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20 juillet 2017 4 20 /07 /juillet /2017 09:52

Bonjour les amis,

Miguel Blesa,le banquier le plus detesté d' Espagne s' est suicidé hier en utilisant une  de ses nombreuses armes de chasse.

Je vous avais parlé de cette personnalité emblématique du pseudo-miracle économique espagnol des années 2000.

Blesa avait été mêlé à plusieurs scandales dont celui des cartes blacks dont j' avais fait un billet en 2014.

Mais pour me suivre lisez d' abord ce que j' écrivais dans ces années-là.

Depuis l' explosion du scandale BANKIA et la ruine de dizaines de milliers de petits épargnants Miguel Blesa était devenu le banquier le plus haï du pays.Il ne pouvait plus sortir dans la rue sans se faire huer.

Il était en liberté provisoire sous une caution de 2,5 millions d' euros mais devait entrer en prison en août de cette année pour purger une première peine de 6 ans,en attendant le jugement d' autres affaires de corruption...

 

Alors, bien évidemment, je respecte le choix d' un homme qui a pris une décision aussi tragique et aussi la douleur de sa famille.

Mais vous pouvez facilement imaginer que ce suicide laisse à toute la citoyenneté espagnole un goût très amer.

Durant toutes les années qui ont suivi le scandale de Bankia Miguel Blesa n' a jamais voulu reconnaître sa responsabilité.Il s' est toujours déclaré innocent.Il s' est dit victime de juges qui n' étaient pas impartiaux.

Il faut rappeler que le premier juge Elpidio  Silva qui l' avait envoyé 15 jours en prison à Soto del Real, avait été dessaisi du dossier, puis inhabilité.

Mais ce qui est vraiment regrettable c' est que Blesa, emblématique de tout un système qui a amené l' Espagne au bord du gouffre financier, se soit finalement défilé alors qu' il lui restait à raconter tant de choses importantes pour notre société.

On aurait tellement aimé que le banquier ne s' enferme pas dans son orgueil et qu' il fasse amende honorable et acte de rédemption, qu' il nous explique lui-même le mécanisme qui fait qu' une grande banque puisse partir à la dérive et créer un grand gouffre financier sans qu' aucun système d' alarme ou de sécurité n' y mette fin.

Car c' est quand même ça, l' un des énormes problèmes soulevés par le scandale BANKIA qui est l' une des affaires d' escroquerie les plus énormes et immorales qui soient.

Rappelons l' affaire qui est la plus grave de toutes, l' affaire des " preferentes".

A partir de 2004 cette banque ( qui s' appelait encore Caja Madrid) va émettre des" actions préférentielles" pour ses clients avec de meilleurs rendements que les produits financiers habituels.Mais le cours de l' action se basait sur des comptes et des bilans de la Banque complètement bidonnés.Il s' agissait donc d' une arnaque en bonne et due forme.Des milliers de petits épargnants et retraités qui croyaient investir dans des produits sûrs ont perdu les économies de toute une vie, car leurs actions n' ont plus rien valu dès que le pot aux roses a été découvert.

Pire ! La technique de vente de ces preferentes était frauduleuse car souvent les agents bancaires les vendaient à leurs clients naïfs et peu informés en leur faisant croire qu' il s' agissait de produits à taux garanti, alors qu' il s' agissait d' actions qui pouvaient monter ou baisser comme celles de n' importe société cotée en bourse:les petits retraités confiants croyaient avoir placé leurs économies sur des plans à taux fixe garanti, alors qu' en réalité ils jouaient en bourse comme n' importe quel spéculateur ( mais sans le savoir et sans avoir été correctement informé).

La valeur de l' action dépendait des bilans et des bénéfices dégagés par la banque.Dès que tout le monde a su que la banque avait un  trou de 24 milliards d' euros, l' action s' est effondrée et n' a plus rien valu.Il s' agissait donc bien d' une escroquerie.

