histoire

Publié le 27 Octobre 2025

Bonjour les amis,

Hier après-midi des amis m'informèrent d'une polémique dont je ne savais rien et qui a eu lieu à Marseille au sujet de l'interdiction par le maire socialiste de la ville de projeter le film-documentaire SACRÉ COEUR.

De l'interdiction de projeter SACRÉ COEUR et de l'effet Barbra Streisand...

Deux petits clics rapides sur les touches de mon clavier et mon PC m'a vite exposé le rappel des faits que voici:

Le maire de Marseille, Benoît Payan, a interdit en octobre 2025 la projection du film Sacré Cœur dans un lieu public municipal, en invoquant la laïcité.
Le contexte : L'interdiction a eu lieu au château de La Buzine, une heure seulement avant la projection prévue, suscitant la colère des réalisateurs et de plusieurs élus de l'opposition.
La justification : La mairie a estimé que la diffusion de ce film, qui aborde l'histoire et le message du Cœur de Jésus, portait atteinte au principe de laïcité.
La réaction : Cette décision a déclenché une vague de critiques. Les réalisateurs du docu-fiction ont dénoncé une censure, et des personnalités politiques ont accusé le maire de pratiquer une "laïcité à géométrie variable".
L'issue : Après la saisie de la justice par les réalisateurs, la mairie a été sommée par une ordonnance judiciaire d'autoriser la projection, estimant que l'interdiction était illégale. Le film a finalement pu être projeté.

Alors cette affaire, je la trouve assez désastreuse car elle montre un manque de compréhension assez catastrophique du principe de la laicité qui n'a jamais consisté à censurer des oeuvres pour leur caractère religieux ou politique. Ce qui prévaut c'est la liberté d'expression, et c'est bien comme ça que l'a entendu la justice française. Ouf !

Il n'appartient pas aux maires des municipalités de décider de ce que je peux voir ou ne pas voir.

La censure malencontreuse aurait pu se justifier si la projection au château de la Buzine (propriété de la ville) avait eu lieu dans le cadre d'une activité municipale, ou clairement soutenue par la municipalité, mais ce n'est absolument pas le cas ici...d'où l'illegalité prononcée par les magistrats français.

Par ailleurs, il y a un profond paradoxe car l'histoire nous démontre que le fait de censurer une oeuvre provoque immédiatement l'envie de la voir.

On est comme ça..l'interdit nous attire immanquablement.

C'est l'effet Barbra Streisand. De quoi s’agit-il ?
En 2003, un conflit opposa Barbara Streisand à Kenneth Adelman, qui avait pris en photo la côte de Malibu afin, prétendait-il, d’étudier l’érosion du littoral. Le problème venait de ce que la somptueuse villa de la star hollywoodienne, située sur cette côte, était clairement visible sur le cliché. Arguant de la loi anti-paparazzi de Californie, elle décida d’attaquer l’indélicat en justice en espérant réduire la diffusion du cliché. Mal lui en prit car c’est tout l’inverse qui se produisit. L’affaire s’ébruitant peu à peu, la photographie fut reprise sur plusieurs sites et vue 420 000 fois dans le mois qui suivit. Cet incident est désormais considéré comme prototypique d’un phénomène de communication ressemblant à la parabole du pompier incendiaire et que l’on nomme donc l’effet Streisand. Il arrive que les efforts faits pour empêcher la diffusion d’une information ou d'une oeuvre y contribuent.

Donc le maire de Marseille, de par son interdiction, vient probablement de faire un coup de pub énorme pour le film SACRE COEUR.

D'ailleurs je fais partie des personnes qui iront le voir dès que ça me sera possible.

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Publié le 1 Août 2025

Bonjour les amis,

Le quotidien espagnol catalan LA VANGUARDIA vient de consacrer un article  sur le thème de la sieste à travers les âges (de Sénèque à Garcia Marquez en passant par Calderon de la Barca) et à travers les géographies (de l'Europe au Japon en passant par les îles Samoa).

Je vous  mets en lien ci-dessous cet article qui met en évidence le fait que de très nombreux écrivains, penseurs et poètes ont fait l'éloge de cette pratique bienfaisante.

Si vous ne comprenez pas l'espagnol votre traducteur Google vous permettra de capter l'essentiel de l'article.

L'article rappelle à juste titre qu'à partir du début de l'industrialisation au XVIII ème siècle la sieste était plutôt mal vue, surtout dans le monde anglo-saxon. Celle-ci était associée à la fainéantise et au manque de productivité, avec de claires connotations racistes étant donné qu'elle se pratiquait surtout dans les pays du Sud.

Aujourd'hui notre regard a changé : nul ne doute des bienfaits de la sieste, et les japonais également s'y adonnent, même dans les lieux publics (inemuri).

LA SIESTE (1891)...Van Gogh

LA SIESTE (1891)...Van Gogh

J'ai peu à ajouter à cet excellent article de la VANGUARDIA. Simplement rappeller aussi que tout a ses limites, et la sieste aussi.

 Par exemple, le général Gamelin (chef des forces armées françaises), alerté par l'imminence d'une attaque allemande en Juin 1940 ne prenait pas ces signes précurseurs extrêmement inquiétants avec sufisamment de gravité, s'empressait de ne rien faire et préférait aller piquer une bonne sieste, sans doute en espérant qu'il ne fallait pas tout dramatiser et que tout allait peut-être s'arranger.

On connaît la suite et la débâcle qui s'en est suivie...

Ou alors peut-être que Gamelin espérait, à la manière d'un héros shakespearien, qu'en faisant la sieste les Dieux de la guerre lui enverraient des signaux clairs dans ses songes sur l'attitude qu'il fallait adopter face à la menace germanique ?

