litterature

Publié le 23 Septembre 2025

Bonjour les amis,

Une fois n'est pas coutume je vais vous parler d'un livre que je n'ai pas encore lu et ce, pour une raison bien simple, puisqu'il sera en vente le premier octobre prochain.

 

"Vipère au poing" ou la belle imposture !

Voici la présentation de l'éditeur:

Tout le monde a lu Vipère au Poing, premier roman d’Hervé Bazin. Chacun se souvient du récit poignant de son enfance martyre sous la férule de sa mère, la méchante Folcoche (« folle » et « cochonne »). Depuis 1948, le livre est conseillé par les enseignants, lu par des générations de collégiens : il s’est vendu à plus de cinq millions d’exemplaires, a été adapté deux fois au cinéma et vendu dans le monde entier. Roman d’apprentissage, cri de douleur d’un adolescent mal aimé, il a trouvé sa place dans notre patrimoine littéraire et dans notre imaginaire collectif. On lit Vipère au poing pour aller vers l’âge adulte. Et c’est ainsi qu’il a permis à son auteur, Hervé Bazin, de briller sur le monde des lettres jusqu’à devenir le président de l’académie Goncourt.
Voici pour la légende. Car tout est faux. Tout. Intriguée par cette mère haïe de tous et comme un contre-modèle à l’adolescence en crise, Emilie Lanez a enquêté : exhumant les archives policières et les correspondances familiales, retrouvant des témoins de l’époque, elle nous livre une autre histoire, un contre-récit vertigineux qui est l’histoire d’un féminicide littéraire.
Avant d’être un écrivain célèbre, l’auteur de Vipère au Poing fut un adolescent puis un jeune adulte menteur, qui fugue, vole sans discontinuer, escroque, menace... Poursuivi par la police, condamné par les tribunaux, privé de ses droits, il est interné en psychiatrie plusieurs fois et condamné à des années de prison. Sa famille, notables de province, panique. Surtout sa mère, Paule Hervé-Bazin. Avec maladresse, et rudesse, elle tente tout pour sauver son fils. Qui va la condamner au silence en faisant d’elle un monstre de papier : Folcoche.
À travers l’exploration des archives, Emilie Lanez révèle une famille dévastée par la littérature et comme figée pour l’éternité. Avec ses secrets, ses mensonges, son talent, ses hivers à la centrale de Clairvaux, puis sa gloire éclatante, Hervé Bazin est un personnage de roman fascinant – qui lui est enfin offert ici.
Une enquête hors du commun.

Je vous laisse le temps de vous remettre de cette présentation et, histoire d'enfoncer le clou, voici également l'article de l'Express consacré à cette enquête d'Emilie Lanez.

Alors, bien évidemment, je tombe un peu des nues, tout comme vous je suppose.

Hervé Bazin avait réussi à créer un archétype féminin très fort qui fait maintenant partie de la littérature universelle. On a tous en tête Folcoche, mère acariâtre s'il en est, au caractère implacable, une mère qui glace le sang !

On se souvient de l'interprétation magistrale d'Alice Sapritch à qui le rôle allait comme un gant dans une dramatique TV.

Tout cela n'était que fiction et on ne lira plus jamais VIPERE AU POING de la même manière maintenant.

A partir de maintenant, quand on lira ce roman, on pensera à l'épigraphe de L'ECUME DES JOURS de Boris Vian: " Cette histoire est vraie puisque je l'ai complètement imaginée..."

Mais au moins justice est faite à la mémoire de la mère d'Hervé Bazin et ce n'est pas rien. Bravo Emilie Lanez !

Quand j'ai appris la nouvelle  sur cette imposture ma première pensée est allée à Bernard Pivot, lui qui aimait tant interviewer Bazin et qui est décédé sans rien savoir de l'énorme supercherie. Cette enquête d'Emilie Lanez lui aurait littéralement troué le c^l ...! Excusez ma trivialité mais les révélations de Lanez sont vraiment déconcertantes et justifient mon petit écart de langage.

Et puis ce qui est assez incroyable c'est que la vraie histoire d'Hervé Bazin est finalement aussi fascinante que son faux récit autobiographique et révèle un profil psychiatrique complexe et assez romanesque.

A suivre donc...Je reviendrai peut-être sur ce livre après l'avoir lu moi-même.

 

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Littérature, #Enquête, #Emilie Lanez, #Hervé Bazin, #Vipère au poing, #imposture

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Publié le 1 Août 2025

Bonjour les amis,

Le quotidien espagnol catalan LA VANGUARDIA vient de consacrer un article  sur le thème de la sieste à travers les âges (de Sénèque à Garcia Marquez en passant par Calderon de la Barca) et à travers les géographies (de l'Europe au Japon en passant par les îles Samoa).

Je vous  mets en lien ci-dessous cet article qui met en évidence le fait que de très nombreux écrivains, penseurs et poètes ont fait l'éloge de cette pratique bienfaisante.

Si vous ne comprenez pas l'espagnol votre traducteur Google vous permettra de capter l'essentiel de l'article.

L'article rappelle à juste titre qu'à partir du début de l'industrialisation au XVIII ème siècle la sieste était plutôt mal vue, surtout dans le monde anglo-saxon. Celle-ci était associée à la fainéantise et au manque de productivité, avec de claires connotations racistes étant donné qu'elle se pratiquait surtout dans les pays du Sud.

Aujourd'hui notre regard a changé : nul ne doute des bienfaits de la sieste, et les japonais également s'y adonnent, même dans les lieux publics (inemuri).

LA SIESTE (1891)...Van Gogh

LA SIESTE (1891)...Van Gogh

J'ai peu à ajouter à cet excellent article de la VANGUARDIA. Simplement rappeller aussi que tout a ses limites, et la sieste aussi.

