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9 février 2020 7 09 /02 /février /2020 20:59

Bonjour les amis,

J'essaie de me mettre un peu à jour, notamment avec les films qui ont décroché des nominations aux Oscars qui seront décernés demain. J'ai donc vu aujourd'hui DOLOR Y GLORIA du célèbre cinéaste espagnol Pedro Almodóvar.

Voici le synopsis:

Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.

Salvador Malla, le personnage central du film est si proche d'Almodovar qu'on ne peut que considérer que Dolor y Gloria est une oeuvre d'inspiration autobiographique, et aussi une oeuvre dans laquelle Almodóvar fait un grand travail d'introspection.

Au début du film on apprend que Malla  vit cloîtré depuis plusieurs années dans sa grande maison en proie à des douleurs articulaires et aussi à d'affreuses migraines. Mais il est aussi dépressif, en pleine crise d'inspiration, incapable d'envisager de se lancer dans un nouveau projet artistique malgré les sollicitations de son entourage.

Malla est arrivé à un point mort de sa vie...incapable d'avancer sans porter un regard sur ses oeuvres passées, et aussi sur sa trajectoire affective, et notamment sur les relations avec sa mère interprétée par Pénélope Cruz.

Malla hésite aussi. Il est plein d'incertitudes et provoque, de manière volontaire ou pas, des rencontres 40 ans plus tard avec certaines personnes qui ont compté dans sa vie, tout en redoutant ces retrouvailles qui pourraient lui apporter de cruelles désillusions.

Antonio Banderas interprète de manière remarquable les hésitations, les doutes et les incertitudes de Malla. 

On navigue donc dans ce film entre de fortes réminiscences de l'enfance  et des résurgences dans le présent de personnages du passé. 

Tous les personnages secondaires sont intéressants et apportent des éléments qui vont amener une fin très cohérente et assez somptueuse. Parmi ces personnages notons un acteur argentin oublié du grand public, accro à l'héroïne, mais qui n'a pas perdu sa flamme artistique et qui est suffisamment fort pour contrôler son addiction afin de pouvoir remonter sur les planches, le premier grand amour de Mallo qui est de passage dans la capitale, un peintre en bâtiments analphabète à qui Mallo-enfant a appris à lire et à écrire, une agent artistique toujours prête à veiller sur la santé physique et mentale de Mallo et sur sa carrière.

Almodóvar se met a nu de manière sincère, sans exhibitionnisme, sans vanité, sans artifices et finit par proposer au spectateur une des clés de la création artistique.

DOLOR Y GLORIA m'a profondément ému car le film touche certaines cordes sensibles universelles que nous portons tous en nous, que nous soyons créateur ou pas...Nous sommes tous le fruit de nos passions, de nos émotions, de notre propre histoire et parfois pour pouvoir avancer il nous faut nous réconcilier avec notre passé.

 

 

 

DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
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8 février 2020 6 08 /02 /février /2020 11:58

Bonjour les amis,

Le 20 Janvier dernier j'avais lu un article sévère mais juste de mon ami  Fatizo sur 1917.

Mais, bien évidemment j'avais quand même envie de voir 1917, d'abord pour me former ma propre opinion, mais aussi parce que Sam Mendes est l'auteur d' AMERICAN BEAUTY que je considère comme le meilleur film de sa décennie.

Quand un auteur signe un chef d'oeuvre, on se dit que ses autres films ne peuvent pas être complètement mauvais (...et c'est le cas ici).

Par ailleurs, j'étais prévenu par Fatizo, donc, d'une certaine manière prédisposé à m'attacher aux qualités du film plutôt qu'à ses défauts.

Alors, allons-y pour ma critique, et commençons par le négatif.

Je confirme les appréciations de Fatizo. Le scénario tient en 2 lignes, il y a des invraisemblances (il n' y a pas de torrents dans le Nord de la France), certains personnages sont très creux et n'apportent rien à l'histoire, la majorité des dialogues sont plats, sans consistance...Et puis, surtout, le scénario est très prévisible de la première minute jusqu'à la dernière : le comble pour une oeuvre qui prétend rénover ce genre de cinéma.

J'ajouterai, dans les aspects négatifs, que l'image des soldats allemands est complètement stéréotypée : plus caricatural tu meurs...Dans ce film, les allemands sont de vrais machines de guerre, sans âme, ni compassion : on a droit, entre autres scènes, à un aviateur allemand qui poignarde un anglais qui lui sauve la vie...S'agissant de la première guerre mondiale on aurait aimé un peu plus de pondération de la part de Mendes : cette guerre des impérialismes n'était pas une lutte entre les bons et les méchants...

1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...

Alors, pourquoi faut-il voir 1917 malgré tout ?

La réponse est simple. Elle tient à la mise en scène et à la virtuosité de Sam Mendès avec sa caméra.

