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13 février 2018 2 13 /02 /février /2018 19:31

Bonjour les amis,

J' ai vu PHANTOM THREAD qui sera le dernier film de Daniel-Day Lewis qui a décidé de prendre sa retraite d' acteur à 60 ans.

Voici le synopsis:

Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock et sa soeur Cyril règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.

Alors si vous avez envie de vous installer confortablement dans une relation trouble, envoûtante, ténébreuse et parfois vénéneuse, ce film est fait pour vous.

Tout l' univers d' une grande maison de couture des années 50 est parfaitement recréé avec un grand soin.Tout est élégant, feutré, so british...La photo est très belle, et parfois le temps s' arrête et l' image se fige comme s' il s' agissait d' un tableau.

L' interprétation de Day-Lewis en créateur tourmenté est remarquable.On a l' impression qu' il a été couturier toute sa vie.Les regards, les gestes, les expressions...

La relation qui se tisse lentement avec Alma ( Vicky Krieps) va se révéler plus complexe que celle d' un grand créateur qui vampirise sa muse...Il y a la même ambiguïté qui s' installe entre eux que celle qu' il y a entre les protagonistes du film THE SERVANT.

Reynolds sait que ses exigences et ses manies sont quelque part monstrueuses, se croit victime aussi d' une malédiction et accepte d' expier certaines de ses fautes. 

 

PHANTOM THREAD: chronique d'une relation tourmentée entre un créateur et sa muse...
PHANTOM THREAD: chronique d'une relation tourmentée entre un créateur et sa muse...
PHANTOM THREAD: chronique d'une relation tourmentée entre un créateur et sa muse...

Alors, les critiques sont très élogieux et crient au génie, mais moi je ne suis pas aussi enthousiaste.Il y a un aspect agaçant de Reynolds dû à son extrême égocentrisme tout au long du film qui gêne le spectateur qui ne s' identifie jamais à ce personnage très trouble.Le film dure 2 h 11 minutes et au bout d' une heure trente j' ai commencé à regarder ma montre plusieurs fois...J' ai commencé à me dire que Day-Lewis en faisait peut-être un peu trop, et que la caméra du metteur en scène s' attardait trop lourdement sur chacune de ses expressions...Quant à ses relations tordues avec Alma...bin, elles ne m' ont pas spécialement troublé, ni ému...Je suis resté assez distant, tout en admirant la beauté des tableaux, la qualité de la photo....Ce que j' ai préféré du film c' est encore la bande-son de Jonny Greenwood et notamment une pièce interprétée au piano avec une harmonie qui convient parfaitement au climat parfois romantique qu' à voulu créer le metteur en scène Paul Thomas Anderson.

Ecoutez le passage très debussyen qui commence à 24 secondes, avec une très belle variation que j' adore à partir de 43 secondes.

Et puis, il y a aussi ce thème qui est très beau...magique...envoûtant...Ecoutez-le jusqu' au bout.

Peut-être l' Oscar de la meilleure musique de film ? Réponse le 27 Février prochain.

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7 février 2018 3 07 /02 /février /2018 15:50

Bonjour les amis,

On s' approche de la cérémonie des Oscars 2018 et j' ai essayé de voir un certain nombre de films en lice.Il me restait GET OUT à découvrir et c' est maintenant chose faite.

Voici le Synopsis:

Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose  filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

 

 

 

GET OUT c' est un peu comme LE SIXIÈME SENS: l' idéal c' est de le voir sans rien savoir à priori...Moins vous en saurez et plus votre plaisir sera grand.

Alors , je vais simplement vous dire que si vous avez envie de voir un bon thriller teinté d' un peu d' horreur, avec GET OUT vous allez être bien servi et vous ne serez pas déçu.

Vous serez intrigué de la première minute jusqu' à la dernière.

Le scénario est extrêmement habile et nous balade d' interrogations en interrogations, avec de nombreuses tensions ( fort bien amenées) qui vont en crescendo.

Bref, c' est tout simplement délicieux...

Ça faisait longtemps que je ne m' étais pas fait mener en bateau de cette manière, avec une telle maestria...

Le film est réalisé avec peu de moyens de production mais le résultat est à couper le souffle.Bref, je me suis ré-ga-lé....

Suspense, interrogations, tensions,frayeurs,frissons, humour...tout y est !

Je crois que Sir Hitch en personne se serait incliné devant cette oeuvre de Jordan Peele.

Il aurait reconnu en ce metteur en scène un digne héritier....

GET OUT !...Attachez vos ceintures !
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6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 14:08

Bonjour les amis,

J' ai vu cette semaine le dernier film du metteur en scène mexicain Guillermo del Toro intitulé LA FORME DE L' EAU, un film dont on parle beaucoup et qui a récolté déjà de nombreux prix.

Lauréat du Lion d'Or au Festival de Venise 2017, La Forme de l'eau a également reçu 2 Golden Globes (ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale) ainsi que 13 nominations aux Oscars.

Voici le sinopsis.

Durant la Guerre froide en 1962 Elisa,muette, travaille comme agent d'entretien dans un laboratoire où est retenu prisonnier un homme amphibien. La jeune manutentionnaire tombe alors amoureuse de la créature. Avec l’aide de son voisin, elle décide de le libérer. Elle ignore cependant que le monde extérieur pourra être aussi dangereux pour lui ...

 

Alors ce conte fantastique nous fait penser à des contes antérieurs bien sûr, à commencer par celui de LA BELLE ET LA BÊTE, sauf que cette fois-ci la bête ne se métamorphosera pas en beau prince charmant.

On pense aussi aux films américains des années 50 avec des monstres qui étaient un peu kitsch à l' époque, comme dans L' ETRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR...