 Par exemple, le général Gamelin (chef des forces armées françaises), alerté par l'imminence d'une attaque allemande en Juin 1940 ne prenait pas ces signes précurseurs extrêmement inquiétants avec sufisamment de gravité, s'empressait de ne rien faire et préférait aller piquer une bonne sieste, sans doute en espérant qu'il ne fallait pas tout dramatiser et que tout allait peut-être s'arranger.

On connaît la suite et la débâcle qui s'en est suivie...

Ou alors peut-être que Gamelin espérait, à la manière d'un héros shakespearien, qu'en faisant la sieste les Dieux de la guerre lui enverraient des signaux clairs dans ses songes sur l'attitude qu'il fallait adopter face à la menace germanique ?

A sa décharge il faut préciser qu'il souffrait d'une syphilis très avancée et qu'il n'avait peut-être plus toute sa tête ni toute sa capacité de jugement.

Ce triste épisode du général Gamelin est narré dans le film documentaire CES MALADES QUI NOUS GOUVERNENT de 14 à 22 minutes sur la vidéo ci-dessous.

Pour finir sur une note d'humour il est à remarquer qu'il existe tout un festival de clichés et de stéréotypes autour de la sieste et de ceux qui la pratiquent.

Par exemple dans les BD de Lucky Luke il y a un personnage qui apparaît de manière récurrente, un mexicain qui s'asseoit à la porte du saloon et qui s'endort instantanément en baissant son grand sombrero sur le nez. Pas sûr qu'aujourd'hui les mexicains apprécient cette image d'Epinal.

ici, dans ce cas, c'est carrément tout le village mexicain qui fait la sieste...

ici, dans ce cas, c'est carrément tout le village mexicain qui fait la sieste...

Dans l'excellent album ASTERIX EN CORSE les romains ne sont pas très fair-play et pour triompher de la résistance des farouches et fiers insulaires ils les attaquent de manière lâche et particulièrement perfide pendant l'heure de la sieste. Respectaient vraiment rien, ces romains !...😂

L'art de la sieste à travers les âges...

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Publié le 6 Juin 2025

Bonjour les amis,

Je suis en train de lire en ce moment l'excellent livre de Gérard Araud intitulé ISRAEL: le piège de l'histoire.

Voici la présentation de l'éditeur.

« N’y aurait-il qu’une chance sur cent de réussir qu’il faudrait essayer. Comment organiser la coexistence pacifique de sept millions de Juifs et de huit millions de Palestiniens ? Les uns et les autres y sont chez eux. Il faut regarder vers l’avenir dans une région accablée d’histoire et laisser parler la raison sur une terre où on invoque trop facilement Dieu. »
Les violences atroces perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 sur la population israélienne et leurs terribles conséquences sur le peuple palestinien ont ravivé les passions d’un conflit que l’on croyait dissous dans l’indifférence.
Sur le mode du récit, Gérard Araud revient sur ses souvenirs, ses rencontres marquantes lors de son premier poste à Tel-Aviv, puis comme ambassadeur. Il raconte ce pays complexe qu’il a vu en vingt ans changer du tout au tout et décrypte le conflit israélo-palestinien : sa radicalisation, ses rendez-vous manqués avec la paix, la violence de la colonisation en Cisjordanie… En diplomate, il dresse quelques pistes pour l’avenir et démontre que pour réussir, il faudra commencer par oublier l’Histoire. Une Histoire si contradictoire qu’elle n’est qu’un piège pour s’y égarer.

 

Israël-Palestine et les pièges de l'histoire...

C'est un livre en tous points remarquable, dans lequel l'auteur se tient à équidistance des protagonistes avec de la hauteur de vue. Un livre qui permet de comprendre les points de non-rencontre entre 2 visions politiques parfaitement opposées. il nous éclaire également sur les difficultés auxquelles ont été confrontées les partisans de la paix dans chacun des deux camps: ceux-ci jouaient littéralement leur peau à cause d'oppositions internes tenaces et dangereuses, et ont finalement échoué.

Dans un des chapitres Gérard Araud revient sur le notion de "droit historique" qu'il récuse.

Extrait:

" Lorsque les Russes se sont emparés de la Crimée en 2014, ils n’ont pas manqué de le justifier par leurs prétendus « droits historiques », argument repris pieusement par leurs partisans en Occident. J’avais alors remarqué au Conseil de sécurité des Nations unies, où je représentais la France, que la Crimée n’était russe que depuis 1783, et je m’étais demandé pourquoi s’arrêter à cette date si ce n’est pour servir d’argument dans un but précis : l’annexion de la région en 2014. Quelques années plus tôt que 1783, c’était la Turquie qui aurait pu revendiquer une souveraineté sur la région, reconnue d’ailleurs solennellement à l’époque par la Russie en 1774. La même question peut se poser à travers toute l’Europe. Quels sont les « droits historiques » sur l’Alsace, sur la Silésie, etc. ? À quelle date se placer pour les déterminer ? Poser la question, c’est souligner l’absurdité de la notion même de « droits historiques »."

Là, l'ex-ambassadeur met le doigt sur l'instrumentalisation de l'histoire à des fins fascisantes. Mais si en plus on commence à mêler des "faux droits" historiques à des éléments religieux on ne fait que compliquer encore plus l'équation qui devient sans solution.

Faire entrer le religieux dans le politique est le plus sûr moyen de garantir la guerre.

Deuxième extrait:

"Une Bible qu’on présente parfois en Israël comme une sorte d’acte notarié par lequel Dieu aurait cédé ad vitam æternam la terre d’Israël aux héritiers d’Abraham. Fuyons vite ce piège, en remarquant en passant que l’existence dudit prophète supposé avoir vécu autour de 2000 av. J.-C. est pour le moins problématique, d’autant que la Bible elle-même n’a été rédigée qu’à partir du VIII e siècle av. J.-C., plus de mille ans plus tard ! Ce débat serait de toute façon inutile puisqu’il porterait sur des croyances religieuses qui échappent par essence à toute démonstration rationnelle. Contentons-nous de rappeler que le droit international et la religion n’ont rien en commun et laissons la seconde dans sa sphère, ce qui est un combat permanent au Moyen-Orient."

