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26 décembre 2019 4 26 /12 /décembre /2019 08:52

Bonjour les amis,

J'ai enfin pu voir hier JOKER de Todd Phillips et, autant le dire tout de suite, ce film est un chef d'oeuvre d'autant plus dérangeant que je n'y étais pas vraiment préparé.

Voici le synopsis.

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société

Voici la critique d'un internaute:

Avec « Joker » de Todd Phillips, le véritable Joker est NÉ ! Fabuleux, magnifique, extraordinaire, les mots nous manquent pour porter au firmament l’acteur Joaquin Phoenix dont le jeu est littéralement dérangeant, remarquable, époustouflant ! On ressort décontenancé et pantelant, d’avoir vu son corps se déployer petit à petit, de l’être voûté et miséreux du début, à ce Joker dansant et virevoltant, rayonnant et parfaitement diabolique ! Jamais un personnage n’aura permis de rentrer autant dans la folie pure, dans ce mental si effrayant, au point de nous faire rire jaune dans les moments justement les plus fous de ce récit ! Un fonctionnement intérieur des plus machiavélique, dont chaque étape est décrite avec soin, de l’élément déclencheur à l’acte irrémédiable et terrible que l’on voit arriver, de loin ou de près avec toute la mise en place, toute la réflexion sous-jacente qui bouillonne dans cette tête hors norme ! Et ainsi c’est bien toute la vie de ce Arthur Fleck, qui défile au son d’un rire vertigineux et indescriptible, saccadé et sans fin ! Un être simplement fragile psychologiquement, victime d’une société capitaliste et laissé pour compte, dont les garde-fous vont sauter un à un et là, on pourra dire que cette expression n’aura jamais eu autant de sens... De son activité de clown et son projet de devenir humoriste, à sa vieille mère et son secret enfoui, c’est tout son cadre de vie qui éclate, qui part en miettes pour rendre ce malade psychiatrique encore plus insaisissable et incontrôlable ! Joaquin Phoenix donne ainsi au personnage mythique et légendaire que représente le « Joker », toute sa dimension psychologique et sa raison d’être, d’exister et maintenant, chaque apparition de ce dernier renverra à coup sûr à cette histoire, ce destin terrible et inimaginable ! Et que dire de cette mise en scène incroyable et théâtrale qui sied à l’acteur, tel un écrin qui le magnifie encore plus dans l’horreur ! On est époustouflé de la montée en puissance qui s’opère à nos yeux, de la transformation de cet être replié, maigre et noueux,en un clown carnassier et démoniaque, devenu un véritable psychopathe dans l’âme ! Chaque plan, chaque image crée la surprise, la peur et même l’angoisse et un simple escalier pénible à monter dans les premières images, va devenir soudain une véritable piste de danse, où on le verrait presque s’envoler... Joker est né ! Joker a sa propre histoire ! Joker a tout son sens ! Et toute l’intelligence de ce film de DC tient aussi à ce qu’il représente comme antithèse au film lisse et propre de super-héros, tant au niveau de la violence personnelle exprimée que celle qui y est à l’origine, c'est à dire celle véhiculée et synonyme d’un malaise social, véritable message politique d’une société en rébellion telle qu’on la connaît encore actuellement, dont Joker en aura été ici bien malgré lui l’instigateur ! Bravo pour cet incroyable film inspiré et inventif de Todd Phillips, véritable ode à Joachin Phoenix dont le regard sombre n’a pas fini de nous hanter !

Je souscris complètement à cette critique. On sort de la projection vidé, rincé...Rien ne m'avait préparé à recevoir une telle claque.

JOKER est une plongée vertigineuse au coeur de la naissance du MAL, un MAL multiforme, complexe. Je ne voudrais pas résumer de manière simpliste ce film : les racines du MAL y sont nombreuses, provoquées bien sûr  par notre société manipulatrice et par les réactions de rejet violentes qu'elle génère. Mais ces racines se nourrissent également de notre aveuglement, de notre léthargie, de notre incapacité à reconnaître la souffrance de notre prochain, ou de notre simple indifférence qui d'un seul coup apparaît comme monstrueuse...

