Bonjour les amis,
Peut-on interpéter du flamenco à la harpe ?
Une partie de la réponse est sur cette vidéo ci-dessous.
Ecoutez, et laissez-vous porter par la harpe d'Ana Crismán...
Alors oui, la magie opère, et quand à 2 minutes 30 secondes Ana Crismán laisse son instrument de côté pour entamer quelques pas de danses, on a été conquis et on a envie de se lever et d'applaudir.
Pourtant le pari n'est pas simple car la guitare qui est l'instrument par lequel est né le flamenco permet de plaquer des accords très dynamiques et très secs, percussifs, ce qui est moins aisé avec une harpe.
En fait Ana est une pianiste qui a reçu une formation classique et qui s'est formée à la harpe de manière autodidacte. Elle est originaire de Jerez (l'un des berceaux de la culture flamenca), et donc, d'une certaine manière, le flamenco fait partie de son ADN. Elle n'essaie pas d'imiter la guitare. Elle repense cette musique qui possède des harmonies qui lui sont propres (comme par exemple le mode phrygien) avec sa harpe. Elle compose elle-même différentes formes stylistiques de pièces flamencas: tarantas, rondeñas, seguiriyas, granaínas, soleá, bulerías, alegrías, guajiras, tientos, tangos et fandangos.
Je vous remets un autre extrait musical de cette émission télé de type I GOT A TALENT. Regardez ce qui se passe à 1 minute 58 secondes. José Mercé (chanteur de flamenco très connu en Espagne et qui fait partie des membres du jury) ne résiste pas, ne se contient plus et se lance dans une improvisation vocale sur la bulería qu'interprète Ana...Moment de magie...et à 3 minutes 40 secondes c'est une standing ovation.
Voila. C'était ma découverte musicale de la semaine. Ana est la seule compositeure flamenca qui utilise une harpe.
Une petite précision: j'ai beau vivre depuis plus de 30 ans en Espagne je reste assez ignorant en matière de culture flamenca. J'en sais maintenant un peu plus, entre autres, grâce à un ami chanteur et percussionniste natif de Cadix qui m'en a expliqué les rudiments. Cette forme artistique c'est tout un univers en soi qui mêle à la fois musiques, chants et danses avec des parties différenciées, parfois improvisées, qui offrent au spectateur une expérience esthétique qui est parfois de l'ordre du mystique.
Le flamenco, tout comme le blues, c'est d'abord un état d'esprit. Peu importe l'instrument musical qui en sera le support.
Je souhaite à Ana Crísman une longue carrière qui lui permettra d'exprimer artistiquement sa passion pour le flamenco et pour la harpe.
Son art est sorti des frontières espagnoles. Ana s'est produite dans des festivals internationaux en Belgique, en Italie et elle a été invitée au printemps dernier au festival international flamenco de Los Angeles.
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