Donc, la seule certitude qu'on acquiert c'est que pour pacifier la région, comme nous le souhaitons tous,  il faut fuir  de cette notion captieuse de "droits historiques", et fuir encore plus des textes religieux que ce soit la Bible, la Torah ou le Coran.

Le regard d'Araud est très réaliste et lucide. Il ne veut pas être complètement pessimiste quant à l'avenir de la région et son essai a le mérite de bien nous éclairer sur les puissants obstacles qui entravent le chemin de la paix.

NB: le bouquin d'Araud qui a occupé le poste d'ambassadeur m'a permis aussi de bien mieux comprendre les relations historiques compliquées et toujours méfiantes entre la France et Israël. Il raconte, par ailleurs, certaine anecdotes qui sont assez croustillantes à ce sujet.

Vous pourrez entendre Gerard Araud parler de son livre sur ce lien-ci.

J'ajouterai aussi l'excellente critique du livre de Gérard Araud par Achillevi que vous pourrez lire ci-dessous sur le lien de la fiche Babelio.

 

Je terminerai enfin en vous disant que je suis tellement emballé par l'auteur, et par la qualité de sa plume, que je vais lire ses autres bouquins, notamment son NOUS ETIONS SEULS qui parle de la diplomatie de l'entre-deux guerres.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #littérature, #Histoire, #israël, #Palestine, #conflit, #Hamas, #Netanyahou, #religion, #Bible

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Publié le 4 Juin 2025

Bonjour les amis,

Gainsbourg fut incontestablement un grand compositeur mais c'était aussi un grand plagieur. Il ne vivait pas à l'époque d'internet et il n'hésitait pas à signer de son propre nom des compositions qui n'étaient pas de lui.

C'est pas beau ça !

Par exemple Guy Béart a raconté que, revenu des USA, il avait offert un disque américain à Gainsbourg. Six mois plus tard il trouvait à Paris dans les bacs des disquaires "Gainsbourg Percussions"...Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver les mêmes morceaux du disque qu'il avait offert (car il n’y en a pas qu’un) tous exclusivement signés Serge Gainsbourg !

Petite démonstration ci-dessous.

Voici l'original. C'est sans appel ! Pas la peine d'être expert en musicologie africaine pour se rendre compte que le plagiat est patent, avéré, flagrant !

https://www.youtube.com/watch?v=4izxrHTC2rQ&list=OLAK5uy_kKurW8z7yyaS6Nj-lBnADe4tMZiD1mBfo

Plus tard Gainsbourg continuera de s'inspirer d'autres compositeurs mais cette fois-ci en assumant complètement des emprunts qu'il était de toutes manières impossible de cacher.

C'est le cas de BABE ALONE IN BABYLONE inspiré par le 3 ème mouvement de la symphonie en FA majeur de Brahms. 

Commençons par l'écoute de l'original bouleversant et très romantique de Brahms.

https://www.youtube.com/watch?v=-JXvjejaVEc

Et Gainsbourg a eu l'excellente idée de réutiliser ce 3 ème mouvement dans une chanson dont l'ambiance est à mille lieux du romantisme allemand du XIX ème. Cette fois-ci il nous plonge dans le Los Angeles des années 50 où toutes les petites starlettes espèrent faire carrière, au risque de brûler leurs ailes.

Ecoutez donc.

https://www.youtube.com/watch?v=Qkb2uv4IZbQ

L'ambiance musicale est métallique, électrique, artificielle, froide, troublante, pleine d'échos, angoissante, tragique...

Le texte est d'une incroyable beauté.

Ce sont des projections visuelles électriques de ce qu'offrait cette nouvelle Babylone qu'était devenue Los Angeles.

Notre petite star qui cherchait la lumière n'y trouvera que des rêves déçus qui s'achèveront par la mort.

La voix de Birkin, si fragile, toujours au point de rupture, est bouleversante.

Le dernier vers de la chanson est terrible.

Le regard mort de la petite starlette qui s'est soit suicidée ou alors qui a été assassinée de manière abjecte et ignoble se porte une dernière fois sur une étoile, celle du shériff venu lever son cadavre.

Vous trouverez le texte intégral sur ce lien ci-dessous

PS: La petite starlette a essayé, sans succès, de suivre les traces de Marilyn Monroe mais elle termine de la même manière tragique qu'elle. Par ailleurs on peut aussi imaginer que Gainsbourg s'est inspiré de l'affaire de Betty Short surnommée LE DAHLIA NOIR dont James Ellroy a tiré un roman éponyme. Betty Short aussi voulait être actrice... 

PS nº 2 Gainsbourg ne pardonnera jamais à Béart d'avoir raconté l'anecdote que je mentionne dans mon article. Il le traitera de "blaireau" bien des années plus tard sur le plateau d'Apostrophes devant un Bernard Pivot un peu dépassé qui ne comprenait évidemment rien aux vraies raisons de l'attitude suffisante, méprisante, hautaine et abjecte de Gainsbourg.

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Publié le 19 Mai 2025

Cette seule note suspendue qui tient du miracle...

Bonjour les amis,

Hier, dimanche 18 mai, le Théâtre-Auditorium de Beniarbeig (sud-est de l'Espagne) a accueilli le concert final de la saison 2025 de l'Orchestre de la Marina Alta (OMA). Pour clôturer son cycle, le groupe a choisi l'une des œuvres les plus emblématiques du répertoire pour instruments à vent : la Sérénade en si bémol majeur, K. 361, populairement connue sous le nom de Gran Partita.

