blade runner 2049

Publié le 29 Décembre 2017

Tourner plus de 35 plus tard la suite d' un film qui a eu un énorme succès planétaire est toujours un pari extrêmement risqué.

Dans son Don Quichotte, Cervantes fait dire à l' un de ses personnages, en parlant des suites de romans:

" Nunca segundas partes fueron buenas..."

" Les deuxièmes parties ne furent jamais bonnes..."

Depuis, on sait que cette maxime n' est pas toujours vraie.Je ne prendrai qu' un seul exemple: LE PARRAIN nº 2 est un chef d' oeuvre...Mais dans le cas de BLADE RUNNER 2049 de Denis Villeneuve , on peut malheureusement appliquer à juste titre la sentence du proverbe espagnol...

Mais avant de parler de ce film, il faut faire un retour sur le premier volet.Le film de Ridley Scott nous projetait dans un futur à la fois noir ( toutes les scènes se passaient de nuit) mais aussi dans un univers onirique.Il y avait aussi de la magie, de la fascination, de la passion.Scott faisait endurer les pires souffrances à Decker mais le spectateur s' identifiait complètement au héros, et souffrait avec lui jusqu' à la dernière seconde du film.

Alors resituons nous maintenant dans la peau d' un metteur en scène dont le projet est d' écrire une suite. Ridley Scott a laissé la barre très haut d' une part, et le public attend de vivre des péripéties au moins aussi émotionnantes d' autre part.Donc, Villeneuve peut imaginer une suite très différente qui soit très personnelle et très originale mais sans oublier son cahier des charges.On veut de l' action, de l' émotion...On veut que ça palpite...

 

 

 

Blade Runner 2049... talentueux mais malheureusement déprimant et sans souffle épique.

Et là, on pressent dès les premières images du film que nos attentes vont être déçues.On est tout de suite projeté dans un univers extrêmement glauque, sinistre, aussi mort que le tronc d' arbre séché qui apparaît sur la photo ci-dessus.Villeneuve nous installe soit dans une nature désertique, soit dans des paysages qui ressemblent à des cimetières industriels, soient dans de grandes villes fantasmagoriques et désertes. 

Blade Runner 2049... talentueux mais malheureusement déprimant et sans souffle épique.

Il n' y a qu' à Los Angeles qu' on retrouve une vraie ambiance urbaine futuriste et vivante...

K, notre personnage principal, est très introspectif....Il est à la recherche de lui-même.On a droit à un héros existentialiste sorti d' un roman de Paul Auster. Les dialogues se font rares,minimalistes, fait de phrases censées receler un sens profond, prononcées de manière sentencieuse, et qui frisent souvent involontairement le ridicule...Par moments les personnages parlent comme les héros de la Bible en tenant des propos solennels, pompeux, grandiloquents et très peu naturels.

Le rythme du film qui dure 2 heures et 43 minutes se fait interminable  ...Villeneuve use et abuse de notre patience.Son cinéma se fait narcissique: il se regarde lui-même et nous propose des plans dont l' esthétique est très travaillée, avec des images parfois époustouflantes, mais qui n' apportent pas de vraie dynamique à l' action. 

Blade Runner 2049... talentueux mais malheureusement déprimant et sans souffle épique.
Blade Runner 2049... talentueux mais malheureusement déprimant et sans souffle épique.

 2 heures 43 minutes c' est très long pour un film dont le scénario peut se résumer sur une seule page dactylographiée.

Blade runner 2049  est un cauchemar interminable qui vous plonge parfois dans un état proche de la catalepsie.

La relation sentimentale qui lie K à sa compagne-hologramme est originale mais sans âme et m' a laissé aussi froid qu' une limande sur l' étalage glacé d' une poissonnerie.On est très loin des sentiments passionnels que Rachel provoquait chez Harrison Ford.Pas de scènes torrides...pas de pulsions qui se libèrent... 

Et surtout, le spectateur se détache peu à peu des moteurs qui font avancer l' action.Une distance s' installe peu à peu avec le héros K ( très bien interprété par Ryan Gosling)...On attend patiemment que des éléments narratifs consistants relancent vraiment l' action, et nous accrochent...

Ces moments se produisent, mais encore une fois, l' attention retombe car on continue de patauger dans une forme de vide existentiel. Harrison Ford apparaît dans un Las Vegas sinistre, apocalyptique et déserté...Son apparition apporte peu...Ses explications absconses continuent d' entretenir le spectateur dans une vaine attente...Et à partir de ce moment du film, je commence à me dire " Qu' on en finisse " alors qu' il reste encore plus d' une heure de projection au compteur...

Alors, on aura quand même droit à certaines scènes épiques mais qui frisent parfois le ridicule.Villeneuve claque 150 millions de dollars pour réaliser cette superproduction et nous sert une séquence de combat dans une voiture sous l' eau qui pourrait être tournée dans un feuilleton série B.On se demande s' il ne nous fait pas un clin d' oeil moqueur, du genre: " Vous vouliez de l' action, et bien, en voilà...".

A ce moment là, votre serviteur a déjà complètement décroché du film et se contrefiche bien de l' issue du combat qui ne semble faire aucun doute...

Blade Runner 2049... talentueux mais malheureusement déprimant et sans souffle épique.

Le film se termine sur un dernier plan magique et très poétique mais qui ne me fait pas oublier que je me suis fait balader pendant 2 h et 43 minutes.

Je n' ai pas vibré, je n' ai pas frissonné, je ne me suis pas senti dans la peau du héros,je n' ai pas ressenti de troubles provoqués par la sensualité des personnages féminins...J' ai simplement admiré certaines scènes comme on s' extasie devant de beaux tableaux, devant certaines couleurs, mais en oubliant qu' il s' agissait d' un film avec des personnages animés de passions.

Pourtant j' étais très bien disposé au début du film.Je n' étais pas fatigué car sinon je me serais endormi.

Non, il m' est arrivé le pire qui puisse se produire quand on regarde un film, à savoir arriver à ce moment fatidique à partir duquel les explications ( par ailleurs invraisemblables) ne vous importent plus car ça fait longtemps que vous vous êtes détaché peu à peu de la problématique du héros et que ses interrogations ne sont plus les vôtres, et qu' une distance s' est définitivement installée...Et je crois que ça, c' est vraiment la responsabilité du réalisateur qui n' est pas aussi doué qu' il ne se l' imagine...Il rate sa cible...En tout cas, moi, il m' a raté...

La fin du film n' apporte pas grand chose...D' ailleurs, franchement,elle laisse la porte ouverte à quelqu' un qui voudrait faire un 3ème volet... il aurait tout un boulevard devant lui...

PS: Je ne voudrais surtout pas que mon article dissuade qui que ce soit d' aller voir ce film qui possède par ailleurs des qualités esthétiques indéniables.Simplement, j' estime que ce n' est pas une suite réussie du premier volet.On n' y retrouve pas les éléments qui nous avaient fait vibrer de manière aussi forte.Il manque le souffle épique qui emporte et embarque le spectateur...mais par contre, ce film recèle une forme, une esthétique parfois flamboyante et un vrai caractère hypnotique qui pourra séduire un autre public.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Blade Runner 2049, #Science-fiction, #Cinéma

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