Bonjour les amis,
Je viens de terminer cette semaine la lecture de LOLA BENSKY de Lily Brett prix Médicis étranger 2014.
Un livre en grande partie autobiographique ( qui m' a été offert par une bonne amie) et qui m' a fait plonger avec délice au coeur des années pop et rock durant les années 60 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Voici un résumé:
Londres 1967 : Lola Bensky, jeune journaliste pour le magazine australien Rock-Out, n a que 19 ans quand elle se retrouve au coeur de la scène musicale la plus excitante du moment !
Sans diplôme mais douée, trop grosse et toujours au régime, trop sage pour les sixties, quelles questions cette drôle de fille qui ne connaît rien au rock, n a jamais étudié le journalisme et dont le seul bagage et pas des moindres est d être l enfant de deux survivants d Auschwitz, va-t-elle bien pouvoir poser à ces rock stars en devenir ?
Armée de son magnétophone et tartinée de fond de teint, Lola observe, écoute, écrit. À Londres, elle parle bigoudis avec Jimi Hendrix et sexe avec Mick Jagger. À Monterey, elle échange avec Mama Cass sur leurs régimes respectifs et aborde l amour entre filles, la drogue et l alcool avec Janis Joplin. Un jour, elle prête même ses faux-cils à Cher...
Subtiles, drôles, personnelles, les questions s enchaînent, dévoilant des portraits inattendus de ces dieux du rock, mais révélant surtout la quête identitaire que Lola mène inconsciemment. Épouse, mère, auteure reconnue, Lola Bensky continue à s interroger sur ce qui fait la force d un être humain.
Voici ce qu' en dit une internaute:
Nous sommes dans les années 60. Lola Bensky est une jeune journaliste qui travaille pour le magazine Rock-Out, un magazine de musique australien. Née juste après la guerre dans un camp de transit allemand, Lola a vécu et a été élevée en Australie. Elle est la fille d'Edek et Renia, deux juifs polonais, survivants d'Auschwitz.
Elle n'a pas eu une enfance comme les autres...et tout la ramène à ces terribles événements qui ont rendu muets ses parents et troublé son enfance.
Renia et Edek ne lui ont pourtant pas épargné certains de leurs souvenirs : à quatre ans elle savait déjà précisément ce qui se passait dans les chambres à gaz, à tel point que le jour de l'appel à l'école, elle court se cacher...
A 19 ans à peine elle interviewe les groupes les plus connus du moment à Londres mais aussi à New York, Los Angeles : Jimi Hendrix, Mick Jagger,Cat Stevens, Janis Joplin, Sonny and Cher, Jim Morrison...
Ils ne l'impressionnent pas vraiment car ils ont le même âge ! Elle les questionne avec candeur sur leur enfance, leur rapport avec leurs parents, leur vie quotidienne et pas vraiment leur musique. Car sans diplôme particulier et n'ayant jamais eu d'expérience journalistique, elle ne sait pas que leur poser comme question car, en plus, elle n'y connaît rien en musique rock !
Complexée par son poids, elle se met constamment au régime et se cache sous un maquillage trop abondant et maladroit (et des faux-cils très à la mode à l'époque !). Elle n'en est pas moins craquante...
Armée de son magnétophone, elle écoute ces rock-stars en devenir, parler de leurs problèmes et de leur vision du monde, de musique, de drogue, de sexe et nous raconte en détails ses interviews...
On les découvre sous un autre visage, plus humain.
Mais pour Lola, la confrontation avec ce monde composé uniquement d'hommes est une véritable révolution. Elle se surprend à leur parler d'elle-même, de son sur-poids et de ses régimes, de son enfance, de ses parents et des camps.
Ils lui donnent leurs avis sur la question d'une manière toujours très honnête, la taquinent souvent, et la draguent parfois...
Peu à peu elle reconstitue les pièces du puzzle qu'elle avait commencé à assembler durant son enfance, reconstituant les pièces manquantes de sa vie familiale, peuplée des fantômes de ses dix parents disparus (oncles et tantes), tous victimes de la Shoah...une famille entière.
Comment vivre en portant ainsi les souffrances de ses parents et leur culpabilité d'avoir survécu à leur famille ?
Alors Lola, pour avancer dans la vie, fait des listes, de régimes à suivre ou des membres de sa famille disparue, c'est selon...
