Bonjour les amis,
Je viens de lire une interview du neurologue et psychiatre Boris Cyrulnik qui me laisse un peu perplexe et pensif.
La voici sur le lien ci-dessous:
![Boris Cyrulnik : " Je suis optimiste car on court à la catastrophe "](https://image.over-blog.com/kHyPIzWE5ViTso1FsAWCUZ1a-e0=/170x170/smart/filters:no_upscale()/http%3A%2F%2Fwww.paris-normandie.fr%2Fdocuments%2F10157%2F0%2Fimage_content_general_20352659_20160406101859.jpg)
Boris Cyrulnik : " Je suis optimiste car on court à la catastrophe "
Vous avez familiarisé les Français avec le concept de résilience, c'est-à-dire la capacité à renaître après un traumatisme. Pensez-vous que la France post-attentats est en voie de résilien...
Cyrulnik qui aime cultiver le sens du paradoxe et une certaine forme d' humour nous dit:
« La catastrophe implique qu’un filet de vie continue à couler. Sinon, ce n’est plus une catastrophe, c’est un désastre (sourire). »
Chacun appréciera la subtile différence sémantique entre catastrophe et désastre !
On peut quand même émettre des doutes sur la comparaison entre la catastrophe prévisible qui nous attend et celles que l' humanité a déjà surmontées et qui n' ont jamais été irréversibles.
Ce qui m' interpelle, c' est le fait que nos 2000 ans de civilisations et de progrès scientifiques et techniques ne sont pas en mesure d' éviter l' inéluctabilité du chaos ...La surpopulation humaine va génerer un épuisement global et mathématique de nos ressources et une destruction iirréversible de la biodiversité dont nous serons les seuls coupables.Je parle au futur mais c' est un mensonge car, en ce qui concerne la destruction de la biodiversité, c' est au présent et au passé qu' il faut parler si l' on veut être partiellement honnête.Le mal irréversible est déjà fait pour des dizaines de milliers d' espèces déjà disparues.La seule chose qui nous console c' est que pour l' instant ces disparitions n' affectent pas encore notre espèce ( jolie mentalité que la nôtre !!!)
On voudrait nous faire croire que tout ça fait partie d' un cycle naturel de la vie et que , d' une certaine manière, celle-ci renaît toujours de ses cendres.
L' île de Pâques sur laquelle existaient des dizaines de milliers de palmiers est aujourd' hui déserte.Les statues de pierre regardent une nature vide, jadis si riche, détruite par l' homme.Un biologue pourrait penser que d' ici quelques milliers d' années, le cycle de la vie reprendra ses droits, que tout n' est qu' une question de temps et qu' il faut se mettre à l' échelle géologique et compter en dizaines de milliers d' années...
Selon Cyrulnik, nous serions donc aujourd' hui comme le capitaine du Titanic qui voit poindre à l' horizon l' énorme iceberg, et qui sait déjà qu' il est bien trop tard pour l' éviter.
Imaginons un instant que l' on puisse remonter dans le temps au moment de la révolution industrielle en connaissant d' avance tous les problèmes écologiques auxquels nous serons confrontés si nous ne gérons pas mieux nos activités.
Peut-on penser que cette connaissance changerait quoi que ce soit au déroulement ultérieur de notre histoire ? je pense que non...et pourquoi?
Sans doute,parce que notre organisation économique est basée sur la propriété privée. Notre façon de penser en terme de compétition et non de solidarité ne peut que générer le type de société marchande dans laquelle nous vivons.La propriété privée ne peut amener que l' exploitation à outrance de notre environnement et donc l' épuisement à terme de nos ressources.Rappelons malgré tout que c' est gràce à cette recherche constante de compétitivité que la société a progressé et n' est pas restée féodale,et que la médecine par exemple a permis de doubler, voire de tripler notre espérance de vie.Bizarre cette affaire..Ce sont les mêmes mécanismes qui nous ont permis d' améliorer nos conditions de vie quotidienne qui risquent finalement de mettre en danger notre propre survie.
Par ailleurs, aucun des pays surpeuplés de la planète n' accepte de limiter son taux de natalité de manière à ce que le prélèvement effectué sur la nature soit compatible avec sa perennité.Enfin, il faudrait imaginer une gestion politique mondiale de ces problèmes.Il ne sert à rien qu' un pays ait une politique écologique et de natalité responsable si les pays environnants n' en font pas de même.Comment ne pas pointer du doigt l' irresponsabilité et l' aveuglement imbécile de certains leaders religieux qui poussent leurs fidèles à se reproduire comme des lapins...Nous devons affronter les problèmes du XXI ème siècle avec une partie importante de l' humanité qui pense encore comme au Moyen-âge.
Je reconnais à Boris Cyrulnik au moins un grand mérite: celui de ne pas nous faire croire au père Noël.A défaut de nous apporter des réponses sur la manière politique de répondre à l' immense défi que nous devrons relever, Cyrulnik nous met en garde sur les fausses réponses qui ne feront que retarder les problèmes sans jamais les résoudre...
Tout comme lui, je considère qu' il faut rester optimiste tout en n' étant pas ingénu ou idiot.Kasparopv disait que l' intelligence se caractérise par notre capacité à anticiper les problèmes et à y répondre...
Anticiper les problèmes n' est pas difficile, mais y répondre de manière efficace et collective, c' est une autre paire de manches...
Notre organisation politique en pays défendant leurs propres intérêts ne permet pas à l' intelligence humaine de s' exercer de manière collective.La grande crise de l' humanité arrive trop tôt dans notre histoire, à une époque où nous n' avons pas résolu certains grands chocs civilisationnels et culturels, à une époque où ce sont encore nos égoismes nationaux qui prévalent, à une époque où certaines religions aveuglent des centaines de millions de personnes qui croient en la bienveillance divine tout comme un enfant de 5 ans croit au père Noël, ou tout comme les habitants de l' île de Pâques étaient persuadés d' être protégés par leur Dieu jusqu' à ce qu' ils disparaissent jusqu' au dernier.
Enfin, comment peut-on croire que l' humanité va résoudre des problèmes écologiques réellement difficiles quand elle est incapable d' apporter des solutions à des problèmes techniquement simples comme la crise syrienne, un problème qui se résume en un simple conflit d' intérêts multiples, et qui aurait pu être résolu en deux temps trois mouvements s' il y avait eu une réelle volonté collective en ce sens.
L' histoire va trop vite et nous engloutira probablement avant que l' humanité n' ait pu se doter des instruments politiques nécessaires à sa propre survie.Oui, on court à la catastrophe...même si cela ne doit pas empêcher de tout tenter pour en minorer les effets.
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