Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 08:15

Bonjour les amis,

Bien qu'étant passionné de politique ça fait plusieurs mois que je ne regarde plus les débats parlementaires en Espagne car je suis un peu saturé  et exténué par les sempiternelles tensions provoquées par les échanges verbeaux très agressifs entre la droite et la gauche.

Le fait que Carles Puigdemont en exil en Belgique puisse bénéficier d'une amnistie du gouvernement socialiste qui lui permette de participer aux prochaines élections régionales catalanes a empoisonné l'atmosphère depuis de longs mois entre le pouvoir et l'opposition.

Ajoutez-y un scandale avec le compagnon sentimental de la maire de Madrid Isabel Diaz Ayuso en pleine tourmente à cause d'une affaire de fraude fiscale. Les partis de gauche réclament la démission de cette maire de droite, chef de file du Parti Populaire.

Par ailleurs, durant ces dernières semaines, le parti socialiste a obligé José Luis Abalos (député socialiste et et ex-ministre) à démissionner pour une autre affaire de corruption dans laquelle sa responsabilité est engagée, l'affaire KOLDO.

Dans ce contexte déjà très lourd et un peu délétère s'est produit un événement politique plutôt insolite qui n'a rien à voir avec mon préambule.

Je vous laisse prendre connaissance sur le lien ci-dessous de la dernière déclaration de Pedro Sánchez.

 

Donc vous avez bien compris. Le chef du gouvernement qui se sent victime d'une chasse à l'homme à travers des accusations portées contre son épouse Begoña a annoncé qu'il se donne 5 pours, jusque lundi prochain, pour savoir s'il va démissionner ou pas.

Et là, franchement, je n'y crois pas une seule seconde, et ce pour une raison qui me paraît simple. Si un gouvernant est sincèrement habité d'un tel doute il n'en fait pas part publiquement car agir de cette manière c'est en soi une façon de provoquer toute une série de gros remous politiques qui ne seront certainement pas propices à ce supposé temps de réflexion que demande Sánchez.

Ce temps mort réclamé par le chef de l'éxécutif ressemble aux yeux de beaucoup d'espagnols à une espèce de bluff adressé à toute la citoyenneté, un bluff du genre: " Sans moi, c'est le chaos et le pays entre dans une nouvelle grave crise politique."

Donc l'annonce de Pedro Sánchez me paraît être plus une manipulation politicienne qu'autre chose.

Pedro Sánchez prend la population espagnole à témoin du lynchage dont il se sent victime et joue avec la possibilité de démissionner.

Ça, c'est du jamais vu ! Et ça ne me réconcilie pas avec la politique espagnole car j'ai l'impression qu'on essaie de me faire participer à une sinistre farce qu'on voudrait me faire passer pour un psycho-drame.

Carles Puigdemont (qui, par ailleurs, m'est assez insupportable) a eu, pour une fois, une réaction à la fois critique et sensée. Il a dit, je cite : "Hay que salir llorado de casa", à savoir que Sánchez devrait se présenter devant ses concitoyens en ayant "préalablement pleuré à la maison" et pas devant tout le monde car ça l'affaiblit. Il incite Sánchez à restaurer la confiance dont il a besoin en soumettant sa continuité au pouvoir à une motion de censure au parlement.

Enfin j'ai du mal à comprendre comment on en est arrivé à une telle situation sachant que l'affaire de l'épouse de Sánchez va être traitée par la justice qui est la seule instance à-même de la laver de tout soupçon. Donc si Sánchez est convaincu de l'innocence de son épouse Begoña il lui suffit d'exiger de l'opposition qu'elle soit patiente et démocratique et qu'elle attende que la justice ait rendu son verdict.

Tout, dans cette affaire, me paraît donc extrêmement malsain. Les agitations de la droite mais aussi la réaction quelque peu disproportionnée de Sánchez qui, soi-dit en passant, est un "killer" politique expérimenté qui en a vu d'autres. 

Attendons lundi prochain pour connaître la décision de Pedro Sánchez.

Et nous saurons très vite si mon intuition est erronée...ou pas.

A droite Begoña Gómez: notez qu'en Espagne les femmes gardent leur nom et ne prennent pas celui de leur mari

A droite Begoña Gómez: notez qu'en Espagne les femmes gardent leur nom et ne prennent pas celui de leur mari

PS : Par ailleurs, je reste bien évidemment en faveur d'une continuité de Pedro Sánchez qui me paraît la moins pire de toutes les options.

PS nº 2 . Vous avez bien compris que je ne crois pas une seule seconde à une démission de Sánchez mais j'en profite pour partager avec vous un aphorisme assez rigolo de George Bernard Shaw. C'est de l'humour populiste un peu facile, certe,  et qui renvoit de manière injuste tout le monde dos-à-dos...mais avouez que parfois cet aphorisme est pertinent...😁

Situation politique un peu surréaliste en Espagne...
Partager cet article
Repost0