La forme de l' eau...
Elisa et la créature amphibienne

Elisa et la créature amphibienne

La forme de l' eau...

Le film se situe en 62 .C' est l' époque de  l' american way of life triomphante.

Elisa vit seule,de manière marginale, accompagnée seulement par son vieux voisin.Elle adore les comédies romantiques musicales en noir et blanc.Il lui arrive parfois d' éxécuter quelques claquettes pour apporter un peu de sel et de magie dans son quotidien terne et un peu glauque...Elisa est un personnage dans la lignée d' Amélie Poulain, une muette qui s' exprime par le langage des signes et qui va initier en secret une relation  avec le " monstre"...Elisa, étant elle-même marginalisée par son handicap, a de l' empathie pour la créature amphibienne et sait communiquer avec elle de manière intuitive et sensible . 

L'histoire se passe en pleine guerre froide avec des personnages volontairement très stéreotypés: le colonel buté,brutal,dominateur,macho,inquiétant à souhait, patriote, qui croit en Dieu et en l' Amérique, les agents russes infiltrés et comploteurs,les scientifiques qui travaillent dans des labos secrets, etc...

L' esthétique très vintage années 50 n' est pas sans rappeler l' univers de Jean Pierre Jeunet, celui de Tim Burton et aussi celui de la bande dessinée.Le travail sur la photo est extraordinaire et souligne bien le caractère des personnages ( notamment la brutalité du colonel, la douceur et l' humanité d' Elisa, etc...).

Le film joue sur plusieurs registres: la terreur,le fantastique, la magie, la poésie, ...

C' est un cinéma bourré de clins d' oeil et de références.

Le scénario, fait d' actions et de rebondissements assez prévisibles, copie les films fantastiques américains des années 50, sauf que le regard du réalisateur est décalé et nous fait appréhender en arrière fond tout le substrat idéologique qui anime les personnages .Leur volonté de faire triompher leur modèle de société ( blanc, impérialiste,chrétien traditionaliste,anticommuniste,consumériste, etc..) leur fait commettre des actes cruels et monstrueux sans l' ombre d' une hésitation,sans le moindre sentiment de culpabilité, convaincus qu' ils sont d' être du côté de Dieu, du bon Droit et de la civilisation.Le film est à deux degrés de lecture et possède toujours une ironie sous-jacente...LA FORME DE L' EAU est donc aussi un conte philosophique, une métaphore.

Ce n' est pas un hasard si c' est la petite femme de ménage handicapée qui va rompre l' ordre établi par toute une structure pyramidale et hiérarchisée de pouvoir autoritaire.

A noter que Del Toro pimente son récit en abordant la sexualité de ses personnages...cela peut-être tour à tour doux-amer,moqueur,caricatural, tendre ou ironique...ou merveilleux.

Et puis, il y a quelques scènes réellement magiques dans le film, des moments de grâce où on flotte dans l' élément liquide ( d' où le titre)...

La forme de l' eau...

LA FORME DE L' EAU nous narre une histoire mille fois racontée, sauf que le traitement original et délicieusement subversif de Del Toro sait renouveler le genre, tout en s' inscrivant dans une tradition cinématographique.

L' esthétisme créé par Del Toro s' appuyant sur une grande photographie de Dan Laustsen est le premier atout de son film.Il nous recrée une belle vision retravaillée des années 60.C' est une esthétique qui est parfaitement en adéquation avec le propos du réalisateur et le regard qu' il porte sur ces années-là.

Le casting est parfait, et il faut souligner la grande prestation de Michael Shannon en colonel maléfique.L' interprétation simple et sincère de Sally Hawkins ( qu' on connaissait depuis BLUE JASMINE) est pour beaucoup dans le fait que le film "fonctionne" et que finalement on accroche à l' histoire...

 

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4 février 2018 7 04 /02 /février /2018 16:32

Bonjour les amis,

J' ai pu voir pour vous LADY BIRD qui sortira sur vos écrans le 28 Février prochain.

Voici le sinopsis:

Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. 

Ce film nous raconte la dernière année de Christine avant qu' elle n' aille à l' université.

Christine a des relations tendues avec sa mère.Comme beaucoup d' adolescentes, elle est assez égocentrique, a beaucoup d' exigences et rejette toutes ses frustrations sur sa mère.

Christine veut à tout prix entrer dans une grande université de la côte Est, alors que ce n' est pas une étudiante particulièrement brillante, et que par ailleurs sa famille n' a pas les moyens de l' y maintenir.

On assiste à sa dernière année à Sacramento dans un lycée privé catholique ( hyper-traditionaliste).C' est durant cette dernière année que Christine va s' émanciper,cultiver son côté rebelle,rejeter l' ordre établi et la bienpensance,et aussi faire son éducation sentimentale.

Christine c' est la parfaite ado qui peut être , tour à tour, très touchante ou extrêmement agaçante.Souvent son côté rebelle nous fait sourire car ses rêves de jeune fille sont terriblement formatés ( sans qu' elle s' en rende compte, bien sûr).

Pendant cette dernière année initiatique on suivra ses relations en dents de scie avec sa famille ( la mère aimante et exigente, le père au chômage protecteur qui cache pudiquement sa dépression, un frère adopté qu' elle aime mais avec qui elle ne maintient pas les meilleures relations,...).On côtoiera ses amies du lycée, les petits copains.On vivra son premier amour, sa première déception, son second amour et sa seconde déception.Aucune de ses expériences n' est traumatisante ni dramatique mais elles l' enrichiront et forgeront peu à peu son véritable caractère.

Alors, cette chronique est extrêmement bien racontée, et surtout excellemment interprétée par tous les acteurs qui jouent de manière très juste, naturelle et spontanée...On ne s' ennuie jamais.Le rythme narratif est bien soutenu.

