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24 septembre 2023 7 24 /09 /septembre /2023 10:00

Bonjour les amis,

On ne s'habitue pas à la guerre en Ukraine, à l'horreur et à l'absurde, mais les infos sont tellement déprimantes que je finis par me "préserver" et que je ne cherche qu'à connaître les nouveautés qui permettent de comprendre si il y a eu un changement significatif dans l'évolution d'un conflit qui semble devoir durer éternellement, avec ses cohortes de nombreuses victimes innocentes et avec ses destructions massives qui ne laissent que ruines et désolation.

En marge des gros titres des médias sur les récents développements de la guerre je continue de lire sur facebook les chroniques d'André Markwicz  qui est un littéraire et non un expert militaire. Markowicz, tel un Candide écoutant les témoignages ukrainiens et russes, arrive souvent à me faire toucher du doigt ce qui se passe dans les esprits des protagonistes de ce conflit.

Voici le lien vers sa page facebook.

https://www.facebook.com/andre.markowicz

Markowicz a demandé au plus grand nombre de ses lecteurs de partager sa chronique du 24 septembre, et c'est donc ce que je vais faire aujourd'hui sur mon blog perso.

La voici ci-dessous:

Moissons...
Sur le front, qu’est-ce qui se passe ? – Les chaînes d’information (que je ne suis pas, ou juste pendant, quoi, cinq-dix minutes, sur mon ordinateur) en parlent pendant des heures et des heures, mais l’essentiel peut se résumer en deux points. – D’abord, alors que récemment encore, il était question d’une grande offensive russe au nord, du côté de Koupiansk, la seule chose que les Russes fassent vraiment aujourd’hui, c’est passer à la défensive, et pas seulement sur le court terme, mais bien d’un point de vue stratégique, – sur le long terme, et les officiels russes répètent à l’envi que la guerre sera longue, qu’elle durera des années. Sur le court terme, au contraire, dès que les Russes perdent ce qu’ils appellent « un point habité », ils se lancent dans des contre-offensives que tout le monde, et Russes et Ukrainiens, appelle « miassnye », c’est-à-dire, – j’en ai parlé dans le temps – des attaques de « viande ». Des attaques quasiment de front, vague après vague, selon la tactique (était-ce une tactique ?...) des Wagner à Bakhmout, – et ça fait des centaines, puis des milliers de morts.
Parce que les Ukrainiens avancent, centaines de mètres par centaines de mètres – sur des territoires à reconquérir qui font des centaines de kilomètres –, mais ils avancent, partout, malgré les champs de mines, c’est-à-dire, ces champs de mines, en les traversant, seulement pour arriver sur la première ligne de défense, avec ce qu’ils appellent ces « dents de dragon », ces rangées d’espèces de cônes censément anti-chars. Mais justement, ils attaquent, au début, pour s’en emparer, à pied, juste avec l’infanterie, par petits groupes, et, sur le front de Zaporojié comme sur le front du Donbass, les Russes cèdent du terrain, et les territoires libérés s’élargissent, jour après jour. On parle aujourd’hui, comme but atteignable (quand ?...) de Tokmak, qui se trouvait à quelque chose comme 20 km à l’intérieur des terres occupées, et nous n’y sommes pas, évidemment – mais Tokmak est un point nodal pour le trafic ferroviaire, et les Russes utilisent massivement les trains pour les transports de troupes et de matériels. S’ils perdent Tokmak, tout le sud du front sera privé d’approvisionnement.
Et puis, évidemment, la nouveauté, radicale, est la transformation de la Mer Noire et de la Crimée en zone de guerre, et le fait que les attaques ukrainiennes – là, seuls les Ukrainiens attaquent – ne feront évidemment que se renforcer. La flotte russe va se retrouver totalement détruite, cela, c’est clair et net, et il est clair et net que les moyens de DCA qu’elle a à sa disposition (qui sont les meilleurs de l’armée russe) sont insuffisants devant les armes occidentales – et aussi devant les drones ukrainiens, parce qu’il semble que l’Ukraine ait, par elle-même, dans ces conditions de guerre, élaboré des systèmes de drones qui sont parmi les plus sophistiqués du monde. L’épisode du bombardement de l’état-major de la flotte de la Mer Noire est symptomatique : d’abord, deux jours auparavant, c’est un état-major de réserve qui a été détruit (sans qu’on en parle plus que ça, vu le nombre de lieux qui sont aujourd’hui bombardés tous les jours), et puis, le 22 septembre, c’est le grand état-major, le bâtiment, immense, pompeux, dans lequel se trouvaient à ce moment-là non