincre Rodrigues de l' incompatibilité du christianisme avec les valeurs de la société japonaise, et de l' inanité de son projet.

C' est le moment-clé du film qu' on attend, le grand choc de cultures, et là il faut reconnaître qu' on reste un peu sur sa faim.

Même si le grand inquisiteur fait appel parfois à de jolies métaphores pour s' expliquer comme celle des quatre concubines, je trouve que la réflexion reste un peu courte.

Ferreira, lui, a cédé au chantage du grand inquisiteur japonais: il est un peu victime d' une espèce de syndrome de Stockholm avant l' heure et finit par adopter le point de vue des gouverneurs locaux, et décide d' apprendre plus d' eux que d' imposer ses propres croyances.

Ce thème de l' enrichissement mutuel est abordé dans le film mais il n' est pas approfondi...Finalement le film dure 2 heures et 40 minutes et le sujet central du film n' est pas abordé de manière suffisante ( à mon goût).

Franchement, si moi j' avais dû faire un tel film, je l' aurais construit comme une pièce de théâtre avec 3 personnages centraux: Rodrigues, Ferreira et l' inquisiteur.

Une pièce où chacun, tour à tour, marquerait des points  et ferait douter les deux autres...

Au lieu de cela, SILENCE est la terrible chronique d' une mort annoncée et inéluctable. 

Le spectateur reste sur un sentiment de frustration et se dit qu' il manque vraiment un élément important à ce film pour en faire un chef d' oeuvre...pour qu' il ne soit pas qu' une simple illustration d' un tragique chapitre connu de l' histoire.

Evidemment, on m' objectera qu' on ne peut changer le cours de l' histoire réelle pour faire un bon scénario, mais je crois qu' il y avait l' espace pour faire un film qui respecte la vérité historique, et qui laisse aussi à des personnages  comme Ferreira la possibilité d' ouvrir des fenêtres de compréhension, d' intelligence et d' enrichissements mutuels.

Scorsese rate ( de mon point de vue) l' objet principal de son film qui aurait pu être l' histoire de ce choc de civilisations.

Soyons juste et honnête: il aborde bien le thème mais il ne l' approfondit pas assez.Dommage !

On aurait aimé savoir, avec plus de détail et de précision, contre quoi la morale chrétienne si universaliste a buté au Japon ( et pas en Corée ou en Chine).Pourquoi après une première étape d' évangélisation les autorités politiques ont décidé d' éradiquer toute trace de christianisme ? Pourquoi la chrétienté a t' elle été perçue comme un vrai danger politique par les gouvernants de l' époque ? On reste un peu sur ses interrogations même si le film apporte des éléments de réponse.

J' attendais davantage de la confrontation de Rodrigues  avec le grand inquisiteur et avec Ferreira.

SILENCE c' est avant tout  l' histoire ( incomplète) d' un échec.C' est un long film, un bon film mais pas un grand film.

NB: Je ne fais pas la fine bouche et je suis plutôt sympa, car j' ai lu ici ou là des critiques bien plus saignantes qui trouvent que le film est réellement assommant, balourd, trop démonstratif, qu' il donne une image simpliste de la croyance ( avec une fin très naïve): ce qui est un point de vue parfaitement défendable.

http://www.humanite.fr/par-ici-les-sorties-par-vincent-ostria-631777

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 08:37

Bonjour les amis,

Je viens de voir American Pastoral,inspiré par le roman de Philip Roth.

Voici une présentation qui résume l' argumentation du film

L’Amérique des années 60. Autrefois champion de sport de son lycée, Seymour Levov, dit « le Suédois », est devenu un riche homme d’affaires marié à Dawn, ancienne reine de beauté. Mais les bouleversements sociopolitiques de l’époque font bientôt irruption dans la vie bourgeoise, en apparence idyllique, de Seymour. Lorsque sa fille adorée, Merry, disparaît après avoir été accusée d’acte terroriste, il part à sa recherche pour que sa famille soit de nouveau unie. Profondément ébranlé par ce qu’il découvre, il doit affronter le chaos qui secoue la société américaine et jette les bases d’un nouveau monde. La vie de famille ne sera plus jamais la même…

 

 

 

 

 

Alors la première conclusion qui s' impose c' est qu' aucun réalisateur n' a réussi à faire un grand film à partir d' un grand roman de Roth. Que ce soit LA COULEUR DU MENSONGE ou AMERICAN PASTORAL, aucun de ces films n' atteint une dimension artistique qui les situe au niveau du prestige des oeuvres de Roth dans la littérature américaine.

