Publié le 31 Janvier 2024

Bonjours les amis,

avant de lâcher ma colère sur les événements que je vais décrire  et afin d'éviter des malentendus inutiles je vais d'abord exprimer ma totale solidarité avec les revendications paysannes qui secouent la France et une bonne partie de l'Europe. C'est une bataille importante qui se livre et qui concerne notre avenir à tous. Donc, je soutiens ceux qui luttent pour que l'agriculture puisse survivre dans des conditions qui assurent la dignité de ceux qui travaillent dans ce secteur.

Nonobstant, les images durant ces derniers jours de saccages de camions étrangers par des commandos agricoles me paraît être une stratégie absolument désastreuse et affligeante.

Commençons par regarder les images de BFMTV sur le lien ci-dessous.

Chers amis gaulois,

je vous laisse imaginer l'effet désastreux qu'ont ces images de saccages de camions étrangers dans des pays comme l'Italie ou l'Espagne où je vis... Sur la vidéo de BFMTV la représentante agricole du "commando exterminateur" dit que les agriculteurs italiens, espagnols,etc.. ne respecteraient pas ni la qualité ni le cahier des charges de l'union européenne !!??...C'est une sinistre plaisanterie !

Cette représentante, pour justifier le comportement inadmissible de ses acolytes, se donne bonne conscience en disant que les marchandises pillées sont redistribuées aux restos du coeur...C'est du populisme de bas étage, de la démagogie complètement infantile et irresponsable. Elle ne pense pas aux conséquences très néfastes que ces destructions causent aux bonnes relations entre nations amies, ni à l'image très négative (euphémisme) qu'elles donnent de son pays.

Dans les pays du sud de l'Europe ces comportements destructeurs sont interprétés comme du chauvinisme, du protectionnisme et de la xénophobie à l'état pur...c'est pas malin-malin...

A tous les étrangers qui se font une image du français comme quelqu'un d'arrogant, méprisant et donneur de leçons, ces agriculteurs viennent apporter de l'eau à leur moulin.

Ne vous étonnez pas si durant les prochaines vacances en tant que français vous ne serez pas forcément reçus à bras ouverts car ces images-là, je le répète, marquent les esprits plus que vous ne le croyez et alimentent de manière imbécile ET COMPLÈTEMENT INUTILE des animosités entre nationalités.

Vous ne pouvez pas dire aux espagnols "J'accepte vos oranges mais gardez vos pommes" car ce n'est pas comme ça que ça marche les échanges économiques. Surtout quand ces espagnols sont, par ailleurs, inondés par vos aliments, vos produits, vos chaînes de magazins et de distribution, Carrefour, Decathlon, Leroy Merlin, etc...

La France exporte bien plus dans les pays du sud qu'elle n'importe alors, demain, si certains de ses groupes socio-professionnels provoquent une campagne de boycott contre ses produits elle n'en sortira pas gagnante.

Je continue cette sinistre actualité avec le vidage de camions de vins espagnols sur l'autoroute A9.

Là, on revient à l'âge des cavernes.

C'est vraiment désespérant...et tellement crétin !

Vous pourrez lire les faits sur le lien ci-dessous.

Petit retour dans le passé. Je suis arrivé en Espagne pour m'y installer à la fin des années 80 et le ressentiment anti-français était encore palpable à l'époque.

Des adolescents m'avaient dit une fois:

" Les français sont méchants...ils brûlent nos camions...."

Et je leur avais répondu: " Ne mélangez pas tout. Ce n'était pas les français...mais certains français...".

Une de mes relations de travail me racontait avoir été témoin direct de la complaisance de la gendarmerie nationale française qui était restée les bras croisés devant les exactions des commandos agricoles dévalisant un camion espagnol.

J'ai connu à l'époque une personne qui avait appris à reconnaître les codes des supermarchés pour ne pas acheter les produits français. Dans ces années-là il y avait même eu une campagne de boycott des produits français relayée par certains mouvements agricoles espagnols.

Alors, me retrouver en 2024 avec des images de commandos qui saccagent les camions espagnols, ça m'a fait l'impression d'un retour à l'âge des cavernes.
Pour tout vous dire, ça m'a fait gerber....
😡😡🤮

PS: Le pire pour moi c'est aussi de voir sur les réseaux sociaux des gens que je connais applaudir et aller mettre des LIKE sur ces actions commandos...pffffff !!!

Cette très mauvaise idée d'aller saccager les camions italiens ou espagnols...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #agriculture, #Manifestations, #Crise, #Europe, #Italie, #Espagne, #politique, #Syndicats agricoles

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Publié le 28 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Ça y'est ! La vague MEE TOO éclabousse également le ciné espagnol. Ça devait arriver tôt ou tard et le contraire aurait été surprenant car l'Espagne est un pays latin dont les habitants ont la réputation (à tort ou à raison) d'avoir le sang chaud.

C'est par le réalisateur Carlos Vermut qu'est arrivé le premier scandale public.

Je vous laisse prendre connaissance des faits sur le lien ci-dessous.

https://snrtnews.com/fr/article/espagne-un-cineaste-independant-accuse-de-violences-sexuelles-par-trois-femmes-91069

De même qu'en France avec l'affaire Depardieu tout le monde artistique, médiatique et politique espagnol (à commencer par la ministre de la Culture) y va de sa petite phrase pour condamner sans détours les violences faites aux femmes. Si vous tapez en ce moment CARLOS VERMUT sur votre moteur de recherche vous aurez des dizaines d'articles liés à ce scandale qui vont apparaître. 

