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15 septembre 2024 7 15 /09 /septembre /2024 10:43

Bonjour les amis,

Aujourd'hui j'ai envie de partager avec vous une des magnifiques lettres que Pasolini avait adressée à la Callas.

Mais avant de le faire, il me faut vous en préciser le contexte.

Pier Paolo Pasolini et María Callas se sont rencontrés en 1969, lorsque les producteurs Franco Rossellini et Marina Cicogna ont proposé à la chanteuse le rôle de Médée. Pasolini n'aimait pas l'opéra et craignait les caprices d'une célébrité habituée au luxe. Maria Callas, en revanche, était fascinée par ce réalisateur militant et écrivain communiste dont on parlait tant. Les réserves mutuelles et les appréhensions réciproques entre les deux artistes disparurent instantanément dès leur premier contact.

C’est ainsi que Pasolini se souvient de la première fois qu’il a vu la chanteuse : «Un physique extraordinaire, avec ces grands yeux dans un visage aux pommettes saillantes, et avec ces traits et expressions qui s’intègrent parfaitement dans ma mythologie physionomique. ».

Quant à la Callas, elle a déclaré : « Nous sommes très unis spirituellement, comme cela est rarement permis. »

Ils ont immédiatement construit une intimité faite de voyages, de longues conversations et de nombreuses lettres pleines d'affection, de compréhension mutuelle et de présence.

Voici donc une de ces lettres dans laquelle Pasolini parle aussi de la nature très particulière du travail cinématographique.

"Chère Maria,

ce soir, à la fin de notre journée de travail, sur ce sentier de poudre rose, j'ai perçu avec mes antennes qu'il y avait en toi la même angoisse que celle qu'hier, avec tes antennes, tu as perçue en moi. Une angoisse très légère, à peine plus qu'une ombre, et pourtant invincible. Hier, il ne s'agissait pour moi que d'un peu de névrose ; mais aujourd'hui, il y avait en toi une raison précise (précise jusqu'à un certain point, naturellement) à ton accablement, au moment où le soleil disparaissait. C'était le sentiment de ne pas avoir eu complètement la maîtrise de toi-même, de ton corps, de ta réalité : d'avoir été "utilisée" (et de plus avec la fatale brutalité technique qu'implique le cinéma) et par conséquent d'avoir perdu en partie ta pleine liberté. Tu éprouveras souvent ce serrement de cœur, pendant notre tournage, et je l'éprouverai aussi avec toi. Il est terrible d'être celle qui est utilisée, mais aussi celui qui utilise.
Toutefois, c'est une exigence du cinéma : il faut briser en mille morceaux une réalité "entière" pour la reconstruire dans sa vérité synthétique et absolue, qui la rend par la suite plus "entière" encore.
Tu es comme une pierre précieuse que l'on brise violemment en mille éclats pour qu'elle puisse ensuite être restituée dans une matière plus durable que celle de la vie, c'est à dire la matière de la poésie. Il est justement terrible de se sentir brisés, de sentir qu'à un certain moment, à une certaine heure, en un certain jour, on n'est plus entièrement soi-même, mais seulement un éclat de soi-même : je sais combien cela peut-être humiliant.
Aujourd'hui, j'ai saisi un instant de ta splendeur, alors que tu aurais voulu me l'offrir tout entière. Mais ce n'est pas possible. À chaque jour sa lueur, et à la fin, on aura la lumière entière et intacte. Il y a aussi le fait que je parle peu, ou que j'ai tendance à m'exprimer de façon incompréhensible. Mais on peut facilement remédier à cela : c'est comme si j'étais en transe, j'ai une vision ou plutôt des visions, les "Visions de la Médée" ; dans cet état d'urgence, tu dois te montrer patiente avec moi, et m'arracher les paroles par la force. Je t'embrasse. »
PPP

Photo prise durant le tournage de Médée

Photo prise durant le tournage de Médée

Superbe photo qui souligne la grande complicité naturelle qui existait entre ces deux artistes que tout opposait

Superbe photo qui souligne la grande complicité naturelle qui existait entre ces deux artistes que tout opposait

Si vous  avez un compte facebook vous pourrez entendre Béatrice Dalle lire cette magnifique lettre de Pasolini à la Callas.

PS: Après avoir lu cette lettre si dense il ne me reste plus qu'à visionner le plus vite possible MEDEE qui est, d'après ce que j'en ai lu, une des oeuvres les plus âpres et ardues du grand metteur en scène italien qui s'est inspiré de l'oeuvre d'Euripide.

Son film est visible en intégralité en VO italienne (sous-titrée espagnole) sur ce lien-ci.

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 10:21

Bonjour les amis,

J'ai vu hier IL RESTE ENCORE DEMAIN le film de Paola Cortellesi qui a déjà fait un carton en Italie et dont voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes. Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.

Pour être tout à fait franc avec vous je redoutais un film féministe à sens unique dans lequel nous, les hommes, aurions une fois de plus le mauvais rôle de manière un peu caricaturale.

Mais la bonne surprise c'est la manière dont Paola Cortellesi a traité son sujet, notamment celui de la maltraitance des femmes.