A sa décharge il faut préciser qu'il souffrait d'une syphilis très avancée et qu'il n'avait peut-être plus toute sa tête ni toute sa capacité de jugement.

Ce triste épisode du général Gamelin est narré dans le film documentaire CES MALADES QUI NOUS GOUVERNENT de 14 à 22 minutes sur la vidéo ci-dessous.

Pour finir sur une note d'humour il est à remarquer qu'il existe tout un festival de clichés et de stéréotypes autour de la sieste et de ceux qui la pratiquent.

Par exemple dans les BD de Lucky Luke il y a un personnage qui apparaît de manière récurrente, un mexicain qui s'asseoit à la porte du saloon et qui s'endort instantanément en baissant son grand sombrero sur le nez. Pas sûr qu'aujourd'hui les mexicains apprécient cette image d'Epinal.

ici, dans ce cas, c'est carrément tout le village mexicain qui fait la sieste...

ici, dans ce cas, c'est carrément tout le village mexicain qui fait la sieste...

Dans l'excellent album ASTERIX EN CORSE les romains ne sont pas très fair-play et pour triompher de la résistance des farouches et fiers insulaires ils les attaquent de manière lâche et particulièrement perfide pendant l'heure de la sieste. Respectaient vraiment rien, ces romains !...😂

L'art de la sieste à travers les âges...

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Publié le 21 Juillet 2025

Bonjour les amis,

En ce moment ce sont les fêtes de Sant Jaume qui se célèbrent à Ondara (sud-est de l'Espagne) du 18 au 26 juillet.

Je vous avais déjà parlé de ces fêtes villageoises en 2016.

 

Cette année on retrouve bien l'énorme ferveur populaire habituelle, comme en témoigne sur cette vidéo le XUPINAZO, ce moment où les fêtes sont officiellement déclarées par les jeunes de 18 ans sur le balcon de la Mairie.

NB: Les intervenants ne parlent pas espagnol mais en valencien.

A 20 secondes sur la vidéo on entend la jeune fille qui crie dans le micro:

"Sí, sí,sí, Sant Jaume ja està ací" = "Oui, oui, oui, Sant Jaume est enfin là !..."

A 1 min 06 secondes on voit une des "quintos" (ces jeunes de 18 ans chargés d'une partie de l'organisation) brandir le portrait de Sant Jaume qui sera honoré durant ces fêtes.

Voici quelques photos de ce XUPINAZO sur le lien ci-dessous.

NB: Les membres de chaque penya sont reconnaissables car ils portent tous le même modèle de chemisette sur laquelle on peut lire le nom de leur penya.

Avant chaque lâcher de taureaux dans la ville les participants et les quintos chantent sous le portrait de Sant Jaume qui est accroché à un balcon, juste devant la sortie des bestiaux...

Les taureaux et les vachettes sont à l'honneur durant ces célébrations.

Voici quelques images spectaculaires d'un taureau qui saute la première barrière des arènes...quand ce genre d'incident se produit c'est toujours très chaud.

Mias les fêtes ce n'est pas que les activités taurines, comme en témoigne le programme que je vous mets en lien ci-dessous.

Tous les jours ça commence vers 11h 30 et ça se termine très tard dans la nuit...ou au petit matin pour les jeunes.

Pour ma part, et comme d'habitude, ce sont les bals et concerts rock qui m'attirent le plus.

Et puis il y a les garitos, ces locaux que chaque groupe d'amis (penyas) installent autour des arènes. C'est là qu'ils souperont en musique tous les soirs. Il y en a plus de 76...et ils sont littéralement l'âme de la fête.

Les fêtes de Sant Jaume sont destinées à tous les âges, du berceau jusqu'à 77 ans et plus...Chacun les vit à sa manière et selon ses goûts. Le village entier vibre au rythme de Sant Jaume durant 10 jours.

Lien d'intérêt.

Sant Jaume c'est le Roi Jacques Premier d'Aragon (1213-1276) qui a libéré, entre autres, le Royaume de Valencia et donc c'est le héros historique fondateur de ce royaume qui est maintenant devenu une région d'Espagne qui possède son histoire, sa culture et aussi sa propre langue.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Ier_(roi_d%27Aragon)

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Publié le 18 Juin 2025

Bonjour les amis,

J'ai déjà écrit un article aujourd'hui mais j'aimerais y ajouter un petit billet d'humeur.

Pour commencer je vous propose d'écouter une analyse de la crise israélo-iranienne actuelle par Pascal Boniface.

Je n'ajouterai que quelques commentaires.

Nous acceptons que l'Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël disposent de l'arme nucléaire et nous ne l'acceptons pas de l'Iran. Pourquoi ? Parce que Ali Khamenei a tout fait pour tenter de détruire Israël depuis des années (attentats, drones et missiles, hezbollah, etc...) et qu'il proclame sur tous les toits qu'il faut détruire l'Etat hébreu. L'attaque israélienne contre les sites nucléaires enfreint le droit international certes mais tout le monde comprend qu'elle a aussi un caractère préventif. Ceux qui ne risquent absolument rien et qui dorment bien au chaud condamnent cette action, mais ceux qui risquent leur peau ne voient pas les choses de la même manière, d'où le succès diplomatique de Netanyahou dont parle Boniface dans cette vidéo.

Le chancelier allemand Friedrich Merz lui au moins n'est pas faux-cul et dit qu'Israël " fait le sale boulot" pour nous tous. En fait, même les chefs d'Etats arabes de la région condamnent très hypocritement "pour la forme" Israël mais, au fond, se réjouissent de l'affaiblissement du pouvoir destructeur et déstabilisateur de l'Iran qui aujourd'hui fait partie de la liste des Etats-voyous...