JOKER...un chef d'oeuvre dérangeant !
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22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 09:38

Bonjour les amis,

Ça fait longtemps que je n'ai rien apporté de neuf à mon petit dictionnaire illustré par l'exemple, et aujourd'hui j'ai l'occasion d'y revenir avec le mot PLEURNICHERIES au pluriel.

Voyons d'abord la définition:

PLEURNICHERIES : Ensemble de mimiques, de jérémiades d'une personne qui tente de se faire plaindre ou d'émouvoir, sans motif sérieux.

Passons maintenant à l'illustration avec cette vidéo :

https://www.youtube.com/watch?v=3cJQsjv9J6w

Notons d'abord que j'ai eu quelques difficultés à comprendre ce que dit la demoiselle, à tel point que j'ai eu un doute et que je me suis demandé si le français qui se pratique aujourd'hui dans l'hexagone est resté le même que celui que j'ai laissé au pays il y a plus de 30 ans. Pendant quelques instants, j'ai ressenti le besoin d'avoir recours à une version sous-titrée. En la réécoutant il me semble bien avoir entendu "What's the fuck...."

 

Alors maintenant je vous pose une simple question à tous.

Si c'était votre propre fille qui vous faisait ce numéro en rentrant à la maison, vous réagiriez comment ? 


A : Vous lui dites " Mais non, pleure pas, ça te va très bien...."


B: Vous lui collez 2 baffes pour la calmer...(façon Lino Ventura dans le film LA GIFLE).

 

C: Vous prenez une paire de ciseaux et vous lui dites: " Bouge pas, je vais t'arranger ça..."


D: Vous prenez la tondeuse à barbe et vous lui dites: " Bouge pas, je vais t'arranger ça..."


E: Autre...

N'hésitez pas à me commenter comment vous réagiriez dans ce cas-là.

En attendant vos réponses je vous donne la mienne : moi l'option B me démangerait mais, comme je suis aussi un peu pervers, je ferais semblant de proposer l'option D.... 😉 

Là-dessus je vous laisse avec une scène culte:

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 15:22

Bonjour les amis,

Il y a quelques jour je vous parlais de mon enfance dans la cité minière de Wallers-Arenberg dans le Nord de la France. La ville possédait dans les années soixante un cinéma qui s'appelait l'Alhambra.

Et parfois, il nous arrivait d'y aller en classe pour voir un film, ou alors la version filmée d'une pièce de théatre. J'avais gardé un grand souvenir d'une projection du BOURGEOIS GENTILHOMME avec notamment la marche pour la cérémonie des turcs, composée par Jean-Baptiste Lully,compositeur du Roi de France, et qu'on entend à 5 minutes dans cette vidéo.

https://www.youtube.com/watch?v=J9nrQ1glm7M

Et il se trouve que cette semaine, un bon ami m'a envoyé une version datant de 2009 de cette pièce musicale, interprétée dans un palais à Florence, avec instruments anciens, sous la direction d'un spécialiste de la musique de la Renaissance,  Federico Maria Sardelli.

La musique commence après la présentation du locuteur François de Rudder, qui déclame avec une prononciation d'époque faite de R roulés...

Alors j'adore cette version, et particulièrement la direction pleine d'entrain et de vivacité  de Federico Sardelli qui marque le tempo avec un bâton...

Et en parlant de bâton, ça ne vous rappelle rien l'histoire du bâton ?

Et bien sachez qu'en pleine répétition du TE DEUM qu'il préparait pour le roi Louis XIV, Giovanni Battisti Lulli, plus connu en France sous le nom de Jean-Baptiste Lully, s'emporte contre ses musiciens et frappe un peu trop fort avec son bâton involontairement sur son orteil. L'orteil s'infectera, puis la jambe se gangrènera et finira par emporter le grand compositeur italien le 22 Mars 1687.

Alors quand on voit de quelle manière énergique Federico Sardelli dirige cette marche turque et marque le tempo, on ne peut s'empêcher de penser :

" Attention le pied !...".... 😉

 

Attention le pied !

PS: Je vous mets en prime un petit lien sur la biographie de Lully.

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 10:54

Bonjour les amis,

Vous avez tous déjà goûté aux jeux de l'amour mais peut-être que vous ne connaissez pas ce qu' est le jeu de la Mourre.