Voici ce que dit LE PARISIEN:

"La force de ce film féministe, c’est qu’il traite d’un sujet sombre de façon très originale, oscillant entre humour, légèreté et drame. Les scènes de violences sont dansées, les personnages font sourire autant qu’ils peuvent nous glacer et le twist final est bien amené. Le film porte un souffle, une énergie qui fait un bien fou."

L'action se situe dans un quartier populaire de Rome à l'après-guerre, un quartier très vivant avec toute une galerie de personnages hauts en couleurs. On y voit le petit peuple romain qui souffre encore du rationnement.

Apparaissent 3 classes sociales différentes: les prolos qui vivent dans le dénuement, les nouveaux parvenus qui se sont enrichis grâce au marché noir et à leurs négoces avec l'occupant allemand et la grande bourgeoise traditionnelle romaine.

Dèlia (personnage principal interprétée par la metteur en scène Paola Cortellesi) vit de petits boulots mal payés et navigue entre ces 3 mondes. 

Etant donné mes origines familiales calabraises je me suis senti à l'aise dès le début du film. J´ai vite reconnu cette Italie populaire, noir et blanc, que nous dépeint le film, avec parfois cette ambiance roman-photo un peu rétro et désuète. Ce parti pris du noir en blanc est très pertinent d'autant plus que la photo et les lumières sont très travaillées et très soignées.

Dès le début du film le ton est donné car Dèlia se prend une baffe, de manière apparemment soumise, une baffe donnée sans aucune raison, de façon presque rituelle. Son mari n'est même pas antipathique, il est juste con, d'une connerie qui est fidèle à l'esprit machiste de son époque, d'une connerie qui fait peur aussi.

Il y a de l'authenticité dans les dialogues car les protagonistes parlent souvent en romanesco (dialecte  romain que je connais un peu). J'ai vu le film en VO bien sûr et parfois j'ai eu besoin des sous-titres pour capter certains mots ou expressions romanesco.

Le film évite soigneusement de tomber dans le mélo et sa prouesse tient aussi à son humour décalé. Il y a souvent un décalage entre les paroles des chansons romantiques qu'on entend et la réalité que l'on voit, ce qui nous donne par exemple une très belle scène avec Dèlia qui fait le ménage matinal dans son logement insalubre en sous-sol et une chanson qui clame l'arrivée du soleil et du  printemps.

Il y a aussi des savoureux décalages entre les propos hypocrites pleins de conventions sociales tenus par certains personnages et ce que le spectateur sait des sentiments réels qui les animent.

Et puis le scénario nous réserve quelques surprises que l'on ne voit absolument pas venir dont notamment la fin.

Je terminerai avec ce qui m'a le plus marqué, à savoir l'interprétation lumineuse, pleine d'humanité et de féminité de Paola Cortellesi. C'est fabuleux ce qu'elle arrive à transmettre.

La magie du film tient à ses expressions...le film est en noir et blanc disais-je mais il est aussi directement inspiré par le cinéma muet. Tout est dans le non-dit, dans ce que Paola exprime à travers son regard.

 Le spectateur reste constamment accroché à ses rires, ses peines, ses déceptions et ses espoirs aussi...

"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
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"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
"Il reste encore demain"...une tragi-comédie italienne lumineuse...
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5 mars 2024 2 05 /03 /mars /2024 09:38

Bonjour les amis,

Dans la liste des meilleurs films sélectionnés pour la cérémonie des Oscars il y a LA ZONE D'INTÉRÊT de Jonathan Glazer qui a adapté le roman éponyme de Martin Amis.

Voici le synopsis suivi de la bande annonce:

Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme Hedwig s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.

 

Cette fois-ci le parti pris n'est plus de nous montrer l'horreur des camps d'extermination (qu'on connaît pratiquement par coeur) mais de la juxtaposer d'une manière qui sidère le spectateur à la vie tranquille et bucolique de la famille du chef de camp.

Seule la bande-son lancinante, obsédante et omniprésente formée par les bruits du camp, les cris des gardiens et ceux des victimes, les clameurs confuses et angoissantes, les coups de feu sporadiques et le grondement sourd et continu des fours qui tournent à plein rendement nous laisse entendre que ce qui se trame au delà du mur d'enceinte de la propriété dépasse l'imagination. C'est la bande-son qui distille un malaise presque constant chez le spectateur, comme une toile de fond sonore dantesque, cauchemardesque.

Les qualités formelles du film sont indéniables. Voici un extrait de la critique du MONDE:

"Cadrages d’une rigueur maniaque, composition géométrique, fixité des plans, découpage au scalpel. Le dispositif mis en place par Glazer – dix caméras fixes postées à plusieurs endroits – place sous contrôle chacune des pièces de la maison et ce qui s’y joue."

Mais sur la fiche Allociné du film un spectateur (nommé Henner) a résumé à la perfection ce que j'ai ressenti moi-même:

"Ce n’est pas parce que l’on tient un sujet fort que le film est réussi. Bon c’est très bien réalisé, très bien joué mais avec des séquences difficilement compréhensibles et bizarrement l’émotion ne passe pas. Le propos ne se développe pas.Tout est dit en un quart d’heure et ensuite on tourne un peu en rond..."

Rien à dire de plus. Esthétiquement c'est très travaillé et chaque plan est composé comme un tableau. Parfois c'est allégorique comme, par exemple, la caméra qui s'approche et s'arrête sur une fleur: on entend les abeilles qui vrombissent, mais peu à peu, ce sont des cris lointains de suppliciés qu'on entend.

