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23 mai 2024 4 23 /05 /mai /2024 06:51

Bonjour les amis,

Ça y'est, c'est fait ! L'Espagne, la Norvège et l'Irlande reconnaissent l'Etat palestinien.

Vous pourrez entendre sur le lien ci-dessous les propos du chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez, des propos auxquels j'adhère à 100%.

Alors, me direz-vous, comment se fait-il que que la France championne de la défense des peuples à disposer d'eux-mêmes soit absente de cette initiative historique ?

Voici, sur ce thème, l'analyse de Pascal Boniface.

Comme le souligne Pascal Boniface cette décision ne change rien sur le court terme et sur le déroulement de la guerre mais le symbole est très fort car il pousse Israël vers l'acceptation d'une solution à 2 Etats.

Or, après plus d'un siècle de colonisations émaillées de 6 guerres dont la plus terrible semble être celle qui est en cours, la solution à 2 Etats est bien la seule qui ait encore une once de crédibilité, de faisabilité.

Dommage que la France ait raté le coche et n'ait pas soutenu l'initiative des 3 pays européens.

Par ailleurs, je profite de mon billet pour vous parler un peu d'un livre de Rashid Khalidi qu'on m'a offert il y a quelques semaines.

Quand l'Espagne, la Norvège et l'Irlande reconnaissent l'Etat palestinien...

Voici une traduction google  du résumé en anglais de l'éditeur.

Le vingtième siècle, pour la Palestine et les Palestiniens, a été un siècle de déni : déni d’État, déni de nation et déni de l’histoire. La guerre de Cent Ans contre la Palestine est la réponse puissante de Rashid Khalidi. S'appuyant sur ses archives familiales, il revendique le droit fondamental de tout peuple : raconter son histoire selon ses propres termes.
Dès les derniers jours de l’Empire ottoman, Khalidi révèle le nationalisme palestinien naissant et la large reconnaissance par les premiers sionistes de la nature coloniale de leur projet. Ces idées et leurs échos défendent la Nakba – le terme palestinien désignant la création de l’État d’Israël – la cession de la Cisjordanie et de Gaza à la Jordanie et à l’Égypte, la guerre des Six Jours et l’occupation. A travers ces moments critiques, Khalidi entremêle les voix de journalistes, de poètes et de leaders de la résistance avec ses propres récits en tant qu'enfant d'un responsable de l'ONU et résident de Beyrouth pendant le siège de 1982. Le résultat est un récit profondément émouvant d’une guerre d’occupation, de dépossession et de colonisation qui a duré cent ans.

La famille de Khalidi fait partie de la diaspora palestinienne.

Au début de son livre l'auteur montre une lettre (rédigée en français) datant de 1899 que son arrière grand-oncle Youssouf Diya al-Din Pasha al-Khalidi, maire de Jérusalem, avait envoyé à Theodor Herzl, fondateur en Europe du mouvement sioniste.

Dans cette lettre très lucide et prémonitoire Youssouf Diya fait part à Herzl de toutes ses inquiétudes pour la population autochtone qui était à 96,5% arabe, des inquiétudes complètement justifiées, surtout quand on sait ce qui s'est passé par la suite.

Dans la réponse de Theodor Herzl apparaissent déjà sa grande ignorance complète de la réalité palestinienne, mais aussi les duperies, les mensonges, les tromperies et les fausses promesses dont seront victimes les palestiniens pendant plus d'un siècle.

Ce qui est littéralement frappant c'est de voir que dans cet échange épistolaire de 1899 apparaissent déjà tous les problèmes qui suivront. Tous !

Le projet sioniste sera mené à bien grâce à la toute puissance des britanniques qui gouvernaient la région. Ils appuieront d'autant plus le projet sioniste qu'ils faisaient d'une pierre deux coups: ce projet servait leurs propres intérêts dans cette partie du monde mais leur permettait aussi de ne pas avoir à accepter de refugiés juifs sur leur propre territoire en les renvoyant directement vers la Palestine.

La Palestine sera finalement l'une des rares nations au monde qui n'aura jamais eu droit à sa décolonisation.

L'initiative de l'Espagne, de l'Irlande et de la Norvège est un premier pas, symbolique certes, mais un premier pas dans la bonne direction, dans celle de la reconnaissance.