Le roman est un constant va-et-vient entre l'enfance de Lola, les sorties en famille, la vie quotidienne de ses parents, avec les amis ou connaissances de la famille, leurs silences ou les bribes de souvenirs des camps.
Puis le roman revient vers les interviews et les découvertes de Lola sur les stars, leur maison ou leur vie et enfin, elle nous raconte quelques instants passés avec ses amies journalistes ...
Malgré le drame présent en toile de fond tout au long du roman, c'est un livre pudique, empli de bienveillance et d'humanité, qui vous fera aussi beaucoup rire, tant l'héroïne est d'une naïveté désarmante et touchante.
Le rire est le penchant du drame, la légèreté de la gravité et c'est ce qui fait la force de ce roman.
Car finalement Lola ne sait pas comment vivre avec tout ça enfoui au fond d'elle. Elle questionne les autres pour y voir plus clair en elle-même...
Elle a beau se faire draguer par des chanteurs qui deviendront populaires, se lier d'amitié avec Cher, elle n'en est pas moins très mal dans sa peau, se trouve trop grosse (surtout aux yeux de sa mère pour qui la grosseur est synonyme de "corruption") et n'y connaît rien au sexe.
Des années après, elle va souffrir de crises d'angoisse voire de panique, de vertiges paralysants, d'insomnies, d'agoraphobie et toujours faire de fréquents cauchemars.
Elle va souvent avoir des fantasmes éveillés où elle sauve quelqu'un de proche, ou un parfait inconnu, d'un accident, arrête une hémorragie, soigne des plaies...et se retrouve félicitée par les proches.
Ce roman, bouleversant est largement autobiographique.
C'est une petite merveille qui se lit toute seule.
Pour en savoir plus...
A la fin du roman Lily Brett raconte une anecdote terrible au sujet de Cass Elliott, la chanteuse de Mamas & the papas qui souffrait d'une obésité, dûe très sans doute à un dérèglement hormonal contre lequel il n' y avait pas de vraie solution.
Mama Cass, fera contre mauvaise fortune bon coeur et saura traiter avec humour cet énorme handicap durant toute sa vie...un handicap qui lui aura fait perdre des opportunités professionnelles dans sa jeunesse.Elle compensera cette injustice grâce à son talent qui s' imposera...
En 1974, elle meurt d'une crise cardiaque à Mayfair à Londres, après deux semaines de représentations à guichets fermés au Palladium. Quatre ans plus tard, le batteur des WHO Keith Moon meurt dans la chambre où Cass Elliot avait succombé, lui aussi à l'âge de 32 ans.
Des mauvaises langues, apprenant son décès, firent courir le bruit qu’elle s’était étouffée avec un sandwich : la police, en effet, en avait retrouvé un, à moitié mangé, dans sa chambre ; or, à l’autopsie, aucune espèce de nourriture ne fut retrouvée dans la trachée. Plus prosaïquement, on raconte qu’elle fut victime dans son sommeil d’une crise cardiaque. En réalité elle mourut d’athérosclérose (ou artériosclérose), une affection liée à son problème de poids.
Et là, les amis, on se dit que la vie est terriblement injuste.Non seulement Mama Cass a souffert toute sa vie d' une maladie qui faisait sourire son public, mais, en plus, même au moment de sa mort, il y aura des rumeurs humiliantes sur les motifs du décès...Rumeurs qui seront répercutées également par Zappa dans une de ses chansons et par Austin Powers dans l' un de ses films parodiques...
On pleure la mort d' Hendricks. de Brian Jones, de Janis Joplin, de Keith Moon, etc...mais on continue de railler les gros et les grosses même quand le destin les frappe durement.
On les humilie même quand ils ne sont plus là pour rectifier des rumeurs infondées.
C' est , comme disait Jean Yanne, tout simplement dégueulasse...
Qui plus est, on sous-entend de façon pernicieuse que le destin a frappé Mama Cass , de manière biblique et divine: punie par là où elle a pêchée.C' est tout simplement révoltant !
Alors, oublions la médisance imbécile de ceux qui ont la chance de ne pas savoir ce que c' est que de souffrir d' une maladie ou d' une injustice génétique qui affecte l' apparence physique, et réécoutons Mama Cass et sa voix extraordinaire.
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