C'est son parti pris. Ce film est un hommage à l'action héroïque que mena son grand-père qui avait reçu pour mission de faire passer à un colonel un message du haut commandement destiné à sauver la vie de centaines de soldats : pour arriver jusqu'au colonel il devra risquer sa peau en traversant  un no man's land plein de dangers.

Nous sommes donc projetés au coeur des tranchées avec des longs plans-séquences extrêmement soignés, très nerveux. La guerre de 14 comme si vous y étiez...dans la peau d'un soldat de première classe chargé d'une mission vitale.

On plonge dans la boue, dans les flaques, dans les cratères de trous d'obus, entouré de cadavres et de rats, en tentant d'éviter les pièges tendus par l'ennemi. La réalisation est impeccable. On est saisi d'horreur, on retient son souffle.

Il y a aussi des scènes de nuit qui sont très oniriques et flamboyantes : des mouvements d'ombres et de lumières hallucinants et angoissants dans la nuit embrasée par les tirs d'obus et les incendies. Là, le spectacle devient tout simplement dantesque, horrible et grandiose : Mendes se transforme en Akurosawa de la première guerre mondiale.

Ces scènes-là, ces tableaux fantasmagoriques à eux-seuls méritent qu'on voie ce film...

1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...
1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...

Ajoutons qu'il y a aussi une certaine poésie dans ce film. La caméra sait s'arrêter sur des pétales de fleurs de cerisiers qui s'envolent, sur le vent qui agite les herbes folles au milieu de cette folie, sur notre héros qui récite un poème pour tranquilliser un bébé, sur un bataillon de soldats qui écoute un doux chant nostalgique parlant du désir de rentrer au pays juste avant de se lancer dans une bataille échevelée. Oui, le film réserve quelques moments de grâce, d'humanité au milieu de cette barbarie.

Si je devais résumer 1917 en trois adjectifs je dirais : épique, flamboyant, onirique...

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26 janvier 2020 7 26 /01 /janvier /2020 17:34

Bonjour les amis,

Je viens  de voir ROMA d'Alfonso Cuarón, un film qui a gagné le lion d'or à Venise.

Ce film fait la chronique d'une année tumultueuse dans la vie d'une famille de la classe moyenne à Mexico au début des années 1970.

Le titre est volontairement trompeur puisqu'il ne s'agit pas d'un film sur Rome, mais en fait sur ROMA qui est le nom d'un quartier de classe moyenne à Mexico. Mais ce titre est aussi un clin d'oeil appuyé à Fellini, car le film traite de la mémoire intime du réalisateur lorsqu'il était enfant dans son quartier, une mémoire équivalente à celle du grand réalisateur italien.

Alors, disons le tout de suite : ce film est un magnifique hommage à la ville natale de Cuarón mais surtout à Libo qui fut sa nourrice indienne. Ici, Libo est incarnée par le personnage de Cleo, magnifiquement interprétée avec beaucoup de sobriété par Yalitza Aparicio.

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Yaliza Aparicio interprétant le rôle plein de douceur de Cleo

Donc tous les événements que nous allons vivre dans cette chronique d'une année très tumultueuse seront vus à travers les yeux de Cleo. Celle-ci est une nourrice indigène s'occupant d'une famille de 4 enfants dont le père est médecin. Il y a donc Antonio le père, Sofia la mère, les 4 enfants (Sofi, Pepe, Paco et Toño), Teresa la grand-mère maternelle, et aussi Adela l'autre employée de maison qui est indigène elle-aussi.

Le film commence comme une chronique familiale dont le rythme va être bouleversé le jour où Antonio va se séparer de son épouse et de sa famille pour vivre une autre aventure sentimentale.

Cleo, quant à elle connaît un petit ami qui va trahir sa confiance...Les deux femmes, Sofia la maîtresse de maison et Cleo la nourrice, vont s'entraider.

Toutes deux vont affronter courageusement et de manière solidaire leurs problèmes et, à travers la réorganisation de la vie familiale, ce sera l'occasion pour nous de mieux connaître le Mexique de ces années-là.

Sofia veut protéger ses enfants, ne pas les priver de vacances. Elle décide de passer les fêtes de fin d'année avec des amis qui vivent dans une grande hacienda mexicaine, ce qui donnera lieu à certaines scènes tantôt surréalistes, tantôt épiques. Cuarón pratique un humour décalé en nous rappelant certaines pratiques de l'époque qui sont impensables aujourd'hui (scène de tirs au pistolet complètement folklorique entre adultes à moitié ivres devant les enfants lors d'un picnic...ce genre de scène sent le vécu, comme on dit...).

Cleo, elle, nous fait connaître les quartiers insalubres de la ville où résident les personnes de son entourage.

On découvre naturellement à travers ce récit les contrastes sociaux du Mexique de ces années-là...avec les promesses pleines d'optimisme des responsables politiques très en déphasage avec la réalité du quotidien de leurs administrés.