Malgré ce que dit Henner le film se laisse voir et il est moins assommant que certaines oeuvres cinématographiques d'Art et Essai "pour intellos" mais il m'a fallu passer une soixantaine de minutes pour comprendre qu'il ne m'apprendrait rien que je ne sache déjà sur les camps. J'en ai appris juste un peu plus sur la technologie des fours que les ingénieurs ont amélioré pour pouvoir les faire fonctionner de manière continue et augmenter les cadences. L'intérêt de cette oeuvre donc est ailleurs.

Ce que nous montre Jonathan Glazer c'est la vie au quotidien des nazis qui s'intéressent aux fleurs et aux petits oiseaux tout en cotoyant sans aucun état d'âme la pire des horreurs imaginables.

C'est une espèce d'équation impossible qu'on n'arrive pas à faire entrer dans notre esprit...et pourtant les nazis et leurs familles ont vécu cette horreur-là de cette manière-là. C'est cette banalité du Mal dont nous parlait Hannah Arendt. Le film montre cette banalité sans la justifier bien sûr et sans l'expliquer non plus car telle n'était pas le prétention du réalisateur. Hedwige, la femme de Rudolph Höss, très bien interprétée par Sandra Hüller, n'est dupe de rien et sait parfaitement ce qui se passe derrière le mur d'enceinte sans que ça n'altère son rêve de réalisation de vie familiale idéale à Auschwitz. Quand son mari est muté, elle ne le suit pas et insiste pour rester au camp avec les 5 enfants. Seule la mère d'Hedwige prend la décision de fuir loin de cette barbarie.

Il y a une scène vers la fin du film qui illustre bien cette forme d'absurdité et de monstruosité tragique. Höss est invité à une grande fête de dignitaires nazis dans un palace avec de grandes hauteurs sous plafonds et, au lieu de profiter pleinement de ce moment fort de sa carrière, il reste un peu à l'écart. Perdu dans ses pensées il essaie d'imaginer comment il faudrait s'y prendre d'un point de vue logistique pour arriver à gazer efficacement tous ces gens dans un tel espace assez vaste. Ce ne serait pas facile, songe-t-il. Höss est complètement "ailleurs" et happé dans son univers qui fabrique la mort de manière industrielle.

De quoi rappeller le titre de l'excellent roman de Robert Merle: LA MORT EST MON MÉTIER.

LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
Certaines images sont filmées avec une caméra thermique...

Certaines images sont filmées avec une caméra thermique...

LA ZONE D'INTÉRÊT...un exercice de style glaçant...
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4 mars 2024 1 04 /03 /mars /2024 12:54

Bonjour les amis,

J'avais applaudi sur mon blog, il y a quelques semaines de cela, le premier film nord-américain anti-woke de Denys Arcand intitulé TESTAMENT en soulignant qu'il serait temps que les états-uniens produisent eux aussi un premier film qui s'attaque aux méfaits du wokisme.

C'est maintenant chose faite avec  AMERICAN FICTION, film de Cord Jefferson sélectionné pour les Oscars, qui est une adaptation du roman EFFACEMENT de Percival Everett.

Voici le synopsis suivi de la bande annonce.

Thelonious "Monk" Ellison, professeur d'anglais, écrit un roman satirique sous un pseudonyme, dans le but de dénoncer les hypocrisies de l'industrie de l'édition.

https://www.youtube.com/watch?v=9MY6KFvjnds

Ce qui m'a surpris dans ce film c'est le mélange des genres car il y a à la fois la satire et l'humour grinçant qui y sont très présents, mais tout cela est aussi immergé dans un drame familial grave et profond qui ne prête pas du tout à sourire et auquel il faut ajouter une rencontre entre Monk et Coraline qui nous plonge par ailleurs dans une tendre comédie romantique.

C'est Monk qui, par son attitude décalée et par son humour fin, provoque les situations drôlatiques, voire parfois complètement désopilantes. C'est aussi Monk qui, en tant que noir, en a plus que ras-le-bol d'être enfermé dans un personnage de supposée victime du racisme des blancs. Il doit affronter des blancs antiracistes très wokistes qui en font trop et qui se sentent constamment en dette vis-à-vis de lui. Mais ces mêmes blancs le cantonnent aussi dans un rôle et lui demandent de produire une culture black héritée des ghettos et du rap, une culture pleine de clichés et de stéréotypes, car c'est ça qui se vend et que les gens attendent de lui...Monk, éxaspéré, finit par un écrire un pastiche de roman "noir", une oeuvre à prendre au 2ème degré mais qui rencontre un succès au 1er degré, ce qui sera à l'origine de situations assez drôles et de quiproquos.

Voici ce qu'on peut lire dans le magazine PREMIÈRE:

American Fiction parvient aussi à toucher lors de séquences familiales qui sonnent juste, et qui offrent un exemple crédible de ce que dénonce justement son héros, avec sa vie "normale" et pourtant compliquée : sa mère malade, son frère rejeté depuis son coming-out, ses problèmes d'argent, mais aussi cette pointe d'espoir donnée par des exemples positifs tels que la fidèle Lorraine (Myra Lucretia Taylor), toujours présente pour soutenir ses proches.