Mais soyons juste aussi.Aucun de ces films n' est mauvais non plus, bien au contraire.

Revenons à AMERICAN PASTORAL, et parlons de ses qualités d' abord.

Le film nous replonge dans l' Amérique des années 70, reconstituée de manière très soignée.L' action démarre bien avec un narrateur qui va nous raconter l' histoire de Seymour, métaphore à lui tout seul du rêve américain. Seymour grand champion sportif qui épousera une reine de beauté et qui reprend avec succès la petite entreprise familiale.

Le grain de sable dans cette belle histoire idyllique proviendra de sa fille, de ses difficultés psychologiques durant sa petite enfance, et ensuite de sa rupture avec sa propre famille jusqu' à ce qu' elle devienne une terroriste d' abord, puis une espèce de zombie non-violente manipulée par une secte ensuite.

La caméra adopte le point de vue de Seymour qui tente par tous les moyens de sauver sa fille. Seymour qui est à la fois quelqu' un de très responsable mais qui ne renonce jamais à l' amour qu' il porte envers sa progéniture. Seymour qui veut comprendre et qui assume et prend tout sur lui  , y compris les erreurs impardonnables de sa fille.

Cette partie-là quoique un peu mélodramatique est parfaitement réussie: on s' identifie à Seymour et on  plonge dans les affres de ce père qui vit une situation à la fois horrible,cruelle, incompréhensible et imméritée.

Bien évidemment, le film a une dimension métaphorique: ce châtiment cruel et injuste qui s' abat sur Seymour, c' est le prix des pêchés et des crimes non avoués de l' Amérique.

Dawn, l' épouse de Seymour, interprétée par Jennifer Connelly amène des éléments de surprise dans le scénario.Dawn vit très mal la situation familiale provoquée par leur fille Merry.

Elle est forte au début,puis elle finit par péter un plomb, pour ensuite sombrer peu à peu dans une dépression, et puis renaît de ses cendres en tirant un trait définitif sur l' existence de sa fille.

C' est sans doute le moment le plus surprenant du film, mais aussi le plus crédible.Parfois pour survivre il faut savoir rompre avec des êtres qui ont été très chers...or, personne ne peut penser qu' on puisse tirer un trait sur l' existence de ses enfants.Ça paraît insensé mais le revirement de la mère est finalement très crédible et psychologiquement juste.

Alors d' où vient le problème avec ce film ?

D' abord le conflit de générations qui oppose Merry et son père parait tant stéréotypé qu' il frise la caricature.Le personnage de Merry est vraiment très simpliste.Elle est très innocente: sa rébellion et son ingénuité font sourire au début du film et sont assez agaçants pour le spectateur.

Le problème c' est que la relation entre le père et la fille ne sont pas approfondies.On assiste, de manière impuissante à une rupture,à un dialogue de sourds, et ensuite aux tentatives désespérées d' un père qui passe le reste du film à vouloir récupérer sa fille, sans qu' on sache réellement ce qu' elle est devenue, ni ce qu' elle a fait...

C' est sans doute le moment qu' aurait dû choisir le metteur en scène pour prendre des libertés avec le roman ( quitte à le trahir partiellement).Proposer une une confrontation entre le père et la fille qui amène de la réflexion et d' où il se dégage une vérité...Une scène où les deux arrivent  à faire un pas l' un envers l' autre.

Il ne ressort absolument rien de positif de la trajectoire de Merry. Elle finit comme une paumée qui vit complètement à l' Ouest.Elle représente le desastre intellectuel et moral de toute une génération de jeunes que l extrême-gauche a projeté dans une voie sans issue.Ce film est l' histoire d' un naufrage intellectuel, d' un TITANIC de la pensée...C' est une descente aux enfers.

