Alors l' auteur a préalablement lu les différents principaux textes qui inspirent la religion musulmane avant de répondre aux questions de la journaliste algérienne et de se lancer dans un certain nombre de conclusions.
Tout d' abord , je dois dire qu' Onfray qui critique tous ceux qui parlent de l' Islam sans avoir lu le Coran, ne m' a absolument rien appris dans son livre au sujet de cette religion que je ne sache déjà.RIEN !
A savoir que le Coran contient à peu près tout et le contraire de tout.Qu' il peut justifier les attitudes les plus humanistes et miséricordieuses comme les plus cruelles, sanglantes et guerrières.Tout est donc dans la façon de le lire.Vous serez radical ou modéré suivant que vous prenez ou pas au pied de la lettre certaines sourates.
Il rappelle que les valeurs du Coran , même si elles défendent une certaine idée de la dignité des êtres humains,ne sont pas compatibles avec les valeurs de liberté et d' égalité de nos démocraties modernes occidentales: égalité des droits de la Femme, respect des minorités homosexuelles, etc...Au passage Onfray réhabilite à juste titre l' historien américain Samuel Huntington qui avait été vilipendé par la gauche bien-pensante pour son livre LE CHOC DES CIVILISATIONS.
A partir de son simple constat sur la nature du Coran, le philosophe reconnaît que le texte permettra toujours aux intégristes de trouver une justification idéologique à leurs agissements.
Le Coran étant considéré comme étant littéralement la parole de Dieu est intouchable et personne ne peut le réformer sans commettre un énorme blasphème.Il y a donc une quadrature du cercle impossible à résoudre.
Donc Onfray essaie de réfléchir sur la manière avec laquelle l' islam pourrait trouver une place dans notre République.Comment s' organiser pour que cette religion ne déborde pas de son cadre de simple croyance laissée librement à tout un chacun et sans qu' elle ne se retourne contre nous comme une institution qui contiendrait en son sein une partie radicale qui, pour si minoritaire qu' elle soit, soutiendrait et alimenterait ( ouvertement ou de façon occulte) le terrorisme et tenterait de mettre en échec nos valeurs démocratiques républicaines.
Et là, on attend les propositions concrètes du philosophe Onfray, et force est de constater qu' on reste sur sa faim.
D' abord il se lance dans un discours que je trouve vasouilleux sur la décadence de l' occident face à des populations musulmanes croissantes qui gardent une forte structure morale et religieuse qui les guide.
Alors, moi c' est le terme " décadent" qui me gêne beaucoup car s' il est vrai que le monde occidental est livré aux forces de l' argent et de son pouvoir corrupteur, c' est aussi un monde de liberté dont nous disposons, et aussi un monde moins hypocrite même s' il est bien souvent teinté de cynisme.La solidarité et la défense de la dignité humaine n'ont pas disparu de nos sociétés et le terme "décadent" ne me paraît pas recevable ( surtout si on compare par rapport aux pays musulmans qui eux préservent des valeurs certes, mais parfois si archaïques qu' il est difficile d' y voir une forme de puissance civilisationnelle montante...une puissance démographique indéniable certes, mais pas une puissance civilisationnelle de progrès).
Ensuite Onfray renvoie dos à dos les terrorismes en mettant en parallèle le terrorisme d' Etats qui vont bombarder selon lui des populations civiles innocentes, et les bombes des terroristes sur nos territoires.Là encore, sa vision même si elle est partiellement juste ( personne ne peut nier les crimes des impérialismes) reste simpliste et manichéenne.Les attentats ne sont pas qu' une réponse à nos propres agressions et vont plus loin.Il y a une claire volonté d' expansion et de vouloir nous soumettre ouvertement affichée.
Onfray oublie de remonter aux origines des attentats intégristes au début du siècle dernier en Egypte ou en Tunisie.Il ne parle même pas de l' affaire Rushdie qui a été le nouveau point de départ à une époque où l' occident était bien peu coupable de la libre pensée affichée par l' écrivain britannique d' origine indienne ( qui fut même désavoué, et c' est le comble, par Margaret Thatcher).
Par ailleurs le fait que daesh soit né de l' irresponsabilité des administrations américaines qui ont joué avec le feu n' enlève rien au fait qu' en 2017, tout le monde se doit de réfléchir à la meilleure manière de l' éradiquer.On réfléchit à partir de ce qu' on a en sachant qu' on ne va pas refaire l' histoire ( sinon on risque de faire du Zemmour).
Onfray ne propose pas de vraie pensée sur l' énorme complexité du problème géopolitique posé et sur la nécessaire et difficile coopération avec les Etats musulmans modérés que l' occident devrait soutenir dans sa lutte contre l' intégrisme.
Onfray ne se casse pas la tête et plaide pour le non-interventionnisme, la non-ingérence et le désengagement pur et simple des occidentaux.Ce sont des propositions qui sont tout simplement inconcevables quand on sait à quel point les intérêts des pays s' interpénètrent et sont complètement croisés, notamment à cause de la question vitale du pétrole, et des énormes intérêts commerciaux mutuels.Donc le désengagement que prône Onfray est une grande et magnifique idée dont on est absolument sûr qu' elle est d' autant plus inutile qu' elle n' aboutira jamais.C' est de la philo de comptoir qui ne sert à rien...les fameux yaka yaka...
Onfray en sait autant sur la philosophie politique que moi sur l' art du violon.
