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25 février 2018 7 25 /02 /février /2018 15:10

Bonjour les amis,

Le 24 Janvier dernier je vous avais parlé du dernier film de Woody Allen WONDER WHEELS.

La bande-son du film est très soignée comme toujours chez Woody Allen qui est, comme vous le savez, un clarinettiste passionné de jazz.

WONDER WHEEL est un drame qui se passe aux Etats-Unis et, à un moment donné dans le film, on entend une chanson très latine ( mais chantée en anglais ) et ce n' est pas par hasard.

Woody Allen utilise un tango pour amener un peu de dérision et d' ironie autour du thème de la passion.

Voici l' extrait qu' on entend dans le film.

Mais évidemment,en regardant le film je me disais que ce morceau était très probablement argentin ou espagnol...J' ai fait mes petites recherches, et je suis tombé sur l' original : il s' agit de EL CHOCLO.

Cette chanson a été composée en 1903 par Angel Villoldo.

EL CHOCLO voulait dire épis de maïs, mais pouvait signifier quelqu' un qui est blond comme les blés.

La chanson a été reprise dans les bordels argentins où l' épis de maïs est devenu un phallus...

C' est en 1947 que Enrique Santos Discepolo réécrit de nouvelles paroles pour la chanteuse Libertad Lamarque dans le film LE GRAND CASINO de Luis Buñuel. 

 

 

 

Enrique Santos Discepolo

Enrique Santos Discepolo

Vous trouverez ci -dessous les paroles originales

Con este tango que es burlón y compadrito 
Se ató dos alas las emoción de mi suburbio 
Con este tango nació el tango y como un grito 
Salió del sórdido barrial buscando el cielo
Conjuro extraño de un amor hecho cadencia 
Que abrió caminos sin más ley que su esperanza
Mezcla de rabia, de dolor, de fe, de ausencia 
Llorando en la inocencia de un ritmo juguetón
Por tu milagro de notas agoreras 
Nacieron sin pensarlo las paicas y las grelas
Luna en los charcos, canyengue en las caderas 
Y un ansia fiera en la manera de querer
Al evocarte
Tango querido
Siento que tiemblan las baldosas de un bailongo 
Y oigo el rezongo de mi pasado
Hoy que no tengo
Más a mi madre
Siento que llega en punta 'e pie para besarme 
Cuando tu canto nace al son de un bandoneón
Carancanfunfa se hizo al mar con tu bandera 
Y en un perno mezcló Paris con Puente Alsina
Fuiste compadre del gavión y de la mina 
Y hasta comadre del bacán y la pebeta
Por vos susheta, cana, reo y mishiadura
Se hicieron voces al nacer con tu destino
Misa de faldas, kerosén, tajo y cuchillo 
Que ardió en los conventillos y ardió en mi corazón
Tango querido, tango argentino 
Siento que tiemblan las baldosas de un bailongo 
Y oigo el rezongo de mi pasado
Tango querido, tango argentino 
Siento que llega en punta 'e pie para besarme 
Cuando tu canto nace al son de un bandoneón

Les paroles sont pratiquement intraduisibles, et je n' ai pas les connaissances argotiques en argentin pour me lancer moi-même dans cet exercice.
Alors je vous mets la traduction mot à mot du traducteur automatique pour que vous ayez une petite idée du texte.

Avec ce tango qui se moque et compadrito
Il a attaché deux ailes l'émotion de ma banlieue
Avec ce tango le tango est né et comme un cri
Il a quitté le quartier sordide à la recherche du ciel
Étrange sorcellerie d'un amour fait cadence
Qui a ouvert les routes sans autre loi que leur espoir
Mélange de rage, de douleur, de foi, d'absence
Pleurer à l'innocence d'un rythme ludique
Pour votre miracle de notes inquiétantes
Ils sont nés sans penser aux païas et aux grelas
Lune dans les flaques d'eau, canyengue dans les hanches
Et un désir ardent de vouloir
En t'évoquant
Tango cher
Je sens les carreaux d'un bailongo trembler
Et j'entends le rejet de mon passé
Aujourd'hui je n'ai pas
Plus à ma mère
Je sens qu'il arrive à punta 'e pie pour m'embrasser
Quand votre chant est né au son d'un bandonéon
Carancanfunfa est allé à la mer avec votre drapeau
Et sur une épingle il a mélangé Paris avec le pont Alsina
Vous étiez compadre du gabion et de la mine
Et même comadre du bacán et de la pebeta
Pour toi susheta, cana, reo et mishiadura
Des voix ont été faites à la naissance avec votre destin
Masse de jupes, kérosène, slash et couteau
Cela a brûlé dans les tènements et brûlé dans mon coeur
Tango cher, tango argentin
Je sens les carreaux d'un bailongo trembler
Et j'entends le rejet de mon passé
Tango cher, tango argentin
Je sens qu'il arrive à punta 'e pie pour m'embrasser
Quand votre chant est né au son d'un bandonéon