Voici un extrait du roman de Philip Roth que le metteur en scène a essayé de retranscrire fidèlement à l'écran avec un monologue intérieur du narrateur qui résume les lignes-ci dessous:


On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d’arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d’espoirs, d’arrogance; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus sur ses dix orteils au lieu d’écraser la pelouse sous ses chenilles; on arrive l’esprit ouvert, pour l’aborder d’égal à égal, d’homme à homme comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n’avait pas plus de cervelle qu’un tank. On se trompe avant même avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux; on se trompe quand on est avec eux; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelqu'un d’autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n’y voit que du feu, ce n’est qu’illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant, comment s’y prendre dans cette affaire si importante- les autres- qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d’autrui et ses mobiles cachés? Est-ce qu’il faut pour autant que chacun s’en aille de son côté , s’enferme dans sa tour d’ivoire , isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir de mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance? Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant: on se trompe. Peut être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous.. alors vous avez de la chance.

 

On y voit dans cet extrait du roman les qualités et les défauts de Philp Roth qui s' enferme parfois dans une pensée qui tourne en rond et qui débouche sur une vision philosophique de la vie finalement assez pauvre, voire prétentieuse et risible...

Et si Philipp Roth n' était finalement pas un si grand romancier que ça ?

C' est la question que je me suis posé en voyant le film (et en lisant cet extrait).

Et si, pour faire ce grand film qu' on attendait, il ne fallait pas partiellement trahir cet écrivain ?

La question mérite d' être posée...

Alors, pour revenir à AMERICAN PASTORAL j' essaierai de garder en tête ses grandes qualités et notamment la trajectoire du père qui est dans le vrai, qui ne renonce jamais à l' amour qu' il porte pour sa fille.

Seymour est finalement un Christ de la paternité et son amour si beau et si grand est crucifié de manière absurde sans toutefois racheter les crimes d' une Amérique coupable et insensible.

AMERICAN PASTORAL est un film à voir, malgré certains de ses défauts.

American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.

PS: J' ai retrouvé cette belle chanson des années 70 de Maxime Leforestier qui résume bien le conflit de générations de l' époque...et aussi la naïveté d' une certaine jeunesse.

J' ai l' original chez moi...mes années fleur bleue...!!!

Partager cet article
Repost0
20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 17:57

Bonjour les amis,

Je viens de voir Manchester by the sea de Kenneth Lonergan qui nous raconte l’histoire des Chandler, une famille de classe ouvrière, du Massachusetts.

Après le décès soudain de son frère Joe (Kyle Chandler), Lee (Casey Affleck) est désigné comme le tuteur de son neveu Patrick (Lucas Hedges). Il se retrouve confronté à un passé tragique qui l’a séparé de sa femme Randi (Michelle Williams) et de la communauté où il est né et a grandi.

Alors, autant vous dire tout de suite que j' ai été bouleversé par ce film qui décrit d' une manière juste ,  sensible et humaine l' histoire de Lee Chandler, simple agent d' entretien qui vit seul et éloigné de sa ville natale, après y avoir vécu un drame.

C' est un film qui décrit très bien l' ambiance des " blue collars" de l' Amérique profonde et où apparaissent des personnages au parler souvent vulgaire, et aux manières un peu brusques et parfois rustres mais qui ont aussi des vraies valeurs humaines avec lesquelles ils ne transigent pas.

On les suit dans leurs parties de pêches, leurs sorties, leurs virées bien arrosées entre potes un peu macho ( parfois un peu beaufs mais sympas) , qui aiment bien leurs femmes ( à leur manière mais toujours en les respectant) et leur famille.

C' est la partie la plus réussie du film.Le portrait de ces "ordinary people" est d' une telle justesse qu' on en est sincèrement troublé.

Moi qui suis né au coeur d' un bassin minier et sidérurgique du Nord de la France,j ' ai reconnu chez ces prolos américains les mêmes comportements, codes et valeurs qu' il y avait dans mon environnement social et familial.

Des hommes et des femmes qui peuvent être parfois très crus mais qui ont aussi le coeur sur la main et qui sont d' une grande générosité.Tout cela est filmé avec énormément de sensibilité, sans vouloir être démonstratif.

Les personnages sont criants de réalisme, de vérité, et d' authenticité dans leur façon d' être, de s' engueuler,de s' habiller de manière un peu négligée, d' éduquer leurs gosses...

Le film n' est jamais mélodramatique et n' essaie pas de nous soutirer des larmes.De nombreuses scènes sont filmées à mi-distance, et sont sans dialogues.On comprend tout rien qu' avec les regards et les expressions échangées.C' est du cinéma minimaliste mais du très grand cinéma.