Ce qui m'a paru intéressant cette fois-ci avec Carlos Vermut (et ce qui fait que je vous en parle) c'est que celui-ci ne nie pas certains faits: il avoue sans ambages qu'il aime la promiscuité sexuelle, qu'il est assez obsédé et très attiré par le sexe plutôt "hard". Carlos Vermut confirme bien qu'il qu'il a pratiqué une strangulation sur une de ses accusatrices, mais c'était (selon lui)  avec consentement.

Et nous voici donc arrivés au point-clé de cette affaire:

Carlos Vermut: " Oui j'ai étranglé mais c'était consenti..."

Carlos Vermut: " Oui j'ai étranglé mais c'était consenti..."

Je vous mets une des déclarations de Carlos Vermut en VO puis la traduction française:

"He practicado sexo duro siempre de manera consentida, porque creo que es muy importante el consentimiento"; "Otra cosa es que la persona en su casa después se sintiera mal y a lo mejor en el momento tuviese miedo a decirlo. Eso yo no lo puedo saber".

« J'ai toujours pratiqué le sexe brutal de manière consensuelle, car je crois que le consentement est très important » ; "Une autre chose est que la personne, une fois rentrée à la maison, s'est sentie mal plus tard et peut-être qu'au moment du rapport elle avait eu peur de le dire. Mais ça, je ne peux pas le savoir."

Carlos Vermut

Carlos Vermut

Donc, ce qui me frappe c'est qu'on arrive à un point limite que la justice est complètement incapable d'éclaircir. Même en imaginant qu'il y ait eu une caméra planquée sous les draps, un juge ne pourrait pas probablement pas trancher qui des deux protagonistes dit vrai.

Finalement, et de manière générale, on se rend compte de 2 choses:

1- Le consentement est une condition préalable nécessaire mais il n'est ni la preuve ni la garantie qu'il n'y ait pas eu abus, comme l'ont démontré  Vanessa Springora (abusée par Gabriel Matzneff) ou aussi Judith Godrèche qui avait maintenue à l'âge de 14 ans une relation avec un metteur en scène qui en avait quarante. Ces deux cas me paraissent faciles à trancher par la justice car les victimes étaient mineures. Que vaut le consentement d'une mineure? Pas grand-chose...les témoignages des victimes le démontrent par a+b.

2- Dans le cas Vermut, le consentement dans le cadre de relations que je qualifierais de "sado-masochistes" entre personnes majeures et responsables fait que la justice ne peut plus déterminer facilement à partir de quel moment il y a eu abus, sauf dans les cas extrêmes de graves atteintes à l'intégrité physique de la victime.

 Imaginons une jeune femme qui souffrirait de douleurs dans les jours qui ont suivi un rapport qui comportait une strangulation consentie et qui considérerait que son partenaire a abusé d'elle.

Un médecin légiste pourrait déterminer avec précision la gravité des lésions mais si elles étaient très légères un juge pourrait penser que la jeune femme a accepté de jouer à un jeu dans lequel la douleur entrait dans l'équation: ce que l'expression populaire résume par la formule: " Jouer avec le feu".

Dans le cas Vermut, les accusations portées bien après que le rapport ait eu lieu ne permettent absolument plus à la justice de déterminer s'il y a eu abus ou pas.

Ne vous méprenez pas: je n'essaie pas du tout de justifier le comportement de Vermut qui, de mon point de vue, me paraît complètement "exotique". Je constate simplement que certaines personnes sont animées de certaines pulsions, comme lui, et que certaines pratiques sexuelles librement consenties ne sont pas illégales mêmes si elles sont un peu "hard".

Finalement l'affaire Vermut me rappelle la fin du film LES CHOSES HUMAINES d'Yvan Attal. Le film se termine sur un couple qui va entrer dans un local où ils vont avoir une relation, et la porte se referme sur le spectateur... et jamais personne, ni le spectateur ni le juge, ne saura s'il y a eu abus ou non.

Ce sera parole de l'un contre parole de l'autre...

La justice a ses propres limites indépassables: elle ne peut entrer dans l'esprit des gens pour connaître les sentiments qui les animaient au moment des faits.

Finalement la seule conclusion à laquelle j'aboutis c'est que les victimes devraient rapidement se présenter à l'hôpital dans les heures qui suivent un abus pour qu'un médecin légiste puisse apporter des preuves tant que c'est possible.

Parce qu'ensuite, sans un certificat médical, c'est parole de l'un contre parole de l'autre...

PS: Je ne suis pas spécialiste en matière de droit mais il m'a semblé que la ligne de défense de Carlos Vermut était plutôt intelligente. Face à des accusations qui remontent à 2014 il avait la possibilité de tout nier en bloc, et il ne l'a pas fait...Il s'en tient à une version qui a le mérite d'être crédible et pour laquelle sa possible culpabilité ne sera pas facile à établir...