 

 

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15 avril 2024 1 15 /04 /avril /2024 11:12

Bonjour les amis,

Tout comme moi vous avez lu de nombreux articles sur l'attaque que l'Iran a mené contre Israël en lançant plus de 300 missiles et drones.

Je ne vais pas reprendre l'ensemble de commentaires internationaux pertinents prévenant d'un éventuel risque d'escalade au Moyen-Orient.

Je ne vais m'en tenir qu'à un seul fait.

99% des missiles et drones ont été interceptés (et je m'en réjouis), ce qui démontre aussi une supériorité technologique israëlienne et occidentale écrasante qui transforme cette attaque iranienne en un incroyable fiasco pathétique qui couvre les autorités de Téhéran d'humiliation et de ridicule.

Ce qui ressort de cette affaire, mis à part l'effroi qu'elle suscite, c'est que ce qui était présenté par les mollahs comme un acte de représailles se retourne complètement contre eux et les ridiculise.

Le fait que l'Iran donne l'opération comme close (ce dont je me réjouis également) ne fait qu'augmenter cette impression surréaliste d'un pays qui a transgressé des lignes rouges et qui essuie des condamnations internationales pour des actes très graves qu'il n'a pas réussi à commettre.

Enfin cette attaque massive est une très mauvaise nouvelle pour le peuple palestinien car cette initative désastreuse iranienne justifiera les attitudes les plus dures des faucons occidentaux (qui n'avaient pas besoin de ça).

Vraiment, ces ayatollahs sont les pires alliés que les palestiniens puissent imaginer. Ils sont la promesse de la stratégie du pire, une stratégie de la mort et du chaos, une stratégie qui va mal se terminer pour eux et dont ils sortiront grands perdants.

Cette attaque avortée de l'Iran c'est comme une terrible métaphore: voilà à quoi mène une alliance avec les ayatollahs et les intégristes.

Cette attaque permet aussi de faire diversion et de parler de tout, sauf d'un règlement politique du conflit israëlo-palestinien.

Les ayatollahs viennent de rendre un fier service à Netanyahou, Biden, etc...pfff !!

PS: Cette attaque iranienne est tellement mal goupillée qu'en temps normal il y aurait une théorie de la conspiration pour l'expliquer tant elle arrange les intérêts israëliens et américains, sauf qu'on voit mal comment une telle conspiration est possible.

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4 avril 2024 4 04 /04 /avril /2024 10:48

Bonjour les amis,

Afin d'y voir un peu plus clair dans cet authentique sac de noeuds qu'est le conflit israélo-palestinien j'ai entrepris hier soir la lecture du dernier livre de Gilles Kepel intitulé HOLOCAUSTES.

Israël-Palestine: l'inquiétante revanche démographique des intégristes religieux...

Voici la présentation de l'éditeur.

La razzia qui a dévasté, le 7 octobre 2023, l’État juif où 1 140 personnes ont été massacrées, violées, mutilées a été suivie d’une hécatombe lors de l’assaut sur Gaza en représailles, dans lequel ont péri plus de 25 000 Palestiniens.
Ces holocaustes – au sens religieux originel de sacrifices de masse – incarnent la malédiction de la Terre sainte dans notre période tragique. Engrenage de violence et d’aveuglement dont les logiques remontent loin dans l’histoire des deux peuples.
Gilles Kepel montre comment les protagonistes de ce drame entremêlent, dans leurs actes et discours, mystique et politique. À l’islamisme radical du Hamas sunnite et de ses alliés chiites inspirés par l’Iran s’opposent les suprémacistes juifs qui assurent la survie d’un gouvernement Netanyahou aux stratégies ambiguës. Du Yémen au Liban, ce choc exacerbe les tensions régionales et connaît des répercussions mondiales. Il prend l’allure d’une guerre planétaire contre l’Occident et ses valeurs, opposant Apartheid et Shoah. En s’appropriant la notion de « génocide », certains États et organisations se réclament d’un « Sud Global » en lutte contre un « Nord » stigmatisé comme colonialiste et « islamophobe ».
L’auteur révèle ici les enjeux majeurs de ce conflit de civilisations.

J'ai commencé la lecture du livre et, d'entrée de jeu, Gilles Kepel nous explique de manière très didactique et avec précision, en faisant les rappels historiques nécessaires, les liens et divers intérêts pour le moins compliqués et contradictoires de tous les acteurs qui gravitent au Moyen-Orient autour de la cause palestinienne.