Quand Cleo traverse la ville il y a des magnifiques plans-séquences, très longs et très bien construits, d'une densité incroyable. Ce qui se passe au second plan est aussi important que l'action que se déroule au premier plan. C'est plein de bruits, d'agitation, c'est grouillant de vie...L'image est traitée avec beaucoup de bonheur en noir et blanc, et la photographie est tout simplement superbe.

Cuarón rend un magnifique hommage à sa ville, c'est son AMARCORD de Fellini!

Dans ROMA il y a de l'humour aussi, avec, par exemple, une scène de classe de Karaté dans laquelle le grand maître demande à ses élèves de prendre une position sur un seul pied les yeux fermés...Aucun d'entre eux ne réussit, sauf Cleo qui n'est pas élève et qui observe la classe de l'extérieur...Pas de doute, Cleo est naturellement équilibrée sans avoir à suivre les classes du grand maître! 

Mais le film est surtout un hommage rendu à l'amour des femmes, et plus particulièrement à celui de Cleo qui se préoccupe des enfants de la maison avec la même attention, la même douceur que s'il s' agissait des siens.

Cleo est complètement dans le don de soi. Elle n'a même pas conscience de se sacrifier et il n'y a chez elle aucun sentiment de rébellion.

Elle aime, elle souffre...mais ne juge pas, et ne connaît pas la haine non plus. Ses silences sont sa seule manière d'exprimer ses déceptions.

Cleo est faite de patience et d'amour et elle atteint dans le film une dimension quasi "christique"....Comme une Madonne muette et aimante qui souffre pour nos pêchés.

On vivra des événements tumultueux, terribles, des scènes qui nous font dresser les cheveux sur la tête.

Fermín, le petit ami de Cleo, est une métaphore de la violence terrifiante et endémique qui saisit parfois de manière fiévreuse ce pays. 

Il y a aussi une très belle scène de plage, angoissante et épique, très bien photographiée, avec une mer tourmentée et une intervention admirable de Cleo.

 

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes

Cuarón aime jouer sur les images et nous propose des parallèles très poétiques et métaphoriques...En voici quelques uns sur ce lien youtube intitulé , mar y espuma, mer et écume....

Cleo, qui parle très peu et qui va vivre des événements traumatisants,  fait à la fin du film une confession déchirante, magnifiquement amenée par tout ce qui a précédé.

Le film termine sur une belle métaphore visuelle.

L'hommage de Cuarón à sa nounou indienne est sublime.

 

ROMA de Cuarón...une chronique douce-amère des années 70 et un magnifique hommage rendu aux femmes
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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 08:13

Bonjour les amis,

J'ai vu avec un peu de retard AD ASTRA, un film qui aura marqué l'année 2019.

Voici le sinopsis :

L’astronaute Roy McBride s’aventure jusqu’aux confins du système solaire à la recherche de son père disparu et pour résoudre un mystère qui menace la survie de notre planète. Lors de son voyage, il sera confronté à des révélations mettant en cause la nature même de l’existence humaine, et notre place dans l’univers.

En allant sur la page d' ALLOCINE je suis tombé sur la critique de Benoît, un spectateur qui a réagi d'une manière très proche à la mienne.

« Ad Astra » que certains considèrent comme un chef-d’œuvre de James Gray, ne m’a pas fait plus d’effet que cela. Bien sûr si l’on prend en compte la beauté de la photographie, avec des images superbes et grandioses, des plans à couper le souffle et un Brad Pitt dont la réflexion sur sa propre personne à propos de sa concentration et de la santé de son mental, par rapport à ses missions de cosmonaute, on peut sans doute être comblé ! Seulement voilà, il est fort possible également que ce personnage au demeurant très égoïste et coupé du monde, à peine capable d’une introspection salvatrice, finisse aussi par lasser d’autant plus qu’il occupe l’écran à lui seul de bas en haut, et de haut en bas au risque de nous ennuyer, sans compter la sinistrose ambiante que l’on ressent immanquablement à son contact et à sa vue. Alors oui, c’est très beau mais aussi très long et pas bien palpitant pour nous tenir en haleine car l’histoire manque de rebondissement et de réels enjeux pour convaincre surtout à cette distance de la Terre, et l’on finit même par ne pas trouver très crédible cette aventure spatiale assez spéciale dans son genre ! Cette quête du père dans l’espace et dans le temps, cette recherche du héros perdu et encensé, n’arrive pas à passionner et à attiser la flamme que l’on espérait tant devenir le superbe feu d’artifice... La fin nous renvoie à une philosophie assez convenue dont le message paraît forcément évident ! Rien de bien transcendant là non plus, alors que l'émotion tarde toujours... Brad Pitt est pourtant bien dans son personnage et campe donc un astronaute hors pair mais plutôt neurasthénique qui donne plus l’envie de gambader dans les hautes herbes de notre bonne vieille Terre, que sur les sols arides et caillouteux de la Lune ou de Mars !