PS nº 2 . Je vous mets ci-dessous un article de LA VANGUARDIA qui établit un lien entre les accusations portées contre Vermut et son oeuvre (que je ne connais pas) où les thèmes de la violence et aussi de la pédophilie sont omniprésents. L'éternelle et sempiternelle question: peut-on séparer l'homme de l'oeuvre ?

https://www.lavanguardia.com/cultura/20240127/9506666/inquietante-cine-carlos-vermut-aviso-comportamientos-rac1.html

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Publié le 24 Janvier 2024

Bonjour les amis,

J'ai fini cette semaine la lecture du livre d'Amin Maalouf intitué LE NAUFRAGE DES CIVILISATIONS, un essai en tout point passionnant qui m'en a beaucoup appris sur notre histoire contemporaine.

Quand Amin Maalouf met en perspective l'état de notre monde...

Voici un commentaire qui m'a paru très pertinent d'Apoapo sur la fiche babelio du livre qui présente mieux le contenu de cet essai que la présentation de l'éditeur. 

Encore une fois, et plus que jamais, Amin Maalouf assume sa place de conscience morale de notre époque. Cet essai, avant d'être une sonnette d'alarme prédisant les multiples menaces de naufrage qu'encourt l'humanité avec ses civilisations plurielles, est d'abord un livre d'Histoire du XXe siècle, ou plus exactement des cent dernières années. Il possède une thèse qu'il démontre avec brio : c'est bien la fin du monde levantin, et de ce creuset d'humanisme qu'il a incarné et alimenté, qui nous a précipité dans la tempête ; non que le système politique (ottoman ou en général impérial) fût idéal, mais parce que la situation anthropologique qu'il avait permis contenait des antidotes contre des forces mortifères qui se sont déchaînées depuis. Moi qui ai vécu dans et travaillé sur la levantinité ne peux qu'ajouter un attachement sentimental à mon adhésion intellectuelle à cette approche historico-politique.
Cependant, je reconnais que de l'extérieur l'on puisse se demander – critique qui a déjà été adressée à Maalouf – si ce n'est pas sa propre position, voire sa propre identité, qui lui dicte sa lecture ; si la démonstration et donc ses prédictions sobrement alarmistes ne se voient pas fragilisées par la centralité qu'il accorde, notamment, à l'histoire du monde arabe en particulier depuis Nasser. Je pense en particulier, comme l'auteur qui s'entoure de précautions, à ces deux phrases de la conclusion :
« Je demeure convaincu [...] que si le Levant pluriel avait pu survivre et prospérer et s'épanouir, l'humanité dans son ensemble, toutes civilisations confondues, aurait su éviter la dérive que nous observons de nos jours. C'est à partir de ma terre natale que les ténèbres ont commencé à se répandre sur le monde. » (p. 328)
En effet, le livre s'organise autour de quatre longs chapitres, dont les deux premiers se centrent sur le monde arabo-musulman. le Ier « Un paradis en flammes » traite des conséquences longues du démembrement de l'Empire ottoman sur la disparition du cosmopolitisme pacifique et humaniste, en particulier en Égypte et ensuite au Liban : une période dont l'auteur n'a pas été témoin mais récepteur du récit familial ; II « Des peuples en perdition » traite de l'avènement de la « haine de soi » chez les Arabo-musulman : il est question à la fois des guerres arabo-israéliennes, avec une centralité tout-à-fait particulière pour celle dite des « Six Jours » de juin 1967, et aussi du débat politique d'arrière-plan qui, parmi les musulmans à l'instar de tout le monde, se caractérisait par la dialectique pour ou contre le marxisme et le tiers-mondisme ; III « L'année du grand retournement », indique comme date emblème l'année 1979 : l'année de la révolution conservatrice de Thatcher et Reagan mais aussi celle de l'ayatollah Khomeiny en Iran, sans oublier (à un an près) celle du Parti communiste chinois de Deng Xiaoping ; année également de l'enterrement du projet du « compromis historique » en Italie suite au meurtre d'Aldo Moro, et du début de la chute de l'Union soviétique par son invasion catastrophique de l'Afghanistan, ayant produit l'apparition du jihadisme moderne globalisé qui a pour acte de naissance l'assaut de la grande mosquée de la Mecque (novembre 79) ; IV « Un monde en décomposition » se limite donc à relater certaines parmi les répercussions de ces événements qui, dans leur synchronicité, ont ouvert l'approche historique sur un angle mondial : conséquences de l'étrange renouveau de la croyance en la mystérieuse « main invisible » en économie, fragmentation des nations et nouvelles solidarités tribales et claniques, diffusion planétaire, par le changement du paradigme économique, de la corruption, de la fraude et de la rapacité, incapacité américaine de succéder à la bipolarité et méfiance mondiale envers toute tentative de gouvernance supra-nationale, tentations orwelliennes de renoncement à la liberté au profit de la sécurité, inaptitude à gérer les défis environnementaux et ceux des nouvelles technologies...
Pour ma part, même si l'on réfutait la thèse du livre, même si l'on contestait la position de l'observateur – journaliste avant de devenir auteur –, même si l'on doutait de ses conclusions au nom du principe « post hoc non est propter hoc », il resterait une analyse historique impeccable, possédant suffisamment de hauteur pour assurer la stature de l'Académicien (successeur de Claude Lévi-Strauss) que Maalouf incarne admirablement. Merci pour ce livre.

