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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 10:21

Bonjour les amis,

J'ai vu hier IL RESTE ENCORE DEMAIN le film de Paola Cortellesi qui a déjà fait un carton en Italie et dont voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes. Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.

Pour être tout à fait franc avec vous je redoutais un film féministe à sens unique dans lequel nous, les hommes, aurions une fois de plus le mauvais rôle de manière un peu caricaturale.

Mais la bonne surprise c'est la manière dont Paola Cortellesi a traité son sujet, notamment celui de la maltraitance des femmes.

Voici ce que dit LE PARISIEN:

"La force de ce film féministe, c’est qu’il traite d’un sujet sombre de façon très originale, oscillant entre humour, légèreté et drame. Les scènes de violences sont dansées, les personnages font sourire autant qu’ils peuvent nous glacer et le twist final est bien amené. Le film porte un souffle, une énergie qui fait un bien fou."

L'action se situe dans un quartier populaire de Rome à l'après-guerre, un quartier très vivant avec toute une galerie de personnages hauts en couleurs. On y voit le petit peuple romain qui souffre encore du rationnement.

Apparaissent 3 classes sociales différentes: les prolos qui vivent dans le dénuement, les nouveaux parvenus qui se sont enrichis grâce au marché noir et à leurs négoces avec l'occupant allemand et la grande bourgeoise traditionnelle romaine.

Dèlia (personnage principal interprétée par la metteur en scène Paola Cortellesi) vit de petits boulots mal payés et navigue entre ces 3 mondes. 

Etant donné mes origines familiales calabraises je me suis senti à l'aise dès le début du film. J´ai vite reconnu cette Italie populaire, noir et blanc, que nous dépeint le film, avec parfois cette ambiance roman-photo un peu rétro et désuète. Ce parti pris du noir en blanc est très pertinent d'autant plus que la photo et les lumières sont très travaillées et très soignées.

Dès le début du film le ton est donné car Dèlia se prend une baffe, de manière apparemment soumise, une baffe donnée sans aucune raison, de façon presque rituelle. Son mari n'est même pas antipathique, il est juste con, d'une connerie qui est fidèle à l'esprit machiste de son époque, d'une connerie qui fait peur aussi.

Il y a de l'authenticité dans les dialogues car les protagonistes parlent souvent en romanesco (dialecte  romain que je connais un peu). J'ai vu le film en VO bien sûr et parfois j'ai eu besoin des sous-titres pour capter certains mots ou expressions romanesco.

Le film évite soigneusement de tomber dans le mélo et sa prouesse tient aussi à son humour décalé. Il y a souvent un décalage entre les paroles des chansons romantiques qu'on entend et la réalité que l'on voit, ce qui nous donne par exemple une très belle scène avec Dèlia qui fait le ménage matinal dans son logement insalubre en sous-sol et une chanson qui clame l'arrivée du soleil et du  printemps.

Il y a aussi des savoureux décalages entre les propos hypocrites pleins de conventions sociales tenus par certains personnages et ce que le spectateur sait des sentiments réels qui les animent.

Et puis le scénario nous réserve quelques surprises que l'on ne voit absolument pas venir dont notamment la fin.

Je terminerai avec ce qui m'a le plus marqué, à savoir l'interprétation lumineuse, pleine d'humanité et de féminité de Paola Cortellesi. C'est fabuleux ce qu'elle arrive à transmettre.

La magie du film tient à ses expressions...le film est en noir et blanc disais-je mais il est aussi directement inspiré par le cinéma muet. Tout est dans le non-dit, dans ce que Paola exprime à travers son regard.

 Le spectateur reste constamment accroché à ses rires, ses peines, ses déceptions et ses espoirs aussi...

"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
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commentaires

L
J'aurais dû le voir ce weekend, je lui ai préféré un film japonais...
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A
Si j'avais été à ta place j'aurais sans doute fait comme toi car le thème de IL RESTE ENCORE DEMAIN rebute un peu...sauf que, comme je l'ai expliqué, le film n'est pas mélodramatique, joue sur plein de registres de la comédie et fait qu'on est complètement captivé par l'histoire de Dèlia....une histoire qui m'a touché en plein coeur !
R
Un film dont on a beaucoup parlé : le sujet me touche particulièrement, j'ai moi aussi des origines italiennes, du côté de mon père... le sort des femmes dans ces années après la guerre était difficile : dépendance, absence de contraception, recours à des avortements clandestins dans des conditions déplorables... <br /> Merci pour ce conseil cinématographique : j'ai bien envie de voir ce film...<br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Oui, effectivement. L'après-guerre n'a pas été une époque facile pour les femmes. Le film m'a replongé dans mon enfance car même si je n'ai jamais été témoin direct de violences machistes, on en entendait parler, on savait...les mecs qui picolaient et qui tabassaient leur bonne femme, on les connaissait dans le quartier...et même en étant gamin je trouvais déjà que certains adultes disaient de grosses conneries inadmissibles sur ce sujet.<br /> Plus tard à l'âge adulte je suis intervenu avec un ami en Italie pour arrêter un mec qui avait commencé à gifler de manière très violente une jeune femme dans une voiture ...on a réussi à calmer le gars, à discuter avec lui et la jeune femme a pris la fuite pendant ce temps-là...<br /> Revenons au film. Delia doit affronter beaucoup de choses et, entre autres, le mépris de sa fille qui ne comprend pas pourquoi sa mère supporte tout ça et ne s'en va pas. Mais, et c'est la force du film, Delia n'est pas soumise et tente d'échapper à la malediction qui lui est tombée dessus... . Par ailleurs elle va prendre une initiative pour que sa fille ne connaisse pas le même sort que le sien, sans que celle-ci n'en sache rien. Delia est victime mais sait rester protectrice...Paola Cortellesi réussit avec une sensibilité incroyable à incarner un archétype de femme.<br /> Bonne fin de soirée l'amie<br /> PS: je parle souvent de femmes qui me subjuguent, et bien cette semaine c'est Paola Cortellesi qui m'a complètement fasciné et impressionné...