J'ajouterais aux commentaires de Benoît que le spectateur, après une très alléchante mise en bouche, commence à percevoir que le scénario va tenir en deux lignes, et qu'il ne sera pas en mesure de l'embarquer émotionnellement dans cette aventure intersidérale. Tout reste désespérément froid, distant...aussi distant que ne l'est Brad Pitt avec son entourage. La quête du père qui guide notre héros se révèle décevante et celui-ci est finalement renvoyé à lui-même. La révélation qu'on attendait sera finalement une non-révélation, une invitation à compter sur nous-mêmes et sur nos proches et non pas sur un au-delà prometteur et salvateur...Brad Pitt qui a une démarche très existentialiste au début du film, ne devient tout simplement humain qu'à la fin...humain et plus proche de nous. Le spectateur s'identifie vraiment à lui, mais à la fin du film.

Finalement AD ASTRA nous sert un étrange mélange de cinéma grand spectacle et de cinéma d'auteur, introspectif, un peu froid et ennuyeux à la fois. Un curieux cocktail mêlant 20% de Spielberg et 80% de Wim Wenders...

Peu à peu, j'ai donc perdu patience 45 minutes avant la fin du film, indifférent aux affres mentales de Brad Pitt, et je me suis mis à contempler les images comme celles d'un magnifique et superbe album-photo.

Il y a dans AD ASTRA des plans d'une beauté à couper le souffle, d'une grande poésie aussi, et aussi 4 ou 5 scènes qui sont époustouflantes et qui font que, malgré tout, je suis satisfait d'avoir vu ce film. Et sans doute aurais-je envie de le revoir...Simplement il a manqué quelque chose au scénario pour en faire un chef-d'oeuvre...

AD ASTRA...ce beau film qui aurait pu être un chef-d'oeuvre...
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26 décembre 2019 4 26 /12 /décembre /2019 08:52

Bonjour les amis,

J'ai enfin pu voir hier JOKER de Todd Phillips et, autant le dire tout de suite, ce film est un chef d'oeuvre d'autant plus dérangeant que je n'y étais pas vraiment préparé.

Voici le synopsis.

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société

Voici la critique d'un internaute:

Avec « Joker » de Todd Phillips, le véritable Joker est NÉ ! Fabuleux, magnifique, extraordinaire, les mots nous manquent pour porter au firmament l’acteur Joaquin Phoenix dont le jeu est littéralement dérangeant, remarquable, époustouflant ! On ressort décontenancé et pantelant, d’avoir vu son corps se déployer petit à petit, de l’être voûté et miséreux du début, à ce Joker dansant et virevoltant, rayonnant et parfaitement diabolique ! Jamais un personnage n’aura permis de rentrer autant dans la folie pure, dans ce mental si effrayant, au point de nous faire rire jaune dans les moments justement les plus fous de ce récit ! Un fonctionnement intérieur des plus machiavélique, dont chaque étape est décrite avec soin, de l’élément déclencheur à l’acte irrémédiable et terrible que l’on voit arriver, de loin ou de près avec toute la mise en place, toute la réflexion sous-jacente qui bouillonne dans cette tête hors norme ! Et ainsi c’est bien toute la vie de ce Arthur Fleck, qui défile au son d’un rire vertigineux et indescriptible, saccadé et sans fin ! Un être simplement fragile psychologiquement, victime d’une société capitaliste et laissé pour compte, dont les garde-fous vont sauter un à un et là, on pourra dire que cette expression n’aura jamais eu autant de sens... De son activité de clown et son projet de devenir humoriste, à sa vieille mère et son secret enfoui, c’est tout son cadre de vie qui éclate, qui part en miettes pour rendre ce malade psychiatrique encore plus insaisissable et incontrôlable ! Joaquin Phoenix donne ainsi au personnage mythique et légendaire que représente le « Joker », toute sa dimension psychologique et sa raison d’être, d’exister et maintenant, chaque apparition de ce dernier renverra à coup sûr à cette histoire, ce destin terrible et inimaginable ! Et que dire de cette mise en scène incroyable et théâtrale qui sied à l’acteur, tel un écrin qui le magnifie encore plus dans l’horreur ! On est époustouflé de la montée en puissance qui s’opère à nos yeux, de la transformation de cet être replié, maigre et noueux,en un clown carnassier et démoniaque, devenu un véritable psychopathe dans l’âme ! Chaque plan, chaque image crée la surprise, la peur et même l’angoisse et un simple escalier pénible à monter dans les premières images, va devenir soudain une véritable piste de danse, où on le verrait presque s’envoler... Joker est né ! Joker a sa propre histoire ! Joker a tout son sens ! Et toute l’intelligence de ce film de DC tient aussi à ce qu’il représente comme antithèse au film lisse et propre de super-héros, tant au niveau de la violence personnelle exprimée que celle qui y est à l’origine, c'est à dire celle véhiculée et synonyme d’un malaise social, véritable message politique d’une société en rébellion telle qu’on la connaît encore actuellement, dont Joker en aura été ici bien malgré lui l’instigateur ! Bravo pour cet incroyable film inspiré et inventif de Todd Phillips, véritable ode à Joachin Phoenix dont le regard sombre n’a pas fini de nous hanter !

