Mais le problème réside dans le fait qu' on est et qu' on reste dans le domaine du discours, un discours dont on sait qu' il ne sera malheureusement pas suivi de vrais effets capables d' infléchir le cours des problèmes dont souffre l' humanité.
Le Pape désigne à la vindicte populaire un ennemi diffus,des groupements d' intérêts financiers importants, des pouvoirs, des puissances étrangères contre lesquelles il ne peut rien ( ou très peu).
Vous vous souvenez de la phrase de Staline:
" Le pape ? Combien de divisions ? "
On peut même imaginer que ceux qui détiennent des parcelles de ce pouvoir écouteront le discours du Pape de manière émue et attendrie,un peu hypocrite, puis reprendront leurs activités habituelles.
Par exemple, on peut facilement penser qu' il y a parmi les fabricants et trafiquants d' armes, de nombreux pèlerins qui vont le dimanche à l' église, à la synagogue ou à la Mosquée .
Bien évidemment, certains d' entre vous me diront, à juste titre, que le rôle du souverain pontife n' est pas de mener une révolution prolétarienne mais d' être un guide spirituel et de montrer le droit chemin qui mène vers un monde meilleur et plus solidaire.
Le problème c' est que ça fait plus de 100 ans au moins qu' on écoute ce type de discours, et que celui-ci fait partie d' une petite musique qu' on entend tous les jours et qui n' a plus le moindre effet ( ou plus beaucoup d' effets).
Comme si le fait de désigner le coupable, ce grand Satan libéral, était de nature à en limiter la nocivité ( sachant par ailleurs que ce Satan donne aussi du travail et alimente des centaines de millions de famillles...et sachant que les autres systèmes économiques notamment communistes ont lamentablement échoué)...
Ou alors, comme si notre confession et notre grand mea culpa collectif étaient à même d' inverser les rapports que nous avons aux autres.
Je crois que , malheureusemenmt, ces grandes démonstrations ostentatoires de nos pêchés, sont bien souvent le meilleur moyen de ne rien faire, d' accepter un état de fait qui dure depuis que le monde est monde.
Alors certains me diront: " Et bien toi ALEA JACTA EST, toi qui es si malin, que ferais-tu si tu étais à la place du Pape ? hein ?..."
Bon, c' est pas facile de répondre vu que je ne suis plus chrétien, mais comme j' accepte les principes fondamentaux de la morale chrétienne, je vais essayer de ne pas me défiler à cette question...
Si j' étais Pape, j' essaierais de mettre la vérité au coeur du discours.Ce n' est pas simple, mais j'essaierais d' appliquer la maxime de Lénine qui disait que seule la vérité est révolutionnaire.
Alors dire la vérité c' est très compliqué quand vous êtes Pape car vous risquez de créer des incidents diplomatiques toutes les 30 secondes.
Alors je pousserais mes fidèles à ce que eux fassent cet effort de vérité, et qu' ils regardent au fond de leur coeur. Je leur dirais qu' ils ne seront jamais de vrais chrétiens s' ils ne s' interrogent pas sur eux-mêmes, sur leur façon de choisir, de voter,de consommer,de travailler, d' aimer leur prochain.
J' en appellerais à leur responsabilité individuelle et collective.
Alors vous me répondrez que le Pape fait déjà tout ça.Bin oui...
Finalement, si j' étais à la place du Pape François je ne pourrais pas faire beaucoup plus que lui, si ce n' est de ne pas commettre de grosses bourdes de communication comme il l' a fait par 2 fois, suite aux attentats contre Charlie, et suite aux récentes agressions islamistes.
Je pourrais essayer d' être plus habile, plus stratège et plus intelligent mais finalement ça ne changerait pas les choses de manière significative et fondamentale.
Alors, il faut être juste avec le Pape.Il n' est pas le seul à s' en tenir à des discours suivis de peu d' effets.
Hollande, qui lui est un responsable politique, avait dit:, lui aussi " Mon ennemi c' est la finance..." mais ses électeurs ont du mal à trouver dans son action politique une preuve de la véracité de son affirmation.
Soyons juste encore une fois. Hollande est peut-être sincère et a juste manqué de modestie car, finalement, il ne peut pas faire grand-chose contre son ennemi.Une fois encore, nous sommes dans le discours ...
Alors on pense à la chanson de Dalida.
Paroles, paroles, paroles...