La chanson a été adaptée en anglais en 1952 sous le titre Kiss of Fire (« Baiser de feu »), et interprétée depuis par de nombreux et fameux artistes ( Louis Armstrong,Billy Eckstine, Tony Martin, Caterina Valente,Ikue Mori,Hugh Laurie,etc...) 

Et bien évidemment, en Argentine, cette chanson fait partie de la mémoire collective.Chaque artiste, chaque génération l' a chantée, comme par exemple, Virginia Luque.

Et puis EL CHOCLO peut se danser bien sûr...avec fougue et passion !

Finalement EL CHOCLO c' est un peu comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir.

Tout le monde connaît la musique d'  EL CHOCLO mais personne en Europe n' en connait le titre...Je suis content aujourd' hui d' avoir  contribué ( modestement) à réparer cette petite injustice.

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24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 23:31

Bonjour les amis,

Le dernier film de Woody Allen est déjà sorti en Espagne ce qui m' a permis de le voir pour vous avant qu' il ne soit projeté sur vos écrans le prochain 31 Janvier.

Voici le sinopsis:

Wonder Wheel croise les trajectoires de quatre personnages, dans l'effervescence du parc d’attraction de Coney Island, dans les années 50 : Ginny, ex-actrice lunatique reconvertie serveuse ; Humpty, opérateur de manège marié à Ginny ; Mickey, séduisant maître-nageur aspirant à devenir dramaturge ; et Carolina, fille de Humpty longtemps disparue de la circulation qui se réfugie chez son père pour fuir les gangsters à ses trousses.

Wonder Wheel nous raconte l' histoire de Ginny ( Kate Winslet) femme frustrée qui rêvait d' être actrice, qui a eu un enfant avec un batteur dont elle s' est séparée, puis qui s' est mariée avec Humpty ( James Belushi), un forain de Coney Island. Humpty est un homme rustre, qui a eu des problèmes avec l' alcool.Il est parfois violent mais il aime Ginny et la respecte ( c' est déjà ça...).Ils vivent dans un appartement bruyant situé au dessus de la grande roue du Parc d' attraction.Cette grande roue est évidemment une métaphore de leur vie et de leur destinée.Par ailleurs, c' est une excellente idée de scénariste de situer un drame au coeur d' un parc d' attractions, près de la plage,dans un lieu où les gens viennent massivement pour s' amuser et passer du bon temps.Il y a sans cesse un décalage et un contraste angoissant entre ce qui se passe entre les personnages, et l' environnement très festif...

Le film commence avec Carolina ( Juno Temple), la fille de Humpty, née d' un premier mariage et  âgée de 26 ans, qui débarque dans la famille et qui revient auprès de son père chercher refuge alors qu' elle est menacée par des tueurs de la mafia.Le spectateur pressent rapidement que l' arrivée impromptue de Carolina au sein de la famille va provoquer de gros bouleversements et de grands désordres...

Arrivée de Carolina

Arrivée de Carolina

Je n' en dirai pas plus sur le scénario car le film va seulement sortir, et je ne veux dévoiler aucun élément de l' intrigue.

Ce quatuor de personnages ( Ginny-Humpty-Carolina-Mickey) va vivre des situations extrêmement tendues à cause des fortes passions qui animent certains des protagonistes.

Cette fois-ci, c' est pratiquement du théâtre filmé que nous propose Woody Allen.On pense beaucoup à Tenessee Williams et à son Tramway nommé Désir... passions, pulsions qui se libèrent, désirs charnels bruts, séductions, rêves d'amour, trahisons, infidélités, vengeances, monstruosités, mesquinités, instinct de vie,instinct de mort et de destruction...

