Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 18:16

Bonjour les amis,

Il y a deux jours il faisait un p' tit temps frisquet par chez moi, et je me suis dit que c' était le moment idéal pour voir WIND RIVER de Taylor Sheridan.

Bien m' en a pris car c' est un film superbe.

Voici le sinopsis:

Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre. Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…

WIND RIVER est un très beau film de facture classique.Le premier grand personnage du film c' est une réserve indienne dans le Wyoming durant l' hiver.

Le décor est planté, somptueux, majestueux, imposant le respect.Dans cet univers âpre , la jeune enquêtrice du FBI a besoin de l' aide de Cory le chasseur qui, lui, sait interpréter les moindres signes ou traces dans la neige.

La trame policière reste simple et linéaire.L' enquête avance aussi lentement et sûrement qu' un trappeur avançant dans la neige chaussé de ses raquettes.L' intrigue est surtout un prétexte pour nous mettre en scène les personnages qui vivent dans ces contrées reculées.

 

Voici ce que dit BENOITG20 sur la page d' allociné:

Wind River" est un film âpre, humain et dur tant dans l'univers hostile et glacé, que dans le vécu profond des personnages... C'est une peinture sans concession de laissés pour compte isolés, qui tentent de survivre dans cette réserve indienne du Wyoming. À travers la découverte macabre d'un corps sans vie dans cette neige immaculée, le réalisateur Taylor Sheridan va nous plonger dans un monde où le destin de chacun est ancré à la rudesse de l'endroit et de son climat. Tout n'est que privation, résignation, désillusion et les faits dramatiques qui sont mis en exergue, qu'ils soient passés ou présents ne font que renforcer le malaise que dégage le mal-être de ces personnages... Accepter la douleur, vivre avec, se surpasser pour continuer à exister et faire exister celle ou celui disparu, est ici superbement décrit et même transcendé ! Au delà de l'enquête pourtant bien menée, c'est surtout la dimension humaine, dans tout ce qui concerne le relationnel qui nous touche vraiment... Un film profond, sensible où chaque acteur, en particulier Jeremy Renner, nous révèle une psychologie mise à nu, pour nous atteindre avec pudeur, délicatesse et pertinence. Le sort de cette communauté d'amérindiens est ici un des points essentiels, en étant extrêmement bien montré. Un beau film de à ne pas louper !

J' aimerais juste ajouter que ce film nous parle d' un univers où la valeur des hommes tient à leur force mentale, à leur capacité à surmonter la rudesse des éléments.Ici c' est la montagne qui s' impose aux hommes , et pas le contraire...

Dans cet univers il n' y a pas de hasard et seuls  ceux qui sont à la fois forts mentalement et humbles devant les forces de la nature survivent.

J' ai beaucoup aimé les scènes où Cory initie son fils aux règles qu' il faut respecter dans la nature.Tout se prépare méticuleusement: les sorties, le matériel,l' équipement, les armes...Rien n' est laissé au hasard et il faut savoir observer son environnement, l' évolution du temps qu' il fait, car les erreurs ne pardonnent pas.

J' ai été fortement imprégné par ce film qui m' a vraiment donné l' impression d' en savoir plus sur cette partie des Etats-Unis qui vit en dehors du rêve américain.

Et puis, WIND RIVER m' a ramené à certains souvenirs personnels de mon enfance.

Quand j' avais 10 ans une partie de ma famille s' était décidée à aller chercher fortune au Canada,à Edmonton, en Alberta où nous avons des cousins.C' est une partie au centre du Canada, très continentale avec des hivers très rudes, au moins aussi rudes que ceux qu' on voit dans WIND RIVER.

Mon oncle, et mes grands-parents s' étaient installés à Edmonton fin des années soixante en attendant que le reste de la famille les rejoigne.Ils y ont vécu 3 ans.Finalement, mon père, ma mère,mon oncle et ma tante décidèrent de rester en France, mais ça  s' est joué à très peu de choses.

Ils ont reculé à la dernière minute, mais moi je me souviens bien que je racontais déjà à mes professeurs que toute la famille allait émigrer.Je frimais avec mes petits copains et je m' imaginais déjà vivant comme Davy Crockett et chassant le caribou.

