dette

Publié le 22 Septembre 2025

Bonjour les amis,

J'étais présent en France au moment des journées revendicatives des 10 et 18 septembre et j'ai donc pu constater par moi-même à quel point le pays était institutionnellement bloqué, avec pratiquement aucune perspective de redémarrage avant les présidentielles de 2027 (en étant optimiste).

Interrogé sur ce point Jacques Attali a donné son sentiment sur une chaîne télé. Je n'ai malheureusement pas retrouvé la vidéo de son interview mais à un moment donné il a fait une réflexion intéressante qui ressemble à une lapalissade mais qui n'en n'est pas une, visiblement.

Attali a effectivement confirmé que la France était dans une impasse politique qu'il a qualifiée de "quadrature du cercle".

Chaque parti, chaque syndicat  a fait des déclarations tonitruantes dans lesquelles il a installé des solides LIGNES ROUGES à ne pas dépasser, des points sur lesquels il ne céderait jamais (réforme des retraites, taxes Zucman, immigration, etc...).

Et Jacques Attali a fait la remarque suivante:

" Plus des négociations sont publiques, plus elles sont transparentes et plus on a la garantie qu'elles vont échouer."

Cela peut sembler paradoxal mais ça ne l'est pas. Le fait de crier haut et fort qu'on ne cédera pas sur tel ou tel point garantit l'échec de toute négociation. Les négociations les plus importantes se font toujours de manière privée entre organisations et représentants de l'Etat.

Le principe de ces négociations privées est simple : "Je suis prêt à céder ceci en échange de cela...".

Or, comme le fait remarquer Attali, chaque parti (qu'il soit de droite, de gauche ou écolo) s'enferre dans un discours public qui ne lui laisse plus aucune marge de manoeuvre sous peine d'être pris en flagrant délit de capitulation ou de trahison...

D'où le blocage institutionnel qui risque de durer encore très longtemps.

La France, contrairement à ses voisins comme l'Allemagne, n'a jamais acquis depuis la V ème république une culture politique lui permettant de former un gouvernement de coalition (ou d'union nationale) quand il ne se dégage plus la moindre majorité à l'assemblée.

Et en attendant les problèmes s'accumulent et les réformes nécessaires prennent du retard...

Bien évidemment les échecs successifs des différents gouvernements du président Macron sont les premiers responsables de cette situation parfaitement bloquée, mais une fois qu'on a dit ça on n'est pas beaucoup plus avancé... ça ne fait pas avancer le schmilblick.

A la fin de son interview Attali a fait la remarque suivante (je vais essayer de rapporter ses propos de mémoire sans les trahir) :

" La Chine a un plan politique, industriel et social qui va jusqu'aux années 2040. Ce pays est en train de suivre une direction précise avec des objectifs clairs. Or, en Europe on en est très loin...et ça ne nous ferait pas de mal d'essayer d'en faire autant".

La Chine sait déjà ce qu'elle veut atteindre en 2040 et nous, nous ne savons même pas si nous sortirons de notre impasse/mélasse en 2027.

PS: Je me suis abstenu de pointer dans mon billet tel ou tel parti mais il me semble évident que certains dirigeants se font plaisir devant leur électorat, se font mousser en agitant les mots d'ordre de leur programme, avec la seule certitude qu'il ne sera jamais appliqué.

En parlant avec mes concitoyens français j'ai pu me rendre compte que nombreux sont ceux qui vivent dans un déni (par exemple sur la dette), un déni alimenté par les discours simplistes des partis populistes.

"Faisons payer les riches ! "...Euh, oui bien sûr, mais dans un pays qui a déjà une fiscalité élevée les choses ne sont pas si simples car les "riches", par nature, ne sont pas idiots et migrent facilement vers des cieux voisins où leurs intérêts souffriront moins comme l'Italie, ou le Portugal, pour ne citer que 2 pays proches. Bien évidemment on peut questionner certaines aides importantes de l'Etat aux entreprises, des aides qui ne bénéficient pas d'un suivi et d'un contrôle sérieux (comme le dénoncent Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre dans leur livre LE GRAND DETOURNEMENT).

https://www.babelio.com/livres/Aron-Le-grand-detournement--Comment-milliardaires-et-m/1913205

Lors de mon retour en avion j'ai demandé à une voisine belge quel était l'âge de la retraite en Belgique et elle m'a dit que c'était 67 ans. Les belges n'ont certainement pas accepté ça de gaité de coeur mais apparemment, ils n'ont pas sorti la guillotine pour autant...Et c'est évident que certaines catégories socio-professionnelles (dont la mienne) peuvent travailler après 60 ans. D'ailleurs j'ai pris ma retraite à 63 ans et j'aurais pu tirer à l'aise jusque 65. Bref, il y a de l'espace pour les négociations sérieuses au lieu de rester arc-boutés sur des positions inamovibles et irresponsables.