Dans LADY BIRD les problèmes sont comme dans la vraie vie...les déceptions ne sont jamais tragiques, et les joies ne sont pas délirantes comme si on venait de gagner le loto.C' est du cinéma d' auteur et il n' y a pas de grand moment artificiellement fort, ni de grandes révélations qui vont secouer le spectateur.Tout est en nuances, en subtilités.

Pas de surenchère donc, mais des instantanés bien croqués, des scènes qui nous rappellent des choses semblables qu' on a dû vivre nous-même ou avec nos enfants.

Bien vu aussi les relations de Christine avec ses amies, sa petite trahison pas sympa avec sa copine sensible et intelligente mais qui est un peu obèse et qui fait fuir les garçons...Christine commet certaines erreurs mais sait aussi se rattraper.

LADY BIRD nous parle de ce moment crucial de la vie qui est le passage de l' adolescence à l' âge adulte: thème inépuisable s' il en est.

Le scénario est finalement assez banal mais c' est la justesse du propos qui nous touche.

Ce film est le portrait d' une société en 2002, et à un moment determiné de la vie de notre héroïne.Tous les personnages secondaires attirent notre attention car les caractères sont bien définis et bien étudiés.

A la fin du film, très prévisible par ailleurs, on l' aime bien notre petite Christine...

LADY BIRD...une chronique douce-amère de l'adolescence

Alors la seule chose qui m' a un peu surpris c' est l' accueil enthousiaste de la critique et les éloges dithyrambiques que le film a reçues.

Non pas que cette oeuvre ne mérite pas d' être saluée...mais LADY BIRD reste une comédie douce amère qui est d' une facture finalement assez banale.

Prix GOLDEN GLOBE du meilleur film de l' année...et 5 nominations aux Oscars, rien de moins !

Et là, je me dis qu' on va peut-être nous refaire un peu le coup de MOONLIGHT...même si, à choisir, je préfère LADY BIRD à MOONLIGHT...

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 18:45

Bonjour les amis,

Je viens de voir THREE BILLBOARDS, LES PANNEAUX DE LA VENGEANCE réalisé par le metteur en scène britannique Martin McDonagh.

Voici le sinopsis:

Neuf mois après le viol et le meurtre de sa fille, Mildred Hayes ( Frances McDormand) décide de réagir car la police n' a obtenu aucun résultat.Elle inscrit sur de grands panneaux publicitaires trois messages dans l' ordre suivant:

" VIOLÉE PENDANT QU' ELLE MOURAIT... "

" ET TOUJOURS PAS D' ARRESTATIONS ? "

" COMMENT EST-CE POSSIBLE SHERIFF WILLOUGHBY ? "

Ces 3 panneaux sont destinés à provoquer une réaction du chef de la police Willoughby ( Woody Harrelson) flanqué se son violent officier Jason ( Sam Rockwell).

 

Avant de vous parler du film, parlons du titre français ( 3 Billboards,les panneaux de la vengeance) qui ne me paraît pas très pertinent car ce n' est pas vraiment une histoire de vengeance mais plutôt l' histoire d' une exigence de justice...Et comme chacun sait, justice n' est pas vengeance...Par ailleurs le titre original était THREE BILLBOARDS OUTSIDE EBBING MISSOURI.

Ce film  joue sur trois registres: le drame, le thriller...et l' humour froid et décalé.

L' idée initiale est assez originale. Mildred prend avec ses panneaux publicitaires une initiative pas banale et choquante destinée à provoquer des changements, et on ne va pas être déçu car, effectivement, ses panneaux vont provoquer un certain nombre de réactions violentes et de désordres au sein de cette petite bourgade tranquille du sud des Etats-Unis.

Ces désordres seront l' occasion pour le réalisateur de nous brosser un portrait parfois féroce, parfois très drôle, parfois énorme de  l' Amérique rurale profonde avec ses personnages violents, hypocrites,dépravés,sectaires mais aussi parfois touchants et pleins d' humanité.

Toutes les tares de l' Amérique ( racisme, machisme, violence,alcoolisme, hypocrisie sociale et religieuse,etc...) sont passés à la moulinette d' une façon assez jubilatoire.C' est très décapant ! 

Ce film c' est un peu un jeu de massacre à la Chabrol mais avec une très grosse nuance, une très grosse différence.Nombre des personnages qui sont atteints des tares dénoncées par le metteur en scène, se révèlent être aussi parfois très touchants et sensibles...Le scénario nous réserve des surprises réjouissantes dans l' évolution des caractères.Au fur et à mesure que l' action avance, notre perception de la psychologie de certains personnages s' affine, entre gris clair et gris foncé.

Donc on commence le film avec des caractères apparemment bien définis et solidement campés...mais les choses vont évoluer...

L' humour très décalé de McDonagh nous fait énormément penser au cinéma des frères Coen. D' ailleurs, Frances McCormand est l' épouse de Joel Coen. Ce n' est donc vraiment pas un hasard qu' elle ait ce rôle principal qu' elle interprète de manière magistrale: à la fois déterminée et inflexible ...mais aussi très émouvante quand, par exemple, un daim vient se promener sur le lieu du drame.

Emouvante aussi quand elle s' interroge sur sa propre responsabilité au sujet de la fin abominable de sa fille.

La fin du film m' a un peu dérouté car je m' attendais à une dernière révélation explicative à laquelle le metteur en scène n' arrête pas de nous préparer...et, finalement, il nous fait une fausse sortie en forme de queue de poisson assez jubilatoire.

Vous l' avez bien compris les amis.J' ai adoré ce 3 billboards que je conseille sans réserves.