Considérée comme l'une des compositions les plus exquises et les plus ambitieuses de Wolfgang Amadeus Mozart, la Gran Partita se distingue par sa structure en sept mouvements et l'extension de l'ensemble harmonique typique à treize instruments. L'œuvre allie lyrisme, équilibre et émotion, et a transcendé la sphère strictement musicale en faisant partie de l'une des scènes les plus mémorables du cinéma : dans AMADEUS (1984), le personnage de Salieri devient particulièrement émouvant quand il décrit la beauté incomparable de cette pièce.

Cette scène la voici, à 30 secondes sur cette vidéo, quand Salieri parle de ce miracle produit par une seule note, une seule note maintenue par le hautbois, comme suspendue.

« Sur le papier ça n’avait l’air de rien. Le début était simple et presque comique. Une pulsation, bassons, cors de basset. Un bandonéon rouillé qui miaule. Et ensuite, soudain, haut perché... un hautbois. Une seule note flottant comme suspendue, jusqu’à ce que la clarinette vienne la reprendre, et l’adoucir en une phrase de pur délice. Ah ! Ce n’était certes pas un singe savant qui avait pu composer cela. C’était une musique exceptionnelle, empreinte d’une telle tension, d’un tel inépuisable désir... il me semblait entendre la voix de Dieu.»

https://www.youtube.com/watch?v=cVVWN7qSLkQ

Voici une belle version trouvée sur youtube de cet adagio (3 ème mouvement de la Gran Partita).

https://www.youtube.com/watch?v=NecLh4YOT9M

L'interprétation d'hier par l'ensemble à vent de la OMA, sous la direction artistique de Francesc Estévez, a été à la hauteur de mes espérances. Une interprétation très sensible, soignée, précise et délicate, à la hauteur du génie de Mozart.

Et cette note de l'adagio dont parle Salieri, effectivement elle tient du miracle, un miracle qui s'est reproduit pour moi hier soir, en direct.

PS: A noter un détail important. Hier soir, entre chaque mouvement de la Gran Partita, un locuteur a préalablement lu avec beaucoup de talent des extraits de la correspondance de Mozart avec son père, des extraits à la fois très touchants dans lesquels on sent que le grand compositeur était à la fois très enthousiaste mais aussi déçu par le manque de réponses de son père.

Finalement nous avons eu droit à un spectacle musico-littéraire !

Liens d'intérêt:

- sur l'oeuvre

https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9r%C3%A9nade_KV_361

- Vidéo de l'oeuvre intégrale avec ses 7 mouvements

https://www.youtube.com/watch?v=k0ig72-rj0s

- sur l'orchestre de la OMA

https://www.orquestramarinaalta.com/

 

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Publié le 5 Mai 2025

Bonjour les amis,

C'est un livre excellement bien écrit et très pertinent que nous propose Giovanni da Empoli qui est un observateur qui sait bien décrypter les temps que nous vivons.

 

L'heure des prédateurs ou quand Da Empoli dresse un constat effrayant de notre monde...

Voici la présentation de son éditeur.
"Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place."
Giuliano da Empoli nous livre le compte-rendu aussi haletant que glaçant de ses pérégrinations au pays de la puissance, de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS. Il nous guide de l’autre côté du miroir, là où le pouvoir s’acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l’affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l’IA s’avère incontrôlable… Aucun doute, l’heure des prédateurs a sonné. L’auteur du Mage du Kremlin les regarde en face, avec la lucidité d’un Machiavel et la hauteur de vue du moraliste.

La structure du livre surprend le lecteur car Da Empoli nous propose un voyage à la fois dans notre espace géographique actuel (l'ONU, Ryad, l'Europe, la Russie, la Chine. etc...) et aussi dans le temps (la conquête espagnole du royaume aztèque, l'art de la guerre vue par Léonard de Vinci, les luttes entre princes à l'époque des Borgias, etc...).

L’introduction de ce livre dissimule une citation de Sándor Márai qui mérite d’être lue dans son intégralité :

«Il se peut que la lumière qui éclaire notre univers s’éteigne et que nous soyons plongés dans une obscurité pareille à celle de cette nuit. Peut-être même quelque cataclysme,pire que la guerre, est-il déjà déclenché et, dans l’âme humaine, partout, les choses évoluent-elles de telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera parle feu et par l’épée. Il se peut que cette réponse soit réellement arrivée. » (Sándor Márai, Les Braises, trad. du hongrois par Georges et Marcelle Regnier, Paris, Albin Michel, 1995, p. 161.

Il est difficile de vivre le présent et d'en faire en même temps une lecture historique mais ce qui frappe Empoli (et nous aussi d'ailleurs) c'est l'incroyable retounement de situation qui voit l'alliance des autocrates autoritaires (Trump, Poutine, Xi Jinping, Erdogan, Orban,etc...) avec les géants de la Tech (Musk, Bezos, Zuckenberg, etc...), le tout aggravé par le pouvoir effrayant des IA.

Le constat d'Empoli est sans appel: l'heure des prédateurs a de nouveau sonné si tant est que nous ayons pu croire y échapper à un certain moment de notre histoire.

Le livre, très court de145 pages, est de grande qualité littéraire avec des descriptions à la fois très soignées et ciselées au scalpel. Par ailleurs l'auteur nous y livre aussi des anecdotes inconnues du grand public qui pour certaines d'entre elles sont assez savoureuses tandis que d'autres vous feront dresser les cheveux sur la tête. Rien que pour ça ce livre mérite le détour.

Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un des commentaires de l'auteur au sujet de Trump.

« Il n'y a pratiquement aucune relation entre l'intelligence intellectuelle et l'intelligence politique »....« Le monde est rempli de personnes très intelligentes, même parmi les spécialistes, les politologues et les experts, qui ne comprennent absolument rien à la politique, alors qu'un analphabète fonctionnel comme Trump peut atteindre une forme de génie dans sa capacité à résonner avec l'esprit du temps. »

Je suis tenté d'ajouter que Trump peut se permettre aujourd'hui de dire n'importe quelle sottise car il se trouvera toujours quelque expert brillant pour tenter de nous faire croire que le président américain a raison et qu'il voit plus loin que les autres.