https://www.babelio.com/livres/Maalouf-Le-naufrage-des-civilisations/1120436

Voici une série de citations extraites du livre


« Je ne doute pas qu'il se trouve, sous tous les cieux, d'innombrables personnes de bonne volonté qui veulent sincèrement comprendre l'Autre, coexister avec lui, en surmontant leurs préjugés et leurs craintes. Ce qu'on ne rencontre presque jamais, en revanche, et que je n'ai connu moi-même que dans la cité levantine où je suis né, c'est ce côtoiement permanent et intime entre des populations chrétiennes ou juives imprégnées de civilisation arabe, et des populations musulmanes résolument tournées vers l'Occident, sa culture, son mode de vie, ses valeurs.
Cette variété si rare de coexistence entre les religions et entre les cultures était le fruit d'une sagesse instinctive et pragmatique plutôt que d'une doctrine universaliste explicite. Mais je suis persuadé qu'elle aurait mérité d'avoir un grand rayonnement. Il m'arrive même de penser qu'elle aurait pu agir comme un antidote aux poisons de ce siècle. » (p. 78)

« Je me suis souvent demandé s'il n'y avait pas eu, dans l'histoire du communisme, dès l'origine, un énorme sous-entendu, partagé de manière consciente ou inconsciente par les fondateurs, par les adeptes, comme par les détracteurs, et qu'on pourrait formuler comme suit : ce n'est pas seulement aux prolétaires que Marx a promis, en quelque sorte, le salut, mais également aux minoritaires, à tous ceux qui ne pouvaient s'identifier pleinement à la nation qui était censée être la leur. C'est ainsi, en tout cas, que beaucoup de gens ont compris son message. » (p. 98)

« Désormais, c'est le conservatisme qui se proclamerait révolutionnaire, tandis que les tenants du "progressisme" et de la gauche n'auraient plus d'autre but que la conservation des acquis. » (p. 170)

« J'ai dit que les régimes communistes avaient déconsidéré pour longtemps les idées universelles qu'ils étaient censés promouvoir. Je me dois d'ajouter que les puissances occidentales ont, elles aussi, abondamment discrédité leurs propres valeurs. Non parce qu'elles ont combattu avec acharnement leurs adversaires marxistes ou tiers-mondistes – cela, on pourrait difficilement le leur reprocher ; mais parce qu'elles ont instrumentalisé avec cynisme les principes universels les plus nobles, au service de leurs ambitions et de leurs avidités ; et, plus que cela encore, parce qu'elles se sont constamment alliées, particulièrement dans le monde arabe, aux forces les plus rétrogrades, les plus obscurantistes, celles-là mêmes qui allaient un jour leur déclarer la plus pernicieuse des guerres.
Le spectacle affligeant que la planète présente en ce siècle est le produit de toutes ces faillites morales, et de toutes ces trahisons. » (p. 206-207)

« Un monde apeuré, où la surveillance quotidienne de nos faits et gestes serait dictée par notre désir réel et légitime d'être protégés à chaque instant, n'est-il pas, finalement, plus inquiétant encore qu'un monde où cette surveillance serait imposée de force par un tyran paranoïaque et mégalomane ? » (p. 308)

Pour ma part ce livre a été instructif car il a complété mes connaissances très superficielles de certains événements importants de ces dernières décennies. Par exemple j'ai appris que c'est Churchill qui avait insisté auprès des américains afin que ceux-ci organisent un coup d'Etat contre le dirigeant modéré iranien Mohammad Mossadegh.,.. La suite vous la connaissez: il y a eu le Shah, puis sa chute qui amènera la première république islamique...

J'ai mieux compris aussi pourquoi c'est au Liban que l'OLP a cherché refuge dans les années 60: c'est le Roi Hussein de Jordanie qui a empêché son pays de devenir une base arrière des fedayins palestiniens, préférant créer une crise au sein du monde arabe plutôt que de céder.

Grâce à cet essai je comprends mieux  d'une part comment les orientaux nous perçoivent et la justification de certains de leurs ressentiments vis-à-vis de nous, et d'autre part comment s'articulent les rivalités maléfiques et funestes au sein du monde arabo-musulman.

En le lisant me sont revenues en mémoire des conversations que j'avais eu à Paris dans les années 80 avec des étudiants maghrébins, iraniens, libanais,etc...Ces derniers m'avaient peint une vision un peu édulcorée du Liban des années 60 et Maalouf  (tout en confirmant certains de ces témoignages de l'époque) complète le tableau en expliquant les comportements politiques qui allaient amener la tragédie...

Enfin, et c'est le plus important, le Liban est aussi une métaphore de notre planète. Ce pays avait réussi à vivre en paix sans qu'il n'y ait de graves heurts entre ses différentes communautés: les marronites, les druzes, les chiites, les sunnites, les juifs, les catholiques, les catholiques orthodoxes grecs, ceux de l'église arménienne...
Ça a été possible...On sait donc le genre de catastrophes que peuvent amener les replis identitaires.

Mais Amin Maalouf va plus loin et essaie de réfléchir sur ce qui fait que certains pays qui ont vécu des défaites ou des humiliations ont trouvé le moyen de se relever, et comment d'autres, au contraire, se sont enfoncés.

Son livre ne se veut pas désespérant. Je vous mets l'épigraphe du dernier chapitre de son essai ci-dessous:

 

Quand Amin Maalouf met en perspective l'état de notre monde...
Amin Maalouf

Amin Maalouf

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Publié le 23 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Ça fait longtemps que je ne parle pas de politique internationale, tout simplement parce que je suis trop consterné par les conséquences du conflit israelo-palestinien et que je n'ai rien de pertinent à ajouter à tout ce qui se dit.