Et avant de vous l'expliquer, je vais préalablement vous parler de ma petite enfance dans la cité minière de Wallers-Arenberg. Nous habitions la rue Davy dans les maisons des Houillères adossées deux par deux.

C'est une rue avec des maisons comme celles-ci...

Le jeu de la Mourre...

Dans les années 60, les trottoirs n'étaient pas encore asphaltés mais en terre battue, ce qui permettait aux mineurs de les utiliser pour jouer aux boules en fin d'après-midi. J'étais môme à l'époque et quand les joueurs avaient fini leur partie ils m' envoyaient parfois au coin de la rue acheter deux ou trois bouteilles de vin. C'était bien évidemment ceux qui avaient perdu qui payaient la boisson. Donc à la fin de la partie ça trinquait gaiement entre joueurs et parfois les italiens du quartier (assez nombreux, et parmi lesquels se trouvaient souvent mon grand-père, mes oncles et aussi mon père) se mettaient à chanter des chansons du pays...Moi, j'entendais le plus souvent leurs chants du fond de mon lit car le lendemain il y avait l'école.

 

Et certains soirs en fin de semaine et à la nuit tombée, les italiens continuaient de jouer entre eux à un autre jeu curieux et qui date de l' époque des romains. Il s'agissait de la Mourre mais en italien on dit la "Morra".

Ce jeu se déroule de la façon suivante :

Les joueurs se mettent en cercle et projettent leurs doigts au milieu de celui-ci en criant un nombre en même temps. Celui qui a crié un nombre qui correspond au total de doigts a gagné...

Voici ce que ça donne en vidéo.

Comme vous pouvez le remarquer sur les vidéos, ça va très vite et il faut avoir l'esprit vif...Les joueurs lancent rapidement les doigts de manière répétitive jusqu'à ce que l'un d' entre eux gagne, puis le jeu reprend...Souvent, avec l'effet du vin aidant, les joueurs avaient tendance à crier de plus en plus fort et à marteler certaines syllabes...SEEEETTE...OOOOTTO !

Et ça mes amis, c' est un souvenir qui m'est resté profondément ancré.

J'étais déjà couché et je m'endormais la fenêtre ouverte en été en entendant au loin les voix des italiens scander dans la nuit : UUUNO, DUUUE, CIIIINQUE NOOOVE, DIEEEECI !!!...C'était ma berceuse à moi... 😀😀😀

Le jeu de la Mourre...
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16 novembre 2019 6 16 /11 /novembre /2019 08:43

Bonjour les amis,

aujourd'hui j'aimerais partager avec vous un document vidéo dans lequel deux professeurs de français nous apportent de sérieux éléments de réflexion sur notre orthographe, et sur sa nature parfois artificiellement et inutilement complexe.

Ecoutez-les. C'est étourdissant de drôlerie, et de justesse dans l'observation...

C'est un magnifique plaidoyer plein d'humour qui dénonce les fausses justifications et qui bouscule certaines de nos certitudes.

 

Alors maintenant, allez savoir pourquoi, je reste très réfractaire à une réforme profonde de l'orthographe. Les mots ont maintenant un visage et je serais très gêné si celui-ci changeait mais ça, ce n'est pas un argument culturel et esthétique légitime pour faire souffrir les futures générations... Au fond ces deux auteurs ont raison, mais si on est d'accord avec eux il nous faudra reconnaître aussi que ce n'est pas une réforme de l'orthographe qu'il faudrait entreprendre mais plutôt une révolution...

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22 septembre 2019 7 22 /09 /septembre /2019 13:09

Bonjour les amis,

J'ai vu pour vous (et pour moi)  cette semaine IL TRADITORE le dernier film de Marco Bellocchio qui a été présenté à Cannes et dont voici le synopsis.

Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s'enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l'histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra.

Ce film est une grande fresque de 2 heures et 40 minutes qui est conçue comme un opéra en 3 actes qui se déroule en Sicile, au Brésil, à Rome et aux Etats-Unis. 

Bellocchio évite soigneusement de faire de Buscetta un héros ou un mythe mais le spectateur ne peut-être que fasciné par son caractère puissant, par la cruauté des dilemmes qu'il doit résoudre et par sa métamorphose au cours du film.

L'histoire est très bien racontée et même s'il y a de nombreux personnages le spectateur ne s'y perd pas.