Je souscris complètement à cette critique. On sort de la projection vidé, rincé...Rien ne m'avait préparé à recevoir une telle claque.

JOKER est une plongée vertigineuse au coeur de la naissance du MAL, un MAL multiforme, complexe. Je ne voudrais pas résumer de manière simpliste ce film : les racines du MAL y sont nombreuses, provoquées bien sûr  par notre société manipulatrice et par les réactions de rejet violentes qu'elle génère. Mais ces racines se nourrissent également de notre aveuglement, de notre léthargie, de notre incapacité à reconnaître la souffrance de notre prochain, ou de notre simple indifférence qui d'un seul coup apparaît comme monstrueuse...

JOKER...un chef d'oeuvre dérangeant !
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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 13:09

Bonjour les amis,

J'ai vu pour vous (et pour moi)  cette semaine IL TRADITORE le dernier film de Marco Bellocchio qui a été présenté à Cannes et dont voici le synopsis.

Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s'enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l'histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra.

Ce film est une grande fresque de 2 heures et 40 minutes qui est conçue comme un opéra en 3 actes qui se déroule en Sicile, au Brésil, à Rome et aux Etats-Unis. 

Bellocchio évite soigneusement de faire de Buscetta un héros ou un mythe mais le spectateur ne peut-être que fasciné par son caractère puissant, par la cruauté des dilemmes qu'il doit résoudre et par sa métamorphose au cours du film.

L'histoire est très bien racontée et même s'il y a de nombreux personnages le spectateur ne s'y perd pas.

La réalisation est académique mais réserve de nombreux passages oniriques, flamboyants et lyriques qui nous rappellent qu'on a affaire à un très grand metteur en scène : la fête d'ouverture censée sceller la paix entre clans, l'attentat contre le juge Giovanni Falcone, le face-à-face judiciaire de Buscetta avec l'un de ses comparses, un cauchemar de Buscetta, le final qui nous remet en perspective toute cette trajectoire...

La bande-son sert parfaitement l'image et, par exemple, l'utilisation du choeur des esclaves du Nabucco de Verdi arrive à point nommé pour donner au film son caractère onirique.

L'interprétation de Pierfrancesco Favino en Tommaso Buscetta est magistrale, toute en nuances. Il sait parfaitement nous faire partager la complexité de son personnage, nous faire entrer au coeur de ses doutes, de ses souffrances (le souvenir de ses 2 fils assassinés), de ses repentirs aussi...

Mais Bellocchio n'en fait pas pour autant un saint. Buscetta pour accéder à son poste a dû commettre lui-aussi des atrocités. Il possède un caractère très hédoniste : c'est un homme à femmes, père de nombreux enfants, qui a été marié 6 fois, qui n'est pas assoiffé de pouvoir mais qui aime mordre la vie à pleines dents. En cela il s'oppose complètement à Toto Riina qui est un monstre cruel, ignoble, pervers et froid, obsédé de puissance mais qui vit terré comme une taupe.

Buscetta se transforme au cours du film et finit par se sentir investi d'une mission purificatrice mais ne se raconte pas d'histoires sur lui-même. Il sait que tout a commencé quand il n'avait que 16 ans (17 ème enfant d'une famille très humble) et qu'il promettait fidélité à l'association mafieuse. Et il n'en n'est que plus touchant.

Les dialogues entre Buscetta et Falcone donnent au film de la profondeur avec une réflexion sur le pouvoir, la vie, la mort...Les regards sont magnifiquement filmés. Parfois tout est dans le non-dit...Buscetta le traître n'a pas peur de regarder ceux qu'il a trahis droit dans les yeux...Tout cela est filmé avec une terrible justesse.

Le spectateur ne peut être que troublé et ému.

L'histoire de Buscetta est tellement riche en faits et en anecdotes que Bellocchio aurait pu s'y perdre mais il a su en extraire l'essentiel pour réaliser un film d'une grande homogénéité et d'une grande cohésion.

LE TRAÎTRE c'est un film ambitieux, une saga en forme de fresque et d'opéra qui restera dans l'histoire du cinéma.

 

 

LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.

Je terminerai ce billet en vous offrant en prime HISTORIA DE UN AMOR, une chanson très mélancolique et nostalgique qu'on entend dans le film et que Buscetta aimait interpréter dans les fêtes familiales...

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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 07:47

Bonjour les amis,

Il y a quelques jours je vous parlais de PARASITE le dernier film de de Boog Joon-Ho qui a obtenu la palme d' or au festival de Cannes.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/09/parasite.un-film-coreen-en-forme-de-metaphore.html

Et un ami a attiré mon attention sur un film antérieur de ce réalisateur, datant de 2003 et intitulé MEMORIES OF MURDER, et donc, je l'ai visionné cette semaine. En voici le synopsis :

En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...

