PAUVRES CRÉATURES un film d'une créativité sans limites...

Bonjour les amis,

PAUVRES CRÉATURES de Yórgos Lánthimos est un film que j'attendais impatiemment et je dois avouer que je n'ai pas été déçu.

Voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.

Je partage d'abord avec vous cette critique qui est proche de mon propre avis et ensuite j'ajouterai certains commentaires personnels.

Pauvres créatures : critique d'un Frankenstein féminin délirant

Découvrez la critique du film Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos - Cinq ans après avoir reçu le Grand Prix du Jury pour La Favorite, le cinéaste Yorgos Lanthimos a finalement été auréol...

https://www.ecranlarge.com/films/critique/1500375-pauvres-creatures-critique-frankenstein-feminin-delirant-lanthimos

Alors, je dois vous avouer que j'ai eu du mal à entrer dans le film car certaines images étaient (pour moi) à la limite du supportable. Rien que la tronche rafistolée de Daniel Defoe, il m'a fallu un certain temps pour m'y habituer et j'ai pratiquement détourné les yeux lors d'une scène de Bella qui s'amuse à charcuter un cadavre d'une manière qui fait littéralement froid dans le dos. Ceci étant dit, et après avoir vu le film dans son entier, je peux dire que ce n'est pas du voyeurisme gratuit car c'est l'un des objets de Lánthimos que de nous faire naviguer entre l'horreur et le merveilleux.

Je me maintenais donc dans une certaine réserve durant la première demie-heure, en me disant:" attendons la suite...".

Il se trouve que la suite (quand Bella part en voyage), est tout simplement somptueuse, déconcertante, drôle, délirante, inattendue, onirique et il me faudrait ajouter 50 000 adjectifs.

Chaque ville (que ce soit Lisbonne, Alexandrie, Paris ou Londres) nous donne droit à un esthétique rétro-futuriste foisonnante, si dense qu'il faudra que je revoie le film. Impossible de tout capter la première fois.

Je n'avais jamais rien vu d'aussi volcanique, explosif et éruptif depuis le cinéma de Ken Russel dans les années 70 ou celui plus récent de Tim Burton.

Les scènes de sexe sont très explicites, très crues, sans fausses pudeurs, et parfois surprenantes aussi. Elles sont filmées avec punch et maestria, et elles font complètement partie intégrante  du récit sur le parcours très féministe de Bella qui découvre son corps. Les hommes, et c'est le moins qu'on puisse dire, n'ont pas toujours le beau rôle (possessifs, violents, monstrueux, pervers,etc...mais pas tous heureusement, ouf !).

Et puis il y a beaucoup d'humour...humour noir et décalé, bien sûr.

La prestation d'Emma Stone est littéralement à couper le souffle !

C'est évident qu'elle a apporté son génie créatif personnel à celui de Lánthimos. Il paraît que celui-ci aurait dit qu'Emma Stone a tellement travaillé son personnage qu'elle en savait plus sur son film que lui-même. C'est dire !

Voilà ! PAUVRES CRÉATURES est un film à voir qui ne peut vous laisser indifférent, un film qu'on pourrait qualifier de gothique.

PS: Comme d'habitude j'ai vu le film sans rien savoir, et je n'avais même pas regardé la bande-annonce.

Ceci étant dit, et pour ceux qui l'ont déjà vu, l'article que je joins ci-dessous est intéressant.

Camerimage 2023 Pauvres Créatures [Poor Things] de Yórgos Lánthimos : corps déviant, esprit d'auteur (fr/eng) - L'Union des Chefs Opérateurs

🇬🇧 Go to english version Pauvres Créatures, du réalisateur Yórgos Lánthimos, ouvrait la compétition principale de cette...

https://www.unionchefsoperateurs.com/camerimage-2023-pauvres-creatures-poor-things-de-yorgos-lanthimos-corps-deviant-esprit-dauteur/

Comments

[rosemar]

Merci pour ce compte rendu : j'ai, pour ma part, l'impression que ce film relève surtout de l'exercice de style...en plus certaines scènes sont, dis-tu, à la limite du supportable...quel intérêt ? Dans le but de surprendre à tout prix, d'innover à tout prix ? Je suis perplexe...

J'ai aussi lu cette critique très négative :



"Ces aventures picaresques ont pour but premier de démontrer que nous ne sommes que des êtres d'instinct, que la société vient corrompre (Bella profite de chaque étreinte avec gourmandise). Elles dévoilent surtout une vision bien pauvre de l'être humain et des femmes en particulier. Revendiquant la prostitution comme étant le meilleur moyen de construire son identité, Bella reste une « pauvre créature », la marionnette d'un cinéaste qui réalise ses fantasmes sur grand écran. Il serait plus honnête de ne pas déguiser cette fort traditionnelle conception du cinéma en plaidoyer pour la liberté des femmes."


https://www.lepoint.fr/culture/pauvres-creatures-pourquoi-on-a-deteste-18-01-2024-2550097_3.php




Belle soirée, AJE

[alea-jacta-est]

J'ai détourné 2 ou 3 fois le regard sur un film de 2 heures 20 minutes. C'est pas excessif mais c'est vrai qu'il faut avoir le coeur bien accroché.
Merci pour le lien du POINT. Je suis partiellement d'accord avec leur point de vue. Bella ne revendique pas vraiment la prostitution comme forme d'émancipation mais expérimente tout sans à-prioris et sans accepter les jugements moraux des hommes...D'ailleurs elle laisse tomber ce "boulot"...
Si tu vas voir l'ensemble des critiques tu verras qu'on peut aimer ou detester mais que le film ne laisse pas indifférent: il n'y a pas de réactions tièdes...mais quand on parle avec les gens qui n'ont pas aimé ils reconnaissent tous une richesse esthétique indéniable, dans des décors inspirés par Jules Verne.
Donc je pense que ce film est à voir de toutes façons car il est très riche. Le travail sur la photo ou les couleurs c'est quand même du grand Art. On voit mieux ça sur le dernier lien que j'ai adjoint.
On revisite le mythe de Frankenstein à travers une femme et cela donne des situations de comédie extrêmement drôles, voire loufoques.
Franchement je ne me suis pas trop pris la tête avec les messages philosophico-féministes car pour moi l'intérêt de film n'était pas là. De ce point de vue là j'abonderais dans le sens du lien que tu m'as envoyé.
Et puis il y a la performance d'Emma Stone qui réussit à créer un archétype de femme-frankenstein à elle seule. Très forte Emma !
Bonne fin de soirée l'amie