Finalement, ce dont nous parle le livre d'Empoli c'est du danger de déshumanisation profonde de nos sociétés victimes de nouveaux prédateurs dont les méthodes brutales et violentes sont directement inspirées par les pires tyrans du passé.

C'est ça qui se joue durant notre XXI ème siècle, et pour pouvoir s'en prémunir il faut déjà commencer par bien observer ce qui se passe tous les jours sous nos yeux.

Plus qu'un livre de révélations L'HEURE DES PRÉDATEURS nous propose une mise en perspective spatio-temporelle globale dans laquelle l'auteur tend des ponts entre des éléments historiques auxquels le lecteur n'avait pas forcément pensé.

Vous trouverez sur le lien Babelio ci-dessous des critiques qui complètent ma brève présentation.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Littérature, #Empoli, #Géopolitique, #IA, #autocrate, #Maquiavel, #Pouvoir, #gafam, #Trump

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Publié le 4 Mai 2025

Bonjour les amis,

J'ai vu le film-documentaire de Shiori Ito, une journaliste japonaise qui a été victime d'un viol en 2015.

Voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Depuis 2015, Shiori Itō défie les archaïsmes de la société japonaise suite à son agression sexuelle par un homme puissant, proche du premier ministre. Seule contre tous et confrontée aux failles du système médiatico-judiciaire, la journaliste mène sa propre enquête, prête à tout pour briser le silence et faire éclater la vérité.

Le titre du film dont la traduction serait "Les carnets de la Boîte Noire" mérite une petite explication assez édifiante. Lorsque Ito s'est rendue à la police après l'agression, on lui a répondu que sa plainte était une « boîte noire » : l'affaire s'était déroulée à huis clos et était donc irrecevable. Apparemment les prédateurs ont pris bonne note de ce lamentable état de fait.

Ce film est un documentaire très particulier, très émouvant, assez poignant, dans lequel c'est la victime qui décide de prendre sa caméra au poing et de nous faire vivre sur plusieurs années sa bataille quotidienne pour sa dignité, pour que justice lui soit rendue, pour que triomphe la vérité et que cessent des pratiques coupables dont sont victimes certaines femmes japonaises.

Shioro témoigne et interpelle la société toute entière sur la manière avec laquelle elle a été traitée  ou plutôt maltraitée par la police et par la justice de son pays. 

On apprend dans son film qu'au Japon le non-consentement n'est pas un argument suffisant pour qualifier un abus de viol: la victime doit prouver qu'il y a eu menaces ou violences physiques.

Au Japon les études indiquent que seulement 4% des cas de viols sont dénoncés devant la police. 4%, autant dire que ces cas sont les exceptions qui confirment la règle du silence honteux qui entoure ces crimes.

En maintenant sa plainte contre son agresseur Ito joue gros car, quelque soit l'issue du procès sa vie professionnelle et sociale risque d'en être détruite ou, dans le meilleur des cas, complètement bouleversée. Pour beaucoup elle sera et restera avant tout "la violée" et pour d'autres elle sera "la pute"...

Je ne vais pas dévoiler les détails de l'enquête mais Shiori montre que de très graves irrégularités ont été commises de la part du chef de la police de Tokyo dont on peut supposer qu'il a cédé à des pressions "venues d'en haut".

Ce qui apparaît également dans le documentaire c'est le fort impact social qu'aura cette affaire. Le premier ministre sera interpellé au parlement sur le déroulement irrégulier de cette affaire et aussi sur le fait que la loi devrait évoluer (notamment sur la définition du viol).

 Il y a toujours une première fois et Shioro Ito sera historiquement le premier #MeeToo japonais.

Dans ce documentaire on voit comment la société nippone se déchire entre celles et ceux qui soutiennent Shioro Ito et qui pensent que l'heure est arrivée de de ne plus avoir peur de dénoncer publiquement les abus sexuels et celles et ceux qui pensent que Shiori Ito essaie de se faire de la publicité à bon compte en portant atteinte à l'image d'un personnage puissant proche du premier ministre.

On sent bien à la fin du documentaire que cette affaire va impacter profondément la société: tout ne sera plus jamais comme avant et, rien que pour ça, Shiori Ito mérite tout notre profond respect.

Son combat pour la vérité et pour la dignité des femmes touche profondément le spectateur. Je précise que ce documentaire n'est pas un brûlot caricatural contre tous les hommes en général car certains des intervenants et des témoins masculins la soutiennent aussi dans sa lutte pour la vérité.

L'intérêt du documentaire est aussi de nous faire mieux connaître le Japon qui est un mélange improbable de grande modernité technologique dans un monde fortement traditionnel, très pudique, dans lequel certaines questions sont difficilement abordables. C'est aussi justement cette grande pudeur des asiatiques qui protège les prédateurs.

Il faut savoir enfin que ce documentaire fait suite à un livre que Shiori Ito avait publié en 2019 et intitulé LA BOÎTE NOIRE. L'événement et les remous  provoqués par la sortie du livre sont relatés dans le documentaire. Voici un extrait du bouquin qui donne le ton. 

"Mais je ne me suis jamais sentie en danger lors de mes séjours et reportages dans ces régions reculées. C'est ici au Japon, le pays où je suis née, ce pays réputé pour être l'un des plus sûrs d'Asie, que j'ai connu l'insécurité. Et ce qui a suivi le viol a achevé de m'anéantir. Je n'ai trouvé de secours nulle part. Ni les hôpitaux, ni les lignes d'assistance téléphonique, ni la police ne m'ont apporté leur aide. J'ai découvert avec effarement un visage inconnu de la société où javais vécu jusque-là."