Cela commence un peu comme une version asiatique du SILENCE DES AGNEAUX dans la Corée de 1987.

Les meurtres ont lieu à la campagne et Joon-Ho nous dépeint un monde rural assez glauque, encore très arriéré, très éloigné de la vision actuelle moderniste qu'on a de la Corée....On marche dans la bouillasse, les locaux de la police sont vétustes, délabrés. Les logements des protagonistes sont pratiquement insalubres...

Seules les images de la nature environnante contrastent de manière rafraîchissante avec l'univers terne, gris et désespérant des villages et des usines...

La police locale ne dispose d'aucun moyen sérieux d'investigation et leurs méthodes sont un résumé de tout ce qu'il ne faut pas faire, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes assez burlesques...

Deux enquêteurs sont sur l'affaire, le flic local qui essaie de la jouer à l'instinct et l'inspecteur qui vient de la capitale et dont les méthodes sont plus rationnelles.

Boon-Ho dénonce les conditions complètement abusives des gardes à vue ainsi que l'usage systématique de la violence et de la torture pour obtenir des aveux des suspects.

Les fausses pistes se multiplient, l'enquête avance et nous permet de découvrir une Corée où se mêlent modernité et croyances archaïques, un pays qui vit sous la menace d'une possible guerre avec son voisin du Nord, un pays où peurs et angoisses sont refoulées de manière collective.

Et puis le film finit par échapper complètement aux standards habituels du genre. Le mal est présent , bien réel, mais demeure insaisissable et plonge nos 2 flics dans un doute permanent. On perd ses repères et aucune des deux méthodes d'investigation ne permet d'acquérir la moindre certitude.

MEMORIES OF MURDER c'est l'histoire d'un échec désespérant. Le Mal est parmi nous et peut offrir un visage ordinaire...

Encore une fois, et tout comme dans PARASITE, le film est une grande métaphore de la société. L'histoire est menée de main de maître sur un rythme trépidant et ne laisse jamais au spectateur le temps de souffler.  

Et contrairement à PARASITE pour lequel j'avais émis une petite réserve, dans MEMORIES OF MURDER Joon-Ho maîtrise complètement son sujet et nous offre un film cohérent de la première jusqu'à la dernière image.

Le film commence avec des enfants à la campagne qui se moquent de l'enquêteur en l'imitant, et puis on comprend à la fin que ce n'est pas un simple hasard...

Memories of murder...ou quand le mal est présent et insaisissable...

Alors, la petite surprise supplémentaire pour moi c'est qu'après avoir vu ce film avec 16 ans de retard, il se trouve que l'actualité nous en reparle depuis la semaine dernière. En effet, ce film raconte une histoire vraie  de serial killer et il semblerait qu'avec plus de 30 ans d' écart la police coréenne ait finalement réussi à identifier le vrai assassin...Une bonne occasion de plus pour voir ce film que je recommande chaudement.

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13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 07:09

Bonjour les amis,

Je viens de voir PARASITE de Boan Joon-ho qui a obtenu la palme d'Or au festival de Cannes.

Voici le synopsis:

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...

Le metteur en scène demande à juste titre à ceux qui veulent commenter son film de ne pas en dévoiler l'intrigue  donc j'en dirai le moins possible. Je me contenterai de faire certaines remarques d'ordre très général.

Le film surprend car au fil du récit on change de registre et de genre cinématographique, ce qui peut dérouter le spectateur. Disons qu'on démarre sur une comédie de moeurs...

La mise en scène est brillante et le récit très rythmé. Certains personnages sont délicieusement amoraux comme dans certains films de Chabrol. Et tout comme chez Chabrol, le film s'apparente parfois à un jeu de massacre...Il y a une moralité dans l' amoralité...

Boan Joon-ho utilise avec maestria le lieu central de l'action qui est une magnifique maison d'architecte et il en fait fait un personnage principal qui symbolise à lui seul toute la société coréenne (modernisme, influence de l'occident, l'ennemi du Nord, le passé enfoui, etc...).

Le film est construit comme une fable cruelle, comme une grande métaphore.

 Il y a aussi dans cette oeuvre une critique sociale sarcastique (lutte des classes et néolibéralisme), un humour acerbe, avec par exemple des passages assez savoureux dans lesquels les personnages ont une manière très particulière d'utiliser les nouvelles technologies. Dans ce film les portables peuvent se révéler aussi dangereux que les lance-flammes dans le dernier Tarantino...

Tous les personnages (notamment féminins) sont très bien interprétés et certains d'entre eux sont très  touchants et nous émeuvent.