Trouver l'équilibre entre ce besoin de dénonciation légitime et l'envie de proposer un portrait réaliste d'un homme noir américain sans qu'il ne soit question de drogues ou de bavures policières est assez périlleux, et par endroits, American Fiction souffre de quelques lourdeurs tant il tient à réunir tous ses messages en un seul film, mais l'idée de fond est assez forte et bien abordée pour marquer les esprits.

Une impression plutôt mitigée donc.

Je me dois d'ajouter que le cinéma de Cord Jefferson reste toujours très élégant et sait toucher le coeur du spectateur, malgré certaines lourdeurs pointées du doigt à juste titre dans l'article de PREMIERE que j'ai mis en lien ci-dessous.

A noter également un très beau casting avec des acteurs que je ne connais pas vraiment mais qui apportent tous beaucoup de chaleur humaine et de réalisme social à ce film. J'ai par ailleurs particulièrement apprécié la romance entre Monk et Coraline qui est interprétée avec beaucoup de justesse et de charme par Erika Alexander.

Coraline (Erika Alexander) et Monk (Jeffrey Wright)

Coraline (Erika Alexander) et Monk (Jeffrey Wright)

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29 février 2024 4 29 /02 /février /2024 08:05

Bonjour les amis,

PAUVRES CRÉATURES de Yórgos Lánthimos est un film que j'attendais impatiemment et je dois avouer que je n'ai pas été déçu.

Voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.

 

Je partage d'abord avec vous cette critique qui est proche de mon propre avis et ensuite j'ajouterai certains commentaires personnels.

Alors, je dois vous avouer que j'ai eu du mal à entrer dans le film car certaines images étaient (pour moi) à la limite du supportable. Rien que la tronche rafistolée de Daniel Defoe, il m'a fallu un certain temps pour m'y habituer et j'ai pratiquement détourné les yeux lors d'une scène de Bella qui s'amuse à charcuter un cadavre d'une manière qui fait littéralement froid dans le dos. Ceci étant dit, et après avoir vu le film dans son entier, je peux dire que ce n'est pas du voyeurisme gratuit car c'est l'un des objets de Lánthimos que de nous faire naviguer entre l'horreur et le merveilleux.

Je me maintenais donc dans une certaine réserve durant la première demie-heure, en me disant:" attendons la suite...".

Il se trouve que la suite (quand Bella part en voyage), est tout simplement somptueuse, déconcertante, drôle, délirante, inattendue, onirique et il me faudrait ajouter 50 000 adjectifs.

Chaque ville (que ce soit Lisbonne, Alexandrie, Paris ou Londres) nous donne droit à un esthétique rétro-futuriste foisonnante, si dense qu'il faudra que je revoie le film. Impossible de tout capter la première fois.

Je n'avais jamais rien vu d'aussi volcanique, explosif et éruptif depuis le cinéma de Ken Russel dans les années 70 ou celui plus récent de Tim Burton.

Les scènes de sexe sont très explicites, très crues, sans fausses pudeurs, et parfois surprenantes aussi. Elles sont filmées avec punch et maestria, et elles font complètement partie intégrante  du récit sur le parcours très féministe de Bella qui découvre son corps. Les hommes, et c'est le moins qu'on puisse dire, n'ont pas toujours le beau rôle (possessifs, violents, monstrueux, pervers,etc...mais pas tous heureusement, ouf !).

Et puis il y a beaucoup d'humour...humour noir et décalé, bien sûr.

La prestation d'Emma Stone est littéralement à couper le souffle !

C'est évident qu'elle a apporté son génie créatif personnel à celui de Lánthimos. Il paraît que celui-ci aurait dit qu'Emma Stone a tellement travaillé son personnage qu'elle en savait plus sur son film que lui-même. C'est dire !

Voilà ! PAUVRES CRÉATURES est un film à voir qui ne peut vous laisser indifférent, un film qu'on pourrait qualifier de gothique.

 

PAUVRES CRÉATURES un film d'une créativité sans limites...
PAUVRES CRÉATURES un film d'une créativité sans limites...

PS: Comme d'habitude j'ai vu le film sans rien savoir, et je n'avais même pas regardé la bande-annonce.

Ceci étant dit, et pour ceux qui l'ont déjà vu, l'article que je joins ci-dessous est intéressant.

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25 février 2024 7 25 /02 /février /2024 12:42

Bonjour les amis,

Après avoir pris connaissance de l'attribution du César du meilleur acteur à Arieh Worthalter pour son rôle dans LE PROCÈS GOLDMAN de Cédric Kahn j'ai eu la curiosité de visionner le film.

Bien m'en a pris car ce film est un chef d'oeuvre qui m'a marqué.

Voici le synopsis suivi de la bande-annonce:

En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

D'entrée de jeu on retrouve bien dans ce film le climat politique fiévreux des années 70 secouées par les coups d'éclat des mouvements d'extrême-gauche. C'était l'époque de la bande à Baader, de la fraction armée rouge, d'action directe, des brigades rouges, etc...

Pierre Goldman, qui fût un "voyou révolutionnaire" mais aussi le chouchou d'une certaine intelligentsia parisienne, nous apparaît dans le box des accusés, le visage cadenassé, comme quelqu'un à la fois intransigeant mais aussi torturé pour ne pas avoir été à la hauteur de la mission qu'il s'était assigné.

