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18 août 2024 7 18 /08 /août /2024 09:02

Bonjour les amis,

Je viens de terminer la lecture du premier roman du cinéaste belge Lucas Belvaux, un roman intitulé LES TOURMENTÉS et qui porte bien son titre. On n'est pas volé sur la marchandise... 

LES TOURMENTÉS de Lucas Belvaux...un premier opus tout simplement magistral !

L'histoire démarre avec les retrouvailles qui ne doivent rien au hasard entre deux frères d'armes, des mercenaires. Max, l'homme de terrain placide, a l'âme d'un chef, il s'est rangé des tranchées et travaille désormais comme homme à tout faire auprès de Madame, une riche héritière. Il décide de proposer un marché à Skender, son vieux copain mais surtout un électron libre, soldat hors normes, qui ne réussit pas à se réintégrer dans une vie normale et qui erre sans domicile fixe.

Pour en savoir plus sur ce roman je vous invite à lire sur le lien suivant de la fiche Babelio un excellent commentaire d'une internaute qui signe sous le nom de KIRZY.

KIRZY y décrit très bien le style précis et acéré de Belvaux et les qualités littéraires de son roman qui commence avec des phrases très courtes mais qui s'allongent dans les chapitres ultérieurs.

Je préciserai simplement que le pacte entre les 3 personnages (qui s'expriment tous dans ce livre successivement et de manière constamment alternée A LA PREMIÈRE PERSONNE) m'est apparu tellement immoral et répugnant que j'ai bien failli stopper net la lecture du roman dès de début.

Mais j'ai continué (et bien m'en a pris) car il y a la qualité d'écriture de Lucas Belvaux qui prend le lecteur dans ses filets de manière dense et qui nous offre une plongée vertigineuse dans les affres de ces trois âmes damnées. LES TOURMENTÉS n'est pas un polar au sens habituel car c'est l'évolution psychologique des 3 protagonistes qui est au coeur du roman. Belvaux qui a une grande connaissance de l'âme humaine nous livre certains passages sublimes qui sont dans la lignée de ce qu'a écrit le grand Joseph Conrad. Ses héros sont parfois comme l'égal des Dieux. Ils fixent eux-mêmes des codes et des morales qui leurs appartiennent. Ce sont eux qui, au delà des conventions sociales, redéterminent les règles du jeu.

LES TOURMENTÉS c'est une histoire d'hommes, c'est aussi l'histoire d'une femme, 3 histoires qui s'entrechoquent et dans lesquelles il est question de vérité, de morale, d'humanité et de rédemption.

Tout simplement magistral !

Portrait de l'auteur

Portrait de l'auteur

PS: J'ai dévoré le livre un peu trop rapidement car je désirais connaître la fin. Or, c'est une erreur car chaque personnage évolue et apporte son ressenti d'une manière qui captive le lecteur. Par ailleurs les membres de la famille de Skender s'expriment aussi à la première personne, de manière vraiment touchante, dans ce récit qui est complètement maîtrisé.

PS nº 2: Rosemar m'a envoyé dans son commentaire un lien de Mediapart dans lequel il y a un extrait du livre de Belvaux qui parle des traces indélébiles que provoque la guerre, un extrait qui vous permettra de juger de son style.

 

 

PS nº 3 : Hors-sujet.

Je viens d'apprendre à l'instant le décès d' Alain Delon. Qu'il repose en paix !

Voici ce qu'écrit Maurice Ullrich dans l'HUMANITÉ.

Il n’était pas un saint et n’a jamais prétendu l’être. Difficile quand on a un peu la beauté du diable et même si Visconti, en 1960, en fait dans Rocco et ses frères une sorte d’archange se sacrifiant pour son frère perdu, Simone. Quelques mois plus tôt, c’est le personnage de Tom Ripley dans Plein Soleil qui le révèle. Manipulateur, cynique et assassin, quand bien même on entrevoit en lui comme la fêlure des humiliations subies à n’être qu’un domestique de luxe dans le film, un enfant rejeté dans la vie, peut-être. C’est déjà la marque d’Alain Delon, décédé dimanche 18 août à l’âge de 88 ans. On le retrouvera dans plus de quatre-vingt-dix films, sans compter les téléfilms et les apparitions au théâtre. Le regard bleu parfois glacial, le visage fermé, le sourire inquiétant, le corps qui occupe l’espace, un peu comme un félin. La tendresse, ce n’était pas trop son truc, même quand il dit à Claudia Cardinale dans Le Guépard qu’il veut qu’elle soit sa femme et non pas une maîtresse.

 

Simplement ajouter que j'imagine parfaitement Alain Delon quand il avait une trentaine d'années dans le rôle de Skender, le héros du roman de Lucas Delvaux...Les personnages de grands tourmentés ça lui allait plutôt bien...

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28 juin 2023 3 28 /06 /juin /2023 06:58

Bonjour les amis,

Tout comme vous je suis avec stupéfaction les suites et conséquences  de la rébellion de Prigojine.

Première constatation: la Russie offre une image pitoyable, consternante...Le pouvoir installé par Poutine, ce monstre, se dévore de l'intérieur, contre toute attente, mais dans une parfaite logique.

Pour la première fois depuis le début du conflit ukrainien le Kremlin ne peut accuser l'occident d'être la cause de tous ses maux. Celui qui a trahi est l'enfant gâté du régime qui a engrangé des milliards de roubles. Poutine le reconnaît publiquement et sape par la même occasion sa crédibilité, étant donné que ses déclarations contredisent toutes ses dénégations antérieures. Incroyable...littéralement incroyable...