Kate Winslet interprète de manière remarquable son rôle de femme frustrée,damnée ,mais qui n' a pas renoncé à la recherche d' un autre idéal de vie.Ginny-Kate Winslet- à l' aube de sa quarantaine, et forte de son expérience et de son potentiel de séduction, va tenter de reconstruire la vie dont elle avait rêvée (son personnage de serveuse dans un bar à huîtres qui tente d' échapper à un quotidien sinistre n' est pas sans nous rappeler celui de Blue Jasmine).Dans l' une des scènes finales du film Winslet se lance dans une tirade digne d' une tragédie grecque ( la petite serveuse qui se transforme en héroïne tragique, c' est bien vu ...et osé...pour une fois les grands rôles de femme au destin tragique ne sont pas réservés aux grandes bourgeoises glamour qui vivent dans le luxe ).Ginny tragique, disais-je, mais pathétique aussi...

Juno Temple est parfaite aussi dans son rôle de jeune héroïne tendre, innocente, pure, injustement traitée par la vie, qui a commis une erreur de jeunesse et qui veut faire acte de rédemption.

Dans ce film-ci on a droit à un Woody Allen noir, pessimiste,tragique, ...

Wonder Wheel ne laisse pas indifférent.On reste troublé par le caractère dramatique de certains  protagonistes et par la nature tragique et inéluctable des liens qu' ils ont tissé entre eux.

Woody Allen maîtrise parfaitement son sujet.Le rythme ne se relâche jamais...et puis, encore une fois, il y a l' interprétation hors pair des acteurs pour nous accrocher: le casting est parfait.James Belushi nous touche aussi malgré ses aspects bourrus: on a de la sympathie pour lui, pour le brave père aimant qu' il est... Justin Timberlake aussi est très bien dans la peau du maître-nageur (narrateur) qui fait tourner la tête aux jeunes filles, et à leurs mamans aussi.

A noter la photographie exceptionnelle du film avec un grand travail sur les couleurs de la part de Vittorio Storaro.

Wonder wheel...ou la roue de l' infortune...
Wonder wheel...ou la roue de l' infortune...
Wonder wheel...ou la roue de l' infortune...

Voici un extrait de la bande-son du film.Une chanson légère et rythmée au charme suranné et nostalgique qu' on entend de manière récurrente lors des scènes qui se passent dans le parc d' attraction.Une musique entraînante qui contraste volontairement avec la gravité du propos du réalisateur...

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 18:16

Bonjour les amis,

Je termine ma semaine consacrée à Woody Allen avec MATCH POINT, une comédie dramatique datant de 2005 que je n' avais jamais vue.Simplement je me souviens que ce film avait été salué à Cannes comme le grand retour du cinéaste américain.

Voici le sinopsis.

Jeune prof de tennis issu d'un milieu modeste, Chris Wilton se fait embaucher dans un club huppé des beaux quartiers de Londres. Il ne tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un jeune homme de la haute société avec qui il partage sa passion pour l'opéra.
Très vite, Chris fréquente régulièrement les Hewett et séduit Chloe, la sœur de Tom. Alors qu'il s'apprête à l'épouser et qu'il voit sa situation sociale se métamorphoser, il fait la connaissance de la ravissante fiancée de Tom, Nola Rice, une jeune Américaine venue tenter sa chance comme comédienne en Angleterre...

Cette fois-ci on a droit au charme discret de la haute bourgeoisie anglaise.On se balade dans de belles propriétés cossues, les clubs de tennis très fermés inaccessibles au commun des mortels,les galeries d' Art,les musées, l' opéra de Covent Garden,etc...accompagné par des airs de bel canto italien qui apportent une petite touche surannée.

Dès qu' apparaît la pulpeuse Nora interprétée par Scarlett Johannson, on se doute bien qu' elle va troubler l' équilibre tranquille de cette petite société composée de gens exquis, de fort agréable compagnie.

Le rythme est lent.Allen prend tout son temps pour nous installer et faire avancer l' intrigue qui est finalement des plus banales.Chris tombe éperdument amoureux de Nora mais ne se resoud jamais à avouer sa liaison à Cloé, de peur de perdre sa confortable situation professionnelle obtenue grâce à la bienveillance de son beau-père.

On passe d' une petite trahison à de plus grosses trahisons...et puis, on s' ennuie ferme avec Chris qui est obligé d' inventer mensonges sur mensonges pour sauver les apparences.