Evidemment les exemples plutôt récents de la Lybie, de l'Afghanistan et de l'Irak sont là pour nous rappeller que l'interventionnisme extérieur peut se révéler in fine catastrophique et parfois pire que le MAL qu'on prétendait guérir.

Donc on pourrait disserter de longues heures sur l'opportunisme politique de Benjamin Netanyahou mais ce qui me frappe dans cette crise c'est le point de départ.

Tout provient du fait qu'en 2018 Trump a annulé les accords signés par Obama avec les iraniens, accords auxquels avaient participé également les français, les britanniques et aussi les russes.

C'est donc bien Trump, l'irresponsable et nullissime président des USA, qui a permis à l'Iran de relancer son programme nucléaire.

Donc la crise actuelle nous permet de mesurer à quel point l'incompétence de Trump (celui qui prétendait apporter la paix en 24 heures) est en réalité une grande source de danger pour le monde entier...C'est bien lui qui est à l'origine de tout ce grand b^rdel. Au lieu de calmer les uns et les autres il provoque des déchaînements de violence.

J'aurai probablement l'occasion de revenir sur la suite de la crise actuelle dont j'espère qu'elle restera contrôlée et qu'elle ne dégénèra pas, mais en attendant le monde entier retient son souffle...

PS: L'histoire est parfois cynique et cruelle. La crise actuelle nous permet de méditer sur le temps qui peut passer (7 ans dans le cas présent) entre le moment où un responsable politique commet une énorme bévue, et le moment où cette bévue provoquera une crise de grande ampleur. Trump est rattrapé par ses erreurs du passé qui lui passent facture aujourd'hui.

Par ailleurs, à chaque fois on assiste à la manière avec laquelle Trump perd le contrôle d'une situation. C'est Poutine qui est maître du jeu en Ukraine, et Netanyahou au Moyen-Orient...Et pour ce qui est de Taïwan Xi Jinping prend certainement bonne note de l'inefficacité du président américain.

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Publié le 6 Juin 2025

Bonjour les amis,

Je suis en train de lire en ce moment l'excellent livre de Gérard Araud intitulé ISRAEL: le piège de l'histoire.

Voici la présentation de l'éditeur.

« N’y aurait-il qu’une chance sur cent de réussir qu’il faudrait essayer. Comment organiser la coexistence pacifique de sept millions de Juifs et de huit millions de Palestiniens ? Les uns et les autres y sont chez eux. Il faut regarder vers l’avenir dans une région accablée d’histoire et laisser parler la raison sur une terre où on invoque trop facilement Dieu. »
Les violences atroces perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023 sur la population israélienne et leurs terribles conséquences sur le peuple palestinien ont ravivé les passions d’un conflit que l’on croyait dissous dans l’indifférence.
Sur le mode du récit, Gérard Araud revient sur ses souvenirs, ses rencontres marquantes lors de son premier poste à Tel-Aviv, puis comme ambassadeur. Il raconte ce pays complexe qu’il a vu en vingt ans changer du tout au tout et décrypte le conflit israélo-palestinien : sa radicalisation, ses rendez-vous manqués avec la paix, la violence de la colonisation en Cisjordanie… En diplomate, il dresse quelques pistes pour l’avenir et démontre que pour réussir, il faudra commencer par oublier l’Histoire. Une Histoire si contradictoire qu’elle n’est qu’un piège pour s’y égarer.

 

Israël-Palestine et les pièges de l'histoire...

C'est un livre en tous points remarquable, dans lequel l'auteur se tient à équidistance des protagonistes avec de la hauteur de vue. Un livre qui permet de comprendre les points de non-rencontre entre 2 visions politiques parfaitement opposées. il nous éclaire également sur les difficultés auxquelles ont été confrontées les partisans de la paix dans chacun des deux camps: ceux-ci jouaient littéralement leur peau à cause d'oppositions internes tenaces et dangereuses, et ont finalement échoué.

Dans un des chapitres Gérard Araud revient sur le notion de "droit historique" qu'il récuse.

Extrait:

" Lorsque les Russes se sont emparés de la Crimée en 2014, ils n’ont pas manqué de le justifier par leurs prétendus « droits historiques », argument repris pieusement par leurs partisans en Occident. J’avais alors remarqué au Conseil de sécurité des Nations unies, où je représentais la France, que la Crimée n’était russe que depuis 1783, et je m’étais demandé pourquoi s’arrêter à cette date si ce n’est pour servir d’argument dans un but précis : l’annexion de la région en 2014. Quelques années plus tôt que 1783, c’était la Turquie qui aurait pu revendiquer une souveraineté sur la région, reconnue d’ailleurs solennellement à l’époque par la Russie en 1774. La même question peut se poser à travers toute l’Europe. Quels sont les « droits historiques » sur l’Alsace, sur la Silésie, etc. ? À quelle date se placer pour les déterminer ? Poser la question, c’est souligner l’absurdité de la notion même de « droits historiques »."

Là, l'ex-ambassadeur met le doigt sur l'instrumentalisation de l'histoire à des fins fascisantes. Mais si en plus on commence à mêler des "faux droits" historiques à des éléments religieux on ne fait que compliquer encore plus l'équation qui devient sans solution.

Faire entrer le religieux dans le politique est le plus sûr moyen de garantir la guerre.

