independance

Publié le 1 Novembre 2017

Bonjour les amis,

Après la déclaration d' indépendance unilatérale de vendredi dernier, suivi de la mise en application de l' article 155 de la constitution  qui destitue le président de la Généralité de Catalogne, nous avons vécu un épisode rocambolesque qui vient de transformer le drame catalan en vaudeville.

Lundi matin Puigdemont a envoyé un tweet avec une photo laissant croire qu' il se trouvait au palais de la généralité à Barcelone alors qu' il avait pris une voiture pour aller avec 5 membres de son gouvernement à Marseille où il a pris un vol direct pour Bruxelles.

Une fuite assez indigne et croquignolesque ...

Espagne: le jour où Puigdemont a transformé le drame catalan en vaudeville...

Vous pouvez imaginer l' embarras du gouvernement belge qui se serait bien passé cette visite (fuite) très inopportune.Bien évidemment Puigdemont a le droit de se promener dans l' espace Schengen à sa guise.Il n' a même pas besoin de demander asile.Il a droit à au moins 90 jours de résidence sans avoir à fournir la moindre justification tant qu' il n' est pas réclamé par la justice espagnole.

Hier les médias espagnols ont été extrêmement critiques avec celui qui a fait voter en secret une indépendance pour finalement s' évaporer dans la nature au lieu d affronter ses responsabilités en restant près de son peuple.

Tous les qualificatifs ont été employés "...irresponsable,pathétique, ridicule, lâche, poule mouillée,traître, etc..."

Pendant 24 heures tout le monde a spéculé sur les motifs qui ont poussé Puigdemont à fuire à Bruxelles, et hier, il a eclairci un certain nombre de points lors d' une condférence de presse donnée en 3 langues: catalan, français et anglais.

En voici un résumé avec des extraits de conférence de presse où vous pourrez l' entendre s' exprimer dans la langue de Molière

Que faut-il retenir de cette conférence de presse ?

En allant à Bruxelles, au coeur de l' Europe, Puigdemont tente d' internationaliser le conflit et de lancer un appel au secours aux dirigeants de l' UE.

 Puigdemont dit qu' il ne va pas demander l' asile politique ( mais en fait on sait que pour fuire il n' en a pas besoin pour l' instant).

Il accepte les élections convoquées par Rajoy le 21 Décembre prochain, ce qui est incompatible avec sa déclaration d' indépendance mais on n' est plus à une incohérence près: en effet je rappelle que ce sont des élections autonomiques régionales pour le parlement de Catalogne que Rajoy vient de convoquer.

Puigdemont relève le défi démocratique et demande à Rajoy d' accepter les résultats si l' indépendantisme sort majoritairement élu de ces urnes.Rappelons encore une fois que ces élections du 21 Décembre ne sont pas un référendum d' autodétermination ( mais il est clair qu' une victoire du front indépendantiste serait catastrophique).

Il prétend être physiquement en danger en Espagne ( et cela fait franchement sourire quand on connaît la garde prétorienne qui l' entoure).Dimanche dernier il déjeunait tranquillement avec ses amis dans un restaurant de Girona, la ville dont il est le maire.Il s' est même permis le luxe de prendre un petit bain de foule auprès de ses administrés.

Il dit qu' il retournera en Espagne quand il aura des garanties suffisantes pour sa sécurité et sa liberté: une fois encore, cela fait sourire car depuis hier matin le procureur espagnol l' accuse de rébellion, sédition et malversation de fonds publics.Il est d' ailleurs convoqué au tribunal de l' audience nationale demain matin.

Puigdemont affirme enfin que l' Espagne n' est pas un Etat de droit car, selon lui, la séparation des pouvoirs entre l' exécutif et la justice n' y est pas garantie.Bien évidemment aucune démocratie n' est parfaite mais toutes les affaires de corruption traitées par les tribunaux espagnols et qui mouillent le pouvoir en place démontrent que la justice fait son travail de manière assez indépendante.

Ajoutons que durant son séjour à Bruxelles Puigdemont s' est mis en contact avec le parti indépendantiste flamand de Theo Francken où il a des appuis déclarés, c' est à dire, pour ceux qui ne connaissent pas la politique belge, que Puigdemont a trouvé de forts soutiens au sein même de l' extrême-droite européenne ..." Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es..."...Je dis ça pour les mélenchonnistes toujours assez complaisants avec les indépendantistes.