Scarlett-Johansson qui démarre plutôt bien dans cette comédie car au début elle nous trouble et nous subjugue, finit par avoir un jeu théatrâl de moins en moins naturel...tout devient de plus en plus pénible.Même elle, elle finit par nous fatiguer...

Et puis, au bout d' une heure trente, le scénario nous embarque dans une direction inattendue, imprévue, et qui m' a paru psychologiquement assez peu vraisemblable.

La fin du film ne se veut pas du tout morale, mais sans toutefois être sulfureuse.Ce n'est pas du cinéma à la Chabrol.On est et on reste dans une atmosphère feutrée avec des gens délicieux dont on n' a aucune envie que leur harmonie soit troublée d' aucune manière.

MATCH POINT se laisse voir, et on se laisse balader par Woody qui sait nous faire partager un univers très éloigné du nôtre avec beaucoup de savoir-faire, mais au bout du compte, on se dit qu' on n' a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Donc, et malgré l' indéniable talent de Woody Allen, j' ai été déçu...déçu, et surpris de lire sur la page d' Allociné un grand nombre de critiques élogieuses...

Il y a quand même LIBÉ qui parle, à juste titre, d' une histoire digne de la collection Harlequin.C' est vrai: le scénario est vraiment léger...ce qui sauve le film c' est la galerie d' acteurs,la qualité des dialogues et de leur interprétation.

Woody Allen nous fait plein de clins d' oeil avec des références culturelles, que ce soit Dostoievski ou Sophocle,avec des références philosophiques sur le rôle du hasard dans notre vie, mais ne nous trompe pas sur la marchandise.

Au final, MATCH POINT c' est un super emballage de luxe très soigné,cousu main, mais pour une intrigue finalement presque quelconque... 

MATCH POINT...le charme discret de la bourgeoisie anglaise
MATCH POINT...le charme discret de la bourgeoisie anglaise
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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 17:13

Bonjour les amis,

Je continue mes séances de rattrapage avec Woody Allen.Cette fois-ci, c'est BLUE JASMINE que je viens de voir.

Alors, avant de vous parler moi-même de ce que m' inspire cette comédie dramatique de Woody Allen, je vous engage à lire cet article de Rosemar sur ce film.

Alors, ce film j' ai mis du temps à le voir parce que je ne suis pas très sensible aux charmes de Cate Blanchett, et comme c' est sur elle que repose tout le film, j' ai eu des hésitations...Mal m' en a pris car elle fait une magnifique interprétation absolument bouleversante.

Je ne vais pas répéter ce que dit Rosemar sur ce film: il y a la satire sociale de Woody, les deux mondes en opposition ( la jet set américaine et les prolos des quartiers populaires), l' hypocrisie des puissants qui ont leurs associations caritatives pour se donner bonne conscience de pratiquer l' évasion fiscale, leur mépris pour les loosers, leur suffisance.Ils vivent dans un autre monde.....il y a tout ça dans le film d' Allen, avec des contrastes assez drôles parfois entre le monde de Cate et celui de sa soeur.

Mais, au delà de ce thème de comédie, il y a le personnage tragique de Jasmine qui a tout vécu, qui a tout eu dans la vie, grâce à son mari. Et Jasmine vient de tout perdre.

Jasmine n' a jamais essayé de savoir si son mari était très honnête.Elle  préférait jouer les épouses confiantes...Elle n' a jamais essayé d' en savoir trop sur les frasques de son époux avec des amies de confiance ou des femmes de son entourage.

Jasmine se rassurait, en jouant le rôle d' épouse modèle, qui a toujours bon goût, qui sait organiser des soirées, des dîners,qui adore la vie mondaine, qui sait charmer les nombreux amis qui viennent à la maison. Cate règne sur son petit monde grâce à la manne financière que lui apporte son mari.

C' est un magnifique portrait de grande bourgeoise que nous livre Woody Allen.Une bourgeoise qui connaît tous les codes de la haute société,qui sait toujours se maintenir avec charme et  distinction.Elle fait partie de ces wonderful people dont l' Amérique a le secret.

Le film de Woody Allen mène sans cesse en parallèle les épisodes du passé de la grande Jasmine triomphante et glamour, avec son présent pathétique, fait de tentatives  de se reprojeter dans la vie tout en logeant dans le petit appart' de sa soeur.