C'est extrêmement compliqué (euphémisme) et Kepel arrive à éclairer la lanterne du parfait ignare que je suis sur ce sujet. Qu'il en soit remercié.

Il expose également les conditions qui ont permis à Yahya Sinwar de tromper les services israéliens au sujet des pogroms du 7 octobre.

Au début du livre l'auteur explique que tant au Liban comme en Israël, le poids politique des "intégristes" ne fait qu'augmenter pour des motifs purement démographiques:

Commençons par Israël avec deux  extraits:

" La pression qu’exercent les partis religieux sur le système électoral israélien n’est pas si éloignée de celle de l’islam politique dans les pays musulmans avoisinants, même si les modalités varient selon qu’ils sont gouvernés par un régime autoritaire – comme c’est le cas pour les États arabes – ou démocratique illibéral, à l’instar de la Turquie. Dans tous les cas, le différentiel du taux de fécondité entre les milieux traditionnels et modernes s’est traduit en une à deux générations par l’érosion démographique des classes moyennes laïques, et la montée en puissance des enfants de familles nombreuses issues de l’exode rural qui se sont installées dans les périphéries urbaines, y apportant leur ethos conservateur aisément capté par les activistes rigoristes."

"En Israël, le même souci de fécondité veut que les cinq épouses des dirigeants des partis religieux de la coalition victorieuse lors des élections du 1er novembre 2022 aient mis au monde pas moins de 42 enfants ! La palme dans ce domaine revient aux haredim (ultra-orthodoxes) : ils représentent, en 2020, 20 % de la population juive , et devraient atteindre35 % en 2040, ceteris paribus..."

Continuons avec le Liban:

"Au Liban, la surnatalité des chiites pauvres, marginalisés lorsque fut établi le Pacte national libanais en 1943, partageant le pouvoir entre les classes moyennes urbaines chrétiennes et sunnites, s’est traduite désormais par la prise de contrôle de l’État par le Hezbollah – dûment aidé à cette fin par Téhéran. La Dahiyé – banlieue informelle du sud de Beyrouth où se concentrent les néocitadins chiites chassés des campagnes méridionales par la misère et les bombardements israéliens – est aujourd’hui la véritable capitale du pays, au détriment du grand sérail où siège le Premier ministre sunnite ou du palais de Ba’abda où réside le président maronite de la République. C’est depuis ce bastion que s’exprime le cheikh Nasrallah, porte-parole principal de « l’axe de la Résistance » – lors de ses discours des 3 novembre 2023 et 3 janvier 2024...."

 

 

Ces considérations purement démographiques nous montrent que, électoralement parlant, les "intégristes" de part et d'autre gagnent la partie sur le court, moyen et long terme.

Les progressistes, ceux qui n'ont pas une vision excluante et qui sont à la recherche de formes de cohabitations pacifiques, ne font pas d'enfants et donc subissent une lente mais sûre érosion électorale.

Netanyahou base sa politique sur les exigences des ultra-orthodoxes qui, à l'avenir, vont gagner de plus en plus de poids.

Nous voilà donc plongés dans une bataille de "faucons" contre "faucons".

Bref, la démographie n'aide absolument pas et on s'oriente vers tout sauf vers des conditions d'une paix durable...Plus la laïcité perd de terrain, plus la guerre en gagne...

PS: Je n'en suis qu'à la moitié du livre et je ne sais pas encore quelles sont toutes les conclusions de Kepel mais son chapitre concernant la démographie m'a paru terriblement "conditionnant" par rapport à l'avenir.

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23 janvier 2024 2 23 /01 /janvier /2024 11:16

Bonjour les amis,

Ça fait longtemps que je ne parle pas de politique internationale, tout simplement parce que je suis trop consterné par les conséquences du conflit israelo-palestinien et que je n'ai rien de pertinent à ajouter à tout ce qui se dit.

Jamais je n'aurais pensé, même dans mes pires cauchemars, qu'il y aurait autant de victimes civiles innocentes.

On en est à 25 000 morts: 50% sont des mineurs, 30% des femmes...

Give peace a chance !...
Give peace a chance !...

Israël ne pourrait pas maintenir une telle stratégie de lutte (qui fasse autant de victimes civiles innocentes) contre l'organisation terroriste Hamas sans l'appui de son allié américain.