Jamais je n'aurais pensé, même dans mes pires cauchemars, qu'il y aurait autant de victimes civiles innocentes.

On en est à 25 000 morts: 50% sont des mineurs, 30% des femmes...

Give peace a chance !...
Give peace a chance !...

Israël ne pourrait pas maintenir une telle stratégie de lutte (qui fasse autant de victimes civiles innocentes) contre l'organisation terroriste Hamas sans l'appui de son allié américain.

La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés et son objectif devrait être de stopper le massacre. Tout faire pour stopper ça.

Le haut représentant de l'Union Européenne Josep Borrell présente une feuille de route pour aboutir à un plan concret de paix avec 2 Etats. Le voici sur le lien ci-dessous.

Ça mérite d'être lu.

Borrell part du principe que le Hamas représente une idée et qu'on ne peut pas bombarder les idées. On peut simplement essayer de couper l'herbe sous le pied de l'organisation terroriste en créant les conditions qui feront que leurs idées perdront de leur poids.

Alors je ne veux pas faire d'angélisme ni jouer les Candide, mais si, pour une fois, les américains nous aidaient à stopper cette folie meurtrière et appuyaient l'initiative de l'Union Européenne présentée par Josep Borrell ce ne serait pas un luxe. Il faut donner une vraie chance à la paix !

Puissent la raison et le bon sens se faire entendre...🙏

GIVE PEACE A CHANCE !

Je vous laisse avec une citation du grand auteur classique espagnol Calderón de la Barca.

Give peace a chance !...

PD: Vous aurez noté que j'adresse mes voeux à l'administration Biden car Netanyahou n'entendra rien tant que les américains ne taperont pas un coup de poing sur la table...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #guerre, #Israël, #Palestine, #Etats-Unis, #Gaza, #Hamas, #Cisjordanie, #Netanyahou, #Hezbollah

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Publié le 22 Janvier 2024

Bonjour les amis,

La semaine dernière en faisant mes courses au supermarché j'ai croisé Francesc Estevez, une de mes connaissances qui est chef d'orchestre. Je vous retranscris un bout de notre conversation:

Lui: - Salut !  Au fait...tu viens le 17 février prochain ?

Moi: - Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a le 17 février prochain ?

- Et bien je donne la deuxième de Malhler à l'auditorium de Teulada. Le projet le plus important de ma carrière. Plus de 150 participants en comptant les musiciens et le choeur de Crevillent au complet.

- Ouah !...C'est génial !...Merci de m'en informer. Je n'en savais rien et j'étais complètement passé à côté de l'info. La deuxième symphonie de Mahler c'est celle qu'on entend dans le film MORT A VENISE? C'est ça?

- Non, non... dans MORT A VENISE c'est l'adagietto de la 5 ème. Non, tu pourras entendre un large extrait de la deuxième de Mahler  dans MAESTRO, le film consacré à la vie de Leonard Bernstein et qui est disponible sur netflix.

Sur ce, je prends congé de mon ami, termine mes courses rapidement et dès que j'arrive chez moi je me jette sur mon PC pour réserver deux places pour ce concert exceptionnel dont voici l'affiche ci-dessous. 

MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !

Ensuite j'ai commencé à informer tous les groupes whatsapp auxquels j'appartiens de cet événement musical majeur dans mon canton.

Et puis, bien évidemment, le soir j'ai regardé le film de Bradley Cooper.

Voici le synopsis de MAESTRO suivi de la bande-annonce:

Le récit de l'amour aussi grandiose que téméraire qui unira toute leur vie le chef d'orchestre et compositeur Leonard Bernstein et Felicia Montealegre Cohn Bernstein.

https://www.youtube.com/watch?v=3gpqSbPFSM8

Alors cette histoire d'amour est complètement hors-normes car Bernstein était bisexuel (ou plutôt pansexuel?), à une époque où de tels comportements ne pouvaient être publics.

Bernstein décida d'épouser Felicia au détriment d'une autre relation qu'il avait avec un clarinettiste. Durant toute sa vie Felicia essaiera de garder le contrôle de sa situation matrimoniale alors que Leonard se laissera aller, parfois de manière débridée, à ses frasques homosexuelles.

Contrairement à ce qu'on pouvait croire ce n'est pas la musique qui est au coeur de ce film mais bien cette histoire d'amour complètement atypique et très tourmentée entre deux êtres exceptionnels: oui deux, puisque Felicia était également une artiste de théâtre de talent.

Les deux acteurs principaux du film sont vraiment bluffants. Brad Cooper est tellement ressemblant au vrai Bernstein (visage maquillé pour ressembler au maestro, expressions, attitudes) qu'il en devient réellement troublant.

Quant à Carey Mulligan elle incarne une Felicia absolument touchante, très charismatique. Quand elle sourit le monde s'illumine et quand on la voit déçue on ressent une grande angoisse, comme si le monde allait s'écrouler.

Finalement la longue trajectoire musicale de Bernstein (qui est presentée dans le film un peu à saute-moutons) est surtout une somptueuse toile de fond pour nous emporter dans cette histoire d'amour captivante. La musique est vécue comme un maelström d'émotions grâce à une mise en scène très dynamique, vertigineuse, tourbillonnante.