Une dernière recommandation.Attachez votre ceinture pendant le film parce que ça va secouer...

 

 

 

 

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 18:16

Bonjour les amis,

Je termine ma semaine consacrée à Woody Allen avec MATCH POINT, une comédie dramatique datant de 2005 que je n' avais jamais vue.Simplement je me souviens que ce film avait été salué à Cannes comme le grand retour du cinéaste américain.

Voici le sinopsis.

Jeune prof de tennis issu d'un milieu modeste, Chris Wilton se fait embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un jeune homme de la haute société avec qui il partage sa passion pour l'opéra.
Très vite, Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloe, la sœur de Tom. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et qu'il voit sa situation sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune Américaine venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre...

Cette fois-ci on a droit au charme discret de la haute bourgeoisie anglaise.On se balade dans de belles propriétés cossues, les clubs de tennis très fermés inaccessibles au commun des mortels,les galeries d' Art,les musées, l' opéra de Covent Garden,etc...accompagné par des airs de bel canto italien qui apportent une petite touche surannée.

Dès qu' apparaît la pulpeuse Nora interprétée par Scarlett Johannson, on se doute bien qu' elle va troubler l' équilibre tranquille de cette petite société composée de gens exquis, de fort agréable compagnie.

Le rythme est lent.Allen prend tout son temps pour nous installer et faire avancer l' intrigue qui est finalement des plus banales.Chris tombe éperdument amoureux de Nora mais ne se resoud jamais à avouer sa liaison à Cloé, de peur de perdre sa confortable situation professionnelle obtenue grâce à la bienveillance de son beau-père.

On passe d' une petite trahison à de plus grosses trahisons...et puis, on s' ennuie ferme avec Chris qui est obligé d' inventer mensonges sur mensonges pour sauver les apparences.

Scarlett-Johansson qui démarre plutôt bien dans cette comédie car au début elle nous trouble et nous subjugue, finit par avoir un jeu théatrâl de moins en moins naturel...tout devient de plus en plus pénible.Même elle, elle finit par nous fatiguer...

Et puis, au bout d' une heure trente, le scénario nous embarque dans une direction inattendue, imprévue, et qui m' a paru psychologiquement assez peu vraisemblable.

La fin du film ne se veut pas du tout morale, mais sans toutefois être sulfureuse.Ce n'est pas du cinéma à la Chabrol.On est et on reste dans une atmosphère feutrée avec des gens délicieux dont on n' a aucune envie que leur harmonie soit troublée d' aucune manière.

MATCH POINT se laisse voir, et on se laisse balader par Woody qui sait nous faire partager un univers très éloigné du nôtre avec beaucoup de savoir-faire, mais au bout du compte, on se dit qu' on n' a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Donc, et malgré l' indéniable talent de Woody Allen, j' ai été déçu...déçu, et surpris de lire sur la page d' Allociné un grand nombre de critiques élogieuses...

Il y a quand même LIBÉ qui parle, à juste titre, d' une histoire digne de la collection Harlequin.C' est vrai: le scénario est vraiment léger...ce qui sauve le film c' est la galerie d' acteurs,la qualité des dialogues et de leur interprétation.

Woody Allen nous fait plein de clins d' oeil avec des références culturelles, que ce soit Dostoievski ou Sophocle,avec des références philosophiques sur le rôle du hasard dans notre vie, mais ne nous trompe pas sur la marchandise.

Au final, MATCH POINT c' est un super emballage de luxe très soigné,cousu main, mais pour une intrigue finalement presque quelconque... 

MATCH POINT...le charme discret de la bourgeoisie anglaise
MATCH POINT...le charme discret de la bourgeoisie anglaise
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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 17:13

Bonjour les amis,

Je continue mes séances de rattrapage avec Woody Allen.Cette fois-ci, c'est BLUE JASMINE que je viens de voir.

Alors, avant de vous parler moi-même de ce que m' inspire cette comédie dramatique de Woody Allen, je vous engage à lire cet article de Rosemar sur ce film.

Alors, ce film j' ai mis du temps à le voir parce que je ne suis pas très sensible aux charmes de Cate Blanchett, et comme c' est sur elle que repose tout le film, j' ai eu des hésitations...Mal m' en a pris car elle fait une magnifique interprétation absolument bouleversante.

Je ne vais pas répéter ce que dit Rosemar sur ce film: il y a la satire sociale de Woody, les deux mondes en opposition ( la jet set américaine et les prolos des quartiers populaires), l' hypocrisie des puissants qui ont leurs associations caritatives pour se donner bonne conscience de pratiquer l' évasion fiscale, leur mépris pour les loosers, leur suffisance.Ils vivent dans un autre monde.....il y a tout ça dans le film d' Allen, avec des contrastes assez drôles parfois entre le monde de Cate et celui de sa soeur.

Mais, au delà de ce thème de comédie, il y a le personnage tragique de Jasmine qui a tout vécu, qui a tout eu dans la vie, grâce à son mari. Et Jasmine vient de tout perdre.

Jasmine n' a jamais essayé de savoir si son mari était très honnête.Elle  préférait jouer les épouses confiantes...Elle n' a jamais essayé d' en savoir trop sur les frasques de son époux avec des amies de confiance ou des femmes de son entourage.

Jasmine se rassurait, en jouant le rôle d' épouse modèle, qui a toujours bon goût, qui sait organiser des soirées, des dîners,qui adore la vie mondaine, qui sait charmer les nombreux amis qui viennent à la maison. Cate règne sur son petit monde grâce à la manne financière que lui apporte son mari.

C' est un magnifique portrait de grande bourgeoise que nous livre Woody Allen.Une bourgeoise qui connaît tous les codes de la haute société,qui sait toujours se maintenir avec charme et  distinction.Elle fait partie de ces wonderful people dont l' Amérique a le secret.