Je frimais devant mes petits copains mais en réalité j' étais très anxieux d' aller vivre dans un pays très éloigné dans lequel les habitants parlent une langue dont je ne connaissais que les rudiments.

Avant-hier, j' ai repensé à ce moment crucial de notre histoire familiale.

Si j' étais allé à Edmonton à l' âge de 12 ans ma vie en aurait été complètement bouleversée...J' aurais vécu à l' américaine dans une  ville entourée de grands espaces très peu peuplés où c' est la nature qui prédomine.

Entre les corons du Nord de la France où je vivais et les grands espaces canadiens, il y avait un monde, une galaxie...

Et avant-hier,en regardant les paysages de WIND RIVER, l' immensité des espaces, je n' ai pas pu m' empêcher de penser que ces espaces auraient pu être les miens...que tout s' est joué à peu de choses...à très peu de choses...

Paysage d' Alberta...

Paysage d' Alberta...

Partager cet article
Repost0
22 février 2017 3 22 /02 /février /2017 08:37

Bonjour les amis,

Je viens de voir American Pastoral,inspiré par le roman de Philip Roth.

Voici une présentation qui résume l' argumentation du film

L’Amérique des années 60. Autrefois champion de sport de son lycée, Seymour Levov, dit « le Suédois », est devenu un riche homme d’affaires marié à Dawn, ancienne reine de beauté. Mais les bouleversements sociopolitiques de l’époque font bientôt irruption dans la vie bourgeoise, en apparence idyllique, de Seymour. Lorsque sa fille adorée, Merry, disparaît après avoir été accusée d’acte terroriste, il part à sa recherche pour que sa famille soit de nouveau unie. Profondément ébranlé par ce qu’il découvre, il doit affronter le chaos qui secoue la société américaine et jette les bases d’un nouveau monde. La vie de famille ne sera plus jamais la même…

 

 

 

 

 

Alors la première conclusion qui s' impose c' est qu' aucun réalisateur n' a réussi à faire un grand film à partir d' un grand roman de Roth. Que ce soit LA COULEUR DU MENSONGE ou AMERICAN PASTORAL, aucun de ces films n' atteint une dimension artistique qui les situe au niveau du prestige des oeuvres de Roth dans la littérature américaine.

Mais soyons juste aussi.Aucun de ces films n' est mauvais non plus, bien au contraire.

Revenons à AMERICAN PASTORAL, et parlons de ses qualités d' abord.

Le film nous replonge dans l' Amérique des années 70, reconstituée de manière très soignée.L' action démarre bien avec un narrateur qui va nous raconter l' histoire de Seymour, métaphore à lui tout seul du rêve américain. Seymour grand champion sportif qui épousera une reine de beauté et qui reprend avec succès la petite entreprise familiale.

Le grain de sable dans cette belle histoire idyllique proviendra de sa fille, de ses difficultés psychologiques durant sa petite enfance, et ensuite de sa rupture avec sa propre famille jusqu' à ce qu' elle devienne une terroriste d' abord, puis une espèce de zombie non-violente manipulée par une secte ensuite.

La caméra adopte le point de vue de Seymour qui tente par tous les moyens de sauver sa fille. Seymour qui est à la fois quelqu' un de très responsable mais qui ne renonce jamais à l' amour qu' il porte envers sa progéniture. Seymour qui veut comprendre et qui assume et prend tout sur lui  , y compris les erreurs impardonnables de sa fille.

Cette partie-là quoique un peu mélodramatique est parfaitement réussie: on s' identifie à Seymour et on  plonge dans les affres de ce père qui vit une situation à la fois horrible,cruelle, incompréhensible et imméritée.

Bien évidemment, le film a une dimension métaphorique: ce châtiment cruel et injuste qui s' abat sur Seymour, c' est le prix des pêchés et des crimes non avoués de l' Amérique.

Dawn, l' épouse de Seymour, interprétée par Jennifer Connelly amène des éléments de surprise dans le scénario.Dawn vit très mal la situation familiale provoquée par leur fille Merry.

Elle est forte au début,puis elle finit par péter un plomb, pour ensuite sombrer peu à peu dans une dépression, et puis renaît de ses cendres en tirant un trait définitif sur l' existence de sa fille.