Alors, effectivement, la direction complètement enfiévrée de Bernstein de l'un des mouvements de la 2 ème symphonie de Mahler est un des grands moments d'intensité de ce film qui nous emporte sur un rythme échevelé...

Voici une vidéo qui montre des images du tournage de cette longue scène du film.

https://www.youtube.com/watch?v=zkAf5TI_4mk&t=1s

 

Quelques photos du film...

MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !
MAESTRO...ou quand la musique est vécue comme un maelström d'émotions !

PS: Pour mes fidèles lecteurs.

J'avais déjà mentionné Francesc Estevez au sujet de la 9 ème symphonie de Beethoven que j'ai vue en Novembre dernier.

http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2023/11/de-beethoven-a-car-orff.html

 

 

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Publié le 20 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Depuis des années l'Arabie Saoudite lave son image internationale en s'offrant les services des plus grands champions de sport de la planète: c'est une stratégie comme une autre qui s'appelle le Sportwashing.

La récente décision de Rafa Nadal de devenir ambassadeur du tennis de l'Arabie Saoudite a provoqué des remous en Espagne qui vont complètement au delà du simple milieu sportif.

Voici un résumé des faits sur le lien ci-dessous.

Alors, évidemment, tout le monde comprend qu'on ne refuse pas à la légère un contrat de 500 millions de dollars. Mais quand on a un tel patrimoine accumulé comme celui de Rafa Nadal on dispose aussi d'autres moyens de le faire fructifier qui n'obligent pas à faire de grosses entorses à ses principes et à ses valeurs.

Je vous traduis une des mille et une réactions indignées qu'on peut lire sur les réseaux sociaux espagnols.

" M. Rafa Nadal, si vous allez en Arabie Saoudite en tant qu'ambassadeur de leur tennis, vous l'êtes également de leurs violations des droits de l'homme, de la torture des militantes féministes et aussi de la peine de mort pour les homosexuels..."

Alors, bien évidemment, il ne s'agit pas non plus de faire payer à Rafa Nadal le prix de notre hypocrisie. Tous les gouvernements passent de juteux contrats avec l'Arabie Saoudite sans que ça n'empêche personne de dormir. Si ces contrats peuvent créer de l'emploi chez nous tout le monde, à droite comme à gauche, ferme un peu les yeux...pudiquement.

Malgré tout, ce qu'a fait Nadal "coince" terriblement  et, en terme d'image, son immense popularité dégringole complètement: sa décision ressemble, qu'il le veuille ou pas, à un renoncement à des principes universels inaliénables qui ne trouve son explication que par la puissance de l'argent.

Comme chantait Gilbert Bécaud: " L'argent...l'argent...tout s'achète et tout se vend..."

En l'occurrence il aura fallu 500 millions de dollars pour acheter l'âme de Nadal.

Son image d'idole des jeunes pourrait être définitivement ternie...Le lobby LGTB, quant à lui, lui fera payer très cher sa trahison.

Franchement Rafa aurait dû y penser à deux fois avant d'accepter. Ni lui, ni le sport, ni le tennis n'en sortiront grandis !

Quand toute une partie de la société espagnole se sent trahie par Rafa Nadal...

PS: Tout le monde s'offusque à juste titre de la décision de Nadal, mais je note que personne n'a trouvé à redire sur le départ de Karim Benzema dans une équipe saoudienne...Pourquoi? parce que Benzéma est d'origine maghrébine? Comme si ça le dispensait d'avoir une conscience morale et de défendre les droits de l'homme et surtout ceux de la femme? ... Rappelons que lui, Karim, a eu la chance de grandir au pays de la déclaration des Droits de l'homme (mais ça n'a pas l'air de l'avoir beaucoup marqué...).

Le même Benzéma, super champion du 2 poids 2 mesures, s'indigne sur tweeter de la situation des palestiniens mais  était resté complètement muet lors des pogroms du 7 Octobre...Bon, on savait que Benzema (qui a déjà été condamné pour une affaire sordide de chantage sexuel) n'a à peu près aucune crédibilité morale.

Soyons honnête: lui il ne me déçoit pas car il reste fidèle à la très mauvaise image qu'il m'a déjà montré par le passé...

Je pourrais (presque) dire la même chose de Ronaldo qui est allé jouer également en Arabie, mais lui, au moins, ne se croit pas obligé de donner des leçons de morale...Par ailleurs, Ronaldo, quand il défendait les couleurs de son pays, savait mouiller le maillot...et ne crachait pas par terre pendant l'éxécution de l'hymne national.

Pour mémoire les images ci-dessous sont un hommage aux victimes des attentats terroristes du Bataclan. C'est un moment historique car c'est la  seule fois où le stade du Real Madrid, par solidarité avec la France, a chanté la Marseillaise...Karim, lui, a préféré cracher, alors que toutes les caméras étaient braquées sur lui lors de cet hommage exceptionnel des espagnols.

https://www.youtube.com/watch?v=bFtBamYzNcA

PS nº 2: Puisqu'on parle de l'Arabie Saoudite c'est aussi l'occasion de rappeller son actualité en matière de manquements de respect des droits de l'homme.

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Publié le 18 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Aujourd'hui je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous une interview de l'acteur et humoriste britannique Ricky Gervais expliquant à Stephen Colbert sa manière de concevoir l'athéisme. Il dit ceci:

"Ce n'est pas un système de croyance, c'est seulement le rejet de l'affirmation "Dieu existe", par manque de preuves..."