La réalisation est académique mais réserve de nombreux passages oniriques, flamboyants et lyriques qui nous rappellent qu'on a affaire à un très grand metteur en scène : la fête d'ouverture censée sceller la paix entre clans, l'attentat contre le juge Giovanni Falcone, le face-à-face judiciaire de Buscetta avec l'un de ses comparses, un cauchemar de Buscetta, le final qui nous remet en perspective toute cette trajectoire...

La bande-son sert parfaitement l'image et, par exemple, l'utilisation du choeur des esclaves du Nabucco de Verdi arrive à point nommé pour donner au film son caractère onirique.

L'interprétation de Pierfrancesco Favino en Tommaso Buscetta est magistrale, toute en nuances. Il sait parfaitement nous faire partager la complexité de son personnage, nous faire entrer au coeur de ses doutes, de ses souffrances (le souvenir de ses 2 fils assassinés), de ses repentirs aussi...

Mais Bellocchio n'en fait pas pour autant un saint. Buscetta pour accéder à son poste a dû commettre lui-aussi des atrocités. Il possède un caractère très hédoniste : c'est un homme à femmes, père de nombreux enfants, qui a été marié 6 fois, qui n'est pas assoiffé de pouvoir mais qui aime mordre la vie à pleines dents. En cela il s'oppose complètement à Toto Riina qui est un monstre cruel, ignoble, pervers et froid, obsédé de puissance mais qui vit terré comme une taupe.

Buscetta se transforme au cours du film et finit par se sentir investi d'une mission purificatrice mais ne se raconte pas d'histoires sur lui-même. Il sait que tout a commencé quand il n'avait que 16 ans (17 ème enfant d'une famille très humble) et qu'il promettait fidélité à l'association mafieuse. Et il n'en n'est que plus touchant.

Les dialogues entre Buscetta et Falcone donnent au film de la profondeur avec une réflexion sur le pouvoir, la vie, la mort...Les regards sont magnifiquement filmés. Parfois tout est dans le non-dit...Buscetta le traître n'a pas peur de regarder ceux qu'il a trahis droit dans les yeux...Tout cela est filmé avec une terrible justesse.

Le spectateur ne peut être que troublé et ému.

L'histoire de Buscetta est tellement riche en faits et en anecdotes que Bellocchio aurait pu s'y perdre mais il a su en extraire l'essentiel pour réaliser un film d'une grande homogénéité et d'une grande cohésion.

LE TRAÎTRE c'est un film ambitieux, une saga en forme de fresque et d'opéra qui restera dans l'histoire du cinéma.

 

 

LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.
LE TRAÎTRE de Marco Bellocchio...un film puissant.

Je terminerai ce billet en vous offrant en prime HISTORIA DE UN AMOR, une chanson très mélancolique et nostalgique qu'on entend dans le film et que Buscetta aimait interpréter dans les fêtes familiales...

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21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 07:47

Bonjour les amis,

Il y a quelques jours je vous parlais de PARASITE le dernier film de de Boog Joon-Ho qui a obtenu la palme d' or au festival de Cannes.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/09/parasite.un-film-coreen-en-forme-de-metaphore.html

Et un ami a attiré mon attention sur un film antérieur de ce réalisateur, datant de 2003 et intitulé MEMORIES OF MURDER, et donc, je l'ai visionné cette semaine. En voici le synopsis :

En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...

Cela commence un peu comme une version asiatique du SILENCE DES AGNEAUX dans la Corée de 1987.

Les meurtres ont lieu à la campagne et Joon-Ho nous dépeint un monde rural assez glauque, encore très arriéré, très éloigné de la vision actuelle moderniste qu'on a de la Corée....On marche dans la bouillasse, les locaux de la police sont vétustes, délabrés. Les logements des protagonistes sont pratiquement insalubres...

Seules les images de la nature environnante contrastent de manière rafraîchissante avec l'univers terne, gris et désespérant des villages et des usines...

La police locale ne dispose d'aucun moyen sérieux d'investigation et leurs méthodes sont un résumé de tout ce qu'il ne faut pas faire, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes assez burlesques...

Deux enquêteurs sont sur l'affaire, le flic local qui essaie de la jouer à l'instinct et l'inspecteur qui vient de la capitale et dont les méthodes sont plus rationnelles.