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Publié le 21 Novembre 2024

Bonjour les amis,

Je suis plongé dans la lecture d'un ouvrage absolument passionnant  intitulé LE SIÈCLE DU POPULISME, écrit par Pierre Rosanvallon professeur au collège de France.

Le siècle du populisme...

Il y a une très belle présentation de ce livre que je vous invite à lire sur le lien ci-dessous.

 

Le mérite de ce livre est de nous offrir d'abord une vision historique très complète qui va de la naissance du populisme (qui se décline de différentes manières sur les 5 continents) jusqu'à son essor au XXI ème siècle.

Il nous apprend à bien reconnaître le populisme à travers des indices clairs et bien précis qui ne trompent pas sur sa nature.

Tous les populismes se réclament du peuple. Mais bien évidemment la question qui se pose vite est la propre définition de ce peuple. Rosanvallon en explique bien tous les sens, le peuple pris comme corps civique constitué (celui de la déclaration de la constitution américaine: WE THE PEOPLE), ou peuple entendu comme entité ou catégorie sociale (celui qui prend d'assaut la Bastille).

Pierre Rosanvallon ne présente pas son ouvrage comme un brûlot anti-populiste mais nous invite à mieux  comprendre le phénomène populiste: de quoi il témoigne et de quels besoins non satisfaits il est l'expression.

Malgré tout, et bien qu'il s'en défende, son étude critique à la fin de l'ouvrage confirme  tout le mal que je pense personnellement des populismes, qu'ils soient de droite ou de gauche.

En fait son livre m'aide à mieux approfondir ma réflexion sur ce sujet, en l'élargissant et en me fournissant aussi plus d'arguments que ceux dont je disposais jusque maintenant.

Pour être précis le livre formule aussi des objections personnelles que j'avais parfois du mal à exprimer, notamment à l'époque de l'émergence du mouvement italien CINQUE ESTELLE ( 5 étoiles), un mouvement populiste qui me paraissait très dangereux avec ses idées de démocratie directe via internet (surtout quand on connaît mieux aujourd'hui les méfaits pervers des réseaux sociaux et des fake news).

En conclusion, c'est un livre riche, pas toujours facile à lire, un livre devenu NÉCESSAIRE aujourd'hui qui me permet de mieux penser le populisme de manière plus documentée et plus rigoureuse.

Le siècle du populisme...

PS: J'ai eu la bonne surprise de découvrir que ce livre est également traduit en espagnol. Donc j'en fais la promotion également dans tout mon entourage direct et sur les réseaux sociaux.

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Publié le 9 Novembre 2024

Bonjour les amis,

Suite aux inondations catastrophiques qui ont eu lieu dans le sud-est de l'Espagne j'aimerais partager avec vous un article de réflexion écrit par Felip Bens.

Cette catastrophe nous oblige à penser à notre essence, à qui nous sommes, nous les valenciens en tant que peuple, et à définir ce que nous voulons.

L'article de Felip Bens est rédigé en valencien et donc, j'adjoindrai une traduction française pour que vous puissiez en comprendre le contenu.

Voici d'abord l'article original.

Passons à la traduction maintenant.

Centralisme, corruption et inondations
Felipe Bens | 11/07/2024

Nous, les valenciens...

 

Les Valenciens sont-ils viables, en tant que peuple, sans les investissements qui garantissent notre sécurité?

Il y a des endroits qui ne sont pas propices à la vie, avec des conditions hostiles qui n'invitent pas à s'y installer, mais l'être humain, au prix du sacrifice des femmes et des hommes, finit par les apprivoiser. Pour quelle raison les Valenciens préhistoriques vivraient-ils, par exemple, dans le Barranc Moreno de Bicorp? Pourquoi se cacher au fond d’un ravin, à l’humidité terrible, en pleine nature sauvage? Pour l'eau, bien sûr. Là où il y a de l'eau, il y a des bonnes chasses. Et les anfractuosités caverneuses offraient un abri. Il y avait un risque, mais en le soupesant, il était supportable. C'est l'histoire de l'humanité et de sa relation avec l'environnement.

Et c'est le cas de Valence, de Sénia à Segura . Où vit la grande majorité des Valenciens ? Dans les vallées où coulent nos rivières, formant entre elles des centres urbains, avec les ravins et les ramblas qui de temps en temps noient tout. Pourquoi cet effort et ce risque ? Parce que peu de terres sont plus fertiles qu’un marais terrestre, qu’une terre périodiquement inondée. C'est exactement ce qu'est Valence. Il suffit de regarder la carte topographique ci-jointe : un paradis luxuriant, chanté par tous les poètes, construit sur d'anciens marais, marécages et plaines inondables.

Ce sont les Valenciens : un peuple qui, il y a plusieurs siècles, a décidé de vivre avec les inondations , par constance, abnégation et stupidité et, apparemment, contre toute logique naturelle. Et pourtant, « les plus chanceux sont ceux qui peuvent pleurer les inondations » concluait Miquel Bosch Julià dans "Memoires sur l'inondation du Júcar", en 1864 . Parce que quand l’eau s’en va, les récoltes reviennent et, avec elles, les richesses ; mais sans sol fertile, il n’y a rien. Ici et partout. Surtout dans le contexte d’une autre époque, où l’agriculture était essentielle à l’économie. Le grand écrivain Blasco Ibáñez l'expliquait déjà dans son roman " Boue et roseaux "(Cañas y barro, publié en 1902) : tout effort, même titanesque, en valait la peine en échange de gagner des terres agricoles dans l' Albufera et de ne plus vivre dans la misère. Juste ça.