Il se défend avec fougue, avec lyrisme, avec insolence, en clamant:  « Je suis innocent parce que je suis innocent ».

Goldman, assez égocentrique, parle souvent pour ses "fans"qui sont dans la salle d'audience et oublie qu'il risque sa tête. Il ne cherche pas à s'attirer la sympathie des jurés et se lance (contre l'avis et au désespoir de ses avocats) dans de graves accusations contre les institutions policières et judiciaires de son pays.

Les témoins qui se succèdent à la barre nous permettront de retracer son parcours très marqué par ses origines familiales (parents polonais, juifs, exilés et résistants) et aussi par ses orientations idéologiques révolutionnaires qui l'amèneront à rencontrer des guerrilleros en Amérique du Sud.

Goldman est parfois agaçant, trop imbu de lui-même et de sa foi en sa capacité de séduction de son auditoire à coups de formules, mais il a aussi une certaine classe et ne cherche jamais à se trouver des circonstances personnelles atténuantes pour certains méfaits dont il reconnaît être l'auteur.

Cela nous donne un personnage dostoievskien, torturé, complexe, un personnage de marginal exalté qui fait preuve d'une dialectique redoutable dans ses réponses au juge.

Les joutes oratoires du procès sont percutantes, très intenses, et ne laissent pas au spectateur le temps de souffler.

Cédric Kahn arrive à la fois à ne pas présenter Goldman comme un héros, tout en nous le rendant absolument captivant.

A un moment l'avocat de la partie civile exprime toute l'ambiguité du procès en affirmant: " Goldman, vous n'êtes pas un tueur mais vous avez tué...".

Je ne dévoilerai pas le verdict final au cas où vous ne le connaitriez pas mais peu importe. Ce n'est pas ce qui est le plus important dans ce film impressionnant.

Voici ce que dit le journal TELERAMA:

Ne pas prendre parti, rendre sa dignité à chacun, voilà ce qui fait toute la force bouleversante de ce film qui n’accable ni ne défend le voyou révolutionnaire, personnage comme frappé par la malédiction d’être né trop tôt ou trop tard, de s’être trompé d’époque.

PS: Je n'ai rien à reprocher à la mise en scène impeccable et tirée au cordeau de Cédric Kahn mais, toutefois, certaines manifestations très bruyantes de soutien dans le public durant les audiences m'ont paru peu crédibles. Le juge aurait fait immédiatement évacuer la salle, me semble-t-il...Par contre ces manifestations montrent bien l'état d'effervescence et d'exaltation de l'époque.

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12 février 2024 1 12 /02 /février /2024 12:59

Bonjour les amis,

Samedi dernier s'est tenue à Valladolid la cérémonie des Goyas, équivalent espagnol des Césars.

Cette cérémonie a été marquée par l'affaire Carlos Vermut dont je vous avais déjà parlé antérieurement sur le lien ci-dessous.

http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2024/01/qaund-la-vague-mee-too-eclabousse-egalement-le-cine-espagnol.html

Voici maintenant sur l'article ci-joint un petit résumé de cette soirée de samedi dernier.

 

 

Durant cette soirée de Gala il s'est produit un moment assez lunaire. Pedro Almodóvar s'en est pris sur scène à un représentant élu de l'extrême-droite (membre du parti VOX) qui était dans la salle et qui avait accusé le gouvernement espagnol de subventionner des "señoritos" produisant des films de mauvaise qualité que personne ne va voir. " Señoritos" signifiant ici "personnes privilégiées qui vivent un peu dans un autre monde".

Donc voici notre Pedro qui se lance dans une harangue devant un public conquis d'artistes contestataires (pardon pour le pléonasme), un Pedro qui  transforme la cérémonie en meeting politique et qui explique que l'argent reçu par les cinéastes est rendu à l'Etat, entre autres, grâce à la fiscalité à laquelle ils se soumettent.

Alors moi aussi je suis grosso-modo d'accord avec lui et je pense que si la culture n'est pas subventionnée en Europe elle meurt tout simplement.

Rien à redire sur le fond donc, sauf que Almodóvar est sacrément gonflé de tenir un tel discours vu que lui, il a été pris en 2016 dans l'affaire du scandale des Panama Papers et qu'il possédait une société offshore qui lui permettait de frauder le fisc espagnol.

Résumons-nous. Je suis d'accord avec les propos d'Almodóvar sauf que lui, c'était bien la dernière personne de l'assemblée qui avait le droit moral de les exprimer.

je vous mets ce moment assez lunaire sur la vidéo ci-dessous. C'est à 1 minute 15 secondes....avec tout le public "amnésique" qui applaudit comme des pingouins...

Je vous traduis la phrase qu'il prononce à 1 minute 20 secondes:

"Este dinero que recibimos lo devolvemos con creces al Estado"

"Cet argent qu'on reçoit on le rend, amplement et de loin, à l'Etat"

Michel Audiard disait que le cons ça ose tout, mais il n'y a pas qu'eux ! La gauche bobo aussi...

Cette intervention très déplacée d'Almodóvar qui m'a fait mourir de rire illustre à la perfection la supériorité morale que s'arrogent les "wonderful people" de la gauche espagnole.