La question qui se pose aujourd' hui 1er Novembre est de savoir si Puigdemont va répondre à la convocation de la juge espagnole Carmen Lamela demain matin.

Je n' en suis pas sûr...Peut-être que la petite mascarade du " grand libérateur en exil " va continuer, mais espérons qu' il n' en sera rien.

Pendant ce temps-là les Etats-majors des partis s' organisent pour savoir comment ils vont se présenter aux prochaines élections: en faisant liste unique ou en y allant séparément.Ils ont une semaine pour le faire et le temps urge.

Par ailleurs la question du substitut de Puigdemont ( qui a le droit de se présenter tant qu' il n' est pas formellement inculpé et condamné) va être cruciale.

En effet, Santi Vila qui faisait partie du gouvernement de Puigdemont  et qui avait démissionné juste avant la déclaration d' indépendance en raison de son désaccord avec son chef, se présente comme candidat successeur.S' il est investi c' est la ligne indépendantiste modérée qui défendrait les couleurs du parti de Puigdemont, le  PDeCAT.

Qu' entends-je par ligne modérée ? Disons que Santi Vila est partisan de poser la question de l' indépendance comme une question légitime mais en respectant le cadre démocratique espagnol.Ce serait un retour au bon sens...

 

 

Santi Vila

Santi Vila

Enfin il faut noter qu' il y a eu 2 sondages pour savoir au jour d' aujourd' hui si les indépendantistes perdraient ou pas ces élections et, finalement, rien n' est moins sûr.

Dans un des 2 sondages ils sont donnés perdants mais l' autre réalisé par le quotidien EL MUNDO indique que les indépendantistes auraient la minorité en voix d' électeurs mais une courte majorité en sièges...On le voit, les élections du 21 pourraient nous ramener à un scénario semblable à celui qui a provoqué la déclaration unilatérale d' indépendance, et ce, malgré l' incroyable et catastrophique dégradation du climat économique et social en Catalogne.

Rajoy a lancé un défi démocratique courageux mais il faut maintenant être très habile et le gagner.Je constate que la mise sous tutelle de la Catalogne se produit avec sagesse et prudence afin de ne pas humilier les catalans.Les hauts fonctionnaires qui substituent ceux qui ont été destitués sont généralement issus le la propre administration catalane. Rajoy n' a envoyé aucun superintendant de Madrid, ce qui aurait été très mal perçu.

Enfin, il faut reconnaître que l' action de la justice qui va traiter une trentaine d' inculpations pourrait perturber le scrutin, surtout quand on sait que les indépendantistes jouent A FOND la carte de la victimisation.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Espagne, #Catalogne, #Indépendance, #Politique, #Puigdemont

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Publié le 20 Septembre 2015

Bonjour les amis,

Pour ceux qui ont raté le dernier épisode catalan, voici un extrait de mon article " le premier qui dit la vérite".

"L' actuel président de la Catalogne Artur MAS n' a pu organiser un référendum sur le maintien de sa région au sein de l' Etat espagnol pour cause d' anticonstitutionnalité d' un tel scrutin.Il a donc décidé d' utiliser les institutions démocratiques de l' Etat en anticipant les élections régionales au 27 Septembre prochain avec pour seul et unique but d' engager un bras de fer avec le gouvernement central sur cette question de l' autonomie.

Tous les partis indépendantistes vont donc se présenter sur une liste unique JUNTS PEL SI ( ensemble pour le OUI) afin d' obliger l' Etat central à entamer des négociations sur ce thème.

Notons au passage que le président détourne la fonction de ces élections parlementaires afin de les transformer en plébiscite séparatiste.

Il faut savoir qu' en Catalogne la question identitaire brise la société en lignes indépendantes des clivages habituels droite/gauche.Il y a donc sur cette liste pour le OUI des partis de droite ( Convergencia d' artur MAS) mais aussi des partis de gauche comme ERC ( Esquerra Republicana de Catalunya).

En face, les partis qui ne sont pas d' accord se présenteront chacun pour soi sous leurs propres sigles."

Le 11 Septembre dernier jour de la fête nationale catalane, les indépendantistes ont fait une démonstration de force avec cette manifestation imposante.Regardez ces images éloquentes.