Le film de Woody Allen mène sans cesse en parallèle les épisodes du passé de la grande Jasmine triomphante et glamour, avec son présent pathétique, fait de tentatives  de se reprojeter dans la vie tout en logeant dans le petit appart' de sa soeur.

Ce film pourrait s' intituler " Plus dure sera la chute"...Jasmine essaie de se relancer dans la vie professionnelle, en acceptant un emploi qui frise l' humiliation pour elle...mais elle ne supporte plus la vulgarité, les trivialités de ce bas-monde.Son esprit continue de naviguer dans d' autres sphères.Elle est devenue complètement dépressive, tient à coups de xanax et de vodka-martinis.

En fait, elle  a la lucidité de se rendre compte qu' elle n' a aucune chance de se reconstruire vraiment à moins qu' elle ne rencontre une personne qui peut à nouveau lui donner accès à tout ce qu' elle possédait.Et comme elle a beaucoup de classe et de charme, elle sait comment s' y prendre pour captiver un homme.Le passage dans le film où Jasmine séduit un diplomate promis à une brillante carrière est admirable. Jasmine arrive à le subjuguer,à le bluffer, alors qu' en réalité elle est au fond du trou et qu' elle tient à coups d' anti-depresseurs...

Malheureusement, sa rencontre amoureuse sera un échec car son passé et ses mensonges vont la rattraper.

Il faut saluer l' interprétation sublime de Cate Blanchett qui nous plonge dans le même désarroi que vit cette grande bourgeoise qui ne se remet vraiment jamais de ce qui lui arrive. Jasmine c' est peut-être le GRAND RÔLE de sa vie.

Woody Allen nous propose un portrait bouleversant et crée avec Jasmine un archétype féminin  aussi fort que Madame BOVARY. On sent que Jasmine ne trouvera pas le salut sans accéder de nouveau au standing social qui était le sien.Son personnage pourrait être agaçant...on pourrait même se dire que ce qui lui arrive est amplement mérité,que ça lui " fera les pieds", mais il n' en est rien.On souffre pour elle...on a envie qu' elle trouve une deuxième clé à son bonheur.

La dernière image du film est poignante...

Blue Jasmine de Woody Allen...un bouleversant portrait de femme

Blue moon...chanson fétiche de Jasmine qui marque le début de sa romance avec Hal

PS: j' ai dit au début de l' article que je n' étais pas sensible aux charmes de Cate Blanchett, mais ça c' était avant....avant d' avoir vu BLUE JASMINE.Dans ce film, elle m' a bluffé...Je suis conquis...

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19 janvier 2018 5 19 /01 /janvier /2018 20:34

Bonjour les amis,

La semaine dernière un collègue m' avait parlé du film DALTON TRUMBO sorti en 2015, en m' expliquant qu' il avait particulièrement apprécié la qualité des dialogues, à tel point qu' il avait ressenti le besoin de revoir ce film.

Alors, titillé par la curiosité, j' ai moi-même cédé cette semaine à l' envie de visionner ce film.

En voici le sinopsis:

Hollywood, la Guerre Froide bat son plein.
Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d’être communiste. 
Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler.
Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction. 
En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.

Alors l' histoire de Dalton Trumbo est quand même assez édifiante.Voilà un scénariste qui n' est coupable de rien d' autre que d' être communiste.Aucune de ses oeuvres n' est directement une apologie du système bolchévique.Ses seules activités militantes sont syndicales, et il va se retrouver en prison, simplement pour se réfugier derrière le premier amendement des Etats-Unis qui protège la liberté de penser  et de réunion.

Voici un extrait traduit de sa vraie déclaration devant la commission des activités anti-américaines que j' ai repêché sur le net:

 

" M. STRIPLING M. Trumbo, je vais vous poser différentes questions, toutes auxquelles on peut répondre par oui ou non. Si vous voulez donner une explication après avoir fait cette réponse, je suis sûr que la commission sera d'accord. Toutefois, afin de mener cette audience de manière ordonnée, il est nécessaire que vous soyez réceptif à la question, sans faire un discours en réponse à chaque question.

M. TRUMBO Je comprends, M. Stripling. Votre travail est de poser des questions et le mien est d'y répondre. Je répondrai oui ou non, s'il me plaît de répondre ainsi. Je répondrai avec mes propres mots. Seul un crétin ou un esclave peut répondre par oui ou non.

LE PRÉSIDENT La présidence est d'accord avec votre argument selon lequel vous n'avez pas besoin de répondre par oui ou non aux questions. Allez-y, M. Stripling.

M. TRUMBO Puis-je... s'il plaît à la présidence, je ne vais pas faire un discours. J'ai seulement des témoignages de personnes responsables concernant la nature de mon travail. J'ai ici vingt documents dont je souhaite qu'ils soient inclus dans le procès-verbal afin que l'on sache quel est mon travail et ce que la commission pourrait chercher à dissimuler au peuple américain dans le futur.

LE PRÉSIDENT Ne faites pas une telle déclaration. Ce n'est pas correct. (...)

M. STRIPLING M. Trumbo, je vais répéter la question : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. Stripling, le droit des travailleurs américains à des listes de membres secrètes et inviolables a été conquis dans ce pays au prix fort du sang et de la famine. Ces droits sont devenus une tradition américaine. Par la Voix de l'Amérique (station de radio de propagande internationale ­ NDT) nous avons diffusé au monde entier l'affirmation de la liberté de nos travailleurs.

LE PRÉSIDENT Répondez-vous à la question ou faites-vous un autre discours ?

M. TRUMBO Monsieur, je réponds vraiment à la question.

LE PRÉSIDENT Bien, quelle était la question,M. Stripling ?