La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés et son objectif devrait être de stopper le massacre. Tout faire pour stopper ça.

Le haut représentant de l'Union Européenne Josep Borrell présente une feuille de route pour aboutir à un plan concret de paix avec 2 Etats. Le voici sur le lien ci-dessous.

Ça mérite d'être lu.

Borrell part du principe que le Hamas représente une idée et qu'on ne peut pas bombarder les idées. On peut simplement essayer de couper l'herbe sous le pied de l'organisation terroriste en créant les conditions qui feront que leurs idées perdront de leur poids.

Alors je ne veux pas faire d'angélisme ni jouer les Candide, mais si, pour une fois, les américains nous aidaient à stopper cette folie meurtrière et appuyaient l'initiative de l'Union Européenne présentée par Josep Borrell ce ne serait pas un luxe. Il faut donner une vraie chance à la paix !

Puissent la raison et le bon sens se faire entendre...🙏

GIVE PEACE A CHANCE !

Je vous laisse avec une citation du grand auteur classique espagnol Calderón de la Barca.

Give peace a chance !...

PD: Vous aurez noté que j'adresse mes voeux à l'administration Biden car Netanyahou n'entendra rien tant que les américains ne taperont pas un coup de poing sur la table...

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12 octobre 2023 4 12 /10 /octobre /2023 11:43

Bonjour les amis,

pas de vrai billet de ma part aujourd'hui mais plutôt le partage avec vous de 2 points de vue qu'on n'entend pas beaucoup dans l'ensemble des médias.

Tout comme vous je suis horrifié par les terribles attentats qui ont été commis en Israel la semaine dernière.

J'ai vu, entre autres, cette vidéo avec des soldats du HAMAS qui profanent les cadavres et qui exhibent le corps dénudée d'une jeune adolescente comme un trophée. Oui, c'est de la barbarie et du terrorisme (n'en déplaise à de nombreuses organisations d'extrême-gauche qui ont du mal à l'admettre)...C'est ignoble et ça ne va pas faire avancer la juste cause du peuple palestinien.
Les soldats du Hamas qui sont sur cette vidéo sont déjà morts mais ils ne le savent pas encore. Le Mossad les identifiera et ils seront éliminés dans 7 jours, dans 7 mois ou dans 7 ans. Il n'y aura pas de pardon.

Une des jeunes victimes qui fut identifiée ultérireurement

Une des jeunes victimes qui fut identifiée ultérireurement

Evidemment rien, absolument rien ne justifie des massacres de civils innocents, de femmes, d'enfants, etc...

Mais ces horreurs sont commises dans un contexte particulier: cette bande de Gaza est une folie qui ne peut générer que de la barbarie...La politique des colons israéliens en Cisjordanie est condamnable.
Les guerres les plus inquiétantes sont celles qui ne sont pas livrées pour être gagnées militairement et c'est exactement ce que fait le HAMAS qui se moque bien des conséquences tragiques de ses attentats pour le peuple palestinien.

A la grande question du POURQUOI de la stratégie suicidaire du HAMAS j'aimerais partager avec vous deux réactions.

Commençons par celle d'André Markowicz qui n'est pas du tout un spécialiste du Moyen-Orient et qui écrit ceci sur sa page facebook dans un post intitué LES PIEGES.