seulement tous les commandants de la flotte, mais aussi, pour une réunion, les commandants des forces terrestres du front de Zaporojié et, si j’ai bien compris, de Donetsk, parce qu’ils sont parmi les blessés graves de cette attaque, et que, visiblement, celui qui est « porté disparu » n’est personne d’autre que le commandant de la flotte lui-même, l’amiral Sokolov... – Et, quand on y pense, c’est quand même incroyable, de faire une réunion d’état-major inter-armes, au plus haut niveau, dans les bureaux de l’amiral (un missile est tombé directement dans le bureau), sans prendre aucune mesure de sécurité alors que les missiles sont dirigés par GPS... Ça dit comment ils pensent – comme s’ils étaient en 1941...
*
Il y a ça. Et puis, histoire qu’on n’oublie ce que ça veut dire, ces avancées par centaines de mètres (dont nous ne savons pas les pertes ukrainiennes qu’elles entraînent, mais ces pertes sont très très importantes), il y a autre chose. Je vous mets en commentaire un reportage que je n’ai trouvé qu’en russe (mais je suis nul en technique, il y a sans doute moyen de l’avoir en anglais), sur un village, libéré récemment, qui s’appelle Ourazhaïnoïé. « Ourazhaï », ça veut dire « la moisson ». Je ne sais pas de quand il date, ce village, mais, voilà, les gens, là, ils vivaient de leurs moissons. Il y avait entre 600 et 700 « cours », – les « cours », en russe (tout se passe en russe), ce sont des petites fermes. – plus d’un millier d’habitants — mais moins de 2000. Ça commence par une petite conversation avec un militaire ukrainien, qui vient de parler, par Facetime (ou quelque chose de pareil) avec sa femme et son enfant, de deux ans et demi. L’enfant a compris qu’il se passe quelque chose de pas bien. Quand il y a des sirènes, c’est lui qui tire la manche de sa mère et qui lui dit qu’il faut aller se cacher.... – Je vous laisse voir les yeux du père quand il raconte ça. En fait, il suffit de voir les images, même si vous ne comprenez pas les mots.
Et puis, on entre dans Ourazhaïnoïé. Aujourd’hui, n’y vivent plus que deux vieux. Qui ont refusé de partir, contre vents et marées. Il n’y a plus une seule maison intacte, tout est en ruine. Les Russes sont arrivés en avril 22, et ils ont commencé à tout piller, – ils ont pris absolument tout, dit le vieux qui raconte, tous les objets de consommation courante, tout l’électro-ménager, ils ont pris les voitures. À un moment, raconte-t-il, ils ont voulu prendre sa voiture, – mais il avait enlevé les roues (je ne sais pas pourquoi), les Russes sont partis avec la voiture sans les roues – les roues sont restées là, toutes seules, ils les avaient oubliées. Il y a encore des morts dans les maisons, – une vieille dame, qui était seule, et qui a été tuée, personne n’est allée la chercher pour l’enterrer, elle est toujours chez elle, dit le vieil homme. Elle est morte chez elle. Morte comment, je ne sais pas. Mais, au moment où le reportage était filmé, elle était là.
Des régions entières, totalement, mais totalement dévastées. Et, avec ce qui se passe en Crimée, d’un coup, les propagandistes de Poutine qui se réveillent, s’affolent et disent que, des bombardements comme ça (comme ceux de Crimée), c’est un pays ruiné pour des dizaines d’années...
Les crimes de l’invasion, les ravages... Ces « moissons sanglantes », selon l’effrayante, et si juste, expression, de Timothy Snyder, c’est le lot de l’Ukraine depuis longtemps-longtemps, mais, là, maintenant, depuis le 24 février 2022, – le lot, surtout, de cette population russophone que l’assassin du Kremlin affirmait vouloir libérer.
Et... dix millions de réfugiés. Un quart, ou presque, de la population totale du pays.
Ne dormez pas, n’oubliez pas. Partagez cette chronique. Faites ne serait-ce que ça si vous faites quelque chose.
Moissons sanglantes...et attaques de viandes...
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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 05:31

Bonjour les amis,

Poutine avait confié à la journaliste Natalya Guevorkian en 2000 une anecdote qui l'avait marquée durant son enfance à St Petersbourg quand il n'avait que 7 ans. Alors qu'il pourchassait un gros rat dans la rue, l'animal acculé dans le coin d'un escalier s'était brutalement retourné et s'était jeté sur son jeune agresseur en tentant de le mordre.

Et le président de conclure:"C'est ce qu'il faut toujours garder à l'esprit: il vaut mieux ne jamais acculer quelqu'un..."

 

Cette anecdote qu'aimait raconter Poutine il y a 20 ans peut avoir aujourd'hui différents niveaux de lecture.