Ce film pourrait s' intituler " Plus dure sera la chute"...Jasmine essaie de se relancer dans la vie professionnelle, en acceptant un emploi qui frise l' humiliation pour elle...mais elle ne supporte plus la vulgarité, les trivialités de ce bas-monde.Son esprit continue de naviguer dans d' autres sphères.Elle est devenue complètement dépressive, tient à coups de xanax et de vodka-martinis.

En fait, elle  a la lucidité de se rendre compte qu' elle n' a aucune chance de se reconstruire vraiment à moins qu' elle ne rencontre une personne qui peut à nouveau lui donner accès à tout ce qu' elle possédait.Et comme elle a beaucoup de classe et de charme, elle sait comment s' y prendre pour captiver un homme.Le passage dans le film où Jasmine séduit un diplomate promis à une brillante carrière est admirable. Jasmine arrive à le subjuguer,à le bluffer, alors qu' en réalité elle est au fond du trou et qu' elle tient à coups d' anti-depresseurs...

Malheureusement, sa rencontre amoureuse sera un échec car son passé et ses mensonges vont la rattraper.

Il faut saluer l' interprétation sublime de Cate Blanchett qui nous plonge dans le même désarroi que vit cette grande bourgeoise qui ne se remet vraiment jamais de ce qui lui arrive. Jasmine c' est peut-être le GRAND RÔLE de sa vie.

Woody Allen nous propose un portrait bouleversant et crée avec Jasmine un archétype féminin  aussi fort que Madame BOVARY. On sent que Jasmine ne trouvera pas le salut sans accéder de nouveau au standing social qui était le sien.Son personnage pourrait être agaçant...on pourrait même se dire que ce qui lui arrive est amplement mérité,que ça lui " fera les pieds", mais il n' en est rien.On souffre pour elle...on a envie qu' elle trouve une deuxième clé à son bonheur.

La dernière image du film est poignante...

Blue Jasmine de Woody Allen...un bouleversant portrait de femme

Blue moon...chanson fétiche de Jasmine qui marque le début de sa romance avec Hal

PS: j' ai dit au début de l' article que je n' étais pas sensible aux charmes de Cate Blanchett, mais ça c' était avant....avant d' avoir vu BLUE JASMINE.Dans ce film, elle m' a bluffé...Je suis conquis...

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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 20:58

Bonjour les amis,

je vous ai parlé  la semaine dernière d' ANNIE HALL qui est un film qui marque le véritable début de Woody Allen en tant qu' auteur à la fois comique et dramatique.

Cette semaine, j' ai donc visionné deux films postérieurs, deux comédies.

D' abord MEURTRE MYSTÉRIEUX  A MANHATTAN.

Voici le sinopsis:

L'éditeur Larry Lipton et son épouse Carol logent dans un luxueux appartement de Manhattan où ils se lient rapidement d'amitié avec leur voisins de palier, Paul et Lillian House. Un jour, cette dernière décède d'une crise cardiaque. Une mort étrange, la vieille dame n'ayant jamais eu de problèmes de santé majeurs. Petit à petit, l'idée d'un meurtre se précise et Carol Lipton est bien décidée à élucider ce mystère.

Le film est une comédie fraîche et divertissante.Allen y est moins insupportable que dans ANNIE HALL, et cette fois-ci c' est plutôt Diane Keaton qui a un peu le diable au corps et qui est assez incontrôlable.

C' est dans ce film que Woody Allen prononce sa fameuse phrase: " Quand j' écoute du Wagner , ça me donne envie d' envahir la Pologne..."

Je vous mets l' une des meilleures scènes du film.Un groupe d' amis essaie de maintenir une conversation au téléphone en utilisant des fragments préparés d' avance avec la voix d' une des complices de l' un des personnages...très drôle...

Et, le lendemain, j' ai visionné COUPS DE FEU SUR BROADWAY, et là les amis, c' est la catégorie au dessus.Ce film c' est du caviar !

Voici le sinopsis:

A New York, dans les années vingt, un jeune auteur de théâtre passe un marché avec un gangster : celui-ci finance sa pièce, mais en échange sa petite amie est engagée. Celle-ci est protégée par un garde du corps qui, peu à peu, se mêle de tout et intervient dans la mise en scène.

Alors ce film , c' est un petit bijou à la gloire du théâtre et des acteurs.

Ça démarre comme dans une comédie de Lubitsch avec une situation dont on sait dès le départ qu' elle va provoquer des moments très drôles: un mafioso qui impose à un metteur en scène sa petite amie complètement inculte, affublé d' un fort accent des faubourgs et qui n' a aucun talent pour le théâtre, dans une oeuvre cérébrale pour intellos, une oeuvre à la Ibsen ou à la Tchekov.