M. STRIPLING J'ai demandé à M. Trumbo s'il était membre de la Guilde des scénaristes.

M. TRUMBO Vous m'avez posé une question qui vous permettrait de traîner ici tout syndiqué des États-Unis pour qu'il s'identifie comme membre d'un syndicat, de le soumettre à l'avenir à l'intimidation et à la coercition. Ceci, je crois, est une question inconstitutionnelle.

LE PRÉSIDENT Faites-vous un autre discours, ou cela est-il la réponse ?

M. TRUMBO Ceci est ma réponse.

LE PRÉSIDENT Maintenant la question est, M. Trumbo : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. le président, je ne considérerais pas comme une honte d'être membre d'un syndicat. (...) Mais les syndicats ont droit au secret pour leurs listes de membres.

LE PRÉSIDENT Je reviens à la question : êtes-vous membre de la Guilde des scénaristes ?

M. TRUMBO M. le président, cette question est conçu edans un but particulier. Premièrement... (Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO ... Premièrement, il s'agit de m'identifier avec la Guilde des scénaristes ; deuxièmement, il s'agit de chercher à m'identifier avec le Parti communiste et, par là, de détruire cette guilde...

LE PRÉSIDENT (tape du marteau). Refusez-vous de répondre à la question ?

M. TRUMBO Je ne refuserai de répondre à aucune de vos questions, Monsieur.

M. STRIPLING Juste un moment. J'ai quelques autres questions, M. Trumbo, que je voudrais vous poser. Êtes-vous ou n’avez-vous jamais été un membre du Parti communiste ?

M. TRUMBO Je comprends qu'on a donné aux journalistes une prétendue carte du Parti communiste m'appartenant... Est-ce vrai ?

M. STRIPLING Ceci n'est pas vrai.

LE PRÉSIDENT Êtes-vous ou n'avez-vous jamais été membre du Parti communiste ?

M. TRUMBO Je crois que j'ai le droit d'être confronté à n'importe quelle preuve en appui de la question. J'aimerais voir ce que vous avez.

LE PRÉSIDENT Oh, bien, vous le pouvez ! Vous le pourrez, très bientôt. (Rires et applaudissements.) (Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO Ceci est le commencement...(Le président tape du marteau.)

M. TRUMBO... D'un camp de concentration américain.

LE PRÉSIDENT Ceci est une tactique typiquement communiste. Ceci est une tactique typiquement communiste (tapant du marteau). (Applaudissements.) "

Cette retranscription fidèle de l' audition de Trumbo est partiellement reprise dans le film de Jay Roach et vous donne une idée du personnage.

Pendant les comparutions devant la cour américaine, la situation dans laquelle se trouve Trumbo et neuf de ses collègues est assez absurde et à la limite de la farce ...sauf que tout ça va se terminer par 1 an de prison ferme, et par une interdiction professionnelle qui durera plus de 10 ans.

L' interprétation de Bryan Cranston est magistrale ( on le connaissait déjà dans la série BREAKING BAD où il est génial) mais ici, il excelle aussi et une bonne partie du film repose sur sa performance pleine de sensibilité, de conviction et d' humanité....Grâce à lui, on supporte quelques longueurs dans le film ( 10 ans d' interdiction c' est long...).

Trumbo a été blacklisté pendant 10 ans.C' est énorme pour quelqu' un qui n' a commis aucun délit...Le film qui, jusqu' à la sortie de prison de Trumbo, est assez dramatique prend ensuite une dimension parfois comique grâce aux tours de passe -passe qui permettront à  celui-ci de travailler sous de faux noms , et même de gagner un Oscar du meilleur scénario sous un nom d' emprunt.Trop beau pour être vrai...et pourtant cet épisode incroyable du film s' est réellement produit.

Le film de Jay Roach nous dresse le portrait d' Hollywood à l' époque du Maccarthisme:d' une part il y a ceux ceux, trop peu nombreux, qui soutenaient Trumbo comme Kirk Douglas ou Otto Preminger...et d' autre part il y a les autres comme John Wayne, Hedda Hopper ( interprétée par une Helen Mirren odieuse à souhait), Ronald Reagan qui n' hésitèrent pas à participer de manière active à la campagne de délation honteuse orchestrée par les partisans du sénateur McCarthy.

Dalton TRUMBO est un film nécessaire qui nous rappelle que notre liberté a été obtenue et acquise grâce à des personnes comme Trumbo qui ne transigent pas avec leurs principes et qui sont prêtes à en payer le prix.

Après avoir vu ce film, je me suis rappelé d' une scène de cérémonie des Oscars durant laquelle Nick Nolte, refusera ostensiblement d' applaudir  Elia Kazan qui avait reçu la statuette pour l' ensemble de son oeuvre.

Sur la vidéo à 2 min 03 secondes....

Elia Kazan avait dénoncé 8 camarades appartenant à une cellule communiste ainsi que 7 syndicalistes devant la commission des activités anti-américaines.

Et à Hollywood, tout le monde n' avait pas oublié...

Mais revenons à Dalton Trumbo.

Le film de Jay Roach critique,dénonce, règle des comptes,mais ne se veut pas excessivement revanchard. Ce film a au moins deux mérites:

1. d' abord celui de nous rappeler que ce triste épisode de l' histoire américaine n' a rien apporté de positif, pas la moindre loi, pas la moindre avancée, mais que par contre il a causé un nombre considérable de victimes qui méritaient bien qu' on leur rende hommage.

2. celui nous rappeler que la liberté n' est pas un acquis éternel et qu' il faut rester vigilant, notamment face aux responsables politiques toujours prêts à créer des paranoïas pour en restreindre son champ.