Boon-Ho dénonce les conditions complètement abusives des gardes à vue ainsi que l'usage systématique de la violence et de la torture pour obtenir des aveux des suspects.

Les fausses pistes se multiplient, l'enquête avance et nous permet de découvrir une Corée où se mêlent modernité et croyances archaïques, un pays qui vit sous la menace d'une possible guerre avec son voisin du Nord, un pays où peurs et angoisses sont refoulées de manière collective.

Et puis le film finit par échapper complètement aux standards habituels du genre. Le mal est présent , bien réel, mais demeure insaisissable et plonge nos 2 flics dans un doute permanent. On perd ses repères et aucune des deux méthodes d'investigation ne permet d'acquérir la moindre certitude.

MEMORIES OF MURDER c'est l'histoire d'un échec désespérant. Le Mal est parmi nous et peut offrir un visage ordinaire...

Encore une fois, et tout comme dans PARASITE, le film est une grande métaphore de la société. L'histoire est menée de main de maître sur un rythme trépidant et ne laisse jamais au spectateur le temps de souffler.  

Et contrairement à PARASITE pour lequel j'avais émis une petite réserve, dans MEMORIES OF MURDER Joon-Ho maîtrise complètement son sujet et nous offre un film cohérent de la première jusqu'à la dernière image.

Le film commence avec des enfants à la campagne qui se moquent de l'enquêteur en l'imitant, et puis on comprend à la fin que ce n'est pas un simple hasard...

Memories of murder...ou quand le mal est présent et insaisissable...

Alors, la petite surprise supplémentaire pour moi c'est qu'après avoir vu ce film avec 16 ans de retard, il se trouve que l'actualité nous en reparle depuis la semaine dernière. En effet, ce film raconte une histoire vraie  de serial killer et il semblerait qu'avec plus de 30 ans d' écart la police coréenne ait finalement réussi à identifier le vrai assassin...Une bonne occasion de plus pour voir ce film que je recommande chaudement.

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16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 15:35

Bonjour les amis,

Il y a quelques semaines j'avais consacré un billet à NIÑO DIOS DE AMOR HERIDO de Francisco Guerrero.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/06/nino-de-dios-herido.html

La semaine dernière Silvia, la directrice de chant de mon groupe choral CADENZA, m'a fait une bonne petite surprise. Elle savait que j'adorais ce morceau, que j'avais très envie qu'on le chante et elle l'a mis au programme de notre prochain concert. J'avais suggéré ce choix à maintes reprises et elle a finalement accédé à mon souhait. Je l'en remercie vivement.

Alors, avant d'aller plus loin, je vous invite à prendre juste 2 minutes pour réécouter attentivement ce petit joyau polyphonique de la Renaissance espagnole. 

En général quand j'aborde une oeuvre que je ne connais pas je m'attache dès le départ à ma partition basse, à ce qui va être mon texte et ma mélodie. Mais cette fois-ci il vous faut imaginer que ça fait des semaines que je me chantonne l'air de la chanson pour moi tout seul, c'est à dire une ligne mélodique qui ne sera pas la mienne et qui s' est solidement gravée dans mon esprit et dont il va falloir que je me "débarrasse"...

Écoutez la partition des basses  sur le lien ci-dessous. Ça n'a pratiquement rien à voir avec l'air que vous venez d'entendre. Nous, on va faire le contrepoint.

 

Donc il va falloir que je vide littéralement mon esprit, et que j'apprenne NIÑO DE AMOR HERIDO comme si c'était une nouvelle chanson.

NIÑO DE AMOR HERIDO c'est un bel exemple de comment on travaille le chant polyphonique.

Si vous avez de la curiosité pour le travail harmonique à 4 voix, voici les partitions des trois autres cordes.

 

Voici la partition des ténors.

Voici celle des contraltos.

Et maintenant pour terminer voici la partie chantée des sopranos, celle qui porte la mélodie que vous connaissez.

Voilà. J'ai donc tout désossé !

Alors, avouez que c'est quand même assez magique la polyphonie car quand on met les 4 cordes ensemble, ça donne ça...

Je sais lire la musique mais je ne suis pas musicologue et je n'ai pas étudié l'art de la composition donc quand je travaille avec mon groupe choral je suis comme un enfant qui assiste à l'assemblage de pièces apparemment différentes d'un puzzle musical, et qui constate avec émerveillement que le résultat final est harmonieux.