Deuxième extrait:

"Une Bible qu’on présente parfois en Israël comme une sorte d’acte notarié par lequel Dieu aurait cédé ad vitam æternam la terre d’Israël aux héritiers d’Abraham. Fuyons vite ce piège, en remarquant en passant que l’existence dudit prophète supposé avoir vécu autour de 2000 av. J.-C. est pour le moins problématique, d’autant que la Bible elle-même n’a été rédigée qu’à partir du VIII e siècle av. J.-C., plus de mille ans plus tard ! Ce débat serait de toute façon inutile puisqu’il porterait sur des croyances religieuses qui échappent par essence à toute démonstration rationnelle. Contentons-nous de rappeler que le droit international et la religion n’ont rien en commun et laissons la seconde dans sa sphère, ce qui est un combat permanent au Moyen-Orient."

Donc, la seule certitude qu'on acquiert c'est que pour pacifier la région, comme nous le souhaitons tous,  il faut fuir  de cette notion captieuse de "droits historiques", et fuir encore plus des textes religieux que ce soit la Bible, la Torah ou le Coran.

Le regard d'Araud est très réaliste et lucide. Il ne veut pas être complètement pessimiste quant à l'avenir de la région et son essai a le mérite de bien nous éclairer sur les puissants obstacles qui entravent le chemin de la paix.

NB: le bouquin d'Araud qui a occupé le poste d'ambassadeur m'a permis aussi de bien mieux comprendre les relations historiques compliquées et toujours méfiantes entre la France et Israël. Il raconte, par ailleurs, certaine anecdotes qui sont assez croustillantes à ce sujet.

Vous pourrez entendre Gerard Araud parler de son livre sur ce lien-ci.

J'ajouterai aussi l'excellente critique du livre de Gérard Araud par Achillevi que vous pourrez lire ci-dessous sur le lien de la fiche Babelio.

 

Je terminerai enfin en vous disant que je suis tellement emballé par l'auteur, et par la qualité de sa plume, que je vais lire ses autres bouquins, notamment son NOUS ETIONS SEULS qui parle de la diplomatie de l'entre-deux guerres.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #littérature, #Histoire, #israël, #Palestine, #conflit, #Hamas, #Netanyahou, #religion, #Bible

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Publié le 29 Mars 2025

 

Bonjour à tous, 

Mon ami Basile m'a envoyé la semaine dernière une très belle interprétation de OH, CE N'ÉTAIT PAS ENCORE LE SOIR, une chanson populaire russe que je ne connaissais pas. Il s'agit d'un vieux chant cosaque du XVII ème siècle dans lequel Stepan Razine, un célèbre seigneur de guerre, parle d'un mauvais rêve prémonitoire. Vous en saurez plus sur le contexte et sur l'histoire de cette chanson populaire grâce au lien ci-dessous dans lequel apparaissent également les paroles originales accompagnées d'une traduction en français.

 

Mais passons à l'écoute maintenant de ce très bel arrangement choral de l'ensemble BELOE ZLATO qui m'a été envoyé. L'interprétation polyphonique est de toute beauté, toute en délicatesse, avec des accords harmoniques entre les différentes  voix qui sont du meilleur effet et qui me me mettent littéralement la chair de poule. Bravo BELOE ZLATO !

https://www.youtube.com/watch?v=qz6ERK_MId0

Liens d'intérêts :

- adresse de la chaîne youtube de Beloe Zlato

https://www.youtube.com/@BeloeZlato

- adresse facebook du groupe

https://www.facebook.com/BeloeZlato/?locale=es_ES

 

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Publié le 21 Novembre 2024

Bonjour les amis,

Je suis plongé dans la lecture d'un ouvrage absolument passionnant  intitulé LE SIÈCLE DU POPULISME, écrit par Pierre Rosanvallon professeur au collège de France.

Le siècle du populisme...

Il y a une très belle présentation de ce livre que je vous invite à lire sur le lien ci-dessous.

 

Le mérite de ce livre est de nous offrir d'abord une vision historique très complète qui va de la naissance du populisme (qui se décline de différentes manières sur les 5 continents) jusqu'à son essor au XXI ème siècle.

Il nous apprend à bien reconnaître le populisme à travers des indices clairs et bien précis qui ne trompent pas sur sa nature.

Tous les populismes se réclament du peuple. Mais bien évidemment la question qui se pose vite est la propre définition de ce peuple. Rosanvallon en explique bien tous les sens, le peuple pris comme corps civique constitué (celui de la déclaration de la constitution américaine: WE THE PEOPLE), ou peuple entendu comme entité ou catégorie sociale (celui qui prend d'assaut la Bastille).

Pierre Rosanvallon ne présente pas son ouvrage comme un brûlot anti-populiste mais nous invite à mieux  comprendre le phénomène populiste: de quoi il témoigne et de quels besoins non satisfaits il est l'expression.

Malgré tout, et bien qu'il s'en défende, son étude critique à la fin de l'ouvrage confirme  tout le mal que je pense personnellement des populismes, qu'ils soient de droite ou de gauche.

En fait son livre m'aide à mieux approfondir ma réflexion sur ce sujet, en l'élargissant et en me fournissant aussi plus d'arguments que ceux dont je disposais jusque maintenant.

Pour être précis le livre formule aussi des objections personnelles que j'avais parfois du mal à exprimer, notamment à l'époque de l'émergence du mouvement italien CINQUE ESTELLE ( 5 étoiles), un mouvement populiste qui me paraissait très dangereux avec ses idées de démocratie directe via internet (surtout quand on connaît mieux aujourd'hui les méfaits pervers des réseaux sociaux et des fake news).

En conclusion, c'est un livre riche, pas toujours facile à lire, un livre devenu NÉCESSAIRE aujourd'hui qui me permet de mieux penser le populisme de manière plus documentée et plus rigoureuse.