Dalton Trumbo est finalement un vrai héros comme on les aime et qui incarne dans ce film la conscience de l' Amérique qu' on aime.

 

Dalton Trumbo...une conscience américaine
Dalton Trumbo...une conscience américaine
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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 18:16

Bonjour les amis,

Il y a deux jours il faisait un p' tit temps frisquet par chez moi, et je me suis dit que c' était le moment idéal pour voir WIND RIVER de Taylor Sheridan.

Bien m' en a pris car c' est un film superbe.

Voici le sinopsis:

Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

WIND RIVER est un très beau film de facture classique.Le premier grand personnage du film c' est une réserve indienne dans le Wyoming durant l' hiver.

Le décor est planté, somptueux, majestueux, imposant le respect.Dans cet univers âpre , la jeune enquêtrice du FBI a besoin de l' aide de Cory le chasseur qui, lui, sait interpréter les moindres signes ou traces dans la neige.

La trame policière reste simple et linéaire.L' enquête avance aussi lentement et sûrement qu' un trappeur avançant dans la neige chaussé de ses raquettes.L' intrigue est surtout un prétexte pour nous mettre en scène les personnages qui vivent dans ces contrées reculées.

 

Voici ce que dit BENOITG20 sur la page d' allociné:

Wind River" est un film âpre, humain et dur tant dans l'univers hostile et glacé, que dans le vécu profond des personnages... C'est une peinture sans concession de laissés pour compte isolés, qui tentent de survivre dans cette réserve indienne du Wyoming. À travers la découverte macabre d'un corps sans vie dans cette neige immaculée, le réalisateur Taylor Sheridan va nous plonger dans un monde où le destin de chacun est ancré à la rudesse de l'endroit et de son climat. Tout n'est que privation, résignation, désillusion et les faits dramatiques qui sont mis en exergue, qu'ils soient passés ou présents ne font que renforcer le malaise que dégage le mal-être de ces personnages... Accepter la douleur, vivre avec, se surpasser pour continuer à exister et faire exister celle ou celui disparu, est ici superbement décrit et même transcendé ! Au delà de l'enquête pourtant bien menée, c'est surtout la dimension humaine, dans tout ce qui concerne le relationnel qui nous touche vraiment... Un film profond, sensible où chaque acteur, en particulier Jeremy Renner, nous révèle une psychologie mise à nu, pour nous atteindre avec pudeur, délicatesse et pertinence. Le sort de cette communauté d'amérindiens est ici un des points essentiels, en étant extrêmement bien montré. Un beau film de à ne pas louper !

J' aimerais juste ajouter que ce film nous parle d' un univers où la valeur des hommes tient à leur force mentale, à leur capacité à surmonter la rudesse des éléments.Ici c' est la montagne qui s' impose aux hommes , et pas le contraire...

Dans cet univers il n' y a pas de hasard et seuls  ceux qui sont à la fois forts mentalement et humbles devant les forces de la nature survivent.

J' ai beaucoup aimé les scènes où Cory initie son fils aux règles qu' il faut respecter dans la nature.Tout se prépare méticuleusement: les sorties, le matériel,l' équipement, les armes...Rien n' est laissé au hasard et il faut savoir observer son environnement, l' évolution du temps qu' il fait, car les erreurs ne pardonnent pas.

J' ai été fortement imprégné par ce film qui m' a vraiment donné l' impression d' en savoir plus sur cette partie des Etats-Unis qui vit en dehors du rêve américain.

Et puis, WIND RIVER m' a ramené à certains souvenirs personnels de mon enfance.

Quand j' avais 10 ans une partie de ma famille s' était décidée à aller chercher fortune au Canada,à Edmonton, en Alberta où nous avons des cousins.C' est une partie au centre du Canada, très continentale avec des hivers très rudes, au moins aussi rudes que ceux qu' on voit dans WIND RIVER.

Mon oncle, et mes grands-parents s' étaient installés à Edmonton fin des années soixante en attendant que le reste de la famille les rejoigne.Ils y ont vécu 3 ans.Finalement, mon père, ma mère,mon oncle et ma tante décidèrent de rester en France, mais ça  s' est joué à très peu de choses.

Ils ont reculé à la dernière minute, mais moi je me souviens bien que je racontais déjà à mes professeurs que toute la famille allait émigrer.Je frimais avec mes petits copains et je m' imaginais déjà vivant comme Davy Crockett et chassant le caribou.

Je frimais devant mes petits copains mais en réalité j' étais très anxieux d' aller vivre dans un pays très éloigné dans lequel les habitants parlent une langue dont je ne connaissais que les rudiments.

Avant-hier, j' ai repensé à ce moment crucial de notre histoire familiale.

Si j' étais allé à Edmonton à l' âge de 12 ans ma vie en aurait été complètement bouleversée...J' aurais vécu à l' américaine dans une  ville entourée de grands espaces très peu peuplés où c' est la nature qui prédomine.

Entre les corons du Nord de la France où je vivais et les grands espaces canadiens, il y avait un monde, une galaxie...

Et avant-hier,en regardant les paysages de WIND RIVER, l' immensité des espaces, je n' ai pas pu m' empêcher de penser que ces espaces auraient pu être les miens...que tout s' est joué à peu de choses...à très peu de choses...

Paysage d' Alberta...

Paysage d' Alberta...

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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 20:58

Bonjour les amis,

je vous ai parlé  la semaine dernière d' ANNIE HALL qui est un film qui marque le véritable début de Woody Allen en tant qu' auteur à la fois comique et dramatique.

Cette semaine, j' ai donc visionné deux films postérieurs, deux comédies.

D' abord MEURTRE MYSTÉRIEUX  A MANHATTAN.