Je pourrais essayer d'approfondir, d'étudier la théorie de l'harmonie pour mieux comprendre les ressorts d'une oeuvre mais, finalement, mon ignorance ne me gêne pas vraiment car elle me permet aussi de garder un esprit d'enfant, et de préserver ce côté magique que représente pour moi le chant polyphonique.

Je suis comme un enfant qui ne va pas essayer de casser son jouet pour comprendre comment il marche de l'intérieur.

Finalement j'essaie de rester dans mon registre, celui du chant. Et rien que ça, ça demande pas mal de travail quand même : essayer de bien respecter la partition telle qu'elle est écrite avec toutes ses nuances... essayer de bien faire ça et le miracle aura lieu. C'est ça qui compte vraiment.

 

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15 septembre 2019 7 15 /09 /septembre /2019 12:05

Bonjour les amis,

En faisant des recherches d'oeuvres chorales de musique sacrée je viens de découvrir que Joseph Haydn avait eu un frère cadet qui avait composé également. Il s'agit de Johann Michael Haydn (1737-1806).

Michael a été lui-aussi un grand compositeur qui a laissé plus de 800 oeuvres.

Je vous propose d'écouter aujourd'hui un extrait de sa messe pour Sainte Thérèse d'Avila.

C' est un  graduel, un hymne, intitulé "Petite et accipietis" ... une petite merveille assez mozartienne.

Je vous mets le texte en latin tiré de l'évangile selon Saint Luc : c' est un extrait du sermon du Christ sur la montagne.

Communio - sine alleluia
Petite et accipietis                                     Demandez et vous recevrez
quaerite et invenietis,                                cherchez et vous trouverez   
pulsate et aperietur vobis.                         frappez et l'on vous ouvrira.
Omnis enim qui petit accipit,                     Quiconque en effet demande, reçoit,
et qui quaerit invenit,                                 et qui cherche trouve 
pulsanti aperietur.                                       et à qui frappe on ouvrira.

Ecoutons maintenant la version complète avec orchestre.

Et puis cette belle version accompagnée au piano.

 

Alors j'étais complètement ignorant de l'existence de ce frère de Joseph Haydn mais par contre je savais que Sainte Thérèse d'Avila avait consigné dans son autobiographie une expérience extatique, la visitation d'un ange, qui pourrait (involontairement) figurer parmi les pages les plus chaudes de la littérature érotique.

Lisez cet extrait. A chacun de se faire une idée et de décider si mon esprit est bien mal placé...

 

« Tandis que j’étais en cet état, il plut au Seigneur de me favoriser à différentes reprises de la vision suivante. Je voyais près de moi, du côté gauche, un ange sous une forme corporelle. … Il n’était pas grand, mais petit et extrêmement beau. A son visage enflammé, il paraissait être des plus élevés parmi ceux qui semblent tout embrasés d’amour. Ce sont apparemment ceux qu’on appelle Chérubins, car ils ne me disent pas leurs noms. Mais il y a dans le ciel, je le vois clairement, une si grande différence de certains anges à d’autres, et de ceux-ci à ceux-là, que je ne saurais l’exprimer. Je voyais donc l’ange qui tenait à la main un long dard en or, dont l’extrémité en fer portait, je crois, un peu de feu. Il me semblait qu’il le plongeait parfois au travers de mon cœur et l’enfonçait jusqu’aux entrailles. En le retirant, on aurait dit que ce fer les emportait avec lui et me laissait tout entière embrasée d’un immense amour de Dieu. La douleur était si vive qu’elle me faisait pousser ces gémissements dont j’ai parlé. Mais la suavité causée par ce tourment incomparable est si excessive que l’âme ne peut en désirer la fin, ni se contenter de rien en dehors de Dieu. Ce n’est pas une souffrance corporelle. Elle est spirituelle. Le corps cependant ne laisse pas d’y participer quelque peu, et même beaucoup. C’est un échange d’amour si suave entre Dieu et l’âme, que je supplie le Seigneur de daigner dans sa bonté en favoriser ceux qui n’ajouteraient pas foi à ma parole. Les jours que durait cette faveur, j’étais comme hors de moi. J’aurais voulu ne rien voir et ne point parler, mais savourer mon tourment, car il était pour moi une gloire au-dessus de toutes les gloires d’ici-bas. » 

 

Sculpture du Bernin représentant l'extase de Sainte Thérèse ( Eglise Santa Maria della Vittoria à Rome)

Sculpture du Bernin représentant l'extase de Sainte Thérèse ( Eglise Santa Maria della Vittoria à Rome)

Ce moment d'extase mystique de Sainte Thérèse...