Le siècle du populisme...

PS: J'ai eu la bonne surprise de découvrir que ce livre est également traduit en espagnol. Donc j'en fais la promotion également dans tout mon entourage direct et sur les réseaux sociaux.

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Publié le 9 Octobre 2024

Bonjour les amis,

Aujourd'hui 9 Octobre c'est en Espagne le jour de la communauté de Valencia dans laquelle je vis depuis plusieurs décennies.

Vous en saurez plus sur cette journée commémorative sur le lien ci-dessous.

Pour rendre hommage à une terre il n'y a rien de mieux qu'une chanson et je vous propose BALANSIYA qui est une sorte d'hymne récent, fruit de la collaboration de plusieurs artistes et groupes valenciens.

C'est une chanson qui revendique un patrimoine linguistique et culturel qui a souffert de répressions durant les années noires du franquisme, un patrimoine qui veut ressurgir aujourd'hui avec force et énergie. Par ailleurs, la langue valencienne doit continuer de se défendre aujourd'hui encore des attaques de certains partis de droite comme le PP (partido popular) ou de l'extrême-droite de VOX qui tentent de limiter sa présence à l'école ou dans les institutions et services publics.

https://www.youtube.com/watch?v=iCUACBxDJOg&t=4s

Voici les paroles originales en valencien qui est la langue co-officielle de ma région.

Una alqueria
estreles i flors
abraça l’aurora
un país de cançons
els joves dansen
la lluna ha mudat
no plores mare
que el cel està albat
ha mort la innocència
en l’han arrancat
ja no hem de mentir
per dir la veritat
la nostra alegria
no ens la dona el vi
és l’emoció pura
que ens batega al pit

La teua presència
és com una oració
pregue morir
si no visc no amb amor
tot l’univers està dins de tu
naveguen les barques
com rajos de llum
pels oceans
d’aigües sensorials
al centre de tot
on brolla qui soc
un camp magnètic
sense coordenades
melodies nues
de cançons sagrades

Palmes, postisses
guitarra i dolor
no et posem cara
però et sentim al cor
gemecs sense esquema
art de resistència
veus esguerrades
d’exili interior
negra és l’esperança
que es perd però se sent
verda és la mort
que no vol fer el dol
ara ho entenc i no puc callar
se m’eriça la pell
quan t’escolte cantar

Una sandinga,
una seguidilla
una malaguenya
una granaïna
la llavor germina
plora i s’extasia
quan s’obri en canal
la nostra ferida
redades, presons
expulsions i matances
no han pogut callar
l’emoció amb què cantes
et perseguiren
però tu et camuflares
prenyares per sempre
les nostres entranyes

A les nits de l’alqueria
hi ha llaüts i guitarrons
pintant les penes d’alegria
amb cançons de mil colors

Les cantarem tota la nit
no oblidarem
que ens van ferir
que la música és la sang
la festa i la tradició
del nostre País Valencià

A les nits de l’alqueria
a la lluna de Balansiya
Les nostres festes
seguirem cantant
amb la resiliència
que vam heretar
canviaren les lletres
per negar qui eren
i sobreviure
a les seues fogueres
memòria amputada
versos mutilats
queda un dolor íntim
que no hem oblidat
van cremar els llibres
però guardem al pit
la biblioteca
dels nostres sentits

No parle d’altres
parle de nosaltres
les arrels profundes
que ens van ocultar
negres jueves
morisques gitanes
filles prohibides      
de Balansiya
els teus melismes
són recitacions
la pena perviu
a les nostres cançons
et perseguiren
però tu et camuflares
prenyares per sempre
les nostres entranyes

 

Voici maintenant une traduction très sommaire, mot à mot, dont le mérite est surtout de vous donner une idée générale du sens des paroles cette chanson.

Une ferme
étoiles et fleurs
embrasse l'aube
un pays de chansons
les jeunes dansent
la lune a changé
ne pleure pas maman
que le ciel se lève
l'innocence est morte
ils nous l'ont arraché
nous n'avons plus besoin de mentir
Nous devons dire la vérité
notre joie
ce n'est pas le vin qui nous la donne
c'est l'émotion pure
celle qui bat dans notre poitrine

ta présence
c'est comme une prière
je t'en prie, meurs si je ne vis pas,
l'univers entier est en toi
les bateaux naviguent
comme des rayons de lumière
au bord des océans
des eaux sensorielles
au centre de tout
d'où vient qui je suis
un champ magnétique
sans coordonnées
mélodies nues
des chants sacrés


Battements de mains, castagnettes
guitare et douleur
nous ne te faisons pas face
mais nous te sentons dans nos cœurs
gémissements sans contours
art de la résistance
voix déformées
d'exil intérieur
Noire est l'espérance
qui se perd et qu'on n'entend plus
Verte est la mort
qui ne veut pas pleurer
maintenant je comprends et je ne peux pas me taire
j'attrape la chair de poule
quand je t'entends chanter

Une sandinga,
une malagueña
une chanson de Grenade
la graine germe
cris et extases
quand s'ouvre de manière béante
notre blessure
perquisitions, prisons
expulsions et meurtres
ils ne pouvaient pas nous taire
l'émotion avec laquelle tu chantes
ils t'ont pourchassé
mais toi tu t'es camouflé
laissant pour l'éternité une semence dans nos entrailles

Dans les nuits de la ferme
il y a des luths et des guitarrons
peindre les chagrins avec joie
avec des chansons aux mille couleurs