Voici le sinopsis:

L'éditeur Larry Lipton et son épouse Carol logent dans un luxueux appartement de Manhattan où ils se lient rapidement d'amitié avec leur voisins de palier, Paul et Lillian House. Un jour, cette dernière décède d'une crise cardiaque. Une mort étrange, la vieille dame n'ayant jamais eu de problèmes de santé majeurs. Petit à petit, l'idée d'un meurtre se précise et Carol Lipton est bien décidée à élucider ce mystère.

Le film est une comédie fraîche et divertissante.Allen y est moins insupportable que dans ANNIE HALL, et cette fois-ci c' est plutôt Diane Keaton qui a un peu le diable au corps et qui est assez incontrôlable.

C' est dans ce film que Woody Allen prononce sa fameuse phrase: " Quand j' écoute du Wagner , ça me donne envie d' envahir la Pologne..."

Je vous mets l' une des meilleures scènes du film.Un groupe d' amis essaie de maintenir une conversation au téléphone en utilisant des fragments préparés d' avance avec la voix d' une des complices de l' un des personnages...très drôle...

Et, le lendemain, j' ai visionné COUPS DE FEU SUR BROADWAY, et là les amis, c' est la catégorie au dessus.Ce film c' est du caviar !

Voici le sinopsis:

A New York, dans les années vingt, un jeune auteur de théâtre passe un marché avec un gangster : celui-ci finance sa pièce, mais en échange sa petite amie est engagée. Celle-ci est protégée par un garde du corps qui, peu à peu, se mêle de tout et intervient dans la mise en scène.

Alors ce film , c' est un petit bijou à la gloire du théâtre et des acteurs.

Ça démarre comme dans une comédie de Lubitsch avec une situation dont on sait dès le départ qu' elle va provoquer des moments très drôles: un mafioso qui impose à un metteur en scène sa petite amie complètement inculte, affublé d' un fort accent des faubourgs et qui n' a aucun talent pour le théâtre, dans une oeuvre cérébrale pour intellos, une oeuvre à la Ibsen ou à la Tchekov.

Et effectivement, on ne sera pas déçu avec cette actrice complètement en décalage par rapport au reste de la troupe: par exemple, elle se souvient bien du début d' une réplique ( To be...) mais qui a du mal à se souvenir de la fin ( ...or not to be).

Dans cette comédie Woody Allen, a une autre super idée.Il ne s' attribue pas le rôle du metteur en scène David Shayne mais le confie à John Cusack, parfait dans la peau du personnage, et un peu moins tête à claques que Woody.

Par ailleurs, Allen situe l' action en 1928, c' est à dire durant l' âge d' or de Broadway. Les décors et les extérieurs sont soignés.On y est , on s' y sent:l' ambiance nocturne de la ville qui ne dort jamais,les speakeasy, les règlements de compte des mafiosi, les clubs avec des numéros de cabarets exécutés par des troupes de girls pétillantes,les ballades romantiques dans les parcs de Greenwich village,etc...Woody aime passionnément sa ville et sait nous le transmettre.

COUPS DE FEU SUR BROADWAY...une comédie tout simplement réjouissante
COUPS DE FEU SUR BROADWAY...une comédie tout simplement réjouissante

On va suivre les répétitions de l' oeuvre de Shayne et les difficultés qu' aura celui-ci pour la monter.On va découvrir peu à peu tous les personnages qui vont devoir interpréter la pièce.C' est filmé avec beaucoup de sensibilité et Woody Allen sait nous faire partager son amour pour les acteurs ( un peu comme Truffaut dans LE DERNIER METRO ou la NUIT AMERICAINE).

Il faut noter l' excellente composition de Diane West en Helen Sinclair, grande star du théâtre tombée dans l' oubli qui va tenter, grâce à l 'oeuvre de David Shayne, de faire son grand retour sur la scène new-yorkaise. Helen est impayable,fantasque, excentrique,égocentrique divine, toujours inspirée...elle se comporte dans la vraie vie comme si elle était sur une scène de théâtre en train d' interpréter Cléopâtre et Shayne en tombera amoureux.

On voit aussi dans le film comment le metteur en scène modifie , peu à peu, le texte original de la pièce pour résoudre certains conflits entre les acteurs.

Mais le clou de cette comédie, l' idée géniale, c' est que Cheech, le garde du corps de la fiancée du mafioso ( interprété par Chazz Palmintieri) va faire des suggestions très pertinentes qui vont complètement changer l 'oeuvre originale.

Cheech est un homme de main de Nikki. C' est un personnage violent et vulgaire qui s' est fait dans la rue, qui n' a aucune culture mais qui possède une vraie connaissance intuitive de la nature humaine.C' est lui qui va rectifier certains défauts de la pièce ( les personnages qui ne parlent pas comme dans la vraie vie)....Peu à peu, Cheech  s' installe comme co-auteur à part entière et finit par s' emparer de l' oeuvre et par la faire sienne.Ça c' est une idée de comédie absolument splendide. Cheech collabore, mais avec ses codes et ses règles de gangster.On jubile pendant le film, on pouffe...C' est tout simplement réjouissant.

Je n' en raconte pas plus.COUPS DE FEU SUR BROADWAY est une comédie pleine de rebondissements avec plein de personnages attachants, une comédie magique menée tambour battant qui nous enchante et qui nous ravit.

D' ailleurs, je vais la revoir, mais cette fois-ci en VO...rien que pour entendre l' accent pointu et criard de la fiancée du mafioso, et les exclamations très téatrales d' Helen Sinclair.

Shayne retravaillant son texte avec Cheech

Shayne retravaillant son texte avec Cheech

Shayne qui succombe peu à peu au charme de son égérie...

Shayne qui succombe peu à peu au charme de son égérie...

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