Et effectivement, on ne sera pas déçu avec cette actrice complètement en décalage par rapport au reste de la troupe: par exemple, elle se souvient bien du début d' une réplique ( To be...) mais qui a du mal à se souvenir de la fin ( ...or not to be).

Dans cette comédie Woody Allen, a une autre super idée.Il ne s' attribue pas le rôle du metteur en scène David Shayne mais le confie à John Cusack, parfait dans la peau du personnage, et un peu moins tête à claques que Woody.

Par ailleurs, Allen situe l' action en 1928, c' est à dire durant l' âge d' or de Broadway. Les décors et les extérieurs sont soignés.On y est , on s' y sent:l' ambiance nocturne de la ville qui ne dort jamais,les speakeasy, les règlements de compte des mafiosi, les clubs avec des numéros de cabarets exécutés par des troupes de girls pétillantes,les ballades romantiques dans les parcs de Greenwich village,etc...Woody aime passionnément sa ville et sait nous le transmettre.

COUPS DE FEU SUR BROADWAY...une comédie tout simplement réjouissante
COUPS DE FEU SUR BROADWAY...une comédie tout simplement réjouissante

On va suivre les répétitions de l' oeuvre de Shayne et les difficultés qu' aura celui-ci pour la monter.On va découvrir peu à peu tous les personnages qui vont devoir interpréter la pièce.C' est filmé avec beaucoup de sensibilité et Woody Allen sait nous faire partager son amour pour les acteurs ( un peu comme Truffaut dans LE DERNIER METRO ou la NUIT AMERICAINE).

Il faut noter l' excellente composition de Diane West en Helen Sinclair, grande star du théâtre tombée dans l' oubli qui va tenter, grâce à l 'oeuvre de David Shayne, de faire son grand retour sur la scène new-yorkaise. Helen est impayable,fantasque, excentrique,égocentrique divine, toujours inspirée...elle se comporte dans la vraie vie comme si elle était sur une scène de théâtre en train d' interpréter Cléopâtre et Shayne en tombera amoureux.

On voit aussi dans le film comment le metteur en scène modifie , peu à peu, le texte original de la pièce pour résoudre certains conflits entre les acteurs.

Mais le clou de cette comédie, l' idée géniale, c' est que Cheech, le garde du corps de la fiancée du mafioso ( interprété par Chazz Palmintieri) va faire des suggestions très pertinentes qui vont complètement changer l 'oeuvre originale.

Cheech est un homme de main de Nikki. C' est un personnage violent et vulgaire qui s' est fait dans la rue, qui n' a aucune culture mais qui possède une vraie connaissance intuitive de la nature humaine.C' est lui qui va rectifier certains défauts de la pièce ( les personnages qui ne parlent pas comme dans la vraie vie)....Peu à peu, Cheech  s' installe comme co-auteur à part entière et finit par s' emparer de l' oeuvre et par la faire sienne.Ça c' est une idée de comédie absolument splendide. Cheech collabore, mais avec ses codes et ses règles de gangster.On jubile pendant le film, on pouffe...C' est tout simplement réjouissant.

Je n' en raconte pas plus.COUPS DE FEU SUR BROADWAY est une comédie pleine de rebondissements avec plein de personnages attachants, une comédie magique menée tambour battant qui nous enchante et qui nous ravit.

D' ailleurs, je vais la revoir, mais cette fois-ci en VO...rien que pour entendre l' accent pointu et criard de la fiancée du mafioso, et les exclamations très téatrales d' Helen Sinclair.

Shayne retravaillant son texte avec Cheech

Shayne retravaillant son texte avec Cheech

Shayne qui succombe peu à peu au charme de son égérie...

Shayne qui succombe peu à peu au charme de son égérie...

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11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 06:42

Bonjour les amis,

Cette semaine j' ai lu un papier dans le journal EL PAIS dans lequel le journaliste disait que, selon lui, ANNIE HALL était l' une des plus grandes comédies du XX ème siècle.

Alors moi, ANNIE HALL, je l' ai vu lors de sa sortie en 1977, mais au Vénézuela.

Mes cousins m' avaient emmené voir la projection du film doublé en espagnol alors qu' à l' époque de ne connaissais pratiquement rien de la langue de Cervantes ( ça s' est un peu arrangé depuis...).