commentaires

C
Je vais citer George Mikes, un autre humoriste :<br /> "Si le peuple, lors des élections, porte librement son choix sur des hommes stupides et égoïstes pour les charger de gérer ses affaires les plus importantes, c'est qu'il est sans doute plus stupide que ses élus. Les gouvernants du moins trouvent du plaisir à exercer leur pouvoir. Les masses, elles, n'ont que le plaisir de recevoir les coups de pieds des imbéciles "
Répondre
A
Il semblerait que certains proches de Sánchez pensent qu'il va vraiment démissionner. Selon eux cette décision serait irrévocable et Sánchez opterait pour des futures responsabilités au sein des institutions européennes qui lui tendraient les bras....cette option n'est pas à écarter effectivement, sauf que je ne vois personne pour succéder à Sánchez et prendre efficacement le relais chez les socialistes.... à suivre donc...demain on a la réponse.
C
Oui, cela m'évoque la démission de Nasser, la sincérité en moins.
A
Merci pour cette citation terriblement lucide de George Mikes.<br /> La politique espagnole est assez passionnante car on y trouve toutes les difficultés des gouvernements européens avec , entre autres, la perte de belles majorités absolues qui permettent d'avoir les mains libres pendant un mandat mais auxquelles s'adjoignent d'autres difficultés qui sont l'existence de partis séparatistes dont le poids est loin d'être négligeable.<br /> Par ailleurs l'Espagne c'est un peu le contraire de la France. Le parti socialiste existe encore, et non seulement il existe mais il est au pouvoir.<br /> Le parti socialiste espagnol a réussi en quelques années à marginaliser PODEMOS (parti frère de France insoumise) ce qui est une prouesse qui n'a pas été suffisemment analysée par les voisins européens. Pourtant il y a des enseignements à en tirer (et notamment pour les socialistes français si tant est qu'ils ont encore envie d'exister...).<br /> Je rappelle que PODEMOS a été donné à un moment donné de son histoire en passe de devancer les socialistes dans les sondages...mais ça ne s'est pas produit.<br /> Il est arrivé à PODEMOS ce qui s'est produit pour les communistes français après être entré dans le gouvernement socialiste de Mitterrand: "je t'embrasse pour mieux t'étouffer".<br /> Sánchez comme beaucoup de dirigeants est cynique, arrogant, hypernarcissique et c'est aussi un killer. Mais je lui reconnais une énorme habileté. A l'époque où ses ministres podémites m'exapéraient il savait rester patient et consensuel et attendre les élections pour les flinguer...avec efficacité.<br /> Si la droite revient au pouvoir on sait que ça va relancer la bagarre avec les séparatistes alors que depuis que Sánchez est au pouvoir on a au moins le retour à une certaine paix civile. Rien que pour ça je suis en faveur de son maintien.<br /> Même si Sánchez démissionnait vraiment (ce que je ne crois pas du tout) ce serait pour organiser de nouvelles élections et remporter la mise une nouvelle fois.<br /> C'est un killer et, finalement, ça me le rend sympathique...Il n'y a que les killers qui peuvent survivre en Espagne alors autant que ce soit lui.
R
Une sorte de chantage à la démission, donc ? Il semble que cela a fonctionné : le parquet a demandé le classement sans suite de l'enquête pour corruption et trafic d'influence qui visait son épouse... Aujourd'hui, les camarades socialistes se sont rassemblés pour apporter au premier ministre leur soutien...<br /> <br /> Tout cela n'est pas très net, en effet...<br /> Partout, les politiques ont tendance à nous décevoir...<br /> <br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
Répondre
A
Ce matin à la radio quand j'ai entendu que des supporters sanchistes avaient fait le déplacement en autobus pour venir à Madrid soutenir Sánchez j'ai éclaté de rire. J'avais envie de leur dire:<br /> " Dormez tranquilles les amis !...il ne s'en ira pas..."<br /> Effectivement cette demande insolite de temps de réflexion ressemble bien plus à un chantage.<br /> <br /> Quand De gaulle était parti réfléchir et méditer à Baden-Baden il n' avait averti personne. Tout le contraire de Sánchez.<br /> https://www.ladepeche.fr/article/2018/05/30/2807694-29-mai-1968-journee-general-gaulle-disparait-baden-baden.html<br /> <br /> Tu as remarqué que je n'écrivais plus beaucoup sur la politique espagnole car ça fait de longs mois qu'elle me retourne les tripes. Sánchez est un cynique qui finit par faire le contraire de ce qu'il promet. Par exemple il avait dit durant sa campagne électorale qu'il n'y aurait pas d'aministie pour ceux qui avaient participé aux graves événements du 1 er octobre 2017, et puis il a fini par proposer une loi d'amnistie.<br /> Mais je reconnais également que l'Espagne est un pays très complexe à gouverner, notamment à cause des 2 régions que sont la Catalogne et le pays basque dans lesquelles les équilibres de forces politiques n'a rien à voir avec ceux du reste du pays.<br /> Donc, seul un cynique assez "funambuliste" comme Sánchez est capable en ce moment à mes yeux de gouverner ce pays en maintenant une bonne bonne cohabitation sans heurts...C'est pour ça que je dis dans mon post-scriptum qu'il est la moins pire des options.<br /> <br /> Finalement on a les politiques qu'on mérite. L'Espagne est tellement tiraillée de part et d'autres qu'il faut un dirigeant particulièrement maquiavélique et florentin pour apporter la paix sociale dont nous avons besoin.<br /> Je n'ai aucune sympathie personnelle pour Sánchez mais ça ne m'empêche pas d'être "sanchiste"...<br /> Bonne fin de journée l'amie
L
Bravo la démocratie espagnole, personne n'est au dessus des lois...<br /> De là à égaler l'indépendance de la justice péruvienne, qui met en prison le président en exercice et les ex-présidents... il y a encore du chemin à faire.
Répondre
A
On se réjouit que la justice fasse son boulot et que personne ne soit au dessus des lois, mais l'initiative de Sánchez me paraît extrêmement malsaine. Je ne veux pas faire de procès d'intentions mais certains pourraient interpréter sa réaction comme une manière de faire pression sur la justice et de l'empêcher de juger les faits en toute sérénité.<br /> Par ailleurs le nombre d'affaires dont je parle est de nature à créer un sentiment de ras-le-bol dans la population, un sentiment de " tous pareils" préjudiciable à la démocratie.<br /> Cette semaine, pendant que j'attendais patiemment mon tour dans mon salon de coiffure c'était exactement la nature des propos que j'entendais...très malsain tout ça...