Nous les chanterons toute la nuit
nous n'oublierons pas
ça nous a fait mal
cette musique est le sang
la fête et la tradition
de notre pays valencien

Dans les nuits de la ferme
sur la lune de Balansiya
Nos soirées
nous continuerons à chanter
avec la résilience
dont nous avons hérité
ils ont changé les paroles
nier qui ils étaient
et survivre
à leurs feux de joie
mémoire amputée
vers mutilés
une douleur intime demeure
qu'on n'a pas oublié
ils ont brûlé les livres
mais nous gardons contre notre poitrine
la bibliothèque
de nos sens

Ne parle pas des autres
parle de nous
les racines profondes
qu'ils nous ont caché
juifs noirs
Maures gitans
filles interdites
depuis Balansiya
tes mélismes
ce sont des récitations
la pénalité perdure
dans nos chansons
ils t'ont poursuivi
mais tu t'es camouflé
et laissé pour l'éternité

une semence dans nos entrailles

Nota Bene. Explication du titre de cette chanson.

 La taïfa de Valence ou taïfa de Balansiya fut l'un des royaumes de taïfa fondés à l'éclatement du califat de Cordoue en 1010. Il dura jusqu'en 1238, année au cours de laquelle la conquête menée par Jacques Ier d'Aragon conduisit à l'instauration du royaume chrétien de Valence.

Entre 1094 et 1099, la taïfa de Valence est gouvernée par Rodrigue Díaz de Vivar, dit Le Cid.

 

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Espagne, #Valencia, #Musique, #Chant, #Histoire, #Repression, #9 octobre, #Fête, #Culture, #Langue

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Publié le 14 Février 2024

Bonjour les amis,

Il y a des infos qui sont tellement surréalistes qu'on est obligé de se pincer deux fois pour être bien sûr qu'on n'a pas été victime d'une hallucination en les lisant.

En voici une qui n'est pas piquée des vers.

Voici ce qu'a répondu Kaja Kallas dans un communiqué:

"La Russie peut croire que l'émission d'un mandat d'arrêt fictif fera taire l'Estonie. Je refuse d'être réduite au silence : je continuerai à soutenir ouvertement l'Ukraine et à plaider en faveur du renforcement des défenses européennes".

La dirigeante a également accusé Moscou d'avoir caché, tout au long de l'histoire, ses actions répressives sous couvert de « maintien de l'ordre ». "Cela me semble très familier : ma grand-mère et ma mère ont été déportées en Sibérie, et (à l'époque) c'est le KGB qui a émis de faux mandats d'arrêt", a-t-elle déclaré. "J'ai toujours soutenu que la boîte à outils criminelle du régime russe n'a pas changé. Nous refusons de nous laisser intimider par les tactiques de menaces de la Russie".

Alors ce qui choque terriblement c'est d'abord le manque de précision sur la nature concrète des faits qui sont reprochés à ces dirigeants mais surtout, et après les avoir relus deux fois, on se dit que c'est bien la première fois qu'un Etat s'arroge le "droit" ( mais quel droit??!!) de lancer un avis de recherche contre des représentants élus d'une démocratie souveraine pour ce qui semble surtout être un délit d'opinion (en imaginant que ces représentants vivent en Russie et non pas dans un pays libre).

Nous voilà donc au coeur du vrai problème. Cette liberté affichée par les baltes, qui ne va pas dans le sens d'une glorification du rôle historique de leur voisin et ex-envahisseur, semble être absolument insupportable au maître du Kremlin. Pour lui cette liberté c'est avant tout une menace.

Les faits reprochés à la première ministre balte peuvent justifier tout au plus une rupture des relations diplomatiques entre les deux pays mais rien de plus (notons au passage que ces relations sont réduites au strict minimum avec juste la nomination de chargés d'affaires provisoires).

Rappelons que les baltes ont été victimes de menaces existentielles depuis les années 90 lors de débats houleux à la Douma, débats durant lesquels des nationalistes exaltés et fascisants exigeaient la réincorporation immédiate par la force militaire de ces Etats à la Russie.

Imaginez, chers amis, la consternation et la tête que faisaient les citoyens baltes en entendant de tels débats chez leurs voisins, des voisins qui se disputent dans leur assemblée nationale sur le fait de venir vous réenvahir une 2ème fois.

Permettez-moi une métaphore à 2 balles: c'est un peu comme si j'étais témoin dans mon jardin du fait que mes deux voisins sont en train de se disputer sur le fait de venir me casser (ou pas) la figure.

Dans un tel contexte de menace constante, qui oserait reprocher aux représentants baltes leur adhésion à l'Otan? Sans cette adhésion l'ours russe n'aurait fait qu'une bouchée de ces petits pays.

Ce ne sont pas les ukrainiens qui viennent d'être agressés sauvagement bien que vivant dans un pays bien plus grand que l'Estonie qui diront le contraire.

Je terminerai en répétant des propos que j'avais entendus l'année dernière. Si Poutine avait été un agent de la CIA chargé de renforcer le poids de l'OTAN en Europe il ne s'y serait pas mieux pris.

Face aux agissements de plus en plus menaçants et erratiques du maître du Kremlin, la seule conclusion indiscutable à laquelle arrivent les occidentaux c'est de se dire que, fort heureusement, l'Otan existe encore et nous offre un bouclier crédible pour nous prémunir de cet agité du bocal qu'est Poutine.

L'Otan était dans le coma selon Macron et Poutine l'a ressuscité.

Grâce à l'Otan on peut maintenir une certaine tranquillité prudente en se disant:

" Le chien aboit...la caravane passe..."