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 9 Juillet 2015

Bonjour les amis,

Comme nombre d' entre vous , je suis avec beaucoup de préoccupation les développements de la crise grecque, et je lis avec attention les commentaires des uns et des autres.Surtout j' essaie de comprendre s' il existe un argument, un seul argument, qui fasse qu' il ne faudrait pas accéder aux demandes réitérées d' Alexis Tsipras d' offrir une chance réelle à son pays de sortir de cet engrenage infernal créé par une dette qui s' élève à 170 % du PIB, c' est à dire, selon tous les économistes, une dette pratiquement impossible à rembourser sans une annulation partielle et sans une relance vigoureuse de l' économie.

Le rachat par le passé de la dette grecque par la BCE aura surtout eu comme effet de sauver les banques créancières essentiellement françaises et allemandes, plus qu' aider réellement les citoyens grecs qui ne verront pas un seul euro entrer dans leurs porte-monnaies.

Les différents plans proposés aux grecs n' ont fait qu' enfoncer davantage ce petit pays dans une crise humanitaire grave réduisant son PIB de 25 %.

Quand Bernard-Henri Lévy donne des leçons de démocratie...

Dans ce contexte dramatique de situation d' urgence j' ai lu l' article de BHL intitulé: " Ce n' est pas la démocratie qui a gagné en Grèce"

Rarement je n' ai lu un article d' une telle mauvaise foi, faisant fi du martyre imposé au peuple grec , un martyre cruel et parfaitement inefficace.Jamais BHL ne fait mention du fait que l' UE n' a pas pris acte de la victoire électorale de SYRIZA et du clair souhait exprimé par les grecs de sortir de l' engrenage absurde et infernal imposé par la Troika.

Jamais BHL ne fait mention du fait que Tsipras a été l' objet de fortes pressions extérieures indignes et révoltantes visant à l' affaiblir, à l' isoler de la communauté internationale.

C' est dans un contexte de guerre froide que ce référendum a été organisé et gagné.Tsipras a réussi à créer une cohésion nationale autour de son projet pour la survie de son pays.

Ses adversaires visaient à le faire tomber et la manoeuvre a échoué.Quand je parle de manoeuvre je devrais plutôt dire ingérence directe quasi-illégale comme celle de la BCE interrompant l' accès des grecs à leur argent juste quelques jours avant le scrutin.Jamais de mémoire un pays n' aura été si ouvertement attaqué pour obtenir la chute électorale de son leader.

Dans ce contexte de peur et de terreur orchestrées par les instances européennes le résultat de dimanche dernier peut être salué comme un petit miracle,une leçon de courage et de dignité.

Enfin, Tsipras aura eu le mérite d' interpeller l' ensemble des européens sur le fonctionnement de l' UE et sur ses carences.Partout en Europe des lignes de fracture se dessinent autour de l' attitude à adopter face à la Grèce.Partout en Europe les forces sociales -démocrates sont mises en porte-à-faux,tiraillées entre leur discours qui se veut empreint de justice sociale, et une pratique politique qui n' hésite pas à livrer des peuples entiers à l' appétit cannibale et sans scrupules des forces néolibérales.

Moi aussi je suis partial, partiel. et sans doute de mauvaise foi, mais je me place du point de vue du faible,de celui qui est sacrifié avec l' acceptation complice de ses associés et qui n' a aucune chance de s' en sortir sans un fort acte de rébellion et sans la solidarité des forces populaires responsables au sein de l' union.

Je terminerai ce billet en rappellant que de nombreux pays de l' UE sont en situation vulnérable, avec des dettes très lourdes à assumer de l' ordre de 100 % du PIB, et l' échec patent des politiques austéritaires devraient incliner tous les responsables à sortir de leurs dogmes, de leur sainte orthodoxie de contrôle des déficits et à réfléchir à de nouveaux mécanismes de sortie de la crise et de meilleure répartition des richesses.

Voir les commentaires

Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Grèce, #Démocratie, #Crise, #Dette

Repost0