Les voilà dans toute leur splendeur ceux qui donnent des leçons, qui adorent se faire passer pour des personnes magnifiques, ceux qui prônent la vertu mais qui se gardent bien de la pratiquer en donnant le bon exemple à leurs concitoyens.

Alors, je ne donnerai pas de noms, mais je crois bien qu'en France vous avez vous aussi de beaux spécimens d'artistes de cet acabit. Ceux qui vous expliquent ce que vous devriez penser, ce que vous devriez faire, pour qui vous devriez voter mais qui s'en vont vivre sous d'autres cieux suisses, ou  hollywoodiens, ou alors en France mais dans des municipalités hyper bourgeoises complètement coupées  du petit peuple et de ses misères.

Les voilà donc une fois de plus ces artistes qui traitent les gens qui disent "stop à l'immigration massive" de "fascistes" mais qui vivent eux-mêmes dans des quartiers huppés, hyper protégés, dans lesquels la présence immigrée est pourchassée et rejetée. 

Je terminerai en disant que ce faux-pas de Pedro Almodóvar ne m'empêchera pas de continuer de voir ses films et de considérer que c'est un grand cinéaste qui a beaucoup apporté à la culture espagnole et à son rayonnement dans le monde.

Disons que sur ce coup-là il a vraiment tendu le bâton pour se faire battre et qu'il mérite une petite leçon de modestie.

Et puis j'ai parlé aujourd'hui d'Almodóvar surtout parce que, malheureusement, il est loin d'être le seul à tomber dans le genre de travers que je dénonce. 

Cette supériorité morale de la gauche bobo...pffff !!!! Ras le bol !

PS: J'ai dit que le public de la salle était amnésique mais ce n'est pas le cas des médias espagnols qui ont saisi la balle au bond et qui ont rappelé à Almodóvar ses propres "errements" du passé. Encore une fois c'est la presse de droite et d'extrême-droite qui a épinglé le réalisateur...La presse de gauche, quant à elle, a ses "pudeurs" et a préféré faire la sourde oreille, ce que l'électeur de gauche que je suis trouve assez lamentable...

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11 février 2024 7 11 /02 /février /2024 10:51

Bonjour les amis,

Bien qu'étant abonné à Netflix je regarde très peu les productions qu'offrent cette plateforme, mais je dois reconnaître que presqu'à chaque fois que je l'ai fait je n'ai pas été déçu.

C'est encore le cas cette fois-ci avec le film LE MONDE APRÈS NOUS que j'ai visionné hier soir.

Voici le synopsis.

Une famille qui rêvait d'une pause dans une luxueuse maison de location plonge en plein chaos après une cyberattaque qui neutralise tout appareil – et l'irruption de deux inconnus.

Voici la bande-annonce.

J'ai regardé le film sur le conseil de mon neveu et sans même voir la bande-annonce, en ne sachant pratiquement rien, et bien m'en a pris car je me suis complètement identifié aux protagonistes de cette histoire qui se demandent souvent si ce qu'il leur arrive est réel ou le fruit de leur imagination.

Donc je ne dirai rien moi non plus car moins vous en saurez et mieux ça vaudra.

J'aimerais simplement faire quelques remarques qui ne dévoilent rien.

Il n'y a pas dans ce film une débauche d'effets spéciaux car ce qui se passe dans l'esprit des personnages est plus important que les phénomènes étranges auxquels ils assistent.

J'ai aimé l'évolution psychologique des protagonistes de ce huis-clos angoissant. Les dialogues sont vraiment de qualité et servis par d'excellents acteurs.

La qualité des interprétations est pour beaucoup dans le grand plaisir un peu frissonant qu'on ressent à regarder ce film.

Par ailleurs l'histoire est pleine de métaphores, parfois poétiques, parfois inquiétantes, qui laissent une certaine liberté d'interprétation au spectateur.

Et puis il y a un aspect de ce film qui m'a vraiment touché. Rosie, la petite fille du couple formée par Amanda (Julia Roberts) et Clay (Ethan Hawke) est très en peine car, à cause des graves événements qu'elle est en train de de vivre, elle ne peut voir le dernier épisode de FRIENDS, la série à succès des années 90. 

On touche là l'une des clés importantes du monde des enfants: leur nécessité d'avoir accès même dans les pires circonstances à un monde-refuge dans lequel ils se sentent bien, dans lequel l'univers et le cosmos sont bien ordonnés de manière rassurante et qui font sens.

Archie, le grand frère de la petite Rosie explique à sa soeur que le monde bisounours de FRIENDS n'a jamais existé et il se trompe. Ce monde existe dans l'esprit de sa soeur et celle-ci en a besoin.

Je terminerai en vous disant que le film est adapté du roman du même nom signé Rumaan Alam en 2020, et qu'il a été produit par, tenez-vous bien,...le couple Obama !

PS: Je vous conseille de ne pas lire les deux liens que j'ai joints ci-dessous si vous n'avez pas vu le film car, et je me répète, moins vous en saurez et mieux ça vaudra.

 

LE MONDE APRÈS NOUS...un thriller délicieusement angoissant
Archie (Charlie Evans) et Rosie (Farrah Mackenzie): les deux enfants du couple formé par Amanda et Clay.

Archie (Charlie Evans) et Rosie (Farrah Mackenzie): les deux enfants du couple formé par Amanda et Clay.