Ce moment d'extase mystique de Sainte Thérèse...

 Alors Michael Haydn avait-il en tête la sculpture du Bernin et le texte autobiographique de Sainte Thérèse au moment de composer ce "Petite et Accipietis" ? ...Absolument rien ne le confirme, mais rien n'interdit de le penser non plus. 

Le texte du sermon est suffisamment ambigu pour que les deux interprétations soient possibles....

Pour ma part je ne peux que confirmer une seule chose : Petite et accipietis est très jouissif... 😁

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13 septembre 2019 5 13 /09 /septembre /2019 07:09

Bonjour les amis,

Je viens de voir PARASITE de Boan Joon-ho qui a obtenu la palme d'Or au festival de Cannes.

Voici le synopsis:

Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne...

Le metteur en scène demande à juste titre à ceux qui veulent commenter son film de ne pas en dévoiler l'intrigue  donc j'en dirai le moins possible. Je me contenterai de faire certaines remarques d'ordre très général.

Le film surprend car au fil du récit on change de registre et de genre cinématographique, ce qui peut dérouter le spectateur. Disons qu'on démarre sur une comédie de moeurs...

La mise en scène est brillante et le récit très rythmé. Certains personnages sont délicieusement amoraux comme dans certains films de Chabrol. Et tout comme chez Chabrol, le film s'apparente parfois à un jeu de massacre...Il y a une moralité dans l' amoralité...

Boan Joon-ho utilise avec maestria le lieu central de l'action qui est une magnifique maison d'architecte et il en fait fait un personnage principal qui symbolise à lui seul toute la société coréenne (modernisme, influence de l'occident, l'ennemi du Nord, le passé enfoui, etc...).

Le film est construit comme une fable cruelle, comme une grande métaphore.

 Il y a aussi dans cette oeuvre une critique sociale sarcastique (lutte des classes et néolibéralisme), un humour acerbe, avec par exemple des passages assez savoureux dans lesquels les personnages ont une manière très particulière d'utiliser les nouvelles technologies. Dans ce film les portables peuvent se révéler aussi dangereux que les lance-flammes dans le dernier Tarantino...

Tous les personnages (notamment féminins) sont très bien interprétés et certains d'entre eux sont très  touchants et nous émeuvent.

Le film possède d'indéniables qualités, mais, malgré tout, j'ai partiellement décroché au bout d'une heure et 20 minutes car, à mon sens, l'histoire se dévoile trop : il reste à ce moment-là 45 minutes de projection et le spectateur commence à saturer un peu à cause d'une surenchère de rebondissements vaudevillesques qui ne sont au service  de rien (ou de si peu). La fin, quant à elle, redonne du sens à tout ce qu'on a vu précédemment.

Le metteur en scène a pris certains risques notamment en changeant de registre, mais aussi il se peut qu'il ait déçu certains spectateurs (comme moi) qui n'ont pas bien accepté un élément de l'histoire (dont je ne parlerai pas) qui fait définitivement basculer son film vers autre chose de plus terrifiant...on n'a plus du tout envie de rire, ni même de sourire. On ne renoue pas avec le ton de la première partie du film et ça m'a gêné considérablement. 

Finalement ce film c'est comme un bon plat bien présenté qui fait saliver mais qui ne va pas forcément tenir toutes ses promesses...on finit le repas avec une grosse arête dans le gosier !

Malgré ces réserves, il y a tant d'originalité et de brio dans la réalisation et on a tant de sympathie pour nombre des personnages que ce film mérite d'être vu de toutes façons. Donc je ne ferai pas la fine bouche...Mais moi, j'aurais retouché certains aspects du scénario pour lui donner plus d'homogénéité et j'aurais enlevé au montage une demi-heure.

 

 

 

 

 

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