C' est sans doute le moment le plus surprenant du film, mais aussi le plus crédible.Parfois pour survivre il faut savoir rompre avec des êtres qui ont été très chers...or, personne ne peut penser qu' on puisse tirer un trait sur l' existence de ses enfants.Ça paraît insensé mais le revirement de la mère est finalement très crédible et psychologiquement juste.

Alors d' où vient le problème avec ce film ?

D' abord le conflit de générations qui oppose Merry et son père parait tant stéréotypé qu' il frise la caricature.Le personnage de Merry est vraiment très simpliste.Elle est très innocente: sa rébellion et son ingénuité font sourire au début du film et sont assez agaçants pour le spectateur.

Le problème c' est que la relation entre le père et la fille ne sont pas approfondies.On assiste, de manière impuissante à une rupture,à un dialogue de sourds, et ensuite aux tentatives désespérées d' un père qui passe le reste du film à vouloir récupérer sa fille, sans qu' on sache réellement ce qu' elle est devenue, ni ce qu' elle a fait...

C' est sans doute le moment qu' aurait dû choisir le metteur en scène pour prendre des libertés avec le roman ( quitte à le trahir partiellement).Proposer une une confrontation entre le père et la fille qui amène de la réflexion et d' où il se dégage une vérité...Une scène où les deux arrivent  à faire un pas l' un envers l' autre.

Il ne ressort absolument rien de positif de la trajectoire de Merry. Elle finit comme une paumée qui vit complètement à l' Ouest.Elle représente le desastre intellectuel et moral de toute une génération de jeunes que l extrême-gauche a projeté dans une voie sans issue.Ce film est l' histoire d' un naufrage intellectuel, d' un TITANIC de la pensée...C' est une descente aux enfers.

Voici un extrait du roman de Philip Roth que le metteur en scène a essayé de retranscrire fidèlement à l'écran avec un monologue intérieur du narrateur qui résume les lignes-ci dessous:


On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d’arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d’espoirs, d’arrogance; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus sur ses dix orteils au lieu d’écraser la pelouse sous ses chenilles; on arrive l’esprit ouvert, pour l’aborder d’égal à égal, d’homme à homme comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n’avait pas plus de cervelle qu’un tank. On se trompe avant même avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux; on se trompe quand on est avec eux; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelqu'un d’autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n’y voit que du feu, ce n’est qu’illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant, comment s’y prendre dans cette affaire si importante- les autres- qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d’autrui et ses mobiles cachés? Est-ce qu’il faut pour autant que chacun s’en aille de son côté , s’enferme dans sa tour d’ivoire , isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir de mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance? Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant: on se trompe. Peut être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous.. alors vous avez de la chance.

 

On y voit dans cet extrait du roman les qualités et les défauts de Philp Roth qui s' enferme parfois dans une pensée qui tourne en rond et qui débouche sur une vision philosophique de la vie finalement assez pauvre, voire prétentieuse et risible...

Et si Philipp Roth n' était finalement pas un si grand romancier que ça ?

C' est la question que je me suis posé en voyant le film (et en lisant cet extrait).

Et si, pour faire ce grand film qu' on attendait, il ne fallait pas partiellement trahir cet écrivain ?

La question mérite d' être posée...

Alors, pour revenir à AMERICAN PASTORAL j' essaierai de garder en tête ses grandes qualités et notamment la trajectoire du père qui est dans le vrai, qui ne renonce jamais à l' amour qu' il porte pour sa fille.

Seymour est finalement un Christ de la paternité et son amour si beau et si grand est crucifié de manière absurde sans toutefois racheter les crimes d' une Amérique coupable et insensible.

AMERICAN PASTORAL est un film à voir, malgré certains de ses défauts.

American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.
American Pastoral d' Ewan Mc Gregor...Un film à voir malgré certains de ses défauts.

PS: J' ai retrouvé cette belle chanson des années 70 de Maxime Leforestier qui résume bien le conflit de générations de l' époque...et aussi la naïveté d' une certaine jeunesse.

J' ai l' original chez moi...mes années fleur bleue...!!!

Partager cet article
Repost0