https://www.facebook.com/andre.markowicz

Les pièges
Le temps passe un peu, on découvre des détails sur l’attaque et on comprend, toujours aussi effaré, que le Hamas a eu les mêmes attitudes que Daesh, réellement. Qu’il ne s’agit pas seulement de la prise en otages de civils mais qu’il y a des cas de décapitations, et de décapitations d’enfants, et des cas – des dizaines de cas connus, visiblement, – de viols. Et que, oui, ce massacre dans la rave, c’était exactement comme le Bataclan. On apprend ça, et je vois, par exemple, sur les pages des « Indigènes de la républiques », des posts de solidarité avec ça, des vœux pour la victoire du peuple palestinien dans sa lutte de libération, – la lutte de libération était, d’après eux, illustrée par ça. Et bien sûr que le Hamas est une organisation terroriste. Ne pas le dire, ça, c'est quoi ? Que François Ruffin soit attaqué parce qu’il le dit montre tellement l’état de confusion auquel est arrivée une partie de la gauche que c’en est à tirer l’échelle pour la suite.
*
Une chose est sûre : une action comme celle du 7 octobre n’a pas pu être planifiée juste pour un jour. Les gens qui l’ont planifiée devaient comprendre qu’il y aurait des conséquences et donc, ces conséquences aussi, ils les ont prises en compte. On pense que c’est justement la crainte des conséquences, c’est-à-dire de la réaction de l’armée israélienne, qui explique les prises d’otages massives. Sans doute que oui. Avec plus d’une centaine d’otages répartis sur tout le territoire de Gaza comme bouclier humain, on peut imaginer qu’Israel hésitera à attaquer. Disons, on peut imaginer ça logiquement, et que, donc, ça fera comme une espèce de rapport de force, monstrueux, – un objet de négociations (auxquelles, d’après ce que j’ai appris hier soir, appelle d’ailleurs le Hamas).
J’ai l’impression que le but des assassins est plus pervers que ça.
Parce que nous avons affaire en Israel au gouvernement le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays. Un gouvernement dominé par des racistes et des fondamentalistes. Et que le Hamas, qui n’est pas sans le savoir, se trouve avec lui comme en terrain connu. Il suffit juste pour le Hamas de lui faire suivre sa pente naturelle pour arriver à sa deuxième victoire, non plus militaire cette fois (il ne peut pas y avoir victoire militaire du Hamas), mais autrement plus importante, – symbolique.
*
Le fait est qu'il y a les réactions de l’État d’Israël, qui explique, par la bouche, par exemple, de son ministre de la Défense, – lequel répète ça plusieurs fois, dans des circonstances différentes – que ce ne sont pas des hommes, fussent-ils des monstres, qui ont fait ça, mais des « animaux ». Je ne connais pas le mot hébreu qu’il emploie et qu’on traduit ainsi : est-ce qu’il veut dire des « bêtes » (comme on dit des bêtes fauves) ou, réellement, des animaux ? La différence, pour moi, serait fondamentale. Parce qu’autant les « bêtes fauves » pourrait passer pour une expression, et, de fait, les assassins du Hamas se sont comportés comme des bêtes fauves (non, évidemment, les bêtes fauves ne font pas ça), autant les traiter d’animaux est d’un autre registre, qui n’est même pas du racisme. Qui est, oui, autre chose : si nous combattons des « animaux », alors, tout est permis, puisque, par définition, ils ne sont pas des êtres humains.
La question est de savoir qui sont ces « animaux ». S’agit-il de tous qui ont participé aux attaques, ou de tous les membres du Hamas, ou bien de toute la population de la bande de Gaza (2.300.000 personnes) ? Il semble que la réponse soit claire pour ce gouvernement d’enragés : c’est bien toute la population de cette bande de terre qui vit sous blocus militaire depuis qu’elle existe en tant qu’entité soi-disant indépendante, dans une promiscuité inouïe et une misère endémique, sans aucune perspective de rien du tout que la haine. C’est ce qui explique non pas les bombardements, aveugles ou pas, qui ciblent, nous dit-on, des cellules du Hamas, et tuent des femmes et des enfants (les Gazaouis sont, hélas, habitués à cette horreur, et personne dans le monde n’en dit finalement trop rien), mais le blocus total, – qui illustre ce que c’est, réellement, que Gaza. Un pays indépendant qui dépend, totalement, d’un autre pays (en l’occurrence son ennemi) pour ses besoins vitaux : l’eau, l’électricité, la nourriture. C’est-à-dire que l’indépendance de Gaza est, par ce fait même, et dehors de toute opération de guerre, une fiction sanglante, une moquerie cynique de toute la communauté internationale : non, il n’y a, et il ne peut y avoir, aucune indépendance dans ces conditions. Et c’est la première chose que le blocus total décrété par Israël vient de montrer : cette décision, terrifiante, de faire payer, par la faim et la soif, et l’absence de toute électricité une population de 2.300.000 pour les crimes, oui, bestiaux, du groupe de fascistes qui les dirige, c’est une deuxième victoire du Hamas. Une victoire offerte par les frères d’armes du Hamas que sont les hommes qui dirigent Israel en ce moment.