De nombreux commentateurs dénoncent aujourd’hui l’excès d’urbanisation comme l’une des causes de la catastrophe. Il serait bien sûr souhaitable que nous ayons un développement urbain beaucoup plus raisonnable, depuis les années 70 et 80, mais quelle est la solution aujourd’hui ? Démanteler les villes où vivent un million de Valenciens et les zones industrielles où travaillent 300 000 personnes ? Il faut comprendre que le peuple valencien n’existerait pas s’il n’avait pas défié la nature depuis l’Antiquité. Et nous devons continuer à le faire. Il n'y a pas d'autre solution.

Nous sommes en 2024, l'Espagne fait partie des quinze ou vingt économies les plus puissantes de la planète et, selon les premières estimations, la DANA de 2024 générera des pertes matérielles de plus de 100 milliards d'euros. Et peu me semblent ces 100 milliards en vérité. On sait qu'il existe depuis 2006 une dizaine de projets de la Confédération hydrographique du Xúquer et de la région (Generalitat) destinés à agir sur la zone affectée et axés sur la minimisation du risque d'inondations. Ils n'ont pas été exécutés faute de « disponibilité budgétaire » . En Espagne, en Europe , en Occident , dans le premier monde . Ce qui était prévu depuis 2009, selon le ministère, visait justement à adapter et drainer tout le ravin de Xiva (du Poio ) et ses affluents. Cela aurait coûté 221 millions d'euros. 221 ! Que représente ce montant si on le compare au bénéfice évident qu'en aurait tiré l’ensemble du peuple valencien ?

Sans ingénierie, les Pays-Bas n’existeraient pas. Et les Valenciens ne peuvent exister en toute sécurité qu’avec une ingénierie et des investissements qui contribuent à apprivoiser notre habitat. Celui-là même qui en 1957 nous a permis de construire le Plan Sud qui a aujourd'hui sauvé la ville de Valence . Combien d’investissements de l’État ont été réalisés pour la sécurité de la population valencienne face au risque séculaire d’inondations, aggravé par le changement climatique, tout au long du XXIe siècle ? Toutes nos zones à risque, en particulier les bassins du Xúquer et du Túria , ont besoin d'infrastructures et d'investissements pour que rien de tel que cette inondation, la pire catastrophe naturelle de notre histoire, ne se reproduise . En fait, le fait que le gouvernement central n'ait pas eu de plan global depuis des décennies pour amortir cet impact sur les villes valenciennes est presque criminel et irresponsable. Qu’aucun gouvernement de la Région n’ait été en mesure de l’exiger également avec la fermeté nécessaire l'est également. En plus d'enquêter sur les responsabilités politiques et pénales de tout ce qui s'est passé, il est nécessaire de regarder vers l'avenir, et cela implique de se poser la grande question : quel est le prix pour la sécurité et l'avenir des Valenciens ? Quel investissement Madrid compte-t-il faire ?

L'élan de de solidarité qui nous est arrivé de tous les coins de l'Espagne et de par delà nos frontières est encourageant, passionnant, frappant, nous ne serons jamais assez reconnaissants, mais nous, les Valenciens, avons deux problèmes systémiques que nous devons résoudre de toute urgence. Le premier est courant en Espagne : la corruption généralisée dont nous souffrons, de la part des institutions, depuis des décennies et qui représente un puits économique stratosphérique où des millions et des millions d’investissements publics nécessaires s'évaporent. Le deuxième problème est l'Espagne elle-même et nous, les Valenciens, devons le résoudre nous-mêmes. Le sous-financement de tous les gouvernements, de droite ou de gauche, nous tue en tant que peuple. Littéralement avec ces 221 millions (qui n'ont jamais été investis dans les ramblas), l'eau ne se serait pas accumulée dans l' Horta Sud ni n'aurait inondé les propriétés et les villages le long du chemin, avec ces conséquences catastrophiques.

Mazón (président de la région) , en fin de compte, est négligent, irresponsable et c'est aussi un cadavre politique. Un incompétent complètement dépassé par cette situation. Le vrai problème en est un autre : continuons-nous à faire des propositions ? Est-ce qu'on dit BASTA et qu'on impose une fois pour toutes nos exigences légitimes? Devons-nous implorer les investissements dont nous avons besoin pour continuer d'exister ? Ou les exigeons-nous ? C'est entre nos mains.

Nous, les valenciens...

J'aimerais ajouter un bref commentaire à cet article que je trouve pertinent,  instructif, et qui envoit un message universel qui vaut pour toute la planète.

L'auteur répond à certains reproches simplistes un peu faciles, trop faciles, des reproches qui sont parfois absurdes, à la limite du non-sens, des reproches émis par certaines personnes (y compris certains écolos new age pour qui l'action de l'homme occidental blanc est systématiquement condamnée) qui ignorent ce qu'à été l'histoire de toute l'humanité et le sens même de son évolution.

Non, ce n'est pas par hasard que les hommes se sont établis dans ces zones à risques qui pouvaient par ailleurs leur permettre de sortir de la misère. Le problème est ailleurs et consiste à les sécuriser avec un minimum de responsabilité politique en définissant des priorités avec lesquelles on ne transige pas.

PS: Dans l'article l'auteur parle du plan qui a permis de dévier le fleuve TURIA de la ville de Valence en 1958. Plan efficace puisque le centre ville n'a pas été inondé. Voici une vidéo de 2 minutes qui retrace l'histoire de ces grands travaux...des grands travaux qui auraient dû être accompagnés d'autres aménagements pour protéger les municipalités situées au sud de la ville.

Cartographie des zones inondables autour de Valencia

Cartographie des zones inondables autour de Valencia

PS nº 2: L'auteur fait référence au roman de Blasco Ibañez BOUE ET ROSEAUX dont voici la fiche Babelio.

Je préfère le titre original qui sonne mieux: CAÑAS Y BARRO. Un titre qui est resté dans le vocabulaire courant, comme expression populaire, pour désigner cette partie de la région valencienne...On cite  la Valencia de "Cañas y barro".