OUI VOUS M AVEZ BIEN LU ET JE LE RÉÉCRIS: une Banque ( troisième banque d' Espagne) qui présentait des bilans théoriquement bénéficiaires avait en réalité  un déficit de 24 milliards d' euros ( j' ai écrit milliards et pas millions !!!).

Notez au passage, que toutes ces émissions de preferentes se sont effectuées au nez et à la barbe des contrôleurs de la banque d'Espagne, dont on se demande bien ce qu' ils contrôlaient vu l' énormité de la fraude. Aujourd' hui on sait que certains inspecteurs avaient tiré la sonnette d' alarme et que leurs rapports ont été ignorés, enterrés par leurs supérieurs hiérarchiques...

Donc une telle escroquerie n' a pu se faire qu' en tissant un réseau dense de complicités, et il se trouve que hier, celui qui chapeautait tout le système s' est donné la mort, alors qu' il avait tellement de choses importantes à raconter pour le bien de la société, pour que de telles infamies ne se reproduisent plus jamais, pour que les citoyens comprennent vraiment comment fonctionnent certaines malversations bancaires.

Quel dommage !

L' affaire Blesa c' est aussi le procès de tout une mythologie dangereuse de l' argent facile qui a été propagée par les milieux libéraux dans les années 2000.

Il est très probable que Miguel Blesa quand il était au faîte de sa gloire, et qu' il connaissait déjà l' importance du gouffre financier qu' il avait créé,pensait qu' il retomberait sur ses pattes, que l' évolution du marché en perpétuelle croissance permettrait de masquer la situation réelle de son groupe.Il pensait s' en tirer par une éternelle fuite en avant.La crise financière internationale des subprimes en 2007  a tout fait voler en éclats. La bulle immobilière espagnole a explosé, et tout le monde est retombé sur terre et s' est rendu compte que nous avions été gouvernés par des irresponsables dilapidant des sommes folles et des richesses qui n' avaient jamais été créées.

Il ne restait plus qu' à faire appel en 2012 à un plan de sauvetage de la Banque centrale européenne et à faire payer aux contribuables les frais d' une mauvaise gestion délirante et d' une corruption systémique.Sur les 120 milliards que demandera l' Espagne à la BCE, 24 ont été destinés à renflouer BANKIA.

 

 

 

 

Suicide du banquier le plus detesté  d' Espagne...

PS: Rodrigo Rato, ex-directeur du FMI, qui fut le successeur de Blesa, et qui organisa l' entrée en bourse de BANKIA en présentant lui-aussi des faux bilans, est pour l' instant en liberté , et risque 4 ans et demi de prison pour son implication dans l' affaire des cartes black....mais moi, ça me fait sourire tristement.En effet, les cartes black c' est une centaine de millions d' euros déviés illégalement...C' est des cacahuètes à côté de l' énormité de la fraude commise en maquillant les comptes de BANKIA pour son entrée en bourse. Pas la peine d' être un grand expert en économie pour comprendre que 100 millions c' est pas grand-chose à côté de 24 milliards...On n' est plus du tout dans la même catégorie de malversation !

 

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17 avril 2016 7 17 /04 /avril /2016 07:03

Bonjour les amis c' est une histoire édifiante dont je vais vous parler aujourd' hui.

Celle d' un banquier qui a laissé un trou de plus 2 milliards 700 millons d' euros à sa banque BANESTO et à d' autres filiales, tout en continuant de mener un train de vie de seigneur.

Mario CONDE: ascension, chute et rechute d' un banquier véreux...

Si un cinéaste osait faire un film de sa vie, ses producteurs lui diraient que c' est trop gros, que ça paraîtra invraisemblable et que personne n' y croira...

Pour me suivre lisez d' abord le résumé ci-dessous et écoutez le bref reportage vidéo

Mario Condé fut le symbole de l' argent facile et arrogant de l' Espagne des années 90...une époque où celui qui n' avait pas sa rolex avant 25 ans était moins qu' une m....