Dans le contexte actuel d'agression de la Russie contre l'Ukraine, cette accusation de la police russe ça frise le burlesque, sauf que ce n'est pas drôle...on se dit qu'elle n'a qu'un seul intérêt, un seul objectif: servir les intérêts de la propagande russe au niveau interne et réalimenter les ressentiments et la haine de la population russe contre leurs voisins. 

La politique extérieure profondément criminelle de Poutine a précipité son pays dans une logique de guerre qu'il faut sans cesse justifier et réalimenter grâce à la censure et à la propagande.

PS: Cette accusation est-elle destinée à faire jeu égal et minimiser celle qui pèse sur Poutine qui est sous mandat d'arrêt international par le tribunal de La Haye pour crimes de Guerre ?...parce que si c'est le cas les accusations qui visent Poutine sont infiniment plus graves que celles qui pèsent sur la première ministre estonienne. Tout cela est vraiment pathétique. La Russie est devenue une grosse farce anachronique, une caricature ubuesque et monstrueuse...

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Publié le 24 Janvier 2024

Bonjour les amis,

J'ai fini cette semaine la lecture du livre d'Amin Maalouf intitué LE NAUFRAGE DES CIVILISATIONS, un essai en tout point passionnant qui m'en a beaucoup appris sur notre histoire contemporaine.

Quand Amin Maalouf met en perspective l'état de notre monde...

Voici un commentaire qui m'a paru très pertinent d'Apoapo sur la fiche babelio du livre qui présente mieux le contenu de cet essai que la présentation de l'éditeur. 

Encore une fois, et plus que jamais, Amin Maalouf assume sa place de conscience morale de notre époque. Cet essai, avant d'être une sonnette d'alarme prédisant les multiples menaces de naufrage qu'encourt l'humanité avec ses civilisations plurielles, est d'abord un livre d'Histoire du XXe siècle, ou plus exactement des cent dernières années. Il possède une thèse qu'il démontre avec brio : c'est bien la fin du monde levantin, et de ce creuset d'humanisme qu'il a incarné et alimenté, qui nous a précipité dans la tempête ; non que le système politique (ottoman ou en général impérial) fût idéal, mais parce que la situation anthropologique qu'il avait permis contenait des antidotes contre des forces mortifères qui se sont déchaînées depuis. Moi qui ai vécu dans et travaillé sur la levantinité ne peux qu'ajouter un attachement sentimental à mon adhésion intellectuelle à cette approche historico-politique.
Cependant, je reconnais que de l'extérieur l'on puisse se demander – critique qui a déjà été adressée à Maalouf – si ce n'est pas sa propre position, voire sa propre identité, qui lui dicte sa lecture ; si la démonstration et donc ses prédictions sobrement alarmistes ne se voient pas fragilisées par la centralité qu'il accorde, notamment, à l'histoire du monde arabe en particulier depuis Nasser. Je pense en particulier, comme l'auteur qui s'entoure de précautions, à ces deux phrases de la conclusion :
« Je demeure convaincu [...] que si le Levant pluriel avait pu survivre et prospérer et s'épanouir, l'humanité dans son ensemble, toutes civilisations confondues, aurait su éviter la dérive que nous observons de nos jours. C'est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le monde. » (p. 328)
En effet, le livre s'organise autour de quatre longs chapitres, dont les deux premiers se centrent sur le monde arabo-musulman. le Ier « Un paradis en flammes » traite des conséquences longues du démembrement de l'Empire ottoman sur la disparition du cosmopolitisme pacifique et humaniste, en particulier en Égypte et ensuite au Liban : une période dont l'auteur n'a pas été témoin mais récepteur du récit familial ; II « Des peuples en perdition » traite de l'avènement de la « haine de soi » chez les Arabo-musulman : il est question à la fois des guerres arabo-israéliennes, avec une centralité tout-à-fait particulière pour celle dite des « Six Jours » de juin 1967, et aussi du débat politique d'arrière-plan qui, parmi les musulmans à l'instar de tout le monde, se caractérisait par la dialectique pour ou contre le marxisme et le tiers-mondisme ; III « L'année du grand retournement », indique comme date emblème l'année 1979 : l'année de la révolution conservatrice de Thatcher et Reagan mais aussi celle de l'ayatollah Khomeiny en Iran, sans oublier (à un an près) celle du Parti communiste chinois de Deng Xiaoping ; année également de l'enterrement du projet du « compromis historique » en Italie suite au meurtre d'Aldo Moro, et du début de la chute de l'Union soviétique par son invasion catastrophique de l'Afghanistan, ayant produit l'apparition du jihadisme moderne globalisé qui a pour acte de naissance l'assaut de la grande mosquée de la Mecque (novembre 79) ; IV « Un monde en décomposition » se limite donc à relater certaines parmi les répercussions de ces événements qui, dans leur synchronicité, ont ouvert l'approche historique sur un angle mondial : conséquences de l'étrange renouveau de la croyance en la mystérieuse « main invisible » en économie, fragmentation des nations et nouvelles solidarités tribales et claniques, diffusion planétaire, par le changement du paradigme économique, de la corruption, de la fraude et de la rapacité, incapacité américaine de succéder à la bipolarité et méfiance mondiale envers toute tentative de gouvernance supra-nationale, tentations orwelliennes de renoncement à la liberté au profit de la sécurité, inaptitude à gérer les défis environnementaux et ceux des nouvelles technologies...
Pour ma part, même si l'on réfutait la thèse du livre, même si l'on contestait la position de l'observateur – journaliste avant de devenir auteur –, même si l'on doutait de ses conclusions au nom du principe « post hoc non est propter hoc », il resterait une analyse historique impeccable, possédant suffisamment de hauteur pour assurer la stature de l'Académicien (successeur de Claude Lévi-Strauss) que Maalouf incarne admirablement. Merci pour ce livre.