J' ai donc vu ce film dans lequel Woody Allen est hyper bavard et parle avec un débit de mitraillette sans comprendre un seul traître mot.Que dalle !

ANNIE HALL...40 ans après.

Donc, après avoir lu cet article d' EL PAIS cette semaine, je me suis dit qu' il serait temps de réparer cette lacune et de voir cette oeuvre majeure, mais cette fois-ci en comprenant les dialogues ( tant qu' à faire...).

J' ai donc visionné cette semaine la version française de ce film. Notons au passage que le doublage en français n' est pas terrible.

40 ans après j' ai donc regardé le film dont je n' avais rien compris 40 ans plus tôt.Il n' est jamais trop tard pour bien faire ! Ça a été assez cocasse pour moi de revoir les images, mais cette fois-ci en pouvant y mettre du sens derrière.

Et après avoir visionné le film une première réflexion s'est imposée immédiatement..

ANNIE HALL est  un tournant dans la carrière de Woody Allen, car c' est à partir de ce film qu' il aborde tous les thèmes qu' il affectionne: son amour pour New-York, ses nombreuses obsessions ( les femmes, le sexe, la mort, l' antisémitisme, l' éducation, la famille), ses souvenirs, ses paranoïas...Tout y est.C' est à partir d' ANNIE HALL que Woody Allen mêlera le comique avec des sujets bien plus graves.

ANNIE HALL est le film qui lance définitivement le Woody Allen qu' on connaît tous, donc il faut le voir.C' est sa vraie OPERA PRIMA.

Mais une autre réflexion s' est imposée également.Le film  a énormément vieilli.

Woody parle sans arrêt comme un moulin à paroles, il jacasse encore plus que Woody Woodpecker, et il en devient vite assez assommant.

Vu avec nos yeux d' aujourd' hui,son personnage est tellement nombriliste et centré sur lui-même qu' il finit aussi par déclencher une certaine forme d' antipathie.Il y est un peu trop "tête à claques".

Woody Allen en fait des tonnes et certaines scènes qui se voulaient drôles à l' époque sont parfaitement ridicules aujourd' hui.Par exemple,durant  la scène des homards dans la cuisine,Allen fait un peu trop la chochotte et on a envie de l' arrêter et de lui dire.

" Bon coco...là, t' en fais vraiment trop...Passons à autre chose".

La critique des intellos de gauche de l' époque, de leur manière de se prendre au sérieux et de pontifier , est souvent assez lourdingue...

Mais il ne faut pas être injuste car il y a aussi des passages vraiment savoureux dans cette comédie.

Par exemple Woody Allen se dirige parfois directement à la caméra et nous prend à témoin de ses mésaventures, ou alors il prend à témoin les passants dans la rue...Il finit même par prendre à témoin le vrai Marshal McLuhan en personne qui fait une apparition dans le film.Trop drôle.

Il utilise aussi des procédés narratifs originaux avec ses personnages qui se dédoublent.Tout cela est réussi.

Finalement ANNIE HALL est un film qui nous agace et qui nous ravit en même temps.Quand Allen en fait trop , on regarde sa montre...et puis, 5 minutes plus tard, il nous touche vraiment.C' est un film que je qualifierais d' irrégulier, en dents de scie...

La fin, elle, est superbe, géniale.Allen monte une pièce de théâtre à New-York dans laquelle il met en scène l' histoire qu' il a vécue avec ANNIE HALL mais en changeant le dénouement.C' est très touchant, nostalgique, mélancolique et presque magique ( et ça m' a rappelé un peu la fin du film Lalaland).

Donc vous m' avez bien compris les amis.Même si ANNIE HALL est entaché de gros vilains défauts et que Woody Allen y est parfois exaspérant, c' est une oeuvre indispensable que tout cinéphile aimant ce réalisateur doit absolument voir...même 40 ans après.

 

 

L' une des meilleures scènes du film...avec l' apparition du vrai Marshal McLuhan.

PS: A noter des apparitions savoureuses dans le film.

Marshal McLuhan dont j' ai parlé., la première apparition de Jeff Goldblum, celle de Paul Simon en producteur californien très cool accompagné d' une ravissante Shelley Hack, celle de Shelley Duvall, la première apparition de Sigourney Weaver aussi...Tous éclatants de jeunesse !

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