Le film possède d'indéniables qualités, mais, malgré tout, j'ai partiellement décroché au bout d'une heure et 20 minutes car, à mon sens, l'histoire se dévoile trop : il reste à ce moment-là 45 minutes de projection et le spectateur commence à saturer un peu à cause d'une surenchère de rebondissements vaudevillesques qui ne sont au service  de rien (ou de si peu). La fin, quant à elle, redonne du sens à tout ce qu'on a vu précédemment.

Le metteur en scène a pris certains risques notamment en changeant de registre, mais aussi il se peut qu'il ait déçu certains spectateurs (comme moi) qui n'ont pas bien accepté un élément de l'histoire (dont je ne parlerai pas) qui fait définitivement basculer son film vers autre chose de plus terrifiant...on n'a plus du tout envie de rire, ni même de sourire. On ne renoue pas avec le ton de la première partie du film et ça m'a gêné considérablement. 

Finalement ce film c'est comme un bon plat bien présenté qui fait saliver mais qui ne va pas forcément tenir toutes ses promesses...on finit le repas avec une grosse arête dans le gosier !

Malgré ces réserves, il y a tant d'originalité et de brio dans la réalisation et on a tant de sympathie pour nombre des personnages que ce film mérite d'être vu de toutes façons. Donc je ne ferai pas la fine bouche...Mais moi, j'aurais retouché certains aspects du scénario pour lui donner plus d'homogénéité et j'aurais enlevé au montage une demi-heure.

 

 

 

 

 

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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 09:02

Bonjour les amis,

Il y a des romans assez inclassables, qui ne correspondent à aucun genre défini, et PIÈGE NUPTIAL de Douglas Kennedy fait partie de ceux-là.

Voici le thème:

Fasciné par une carte d'Australie, Nick, un journaliste américain, décide de tout plaquer pour atterrir à Darwin.
Une nuit fatale, un accident avec un kangourou et sa rencontre avec la jeune et robuste Angie vont le mener au coeur du bush, au milieu de nulle part, au sein d'un clan d'allumés coupés du monde.
Pris au piège, Nick va devoir user de tous les moyens possibles pour échapper à ceux qui l'ont adopté à son corps très défendant. En jeu : sa survie, tant physique que mentale...

le roman est paru en France sous 2 titres PIEGE NUPTIAL et CUL-DE-SAC
le roman est paru en France sous 2 titres PIEGE NUPTIAL et CUL-DE-SAC

le roman est paru en France sous 2 titres PIEGE NUPTIAL et CUL-DE-SAC

Je préfère en dire un minimum sur l'histoire et laisser que le lecteur la découvre. Celui-ci est mis dans la peau du personnage principal qui comprend peu à peu la nature du piège dans lequel il est tombé.

Le récit s'apparente à un conte grinçant à la fois humoristique et terrifiant. On navigue entre la farce énorme, le rire cruel et parfois l'horreur...

Les dialogues sont très bien écrits. Il y a sans cesse un décalage entre le personnage principal et les membres de la communauté qui vivent en dehors de l'espace et du temps avec d'autres normes qu'il se sont créés.

Ces membres survivent dans un environnement hostile avec peu de ressources, ce qui explique leur caractère rustre, basique, primaire, parfois à la limite du primitif.

Le personnage d'Angie à lui tout seul vaut son pesant de cacahuètes. C'est presque un nouvel archétype féminin que nous propose Douglas Kennedy : celui de la femme très virile, parfois violente,d'un culot monstre,d'une incroyable mauvaise foi, avide de sexe et qui aime prendre des initiatives. Elle possède une forme de romantisme assez particulier...Elle correspond presque à un fantasme masculin.

Le père d'Angie, en leader rustre et un peu fascistoïde de la communauté, incarne la partie la plus inquiétante du roman.

Il y a eu plusieurs adaptations de ce roman. D'abord une BD de Christian de Metter...

Et puis aussi un film datant de 1997 intitulé " Welcome to Woop Woop" réalisé par Stephen Elliot, celui qui avait fait " Priscilla, folle du désert"

J' ai vu ce film, et je le considère un peu décevant par rapport au livre. Elliot a un peu modifié l'histoire pour rester dans le ton d'une comédie. Le film commence bien mais le rythme finit par se diluer peu à peu. Contrairement au bouquin le spectateur sature un peu...

Malgré tout on retrouve bien dans cette adaptation certains dialogues savoureux et l'interprétation des personnages sauve le film. Susie Porter est épatante dans le rôle d'Angie.

Piège nuptial...une plongée délirante et décalée dans l'outback australien...

Le film comme le bouquin est un conte cruel mais pas désespérant, une farce énorme, une métaphore : c'est comme ça qu'il faut le prendre...

La formule habituelle consacrée lors d'un mariage est que les deux époux se promettent l'un à l'autre "pour le meilleur et pour le pire". Et bien disons que dans PIÈGE NUPTIAL le pire va assez loin...

Piège nuptial...une plongée délirante et décalée dans l'outback australien...