 

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Publié le 25 Octobre 2024

Bonjour les amis,

Aujourd'hui j'ai envie de partager avec vous un article qui aborde la thématique du miroir dans la littérature.

Voici donc d'abord sur le lien ci-dessous cet article écrit en valencien qui est une langue qui appartient à la même famille que le Catalan et le Majorquin. J'ai accompagné l'article original d'une traduction en français au cas oú vous ne seriez pas familiarisé avec la langue d'Ausiàs March. 

https://lletraferit.com/literatura/mistica-de-lespill/

Traduction

Il n’y a qu’une seule chose dans la vie que nous ne pouvons contempler : nous-mêmes. Nous nous voyons sur des photographies, dans la partie convexe des cuillères, dans des boutons brillants et, surtout, dans des miroirs, mais cette personne ne sera jamais nous, mais un reflet, exactement inversé, la plupart du temps, par rapport à ce que nous sommes dans la réalité.

La relation entre les hommes et les miroirs remonte au Néolithique, lorsque les pierres d'obsidienne étaient polies. Elle a été perfectionnée en Méditerranée au XIVe siècle : les verriers de l'île vénitienne de Murano ont découvert comment combiner un mélange d'étain et de mercure pour produire une surface hautement réfléchissante. Le résultat fut le miroir, qui changea à jamais la façon dont nous nous percevons. A partir de ce moment, nous ne nous contentons plus de nous regarder, mais nous scrutons avec surprise le monde inaccessible qui se déroule sous nos yeux et qu'il nous est interdit de connaître.

Cette limitation n’a pas arrêté les écrivains qui ont imaginé ces mondes. Dans LE LIVRE DES ÊTRES IMAGINAIRES , Borges recueille une légende chinoise selon laquelle les personnes que nous voyons reflétées sont des esclaves forcés (par une magie qui s'affaiblira progressivement) de se répéter. Et il viendra un moment où ils nous envahiront pour se venger. La liste des miroirs dans l'œuvre de l'auteur argentin est interminable et fait presque toujours référence à un monde inquiétant qui nous attend. Les gérants de LA BIBLIOTHÈQUE DE BABEL en ont un dans chacune des salles : « Les hommes déduisent généralement de ce miroir que la Bibliothèque n'est pas infinie [...] Je préfère rêver que les surfaces brunies apparaissent et promettent l'infini ». Les miroirs de Borges promettent aussi le pire des malheurs, comme dans LE MIROIR D'ENCRE ( El espejo de tinta)  ou LES MIROIRS VOILÉS (Los espejos velados) .

Les superstitions sur les miroirs traversent tous les continents et toutes les civilisations. Des bébés qui ne devront pas se regarder dans le miroir jusqu'à l'âge d'un an pour éviter de devenir bègues, jusqu'aux aux personnes qui seront hantées par la malchance pendant sept ans si elles brisent un miroir. Je soupçonne que cette dernière croyance est née de la propre corporation de fabricants de miroirs (qui nous ont laissé le nom de famille Miralles ) afin que les apprentis manipulent avec soin des objets aussi coûteux. Les Grecs utilisaient la catoptromancie pour deviner l'avenir dans des miroirs, et plus près dans le temps, John Dee , l'occultiste d' Elizabeth I d'Angleterre , parlait aux esprits à travers un miroir aztèque : Le miroir fumant est précisément la traduction littérale de Tezcatlipoca , la principale divinité parmi les Toltèques et les Mexicas.

Jonathan Harker découvre la nature surnaturelle du comte Dracula à travers un miroir en pied. Là où le vampire n'aurait pas été reflété, c'est dans les deux miroirs magiques les plus connus de la littérature : celui de la belle-mère de Blanche-Neige et celui de Galadriel . Le premier donne le pouvoir de trouver la plus belle personne et le second, tel un Aleph de poche, de voir tout ce qui s'est passé, se passe et se passera.

Les plus intéressants, en tout cas, sont les mondains, car leur absence totale de mysticisme les rend plus dangereux. Ils sont le miroir que Richard II de Shakespeare demande pour vérifier les outrages du temps sur son visage, qui finit par tomber au sol, se brisant en mille morceaux, tout comme celui que Dorian Gray utilise pour contrôler sur son visage son vieillissement. Dr Jekyll a utilisé un miroir pour observer sa douloureuse transformation en M. Hyde et Tirant el Blanc y a recours pour déclarer son amour à Carmesina . Ainsi, la fascination pour notre propre reflet à travers un objet que Sylvia Plath disait être « l’œil d’un petit dieu à quatre coins » s’est accrue .

Je me permets d'ajouter un extrait du très beau texte de Sylvia Plath auquel l'auteur de l'article fait référence.

https://revuemiroir.fr/miroir-de-sylvia-plath/

Voici un autre article intéressant si le thème du miroir dans l'Art vous intéresse.

https://artifexinopere.com/blog/interpr/peintres/dali/le-miroir-panoptique/

Young Woman Before a Mirror (1887) de William Merritt Chase

Young Woman Before a Mirror (1887) de William Merritt Chase

PS: Et puis, pour terminer sur une petite note d'humour, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous ce modèle de miroir que j'affectionne particulièrement...un modèle qui est, pour moi, largement suffisant...🤣

Mystique du miroir...

PS nº 2  . A propos de tableaux dans lesquels apparaissent un miroir, voici LES ÉPOUX ARNOLFINI du peintre flamand Jan Van Eyck (1431) Londres. 

je ne crois pas en la réincarnation mais comment ne pas voir dans ce tableau un personnage maléfique actuel qui cause la mort, la destruction et la désolation en Ukraine...

Mystique du miroir...
Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant déjà existé serait...etc...etc...

Toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant déjà existé serait...etc...etc...

Détail du miroir très soigné par le peintre...

Détail du miroir très soigné par le peintre...

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