https://www.babelio.com/livres/Maalouf-Le-naufrage-des-civilisations/1120436

Voici une série de citations extraites du livre


« Je ne doute pas qu'il se trouve, sous tous les cieux, d'innombrables personnes de bonne volonté qui veulent sincèrement comprendre l'Autre, coexister avec lui, en surmontant leurs préjugés et leurs craintes. Ce qu'on ne rencontre presque jamais, en revanche, et que je n'ai connu moi-même que dans la cité levantine où je suis né, c'est ce côtoiement permanent et intime entre des populations chrétiennes ou juives imprégnées de civilisation arabe, et des populations musulmanes résolument tournées vers l'Occident, sa culture, son mode de vie, ses valeurs.
Cette variété si rare de coexistence entre les religions et entre les cultures était le fruit d'une sagesse instinctive et pragmatique plutôt que d'une doctrine universaliste explicite. Mais je suis persuadé qu'elle aurait mérité d'avoir un grand rayonnement. Il m'arrive même de penser qu'elle aurait pu agir comme un antidote aux poisons de ce siècle. » (p. 78)

« Je me suis souvent demandé s'il n'y avait pas eu, dans l'histoire du communisme, dès l'origine, un énorme sous-entendu, partagé de manière consciente ou inconsciente par les fondateurs, par les adeptes, comme par les détracteurs, et qu'on pourrait formuler comme suit : ce n'est pas seulement aux prolétaires que Marx a promis, en quelque sorte, le salut, mais également aux minoritaires, à tous ceux qui ne pouvaient s'identifier pleinement à la nation qui était censée être la leur. C'est ainsi, en tout cas, que beaucoup de gens ont compris son message. » (p. 98)

« Désormais, c'est le conservatisme qui se proclamerait révolutionnaire, tandis que les tenants du "progressisme" et de la gauche n'auraient plus d'autre but que la conservation des acquis. » (p. 170)

« J'ai dit que les régimes communistes avaient déconsidéré pour longtemps les idées universelles qu'ils étaient censés promouvoir. Je me dois d'ajouter que les puissances occidentales ont, elles aussi, abondamment discrédité leurs propres valeurs. Non parce qu'elles ont combattu avec acharnement leurs adversaires marxistes ou tiers-mondistes – cela, on pourrait difficilement le leur reprocher ; mais parce qu'elles ont instrumentalisé avec cynisme les principes universels les plus nobles, au service de leurs ambitions et de leurs avidités ; et, plus que cela encore, parce qu'elles se sont constamment alliées, particulièrement dans le monde arabe, aux forces les plus rétrogrades, les plus obscurantistes, celles-là mêmes qui allaient un jour leur déclarer la plus pernicieuse des guerres.
Le spectacle affligeant que la planète présente en ce siècle est le produit de toutes ces faillites morales, et de toutes ces trahisons. » (p. 206-207)

« Un monde apeuré, où la surveillance quotidienne de nos faits et gestes serait dictée par notre désir réel et légitime d'être protégés à chaque instant, n'est-il pas, finalement, plus inquiétant encore qu'un monde où cette surveillance serait imposée de force par un tyran paranoïaque et mégalomane ? » (p. 308)

Pour ma part ce livre a été instructif car il a complété mes connaissances très superficielles de certains événements importants de ces dernières décennies. Par exemple j'ai appris que c'est Churchill qui avait insisté auprès des américains afin que ceux-ci organisent un coup d'Etat contre le dirigeant modéré iranien Mohammad Mossadegh.,.. La suite vous la connaissez: il y a eu le Shah, puis sa chute qui amènera la première république islamique...

J'ai mieux compris aussi pourquoi c'est au Liban que l'OLP a cherché refuge dans les années 60: c'est le Roi Hussein de Jordanie qui a empêché son pays de devenir une base arrière des fedayins palestiniens, préférant créer une crise au sein du monde arabe plutôt que de céder.

Grâce à cet essai je comprends mieux  d'une part comment les orientaux nous perçoivent et la justification de certains de leurs ressentiments vis-à-vis de nous, et d'autre part comment s'articulent les rivalités maléfiques et funestes au sein du monde arabo-musulman.

En le lisant me sont revenues en mémoire des conversations que j'avais eu à Paris dans les années 80 avec des étudiants maghrébins, iraniens, libanais,etc...Ces derniers m'avaient peint une vision un peu édulcorée du Liban des années 60 et Maalouf  (tout en confirmant certains de ces témoignages de l'époque) complète le tableau en expliquant les comportements politiques qui allaient amener la tragédie...

Enfin, et c'est le plus important, le Liban est aussi une métaphore de notre planète. Ce pays avait réussi à vivre en paix sans qu'il n'y ait de graves heurts entre ses différentes communautés: les marronites, les druzes, les chiites, les sunnites, les juifs, les catholiques, les catholiques orthodoxes grecs, ceux de l'église arménienne...
Ça a été possible...On sait donc le genre de catastrophes que peuvent amener les replis identitaires.

Mais Amin Maalouf va plus loin et essaie de réfléchir sur ce qui fait que certains pays qui ont vécu des défaites ou des humiliations ont trouvé le moyen de se relever, et comment d'autres, au contraire, se sont enfoncés.

Son livre ne se veut pas désespérant. Je vous mets l'épigraphe du dernier chapitre de son essai ci-dessous:

 

Quand Amin Maalouf met en perspective l'état de notre monde...
Amin Maalouf

Amin Maalouf

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