Alors, me direz-vous, en quoi cette affaire est-elle si invraisemblable ?

Et bien, il faut commencer par les premiers procès de Mario Conde ( oui,il faut parler de procès au pluriel).Ce qui était frappant à l' époque dans les années 90 c'était son incroyable toupet et son arrogance.Il y a eu un moment SURREALISTE lors de son procès filmé à la télévision.

Le juge lui demande à qui sont destinés les fonds d' une énorme transaction vers un paradis fiscal, et Mario Conde lui répond , avec un large sourire sarcastique qu' il ne le sait pas...Il se moque au nez et à la barbe du juge en direct et devant les caméras...Ce sourire moqueur lui vaudra une sentence maximale prononcée par le juge ( 20 ans de prison ferme, je crois, même s' il en fera moins de la moité grâce au système de remise de peines).Conde ira en prison sans que l' Etat ne sache où il a caché l' argent volé à sa banque.

Quand il sortira de prison, il continuera d' être le 2 ème plus grand " mauvais payeur " du pays puisqu' il devra rien qu' au fisc plus de 10 millions d' euros sans compter l' argent volé à sa propre banque, ce qui ne l' empêchera pas de vivre en Espagne tranquillement ( et pas caché au fin fond de la jungle amazonienne), avec un grand train de vie, et qu' il se lancera même dans la politique puisqu' il briguera ( sans succès) le poste de Président de la Région de Galice.

Son passé pour le moins sulfureux ne l' empêchera pas de trouver des appuis politiques.Il tentera de faire croire qu' il a été victime d' une machination, d' un complot politique alors qu' il a eu deux sentences fermes prononcées contre lui par la justice espagnole.

Il publiera des livres donnant toutes sortes de bons conseils économiques.

On le verra aussi sur les plateaux de télé de la chaîne INTERECONOMIA venir donner des bons conseils de moralité aux citoyens.Le voila transformé en professeur d' éthique ! Le comble !

Nous savons aujourd' hui que durant ces 10 dernières années Mario Condé a rapatrié une partie de son argent ( 14 millions d' euros) en Espagne grâce à un système complexe de sociétés déclarées dans 6 ou 7 pays différents et dont les administrateurs étaient sa fille, son fils, son avocat et d' autres prête-noms de son entourage.

C' est suite à une enquête serrée que le juge a ordonné sa détention cette semaine ainsi que celle de son avocat.Les autres membres de la famille sont mis en examen.

On ne peut que rester confondu devant tant de cupidité car, même si Mario Condé s' en est très bien tiré jusque là, maintenant il retourne en prison, et ses proches pourraient bien le suivre.

N' y a t' il donc aucune limite à la cupidité humaine ? Quelle fortune, aussi grande soit-elle mérite t' elle d' aller faire un séjour en prison ?

Et puis, il y a une autre question sous-jacente bien plus importante.Que se serait-il passé si la justice n' était pas intervenue,ou si Mario Conde avait accédé à des responsabilités politiques ? Ce genre d' individu très intelligent et maléfique aurait pu, à lui tout seul créer un préjudice énorme à l' Etat espagnol.Quand je dis énorme, je veux dire plus énorme que le mal qu' il a déjà fait.Je rappelle qu' il a laissé une ardoise de 1 milliard 200 millions d' euros payée par les contribuables espagnols.

Je terminerai ce papier par une citation du président du tribunal suprême et du conseil général du pouvoir judiciaire espagnol , Carlos Lesmes.

" Las leyes están pensadas para los robagallinas y no para los grandes defraudadores"

Ce qui veut dire que " les lois sont pensées pour les voleurs de poules et pas pour les grands fraudeurs"...On ne saurait mieux dire ! En effet, les tenants des grandes fortunes savent utiliser les libertés et les garanties offertes aux citoyens à leur profit et pour commettre les plus grands délits.

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