Par ailleurs,et au passage, j' ouvre une petite parenthèse: il faudra qu'il m' explique quels ont été les crimes impérialistes commis par les suédois qui justifiraient aux yeux des terroristes le dernier attentat en date commis dans les rues de Stockholm.
Ensuite Onfray essaie de réfléchir sur notre laïcité qu' il faut faire évoluer selon lui, et constate que si les mosquées sont financées par des puissances étrangères il ne faut pas s' étonner que celles-ci s' en servent contre nous.Sa proposition est donc que l' Etat Français prenne part au financement des lieux de cultes et à la formation des imams qui doivent y prêcher dans le respect des règles républicaines.Alors ce serait un financement au prorata des contribuables qui se déclareraient musulmans sur leur feuille d' impôts.
Alors là, encore une fois, on voit bien que le philosophe vit sur une autre planète et qu' il rompt le concept même d' un Etat laïc arbitre impartial et protecteur mais jamais promoteur de l' expansion ou du simple maintien des religions car ce n' est pas son rôle.Par ailleurs , considérant que la religion musulmane n' est pas directement liée à notre histoire, ni à notre culture, et encore moins à nos valeurs sociétales,et que par contre elle est liée qu' elle le veuille ou non à nos problèmes de cohabitation sociale et de défense de certaines valeurs démocratiques,l' ensemble des contribuables n' est pas disposé à financer directement la construction de lieux de culte musulmans.
Pire, de nombreux concitoyens penseraient que dans l' état actuel des choses nous prendrions le risque d' alimenter une force croissante qui nous sera hostile,tôt ou tard, qui pensera que les intérêts du monde musulman prévalent sur ceux de notre République. Onfray ne réfléchit pas assez sur la dimension supranationale de cette religion ( qu' il ne nie pas), une religion éminemment politique, qui se considère comme une nation à part entière ( l' oumma dont les intérêts sont supérieurs à ceux des simples Etats) contrairement aux autres religions qui séparent le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel.
On voudrait lui rappeler qu' il y a suffisamment de musulmans en France pour qu' ils financent eux-mêmes leurs lieux de culte, et que par ailleurs l' Etat français pourrait se doter de moyens pour empêcher purement et simplement des financements extérieurs, tout comme le proposait Emmanuel Valls.
Le seul élément que je lui concède c' est que l' Etat doit exercer une vigilance accrue sur la formation des imams et s' assurer de leur fidélité aux principes républicains avant de les laisser prêcher sur notre territoire.Mais là, il n' y a rien de nouveau car ça fait belle lurette que l' Etat français surveille de près les lieux de cultes et les propos qui y sont tenus.J' irais même jusqu' à dire qu' à cause du radicalisme islamiste la France a dû se doter d' une authentique "police de la pensée",pour se protéger efficacement et tenter de prévenir ( avec un succès relatif) les attentats et une radicalisation d' une partie de la jeunesse musulmane.
Finalement, je terminerai en parlant de l' énorme déception que j'ai eu à la lecture de ce livre qui n' a fait que confirmer ce que je savais déjà et qui ne m' a pas apporté le moindre élément de réflexion sur la manière de faire caser l' islam dans notre République en évitant que ne prospère, en parallèle, la radicalisation.
Finalement le titre d' Onfray est bien prétentieux.
C' est lui Onfray qui avait balancé a Yann Moix que "la pensée c' était pas pour lui" ( ce qui était vrai)...le problème c' est que lui aussi s' est lancé sur le terrain de la question musulmane et qu' il s' y est embourbé également, incapable de trouver ne serait-ce qu' une seule idée qui fasse avancer le schmilblick.
Il se contente de rejeter toutes les fausses solutions , mais ça, on le savait déjà...on ne l' a pas attendu pour le savoir.
Reconnaissons lui quand même le fait positif qu' il se démarque de l' islamo-gauche qui vit dans le déni des problèmes posés et qui trahit nos valeurs républicaines.Il leur règle leur compte dans son livre.
Finalement,mis à part certaines propositions d' Onfray que je trouve ingénues et assez angéliques, je ne peux même pas dire que je suis contre son livre: simplement il n' apporte rien...c' est un livre constat ! pas un livre pour penser...
Alors j' aimerais revenir sur l' émission de Ruquier après les attentats dans laquelle Onfray s' était insurgé contre TOUS les journalistes en disant qu' ils étaient TOUS dans l' émotion et pas dans la réflexion: alors ,du coup,on l' attendait au tournant avec son livre.
Et c' est quoi sa réflexion à lui ?
Et bien c' est toute une série de reproches qu' on peut tous faire aux responsables occidentaux sur leurs compromissions, leur cynisme et leur irresponsabilité que ce soit en Syrie, en Irak ou en Lybie, et sur le plan national également. Evidemment, on est tous d' accord avec lui, mais que propose t' il de concret pour rompre cette spirale infernale de violence aujourd' hui ?
Vous avez bien compris que ce n' est pas dans son petit traité de 95 pages vite fait sur le gaz, par ailleurs très facile à lire, que j' ai trouvé des vraies réponses à mes propres interrogations.
Je terminerai en disant que pour les lecteurs qui n' ont que très peu de connaissances sur ce sujet, Onfray résume un ensemble de points importants pour comprendre la complexité du problème.C' est au niveau des propositions que son petit traité coince un peu...un peu beaucoup même !