*
Il risque d’y avoir une troisième victoire. Netanyahou répète à l’envi que l’État d’Israel fera comprendre aux terroristes que c’était une mauvaise idée de s’attaquer à lui, et qu’ils s’en souviendront pendant des « dizaines d’années ». Ça, ces dizaines d’années, ça veut dire quoi ? Tout laisse à croire que les officiels israéliens vont poursuivre les bombardements, la destruction toujours croissante des immeubles, et, pour parachever ces destructions, à un moment ou à un autre, qu’ils vont faire entrer l’armée à l’intérieur de la bande de Gaza, c’est-à-dire dans la ville. Et, donc, il y aura des combats de rues, ou plutôt pas de rues, justement, mais de décombres, en présence même de la population civile, de ces millions de gens, — parce qu’où voulez-vous qu’ils aillent, les gens, puisqu’ils n’ont nulle part où s’enfuir, malgré les demandes, cyniques encore une fois, des officiels israeliens ? Ils vont se réfugier où ? Sous le ciel bleu ? Il n’y a même pas la place, dans la bande de Gaza, de faire des villes de tentes pour deux millions de personnes.
Il y aura donc, – c’est déjà fait – une première inversion symbolique, et ce n’est pas un hasard si l’ONU n’a pas été capable de publier même un communiqué de condamnation de ces attaques, mais que le secrétaire de l’ONU a condamné (bien justement) le blocus total qui vient de se mettre en place. La haine, dans le monde entier, non pas seulement de la politique d’Israël, mais d’Israël en tant que tel, est si puissante que les États du monde n’arrivent même pas à s’entendre pour dire que des « combattants » qui décapitent des enfants ne sont pas des « combattants », mais des assassins qu’il faut poursuivre et juger.
Si, malgré le gouvernement d’union nationale qu’est en train de former Netanyahou, l’armée entre dans Gaza et que les combats commencent dans la ville, dans les immeubles, dans les ruines, alors, l’inversion symbolique sera totale : ce seront des combats comme ceux de Stalingrad (les Israéliens ne jouant pas le rôle de l’Armée rouge, on comprend bien) ou, pire encore, ce sera l’image des combattants du Ghetto de Varsovie qui nous sautera aux yeux. Les assassins du Hamas auront gagné totalement : ils auront transformé les descendants du Génocide en perpétrateurs d’un autre génocide, et souillé l’image des combattants du Ghetto (la page, sans doute, la plus héroïque de toute l’histoire multi-millénaire du peuple juif) en reprenant, symboliquement, leur rôle : une poignée d’hommes et de femmes qui se dressent, sachant qu’ils n’ont aucun espoir de survivre, contre les « bêtes » nazies.
*
Le piège est là. Et, bien sûr que le Hamas appelle le massacre de tous ses vœux, — le massacre des gens qui vivent là, enfermés, pris au piège, parce que, une fois encore, le Hamas est, d’abord, un mouvement fasciste. Le piège est en train de se refermer sur tout le monde : sur tous les Gazaouis, sur ces millions d’êtres humains, ces centaines de milliers d’enfants, – comme sur les malheureux otages israeliens, comme sur l’État d’Israël en tant que tel, qui aura perdu sa dernière légitimité de pays refuge des victimes, et du souvenir, du Génocide.
C’est alors que le Hamas aura gagné, même en étant détruit. Parce que le Hamas n’est pas seulement un mouvement fasciste, mais terroriste et, dans son essence, nihiliste, puisqu’il est islamiste. Le fascination des fondamentalistes de Daesh, le but suprême (proclamé, du moins) de Daesh, ce n’était pas la vie, c’était la mort en martyr. C’était la destruction de tout ce qui pouvait être vivant dans la vie terrestre – y compris soi-même. J’ai peur que Netanyahou et ses monstres ne soutiennent le Hamas pour y arriver.
*
Un dernier mot, — sur le sujet d’une chronique ultérieure, et très très importante : il y a des gens en Israel qui, ça, le comprennent, et qui se battent contre ça, tout en se battant, aujourd’hui, contre le Hamas. Il y a beaucoup de gens qui comprennent ce qui est en train de se jouer là. Et qui le disent. – Je suis avec eux.