Ecoutez sur le lien ci-dessous cet échange de 3 minutes:

https://www.youtube.com/watch?v=fQQ_YpmQ1WE

La conversation qui est conforme à l'esprit des talk-shows est très plaisante et, sur un ton badin, Gervais explique qu'il y a grosso modo  sur notre planète 3000 croyances différentes en Dieu et que Colbert (qui est croyant) ne croit qu'en un seul Dieu: donc la différence entre le présentateur et lui c'est que Colbert ne croit pas en 2999 Dieux alors que lui ne croit pas en 3000...

Ça leur fait un Dieu de différence sur 3000 !

Bien vu! Une façon intelligente et malicieuse de retourner un reproche à quelqu'un en lui disant:

"Vous me reprochez 3000 non-croyances alors que vous, vous en pratiquez 2999..."

Trop drôle.

Comme disent les américains qui aiment glisser des locutions françaises dans leurs conversations: "Touché !..."

Comme dans les compétitions d'escrime !

 

Par ailleurs, et puisque je parle de croyances et d'humour, je vous présente un extrait du livre passionnant d'Amin Maalouf intitulé LE NAUFRAGE DES CIVILISATIONS. J'aurai l'occasion de revenir plus tard sur ce livre qui est très riche d'enseignements pour nous tous, qui nous en apprend sur nous-mêmes et sur les autres cultures. Un livre très lucide, souvent tragique, mais qui ne se veut pas désespérant.

A un moment, dans son livre Maalouf parle d'une intervention dans les années 50 de Nasser qui fait de l'humour sur le port du voile...

Voici d'abord la scène sur ce lien youtube:

https://www.youtube.com/watch?v=fnDY6WfqDw8

Voici ce que dit Amin Maalouf au sujet de cette scène d'anthologie:

"Le raïs est si amusé par ce qu’il relate qu’il a du mal à reprendre son discours. Il avale une gorgée d’eau. Et quand il parvient à surmonter son fou rire, il se met à énumérer les demandes formulées, selon lui, par le dirigeant islamiste : les femmes ne doivent plus travailler, les cinémas et les théâtres doivent fermer, etc. « En d’autres termes, il faut que l’obscurité règne partout ! » De nouveau, les rires… Les Arabes qui regardent ces images un demi-siècle plus tard n’ont plus aucune envie de rire. Ils ont plutôt envie de pleurer. Parce qu’un tel discours, de la part d’un de leurs dirigeants, serait aujourd’hui impensable. Traiter par la plaisanterie la question du voile, alors que tant de gens la prennent au tragique ? Il y a fort à parier, d’ailleurs, que les femmes qui étaient présentes dans la salle, si elles sont encore de ce monde, et aussi les filles et les petites-filles des hommes de l’assistance, sont toutes, à présent, sagement voilées. Parfois de leur propre volonté, et parfois parce que la pression sociale ne leur laisse aucun choix. Ai-je besoin de rappeler que le dirigeant qui parlait ainsi n’était pas un politicien parmi d’autres, que ce n’était pas le chef de file d’une faction laïque radicale, mais qu’il était – et de très loin ! – le dirigeant le plus populaire du monde arabe et de l’ensemble du monde musulman ? Ses photos étaient partout, à Beyrouth comme au Caire, et aussi à Alger, à Nouakchott, à Aden, à Bagdad, et jusqu’à Karachi ou Kuala Lumpur. On attendait de lui qu’il redonne à ses compatriotes et à ses coreligionnaires leur dignité. Depuis sa disparition, personne n’a réussi à prendre sa place dans les cœurs...."

Et oui, NASSER c'était pas CHARLIE, c'était ni plus ni moins que le dirigeant le plus respecté du monde arabe...De quoi faire réfléchir sur le terrain perdu pour les libertés depuis ces années-là et aussi de quoi faire douter ceux qui croient que les pays arabes ne peuvent inexorablement pas s'ouvrir à la modernité. Ce qui a été conquis une fois peut toujours se reconquérir.

PS: J'ai eu une petite surprise dans le livre de Maalouf. Il parle d'un poète arabe dont j'ignorais l'existence, né à quelques kilomètres d'où je vis, à Denia, dans le sud-est de l'Espagne. Extrait de ce que dit Maalouf:

"Je garde constamment avec moi, inscrites sur un bristol plié, ces paroles d’un poète arabe méconnu, Omayyah Ibn Abissalt al-Andalusi, né à Dénia, en Espagne, au XI ème siècle : Si je suis fait d’argile, La terre entière est mon pays Et toutes les créatures sont mes proches..."

Il aura donc fallu que ce soit un auteur franco-libanais qui m'apprenne l'existence d'un poète né près de chez moi...trop fort ! J'ai vérifié, depuis ma lecture, qu'il existe bien à Dénia une rue portant le nom de ce poète du XI ème siècle !

Amin Maalouf

Amin Maalouf

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Publié le 16 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Avant un concert ou une répétition un choriste pratique toujours une séance d'échauffement vocal, de la même manière qu'un sportif effectue un échauffement physique.