L' interprétation de Casey Affleck est simplement bouleversante. Pas de numéro d' acteurs,mais une sobriété remarquable.Il est énorme...renversant ... ( et pour ma part je lui attribuerais l' Oscar 2017).

Il vit un drame personnel en prenant tout sur lui avec beaucoup de dignité.

Il faut parler des dialogues aussi.Parfois les personnages bredouillent, ne savent pas exprimer ce qu' ils portent en eux, mais il en ressort une émotion qui crève l' écran.Une des scènes avec l' ex-femme de Lee qui veut lui dire des choses sans trouver ses mots est très émouvante.

Le film dure 2 heures et 28 minutes et je n' ai pas vu le temps passer.On progresse avec Lee qui a un gros problème à résoudre avec la garde de son neveu.Une relation compliquée s' installe entre ces deux personnages en crise: Lee fait face courageusement à ses responsabilités, ne va pas trahir la famille, ni son sang, mais traîne son drame personnel qui l' empêche de prendre en charge les problèmes du jeune orphelin en pleine crise d' adolescence.Il ne peut céder à tous les souhaits de son neveu.

Le montage du film est très subtil, avec des flash backs judicieux qui nous amènent peu à peu à comprendre le drame de Lee.

Un Lee qui ne se plaint pas,un Lee taciturne qui ne partage pas ses problèmes et qui n' essaie même pas de se relancer dans la vie quand l' amour vient frapper à sa porte.Un Lee qu' il ne faut pas chatouiller non plus, qui sombre dans la bière, et qui peut décocher un coup de poing dans la figure si on le regarde un peu de travers...Lee qui garde des instincts du milieu dans lequel il a vécu, où l' honneur se défend à coups de poings.

Notons aussi les belles images maritimes qui apportent du champ, du lyrisme et de la profondeur au film.

La musique est clairement différenciée selon que l' on vit les scènes dans l' entourage de Lee ( musique moderne) ou selon qu on entre peu à peu grâce aux flash backs au coeur de son drame ( musique classique lente et dramatique, adagios, etc...).

Les images maritimes sont accompagnées de choeurs à capella avec des magnifiques harmonies.Des voix fraîches très présentes, voire omniprésentes, qui amènent de la vie et du relief.

Lonergan n' essaie pas de nous bluffer avec une fin qui remettrait en perspective toute l' histoire du film.

Non, c' est une fin naturelle, douce amère...comme la vraie vie, avec des gens ordinaires qui font face comme ils peuvent aux aléas du destin.

Et puis, en écrivant ce papier plus de 24 heures après avoir vu le film, je me rends compte à quel point le personnage de Casey m' obsède et m' accompagne.Ce film, je vais le revoir...

 

 

Manchester by the sea...pudique et bouleversant.
Partager cet article
Repost0
19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 10:20

Bonjour les amis,

Aujourd' hui je vais vous parler un peu du farniente, une non-activité assez mal vue dans un monde qui culpabilise tous ceux qui ne font rien même si c' est de manière très temporaire.

Bien souvent nous savons  de manière intuitive ce qui est bon pour nous,pour notre corps et pour notre esprit, même si nous ne disposons pas toujours des  arguments clairs et tranchants pour nous justifier.

Et puis un jour, la science vient apporter des éléments explicatifs qui prouvent que nous avions parfaitement raison.

Alors, figurez-vous que les neuropsychologues viennent de démontrer que le fait de ne rien faire pendant un certain temps est VITAL pour notre équilibre.

Allez donc sur la vidéo ci-dessous, écouter ce que nous explique ce spécialiste.

Alors, moi je n' ai pas attendu les preuves scientifiques pour savoir que mon bon sens ne me trahissait pas et que j' avais raison.Que les moments de repos sont essentiels pour se ressourcer et remettre en perspective de manière fraîche et construite notre action quotidienne.

Il faut savoir se mettre en mode OFF pour se protéger d' une société et d' un environnement hyper stimulant,stressant et finalement abrutissant.

O Temps...suspend ton vol...

O Temps...suspend ton vol...

La surstimulation, notamment professionnelle, crée de l' épuisement physique et psychique, et elle est finalement néfaste.

Il faut savoir se mettre en mode OFF pour être efficace, inventif et créatif.C' est souvent en ne faisant rien que peuvent surgir de nouvelles idées.

Comme dit la chanson de France Gall.

DÉBRANCHE !

Partager cet article
Repost0