Le deuxième article digne d'intérêt est signé par Clifton Sherrill et m'a été signalé par Caius qui a eu la gentillesse d'envoyer également une traduction de l'anglais. Merci à lui donc car l'article propose certaines explications que je n'ai pas lues dans le reste des médias.

Voici d'abord l'article original. 

Voici la traduction.

Au lendemain de l'horrible attaque terroriste contre Israël, une question essentielle se pose : "Pourquoi ?". Qu'est-ce que le Hamas espère gagner ? Diverses raisons ont été avancées, notamment la perturbation des négociations visant à normaliser les relations entre Israël et l'Arabie saoudite, le regain d'attention du monde pour la question palestinienne et, selon un porte-parole du Hamas, la persécution des Palestiniens par Israël et ses actions à la mosquée d'Al-Aqsa.
Il ne fait aucun doute que tous ces éléments contribuent à la situation, mais ils n'expliquent pas tout.
Bien que le Hamas soit un groupe sunnite, le régime chiite de Téhéran lui a apporté un soutien financier et matériel substantiel dans le cadre de sa stratégie visant à attirer le soutien des sunnites de la rue à la poursuite de l'hégémonie régionale de l'Iran. L'Iran a ainsi acheté de l'influence auprès des dirigeants du Hamas. Alors que des rapports indiquent qu'un élément clé des négociations menées par les États-Unis sur un accord de normalisation entre Israël et l'Arabie Saoudite serait une garantie de sécurité américaine pour les Saoudiens, l'Iran veut empêcher cela. Une attaque du Hamas qui déclencherait une violence palestino-israélienne dramatique rendrait extrêmement difficile la poursuite de ces pourparlers diplomatiques par Riyad. Ainsi, lorsqu'il s'agit de déterminer le cui bono, l'Iran est une réponse évidente.
Pourtant, le Hamas n'est pas une marionnette entièrement contrôlée par l'Iran, comme l'a montré sa scission sur le soutien au régime Assad en Syrie au cours des premières années de la guerre civile syrienne. Le Hamas conserve une autonomie stratégique. Il partage avec ses parrains iraniens une haine islamique d'Israël, mais il n'est pas un bras opérationnel du régime iranien, tenu de suivre des ordres émanant de l'étranger. Les dirigeants du Hamas ne sont pas non plus une version islamiste des "idiots utiles" de Lénine, cooptés par ignorance.
Les dirigeants du Hamas comprennent qu'une attaque de l'ampleur et de la violence de celle qu'ils ont menée se heurtera à une réponse militaire écrasante de la part d'Israël. Les dirigeants du Hamas ne sont ni naïfs ni fanatiques au point de croire que cette attaque entraînera un soulèvement général qui renversera l'État israélien.
Compte tenu de l'ampleur de l'attaque, une invasion terrestre de Gaza et la dissolution de l'autorité du Hamas par Israël sont probablement inévitables. Une telle conséquence n'est pas un prix que le Hamas paierait uniquement pour plaire à Téhéran.
Restaurer l'attention sur le sort des Palestiniens est certainement l'un des principaux effets escomptés de l'attaque, mais si c'était le seul moteur, pourquoi le Hamas aurait-il intensifié la violence employée lors des attaques précédentes, sachant que la réponse israélienne coûterait au Hamas le contrôle de Gaza ?
Diverses approches alternatives auraient pu attirer l'attention du Hamas sans menacer sa position politique. Une reprise des attentats-suicides ou des barrages de roquettes aurait pu mettre l'accent sur la question tout en restant dans des limites bien comprises. Il en va de même pour la revendication de représailles (ou de vengeance) du Hamas. Il est absurde de penser que le Hamas aurait planifié et préparé une attaque complexe et coordonnée de cette nature sans avoir réfléchi aux étapes suivantes.
Il est donc possible que l'un des principaux objectifs de l'attaque du Hamas ait été de provoquer une invasion israélienne et le retrait du Hamas du pouvoir à Gaza. Le Hamas a hérité de la responsabilité de gouverner la bande de Gaza en 2006. Comme beaucoup d'autres avant lui, le Hamas a découvert qu'il était beaucoup plus difficile de gouverner qu'il ne l'avait anticipé. Depuis son arrivée au pouvoir, le groupe a été miné par la corruption, a vu la qualité de vie à Gaza se détériorer sous son règne et n'a obtenu qu'un soutien public limité, malgré l'antipathie de nombreux Palestiniens à l'égard du principal concurrent du Hamas, l'Autorité palestinienne. Ironiquement, les dirigeants du Hamas ont peut-être tiré les leçons de l'effondrement du Fatah et décidé que l'identité fondamentale de l'organisation était de plus en plus menacée lorsqu'on lui confiait la responsabilité de la gouvernance.
Les apologistes du Hamas n'hésiteront pas à invoquer le contrôle israélien et égyptien des frontières de Gaza pour expliquer les piètres performances du Hamas. Cette défense simpliste ne tient pas compte du fait que l'idéologie islamiste du Hamas est la raison pour laquelle ces contrôles sont jugés nécessaires. Certes, la surpopulation et le manque de ressources font de la gouvernance de Gaza un défi pour quiconque. Toutefois, un régime répressif, fermé et irresponsable qui encourage la violence contre son grand voisin finira par perdre le soutien extérieur au développement qu'un régime plus légitime peut attirer.
L'abandon volontaire du pouvoir n'est pas une option si le groupe espère conserver sa crédibilité populaire. Le Hamas pourrait donc avoir décidé qu'Israël pourrait fournir la réponse à la question de savoir comment sortir de cette position intenable tout en donnant l'impression que c'est involontaire. Israël deviendra responsable de Gaza, ce qui le rendra plus vulnérable aux attaques terroristes et aux critiques politiques internationales. En effet, Israël ne veut pas de Gaza et essaiera d'éviter d'en être responsable si possible. Mais la situation sécuritaire créée par le Hamas imposera cette responsabilité à Israël, au moins à court terme.
Le Hamas paiera le prix en personnel et en matériel perdus. Plus grave encore, le Hamas soumettra les civils de Gaza à des conséquences bien plus graves en leur imposant les destructions de la guerre dans un environnement urbain. Mais il est impossible d'éradiquer complètement une organisation terroriste - le Hamas survivra.
Alors pourquoi le Hamas a-t-il attaqué ? Parce qu'il a cherché à inverser la tendance à la normalisation des relations diplomatiques israélo-arabes, parce qu'il a cherché à attirer à nouveau l'attention du monde entier sur la question palestinienne, parce qu'il adhère à une idéologie islamiste extrémiste et, ce qui est peut-être le plus significatif, parce qu'il n'a pas la capacité de gouverner et qu'il cherche un moyen de s'y soustraire.

