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8 février 2023 3 08 /02 /février /2023 10:46

Bonjour les amis,

TÁR c'est le grand film du moment dont tout le monde parle, un film couvert de prix dont Martin Scorcese a dit: " On ne sait pas où va le film. Nous suivons simplement le personnage sur sa route étrange et bouleversante vers sa destination finale encore plus étrange..."

Contrairement à mes habitudes je ne vous ferai pas le résumé du synopsis de ce film très long car il serait nécessairement réducteur.

Je pense que moins le spectateur en en sait sur la trame et mieux ça vaudra pour lui.

Je me limiterai donc à faire un certain nombre d'observations de caractère général pour vous inciter à aller voir ce film.

Plusieurs thèmes sont abordés dans cette oeuvre. On y parle de musique bien sûr, d'une manière parfois sophistiquée, mais que les non-initiés pourront appréhender. On y parle de pouvoir, de l'exercice du pouvoir dans le monde de la musique, et de la solitude de ceux qui, comme les maestros, se trouvent tout en haut de la pyramide.

Le personnage interprété avec beaucoup de charisme par Cate Blanchett nous magnétise. Elle va se confronter, alors qu'elle est au sommet de sa gloire et qu'elle s'apprête à vivre un couronnement artistique, à une série de faits qui vont désagréger peu à peu sa forteresse mentale.

Le réalisateur Todd Field nous offre un portrait complexe et ambigu dans lequel le spectateur, tout en étant subjugué par l'autorité naturelle de Lydia TÁR, commence à avoir des doutes sur certains de ses choix autoritaires. Sont-ils toujours guidés par des impératifs artistiques, ou alors Lydia, malgré son caractère fort et sans concessions,  se laisse-t-elle guider parfois par certaines faiblesses sentimentales? 

Lydia est hantée par le suicide de l'une de ses ex-élèves avec qui elle avait entretenue une liaison amoureuse.

Est-elle complètement étrangère à ce suicide? Cette question va revenir de manière récurrente tout au long de ce film très sombre parfois.

Lydia, pourchassée par ses démons, entend des voix, des cris, des musiques. Elle fait des cauchemars qui apportent au film une forte touche d'onirisme. L'oeuvre de Todd Field nous offre de magnifiques métaphores visuelles, avec des images distendues, anamorphosées...

TÁR est aussi un film de notre temps dans lequel la cancel culture américaine va jouer un rôle important.

Lydia y sera confrontée de manière cruelle et parfois particulièrement insidieuse.

La fin, dont je ne parlerai pas, donne tout son sens au long parcours halluciné dont nous avons été témoins.

Pourtant le film se referme dans une étrange ambiance de mystère autour du personnage de Lydia. Elle continue de hanter le spectateur qui sort de la séance avec ses interrogations.

C'est l'une des forces de ce grand film. Lydia est un personnage shakespearien qui ne peut être enfermé dans ce que nous avons vu. Il continue de nous interpeller.

TÁR est une oeuvre symphonique ambitieuse qui nous parle d' Art, de pouvoir, d'amour et de liberté.

 

TÁR...un film symphonique qui nous parle d'Art, de pouvoir, d'amour et de liberté
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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 07:21

Bonjour les amis,

Je viens de terminer le livre de Vanessa Springora intitulé LE CONSENTEMENT, et la première chose qui frappe l'esprit c'est qu'il ait fallu attendre 40 ans pour que ce livre nécessaire soit édité.

Springora y raconte comment elle a été victime de G.M. écrivain et prédateur sexuel qui bénéficiait de la complaisance du Tout Paris et du monde des Arts et des Lettres. Un prédateur qui se payait des voyages à Manille pour se taper des mineurs et qui se vantait ensuite de ses exploits lors de ses passages sur les plateaux télé de la capitale. Un prédateur qui avait fait l'apologie de la pédophilie dans son essai "Les moins de 16 ans".

LE CONSENTEMENT...ou quand un écrivain pédophile notoire est enfin publiquement dénoncé

Le CONSENTEMENT c'est l'histoire d'un piège qui se referme sur une jeune victime. Le livre de Springora nous explique très bien la dissymétrie profondément immorale qui existe entre une ado de 14 ans et un pédophile de 50 qui se fait passer pour un séducteur, c'est à dire à peu près la même dissymétrie qu'il peut y avoir entre le Loup et l'Agneau.

L'ado est à cet âge en pleine découverte de soi, de ses premiers émois et sentiments amoureux, de sa sensualité sous l'influence des signaux très forts que lui envoie son corps. L'ado ne peut envisager une relation avec une autre personne que sur la base d'un état amoureux très sincère alors que le pédophile lui n'est attiré que par la chair fraîche. Et pour s'en approprier, il embobinera sa victime dans un discours amoureux aussi faux que pervers. Bien évidemment l'ado n'a pas les moyens à cet âge-là de détecter l'imposture criminelle dont elle va être victime...

Le livre explique bien la stratégie particulièrement perverse, odieuse et préméditée avec laquelle G.M. amènera Vanessa dans son lit. Il la harcèlera de lettres, puis lui proposera un premier rendez-vous innocent en tout bien tout honneur : le piège tendu fonctionnera à la perfection. C'est tout simplement à vomir....et c'est d' autant plus à vomir qu'on a tous en tête le passage de G.M. à Apostrophes où il se vantait du "consentement" de ses victimes, où si c'est de justesse s'il ne se faisait pas passer pour un bienfaiteur de l'humanité. 

Bernard Pivot d'ailleurs vient de faire lui-aussi son mea culpa, et reconnaît ne pas avoir eu les mots adéquats durant son émission. Seule la canadienne Denise Bombardier avait réagi de manière indignée sur le plateau d'Apostrophes et avait fermement recadré G. M. en lui rappelant que dans son pays il serait en prison pour abus sexuels commis sur des enfants.

Le livre de Vanessa Springora permet de prendre conscience des séquelles et des conséquences définitives  du crime qui a été commis, comment Vanessa a été dépossédée de sa jeunesse, comment cette relation va perturber sa vie de femme et le rapport qu'elle aura ensuite avec les autres hommes de sa vie.

Enfin le livre nous parle aussi de l'incroyable complaisance coupable de l'entourage, à commencer par celle de la maman qui vivait séparée du père au moment des faits (...encore une fois les prédateurs savent bien profiter des pères absents...). Une maman qui, bluffée par G.M. auréolé de son image de "grand écrivain", n'a pas voulu voir l'ignoble piège dans lequel était tombée sa fille.

Mais on apprendra aussi que G.M. échappera à la brigade des mineurs qui n'enquêtera jamais sérieusement sur son cas, malgré des dénonciations anonymes. C'est tout simplement effarant.

Aujourd'hui les faits sont prescrits, et le livre de Springora est sa seule manière de dénoncer publiquement la véritable nature monstrueuse de G.M....C'en  est fini de sa postérité. Il restera dans notre mémoire pour ce qu'il a été : un affreux sagouin au sourire lubrique et concupiscent qui voulait se faire passer pour un esthète raffiné.

Le CONSENTEMENT c'est aussi une manière définitive de tordre le cou à tous ceux qui disent qu'il faut séparer l'homme de son Art. Aucun artiste n' est au dessus des lois...Aucun Art ne justifie le moindre crime, le moindre abus sexuel.

 

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