Bonjour les amis,
Après avoir vu LA LA LAND que j' ai beaucoup aimé, c' est très logiquement que j' ai voulu voir aussi MOONLIGHT qui lui a raflé l' oscar du meilleur film.
http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2017/02/la-la-land.html
Vous connaissez tous la mini polémique politiquement incorrecte qui sous-entendrait que l' attribution de l' Oscar par l' académie était une forme de compenser le palmarès de l' année antérieure jugé " trop blanc" au goût de certains.
Alors ? MOONLIGHT méritait-il davantage le prix que LA LA LAND ?
La question mérite d' être posée, et le moins qu' on puisse dire c' est qu' il est difficile de trancher de manière immédiate entre deux films qui appartiennent à des catégories si différentes.Drame social cruel d' un côté, comédie musicale de l' autre.
Alors, parlons un peu de MOONLIGHT qui est une comédie dramatique qui montre les difficultés de Chiron, un jeune afro-américain vivant dans un quartier marginal, dont la mère est droguée et qui est davantage attiré par les garçons que par les filles.
Les film se présente en trois tableaux successifs qui correspondent à 3 âges de Chiron ( enfance, adolescence et âge adulte) interprétés par 3 acteurs différents ( bons interprètes tous les trois mais le dernier est le plus impressionnant).
Le film nous raconte avec sensibilité les déboires du jeune Chiron, et la vraie difficulté d' être noir dans un quartier populaire d' une part, et de surplus, d' être marginalisé dans sa propre communauté ( disons qu' il y a un gros sous- problème dans le problème...comme dirait un prof de maths).
Toute cette problématique douloureuse et cruelle est bien relatée dans le film mais n' est pas exempte de nombreux clichés:
- l' enfant silencieux, taciturne presque muet ( impossible de faire plus court en dialogues)
- la peinture sociale du milieu des dealers: le portrait est très juste,réaliste, authentique,sans en rajouter...mais moi je me suis dit que bon nombre d' afro américains doivent aussi saturer de cette image stéréotypée qu' on projette d' eux.
- le mentor dealer charismatique qui montre à Chiron le chemin de la vérité et de la liberté
- la mère droguée incapable d' assurer une éducation normale à son fils
- les camarades de classe qui harcèlent Chiron de manière très violente, etc...
Le film n' est pas exempt de longueurs bien inutiles non plus.
Je suis désolé mais tout ce que raconte MOONLIGHT est finalement assez rebattu, et la seule originalité du récit proviendra de l' homosexualité du héros qui ne peut exprimer ses émotions intimes dans le monde hyper machiste des habitants des quartiers populaires de Miami.
Le réalisateur nous sert un dernier chapitre qui récompense le spectateur patient.La métamorphose du héros est troublante.Là, on se prend une claque !
On sent la tension émotionnelle et sexuelle que Chiron porte en lui de manière puissante et contenue.Il en émane un véritable magnétisme.Le personnage métamorphosé qu' il est devenu nous trouble vraiment...Un Chiron inquiétant, étonnament honnête, qui ne se la joue pas et qui n' a pas peur de montrer ( malgré sa présence physique imposante) son côté le plus fragile et vulnérable.Les dernières scènes sont psychologiquement intenses...Elles m' ont fait penser aux westerns-spaghetti de Sergio Leone et à ces scènes interminables où tout se passe dans les yeux.La caméra de Jenkins n' arrête pas de faire des allers et venues entre le regard de Chiron et celui de son copain pendant à peu près 20 minutes.
Je n' en dirai pas plus...Le scénario pourrait se résumer en 4 lignes...Et franchement, même si je suis d' accord pour dire que MOONLIGHT possède d' indéniables qualités, je dois ajouter que je me suis pas mal ennuyé quand même... que pendant les 2 premiers chapitres j' ai pas eu grand chose à me mettre sous la dent.Je n' ai pas succombé au charme de la scène initiatique du mentor apprenant Chiron à nager, par exemple...
Alors, de là à donner à MOONLIGHT l' Oscar du meilleur film, il y a un pas que je n' aurais jamais franchi.
MOONLIGHT aurait t' il bénéficié d' une discrimination positive inconsciente de la part du jury ? Le doute est plus que permis....
Finalement l' erreur historique de Warren Beatty annonçant l' attribution du prix à LA LA LAND n' est peut-être pas si une si grosse erreur que ça !
Rendez-vous dans 20 ans pour faire les comptes et savoir qui se souviendra de MOONLIGHT et qui se souviendra de LA LA LAND.Je prends les paris...