1. Si l'occident tente de provoquer directement la chute du president russe la situation devient extraordinairement dangereuse car Poutine est un rat doté du bouton nucléaire et à la tête d'une grande armée et du plus grand état policier au monde.

2. Mais ce rat, c'est aussi la situation dans laquelle Poutine a acculé Zelensky...le dictateur russe ne semble pas avoir bien retenu sa petite leçon d'enfance.

Je continue avec une autre métaphore animalière.

Si Poutine avait lu le roman de Pagnol JEAN DE FLORETTE il serait tombé sur cette terrible affirmation du papet à Ugolin: " Quand on décide d'étrangler le chat il faut aller jusqu'au bout"...Toute demi-mesure sera un échec complet qui ne fera que rendre les choses ingérables.Or, dès le début du conflit Poutine s'est montré incapable d'étrangler le chat ukrainien et s'est donc mis dans une situation qui ne va amener que catastrophes sur catastrophes...une situation qui, à terme, signera sa perte.

Revenons sur un autre point qu'aime souligner le chef d'Etat russe. Il a construit toute sa politique étrangère sur le fait que, selon lui, la Russie avait été humiliée par les occidentaux. François Hollande dans son livre BOULEVERSEMENTS s'attache à démontrer que cette vision caricaturale de Poutine ne correspond pas à la réalité, que l'occident avait filé un gros coup de main économique avec la concession de crédits importants, avec l'accueil de la Russie au sein du G8, etc..

Poutine s'est donc présenté devant son peuple, comme tous les populistes vulgaires et démagos, comme le sauveur qui allait laver son pays de l'affront de cette supposée "humiliation".

Or, l'attentat d'hier contre le pont de Kerch qui unit la Russie à la Crimée n'a d'autre objectif que de l'humilier lui, personnellement, le jour de son anniversaire. Ce pont de 19 km c'est son grand projet bâti en un temps record et qu'il a inauguré lui-même en conduisant un camion. Ce projet c'est sa tour Eiffel.

Même si la destruction du pont (avec un camion bourré d'explosifs justement) est partielle, le symbole est puissant. Sur les réseaux sociaux sont apparus plein de montages humoristiques avec des vidéos montrant en parallèle le pont en flammes et Marilyn Monroe souhaitant un bon anniversaire au président qui pourra souffler les bougies du pont en feu...

La métaphore du rat...

Ou alors des couples font des selfies avec l'image du pont en flammes en arrière-fond.

La métaphore du rat...

Ce fait d'arme réalisé hier est une puissante opération de communication plus qu'une opération militaire. Poutine, déjà très affaibli par les dernières reconquêtes ukrainiennes, devient la risée du monde. A noter que l'idée même de cet attentat est assez judicieuse car il n'y a eu qu'un nombre très limité de victimes (2 ou 3), contrairement aux russes qui s'illustrent par des massacres barbares.

L'élève ukrainien qui a été formé à l'école du KGB a dépassé son maître dans l'art de la communication.

Personne n'a  revendiqué l'attentat et il n'est pas impossible que celui-ci soit directement commandité par les services secrets russes afin de justifier à postériori des actions de représailles disproportionnées

Ça reste malgré tout peu probable car si tel était le cas les services russes auraient organisé un attentat avec plein de victimes innocentes afin de justifier à postériori des représailles très brutales comme ils l'ont fait pour les tchétchènes.

Maintenant que cette humiliation a eu lieu et que nul ne doute qu'elle mettra le dictateur hors de lui, tout le monde retient son souffle. 

Quelle va être sa réaction?

Je ne crois pas que cette provocation soit suffisante pour justifier une riposte nucléaire...non, pas maintenant, c'est trop tôt et ça n'aurait aucun sens...mais les possibilités de sabotages des russes sont infinies...L'avenir va nous dire bientôt comment ils vont réagir.

Sabotages?...frappes sur des infrastructures en dehors des zones annexées?...à suivre donc.

Quoique fassent les russes ils perdent la bataille internationale de l'image et de la communication. Ils sont définitivement dans le rôle des méchants surpuissants qui s'attaquent à un faible: les ukrainiens qui ne possèdent pas le quart de leurs moyens humains apparaissent comme les agressés astucieux, les petits David qui tiennent la dragée haute au Goliath monstrueux mais pas très finaud...

Toute tentative médiatique d'inverser la tendance et de mettre Poutine et Zelensky sur le même plan est indécente et va échouer. Poutine n'avait pas compté avec ça.

Or, on sait que dans un conflit la communication et l'image sont aussi importantes que les faits d'armes.

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