Nota : le film est disponible dans son intégralité en version originale sur youtube. La qualité d'image n'est pas terrible et par ailleurs si vous ne captez pas bien l'argot australien vous risquez de perdre beaucoup....En ce qui me concerne j'ai pu accéder à une copie sous-titrée en espagnol.

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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 07:35

Bonjour les amis,

Cette semaine j'ai vu le dernier film de Tarantino ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD. Comme souvent j'essaie d'en savoir très peu sur les films que j'attends avec impatience. Je savais que celui-ci avait reçu un accueil très mitigé de la part de la critique donc je voulais me faire une idée par moi-même, sans à-priori négatif...

Voici le synopsis:

" En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.  "

Je savais aussi que le film se situait dans les années durant lesquelles avait eu lieu le terrible massacre dans la villa de Sharon Tate, un massacre qui a marqué son époque et qui correspond à la perte de l'innocence d'Hollywood...

Parlons du film maintenant.

Il y a beaucoup de choses qui surprennent. D'abord le format. 2 h 36 minutes c'est long, très long, mais je vous rassure : je ne me suis pas ennuyé (et les cinéphiles et amateurs du Hollywood de ces années-là ne s'ennuieront pas non plus...).

Ensuite il y a le scénario qui surprend aussi car sur les 2 h et 36 minutes, disons que pendant les deux premières heures on ne voit pas très bien où Tarantino veut en venir car il n' y a pas réellement d'intrigue...Il mène 2 histoires en parallèle.

D'abord celle de Rick Dalton (Dicaprio) et Cliff Booth (Brad Pitt) sa doublure. Rick Dalton ancienne gloire de séries américaines du genre "Au nom de la loi" est sur la pente descendante et doit accepter des seconds rôles éloignés de ses personnages habituels. Le duo Dicaprio-Pitt fonctionne à merveille. Le premier est angoissé, torturé, a peur de devenir un has been...Le 2 ème est un personnage à la fois positif (mais aussi violent) qui ne se prend pas la tête, qui traite ses problèmes dans la vie de la même manière que les héros de séries américaines.

C'est au travers de l'évolution de la relation entre ces 2 amis que Tarantino nous parle des transformations qui ont lieu à Hollywood dans ces années-là.

La 2 ème histoire est celle de Sharon Tate mais là encore il n'y a aucune intrigue. On la suit dans son environnement, dans les fêtes privées de l'époque, entourée de ses amis. Tate représente un personnage lisse, naïf qui vit à Hollywood comme une princesse le ferait dans un conte de fées...

Pendant ces 2 premières heures Tarantino se fait plaisir. Il nous balade dans les coulisses de l'industrie cinématographique, nous fait assister à des tournages de scènes entières (des mini-histoires dans l'histoire). Il nous plonge dans l'esthétique un peu psychédélique née du mouvement hippie et c'est un vrai régal pour ceux qui ont connu cette époque. La reconstitution de la cité des anges est très soignée : rien que la scène des enseignes au néon des restaurants qui s'illuminent le soir vaut le déplacement. C'est toute la magie de Los Angeles.

Il se prend le temps de nous faire assister à des scènes apparemment anodines comme celle de Brad Pitt donnant à manger à son chien. Des scènes anodines mais qui vont prendre une toute autre dimension lors du dénouement final.

Quant à la dernière demi-heure, on retrouve là le grand Tarantino qu'on connaît, capable de vous balancer des scènes à vous couper le souffle avec une précision d'horloger.

Disons que cette fin justifie tout le projet et qu'elle exprime tout l'amour que Tarantino porte pour le cinéma qui a nourri son enfance et son imaginaire. C'est la dualité entre la fiction et la réalité...et notre ami Tarantino penche définitivement du côté de la fiction.

Alors pourquoi certains ont été déçus par ce film et ont fait la fine bouche?...d'abord il y a des longueurs, c'est évident. Et même si elles sont voulues par Tarantino le public n'y adhère pas forcément.

Par ailleurs ce film s'adresse aux connaisseurs de cette époque. Les petits jeunes seront un peu perdus avec ces très nombreux personnages qui ne parleront pas à leur imaginaire.

Notons également qu' on est moins bien servi en dialogues de qualité  par rapport aux films antérieurs de Tarantino. C'est vrai que certains dialogues sont insignifiants. Malgré tout il y a des scènes d'anthologie qu'on n'oubliera jamais comme celle de Dicaprio qui s'en veut et qui pète un câble dans sa caravane après avoir raté une scène qu'il devait interpréter.

Dicaprio qui est touchant lorsqu'une enfant de 8 ans lui dit qu'il a magnifiquement bien joué une scène....Dicaprio très égocentrique mais finalement émouvant de timidité et de modestie quand Sharon Tate l'invite à entrer dans sa villa.

Je terminerai en disant que ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD est visuellement si dense, si riche qu'on se dit qu'on va le revoir...forcément.

 

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