GH (Mahershala Ali) et sa fille Ruth (Myha'la Herrold), Amanda (Julia Roberts) et Clay (Ethan Hawke)

GH (Mahershala Ali) et sa fille Ruth (Myha'la Herrold), Amanda (Julia Roberts) et Clay (Ethan Hawke)

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28 janvier 2024 7 28 /01 /janvier /2024 11:44

Bonjour les amis,

Ça y'est ! La vague MEE TOO éclabousse également le ciné espagnol. Ça devait arriver tôt ou tard et le contraire aurait été surprenant car l'Espagne est un pays latin dont les habitants ont la réputation (à tort ou à raison) d'avoir le sang chaud.

C'est par le réalisateur Carlos Vermut qu'est arrivé le premier scandale public.

Je vous laisse prendre connaissance des faits sur le lien ci-dessous.

https://snrtnews.com/fr/article/espagne-un-cineaste-independant-accuse-de-violences-sexuelles-par-trois-femmes-91069

De même qu'en France avec l'affaire Depardieu tout le monde artistique, médiatique et politique espagnol (à commencer par la ministre de la Culture) y va de sa petite phrase pour condamner sans détours les violences faites aux femmes. Si vous tapez en ce moment CARLOS VERMUT sur votre moteur de recherche vous aurez des dizaines d'articles liés à ce scandale qui vont apparaître. 

Ce qui m'a paru intéressant cette fois-ci avec Carlos Vermut (et ce qui fait que je vous en parle) c'est que celui-ci ne nie pas certains faits: il avoue sans ambages qu'il aime la promiscuité sexuelle, qu'il est assez obsédé et très attiré par le sexe plutôt "hard". Carlos Vermut confirme bien qu'il qu'il a pratiqué une strangulation sur une de ses accusatrices, mais c'était (selon lui)  avec consentement.

Et nous voici donc arrivés au point-clé de cette affaire:

Carlos Vermut: " Oui j'ai étranglé mais c'était consenti..."

Carlos Vermut: " Oui j'ai étranglé mais c'était consenti..."

Je vous mets une des déclarations de Carlos Vermut en VO puis la traduction française:

"He practicado sexo duro siempre de manera consentida, porque creo que es muy importante el consentimiento"; "Otra cosa es que la persona en su casa después se sintiera mal y a lo mejor en el momento tuviese miedo a decirlo. Eso yo no lo puedo saber".

« J'ai toujours pratiqué le sexe brutal de manière consensuelle, car je crois que le consentement est très important » ; "Une autre chose est que la personne, une fois rentrée à la maison, s'est sentie mal plus tard et peut-être qu'au moment du rapport elle avait eu peur de le dire. Mais ça, je ne peux pas le savoir."

Carlos Vermut

Carlos Vermut

Donc, ce qui me frappe c'est qu'on arrive à un point limite que la justice est complètement incapable d'éclaircir. Même en imaginant qu'il y ait eu une caméra planquée sous les draps, un juge ne pourrait pas probablement pas trancher qui des deux protagonistes dit vrai.

Finalement, et de manière générale, on se rend compte de 2 choses:

1- Le consentement est une condition préalable nécessaire mais il n'est ni la preuve ni la garantie qu'il n'y ait pas eu abus, comme l'ont démontré  Vanessa Springora (abusée par Gabriel Matzneff) ou aussi Judith Godrèche qui avait maintenue à l'âge de 14 ans une relation avec un metteur en scène qui en avait quarante. Ces deux cas me paraissent faciles à trancher par la justice car les victimes étaient mineures. Que vaut le consentement d'une mineure? Pas grand-chose...les témoignages des victimes le démontrent par a+b.

2- Dans le cas Vermut, le consentement dans le cadre de relations que je qualifierais de "sado-masochistes" entre personnes majeures et responsables fait que la justice ne peut plus déterminer facilement à partir de quel moment il y a eu abus, sauf dans les cas extrêmes de graves atteintes à l'intégrité physique de la victime.

 Imaginons une jeune femme qui souffrirait de douleurs dans les jours qui ont suivi un rapport qui comportait une strangulation consentie et qui considérerait que son partenaire a abusé d'elle.

Un médecin légiste pourrait déterminer avec précision la gravité des lésions mais si elles étaient très légères un juge pourrait penser que la jeune femme a accepté de jouer à un jeu dans lequel la douleur entrait dans l'équation: ce que l'expression populaire résume par la formule: " Jouer avec le feu".

Dans le cas Vermut, les accusations portées bien après que le rapport ait eu lieu ne permettent absolument plus à la justice de déterminer s'il y a eu abus ou pas.

Ne vous méprenez pas: je n'essaie pas du tout de justifier le comportement de Vermut qui, de mon point de vue, me paraît complètement "exotique". Je constate simplement que certaines personnes sont animées de certaines pulsions, comme lui, et que certaines pratiques sexuelles librement consenties ne sont pas illégales mêmes si elles sont un peu "hard".

Finalement l'affaire Vermut me rappelle la fin du film LES CHOSES HUMAINES d'Yvan Attal. Le film se termine sur un couple qui va entrer dans un local où ils vont avoir une relation, et la porte se referme sur le spectateur... et jamais personne, ni le spectateur ni le juge, ne saura s'il y a eu abus ou non.

Ce sera parole de l'un contre parole de l'autre...