On a pu se rendre compte que les Wagner (à peu près 8000 hommes) étaient capables de défier le régime et on a assisté à des scènes surréalistes de pelleteuses coupant les routes d'accès à Moscou pour stopper les rebelles. Des moyens de défense pathétiques qui ressemblent à ceux d'un petit pays du tiers-monde.

On a vu Loukashenko dire qu'il a négocié la survie de Prigojine avec Poutine dans des termes qui font penser au film de la mafia LES AFFRANCHIS de Martin Scorcese.

Selon les propres déclarations du président biélorusse il lui aurait dit: " On peut le buter mais ne le faites pas..."

 

On comprend Loukashenko qui sauve la peau du chef des Wagner qui l'avait aidé à truquer ses dernières élections...un prêté, pour un rendu...entre mafieux...

Le pacte destiné à offrir une porte de sortie aux Wagner paraît complètement délirant. La Biélorussie est prête à accueillir 8000 soudards et Loukashenko y voit une opportunité pour son pays. On croit rêver, enfin, un rêve qui est plutôt de l'ordre du cauchemar...comme si le peuple biélorusse avait besoin de ça...Ils ont accepté les armes atomiques de Poutine, et maintenant ils accueillent des mercenaires rebelles incontrôlables. 

Un monde de dingues, de véritables dingos...y'a pas d'autre mot !

Dans cet univers de dingos on apprend que le ministre de la défense Shoïgu possède lui-aussi une milice privée, un autre groupe de mercenaires...

Voila ce qu'a créé le système poutinien. Un monstre, un hydre à plusieurs têtes...avec chacune de ces têtes qui pourrait, à n'importe quel moment, prendre des initiatives désastreuses. Dieu seul sait ce que l'avenir nous réserve. Tous les experts sont devenus extrêmement perplexes et prudents. Quant aux spécialistes de l'ex-URSS, leur expérience leur est devenue complètement inutile. Tout est devenu hors-norme dans cet univers sans foi ni loi où tout ne tient qu'à la crédibilité du grand chef.

Revenons à Prigojine.

Que doivent penser maintenant les chefs des pays africains qui ont pacté avec les Wagner? Ils se retrouvent complètement en porte-à-faux. Le plan proposé par Loukashenko crée autant de problèmes qu'il en résout.

Que doit penser Xi Jinping de son allié Poutine dont le pouvoir semble bien vacillant?...défié par un taré sanguinaire?

Et puis il me manque une pièce dans ce puzzle.

Tout semble indiquer que Prigojine possède des moyens de chantage, qu'il est à même de faire des révélations et qu'il a préparé toute une série de documents prêts à être divulgués si, par malheur, un missile téléguidé lui éclatait dans la tronche...

Si Poutine avait été fidèle à lui-même la crise des Wagner aurait été résolue à sa manière...violente et expéditive...Or, Poutine temporise, gagne du temps...c'est un aveu de grande faiblesse.

A suivre donc...tout est possible...en pure logique mafieuse la vie de Prigojine ne vaut plus un kopeck.

En attendant Prigojine a réussi à faire passer un discours dans la population russe, un discours qui contredit complètement les motifs invoqués par le Kremlin pour envahir l'Ukraine.

Prigojine a ouvert la voie à ce que d'autres candidats osent s'opposer au discours grotesque officiel auquel plus personne ne croit. Prigojine n'a rien résolu mais il a ouvert la voie vers le langage de la vérité, un langage brutal, obscène et vulgaire mais auquel les russes croient davantage que les justifications hypocrites officielles qui tentent de sauver les apparences.

PS: dans cet univers absurde et dictatorial qu'est devenu la Russie le citoyen lambda apprend qu'il peut aller 20 ans en prison pour brandir une pancarte mais que le pouvoir peut amnistier des mercenaires armés marchant sur Moscou...quand je vous parlais d'un monde de dingos, le mot est faible...

Dans tout ce tumulte il est frappant de voir à quel point le peuple est le grand protagoniste absent, inexistant...le régime de terreur est efficace. Les citoyens assistent de manière muette et passive, comme si ils étaient pris en otage, à des règlements de compte entre chefs de clans.

PS nº 2: On a appris que les services américains étaient au courant de l'initiative de Prigojine, et que les services secrets français aussi....donc les russes étaient forcément au courant, et malgré tout, ils ont été complètement incapables d'étouffer dans l'oeuf le défi militaire de Prigojine. Ça en dit long sur l'état de délitement du pouvoir russe qui ressemble à un grand colosse aux pieds d'argile, un colosse en trompe-l'oeil. L'invasion de l'Ukraine est la plus grande catastrophe que Poutine ait jamais organisée. Il y a fait étalage de toutes ses faiblesses. Ça a commencé par les faiblesses de son armée et maintenant ça continue avec la faiblesse de son pouvoir clanique et kagébiste qui ne tient plus qu'à quelques fils.

Démonstration est faite que la Russie est devenu un pays qui "ne tourne pas rond" où il peut se produire du "grand n'importe quoi", ce qui est inquiétant si on songe que c'est la 2 ème puissance nucléaire au monde.

Plus que jamais règne cette sensation que l'Ukraine sera le tombeau de Poutine et du poutinisme.

Tiempo al tiempo, disent les espagnols.

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