A une semaine des élections il semblerait que la liste des indépendantistes obtiendrait la majorité absolue des parlementaires si on fait la somme Junts pel SI+CUP( indépendantistes de gauche).

En gros avec 48% des voix la coalition pourrait avoir une majorité de sièges.Artur MAS a d' ores et déjà annoncé qu' en cas de majorité parlementaire il commencerait des négociations, probablement en vue de modifier la constitution espagnole et d' organiser un référendum.Si la coalition obtenait plus de 50% des voix ( ce qui parait peu probable) le 28 septembre certaines forces seraient sans doute tentées par une déclaration d' indépendance unilatérale.

Durant les derniers jours de la campagne, il y a eu de nombreuses déclarations qui ont créé de vives polémiques:

- Merkel et Cameron ont fait savoir que si la Catalogne se séparait de l' Espagne elle se trouverait de facto hors de l' UE et devrait faire une demande d' intégration ratifiée par tous les pays membres ( ce qui risque de prendre des années...).

En réponse les indépendantistes essaient de convaincre leur électorat qu' il n' existe aucun traité européen qui permette de les exclure de l' UE...

- Obama a déclaré lors de la réception du roi Felipe VI aux Etas-unis qu' il désirait que l' Espagne reste forte et unie.

- Les organisations patronales catalanes ont fait savoir qu' une indépendance créerait une incertitude qui nuirait gravement aux investissements et à l' activité économique.L' effet des élections se fait déjà sentir depuis plus d' un an car de nombreux investisseurs étrangers préfèrent déjà miser leurs billes ailleurs en attendant que la situation soit plus claire...

-Les banquiers ont annoncé qu en cas de sortie de l' UE ils iraient installer leurs sièges en dehors de la Catalogne.

-De nombreux économistes espagnols comme Jose Carlos Diez disent qu' en cas de sortie de l' UE la dette catalane, non couverte par la BCE et par l' Etat espagnol, serait dans une situation pire que la grecque...Que le pays serait de facto en situation de banqueroute.

Les indépendantistes crient au scandale, en dénonçant des manipulations orchestrées par les forces du capital pour provoquer une grande peur et manipuler le résultat de ces élections.

On peut craindre que tous ces arguments que personnellement j' accepte risquent de provoquer un effet boomerang et une réaction d' orgueil chez de nombreux catalans qui penseront:

" Plus vous me démontrez que l' option indépendantiste est impossible et plus j' en ai envie, ne serait-ce que par dignité".Effectivement la Catalogne avec ses 7 millions et demi d' habitants a la taille d' un Etat viable, là n' est pas la question.

Du coup, je sens venir la possibilité d' un succès de la liste de JUNTS PEL SI.

Je pense que 60% des catalans désirent au moins un changement de la constitution pour acquérir un nouveau statut au sein de l' Espagne.Les résultats du 27 vont être difficilement interprétables entre ceux qui veulent changer et ceux qui veulent carrément sortir.

Le 28 au matin , tout le monde annoncera qu' il a gagné alors qu' en réalité tout le monde aura perdu car la cohabitation entre catalans va être terriblement endommagée en deux camps de plus en plus irréconciliables.La clé d' une possible solution ne sera pas entre les mains des seuls socialistes qui auront besoin d' autres forces comme celles des partis issus des plate-formes citoyennes.

Bref c' est un vrai casse-tête chinois et je m' avancerai à vous annoncer qu' à partir du 28 on va entrer dans une période de fortes turbulences qui personnellement ne peut que m' attrister...

Finalement, on en revient à la question du référendum.La très grande majorité des catalans désire pouvoir décider par elle-même de son avenir.Par ailleurs il semblerait que une majorité de catalans désire rester au sein de l' Etat espagnol mais différemment.

Peut-être que la seule façon de stopper net la détérioration du climat politico-social serait d' organiser ce référendum et de le gagner tout comme Cameron l' a fait avec l' Ecosse...

Rajoy y est totalement opposé mais en Décembre il y aura les élections générales et tout indique qu' il perdra le pouvoir, donc l' option référendaire devient de plus en plus factible...

PS:je vous mets en lien l' article d' EL PAIS avec les estimations qui apparaissent sur un camembert...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Espagne, #Catalogne, #Indépendance, #referendum

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