La justice a ses propres limites indépassables: elle ne peut entrer dans l'esprit des gens pour connaître les sentiments qui les animaient au moment des faits.

Finalement la seule conclusion à laquelle j'aboutis c'est que les victimes devraient rapidement se présenter à l'hôpital dans les heures qui suivent un abus pour qu'un médecin légiste puisse apporter des preuves tant que c'est possible.

Parce qu'ensuite, sans un certificat médical, c'est parole de l'un contre parole de l'autre...

PS: Je ne suis pas spécialiste en matière de droit mais il m'a semblé que la ligne de défense de Carlos Vermut était plutôt intelligente. Face à des accusations qui remontent à 2014 il avait la possibilité de tout nier en bloc, et il ne l'a pas fait...Il s'en tient à une version qui a le mérite d'être crédible et pour laquelle sa possible culpabilité ne sera pas facile à établir...

PS nº 2 . Je vous mets ci-dessous un article de LA VANGUARDIA qui établit un lien entre les accusations portées contre Vermut et son oeuvre (que je ne connais pas) où les thèmes de la violence et aussi de la pédophilie sont omniprésents. L'éternelle et sempiternelle question: peut-on séparer l'homme de l'oeuvre ?

https://www.lavanguardia.com/cultura/20240127/9506666/inquietante-cine-carlos-vermut-aviso-comportamientos-rac1.html

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22 janvier 2024 1 22 /01 /janvier /2024 06:47

Bonjour les amis,

La semaine dernière en faisant mes courses au supermarché j'ai croisé Francesc Estevez, une de mes connaissances qui est chef d'orchestre. Je vous retranscris un bout de notre conversation:

Lui: - Salut !  Au fait...tu viens le 17 février prochain ?

Moi: - Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a le 17 février prochain ?

- Et bien je donne la deuxième de Malhler à l'auditorium de Teulada. Le projet le plus important de ma carrière. Plus de 150 participants en comptant les musiciens et le choeur de Crevillent au complet.

- Ouah !...C'est génial !...Merci de m'en informer. Je n'en savais rien et j'étais complètement passé à côté de l'info. La deuxième symphonie de Mahler c'est celle qu'on entend dans le film MORT A VENISE? C'est ça?

- Non, non... dans MORT A VENISE c'est l'adagietto de la 5 ème. Non, tu pourras entendre un large extrait de la deuxième de Mahler  dans MAESTRO, le film consacré à la vie de Leonard Bernstein et qui est disponible sur netflix.

Sur ce, je prends congé de mon ami, termine mes courses rapidement et dès que j'arrive chez moi je me jette sur mon PC pour réserver deux places pour ce concert exceptionnel dont voici l'affiche ci-dessous. 

MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !

Ensuite j'ai commencé à informer tous les groupes whatsapp auxquels j'appartiens de cet événement musical majeur dans mon canton.

Et puis, bien évidemment, le soir j'ai regardé le film de Bradley Cooper.

Voici le synopsis de MAESTRO suivi de la bande-annonce:

Le récit de l'amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.

https://www.youtube.com/watch?v=3gpqSbPFSM8

Alors cette histoire d'amour est complètement hors-normes car Bernstein était bisexuel (ou plutôt pansexuel?), à une époque où de tels comportements ne pouvaient être publics.

Bernstein décida d'épouser Felicia au détriment d'une autre relation qu'il avait avec un clarinettiste. Durant toute sa vie Felicia essaiera de garder le contrôle de sa situation matrimoniale alors que Leonard se laissera aller, parfois de manière débridée, à ses frasques homosexuelles.

Contrairement à ce qu'on pouvait croire ce n'est pas la musique qui est au coeur de ce film mais bien cette histoire d'amour complètement atypique et très tourmentée entre deux êtres exceptionnels: oui deux, puisque Felicia était également une artiste de théâtre de talent.

Les deux acteurs principaux du film sont vraiment bluffants. Brad Cooper est tellement ressemblant au vrai Bernstein (visage maquillé pour ressembler au maestro, expressions, attitudes) qu'il en devient réellement troublant.

Quant à Carey Mulligan elle incarne une Felicia absolument touchante, très charismatique. Quand elle sourit le monde s'illumine et quand on la voit déçue on ressent une grande angoisse, comme si le monde allait s'écrouler.

Finalement la longue trajectoire musicale de Bernstein (qui est presentée dans le film un peu à saute-moutons) est surtout une somptueuse toile de fond pour nous emporter dans cette histoire d'amour captivante. La musique est vécue comme un maelström d'émotions grâce à une mise en scène très dynamique, vertigineuse, tourbillonnante.

Alors, effectivement, la direction complètement enfiévrée de Bernstein de l'un des mouvements de la 2 ème symphonie de Mahler est un des grands moments d'intensité de ce film qui nous emporte sur un rythme échevelé...

Voici une vidéo qui montre des images du tournage de cette longue scène du film.

https://www.youtube.com/watch?v=zkAf5TI_4mk&t=1s

 

Quelques photos du film...

MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !

PS: Pour mes fidèles lecteurs.

J'avais déjà mentionné Francesc Estevez au sujet de la 9 ème symphonie de Beethoven que j'ai vue en Novembre dernier.

http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2023/11/de-beethoven-a-car-orff.html

 

 

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