Ces deux articles n'apportent pas forcément toutes les réponses aux interrogations qu'on peut se poser mais ils complètent, de mon point de vue, l'essentiel de ce que j'entends et lis sur les mainstreams.

Un dernier commentaire sur les 2 photos juxtaposées que j'ai mis sur mon article car elles résument l'énorme erreur qu'a commise le HAMAS en frappant aveuglément des innocents: même les adversaires d'Israel ne peuvent cautionner de telles barbaries, mis à part les autorités iraniennes et les tarés indigénistes d'extrême-gauche...Ces 2 photos, à elles seules, me retournent les tripes. Ces 2 photos ont traumatisé tout un peuple et elles vont avoir un prix que les dirigeants du HAMAS n'imaginent même pas.

En effet, la bataille du Hamas n'est pas une vraie bataille militaire (forcément perdue d'avance) mais plutôt une bataille symbolique. Or, ces 2 photos détruisent complètement le symbole et l'image internationale que voulaient se donner les dirigeants du Hamas...Des libérateurs ça? Des barbares plutôt...

PS: En marge du thème de mon billet voici un article à propos des indigènes que j'ai mentionné...et de Mélenchon qui ne veut pas qualifier les attaques de "terroristes", ce qui est une attitude désavouée par la grande majorité des français et qui fracture la gauche encore un peu plus qu'elle ne l'était.

Le Hamas a donc réussi à fracturer un peu plus la gauche française mais ça, c'était pas difficile...d'ailleurs en Espagne on a assisté exactement au même phénomène, sauf que là c'est encore plus grave car on parle de ministres d'extrême-gauche du gouvernement qui se désolidarisent des propos du chef de l'éxécutif, le socialiste Pedro Sanchez. Ça fait désordre, c'est le moins qu'on puisse dire !

Quant à l'Allemagne, c'est le pompon: le gouvernement s'est vu obligé d'inderdire des manifestations de gauchistes et d'immigrés qui festoyaient et célébraient carrément et sans complexes les attaques du Hamas.. Là, on se rend bien compte que l'analyse d'André Markowicz est plus que pertinente.

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