Ça commence généralement par des arpèges vocaux: par exemple on chante do-mi-sol-do en montant puis on la refait à l'envers en descendant sol-mi-do: donc ça fait une ligne ascendante puis descendante do-mi-sol-do-sol-mi-do. Ensuite on rechante la même ligne en l'augmentant à chaque fois d'un demi-ton plus haut: on dit "monter de manière chromatique". Puis on redescend de manière chromatique aussi.

Ensuite on fait des exercices de contrôle de la voix avec, entre autres, des crescendos et des descrecendos.

Généralement augmenter progressivement le volume sonore d'une note c'est très facile, mais la diminuer jusqu'à la rendre infime et en la faisant durer  sans que le son ne se coupe c'est une autre affaire, et ça demande du contrôle et de la technique.

La séance d'échauffement se termine souvent par un exercice collectif plus compliqué et synthétique  qui met en pratique ce qui a été travaillé antérieurement.

En voici un exemple assez spectaculaire que mon ami Basile m'a envoyé et qui se base sur la fin de la chanson HEY JUDE des Beatles.

Notez bien à l'écoute les crescendos et les decrescendos suivant que le directeur de chant  lève ou baisse la main, mais aussi les voix qui sont obscures quand le directeur est à gauche et qui deviennent plus brillantes quand il se déplace à droite.

https://www.tiktok.com/@acappellacademy/video/7323040076416568607

Bravo à ces jeunes chanteurs qui font montre d'une grande maîtrise technique ! CQFD !

Ils sont vraiment épatants !

Alors, ensuite, une fois la voix échauffée, il ne reste plus qu'à mettre en application ce qui a été travaillé comme sur cette pièce-ci du compositeur britannique Philip Stopford, né en 1977.

Des arpèges vocaux somptueux...sublimes ! Le chant à capella dans toute sa somptuosité...La tradition vocale anglaise à l'état pur !

THERE IS NO ROSE

https://www.youtube.com/watch?v=XANTTVh1fqo

Je profite de ce court billet pour partager avec vous une découverte que m'a envoyé Basile (qui, contrairement à moi, vit en France) au sujet de Sarah Schwab, une jeune chanteuse youtubeuse de 24 ans qui possède une voix assez prodigieuse.

La voici imitant le fameux WUTHERING HEIGHTS de Kate Bush avec un simple micro...sans trucages...y'a pas 20 ingénieurs du son pour rebidouiller sa voix en studio par derrière.

https://www.youtube.com/watch?v=xjYJc8sdYCs

Vraiment bluffante cette Sarah !

Alors je vous le dis tout de go. Si une femme me chante cet air-là, de cette manière-là, et avec ce regard-là, j'entre en fusion et je passe directement de l'état solide à l'état plasmatique (c'est à dire un état qui n'est ni solide, ni liquide, ni gazeux...🤣).

Bref, comme disait France Gall, cette interprétation de Sarah me met dans un drôle d'état...

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Publié le 14 Janvier 2024

Bonjour les amis,

J'ai commencé l'année 2024 avec une bonne nouvelle pour moi car je ferai partie des quelques 130 choristes qui chanteront le 9 juin prochain la messe de l'homme armé de Karl Jenkins dans l'église de Pedreguer dans le sud-est de l'Espagne.

Ma mine réjouie le premier jour où je suis rentré à la maison avec le livret de cette messe...je me régale d'avance...

Ma mine réjouie le premier jour où je suis rentré à la maison avec le livret de cette messe...je me régale d'avance...

Le choix de l'église de Pedreguer tient au fait que cette ville possède une orgue allemande Grenzig exceptionnelle qui date de 1997 et qui a été parfaitement restaurée il y a quelques années de cela grâce à une donation de la fondation privée Rolser.

Vous pouvez entendre la sonorité de cet instrument qui fait partie du catalogue des meilleurs orgues d'Espagne  à 1 min 37 secondes sur le lien ci-dessous.

 

https://www.youtube.com/watch?v=yVbnjFD8NS4

Pour cette messe contemporaine très particulière nous serons accompagnés par un orchestre complet, avec notamment des trompettes qui apporteront de la brillance sonore.

Hier c'était la première répétition de 6 des 13 parties de cette messe.

Parmi ces 6 pièces il y avait le SANCTUS.

Le voici sur le lien ci-dessous dirigé par Sir Karl Jenkins en personne.

https://www.youtube.com/watch?v=Z8VlZOg9iv4

Voici le texte original latin, commun à toutes les messes:

Sanctus, Sanctus, Sanctus
Dominus Deus Sabaoth,
Pleni sunt caeli et terra gloria tua.
Hosanna in excelsis.

 

Voici la version française du texte latin:

Saint, saint, saint
Le Seigneur, Dieu de l'Univers
Le Ciel et la terre sont remplis de ta Gloire
Hosanna au plus haut des Cieux !

Le texte de SANCTUS correspond aux paroles que les anges prononcent à propos de Dieu dans la Bible (Ésaïe 6 : 3). Extrait:

"Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; ils avaient chacun six ailes; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler. Ils criaient l'un à l'autre, et disaient: Saint, saint, saint est l'Eternel des armées! toute la terre est pleine de sa gloire! Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.…"

La pièce composée par Karl Jenkins quant à elle progresse comme une marche, de manière militaire, comme une armée menaçante...

Et pour nous, les chanteurs, la progression dramatique est palpable, notamment avec les "forte" sur les "Hosanna in excelsis". Plus on avance et plus on se sent habité, investi. Je prends beaucoup de plaisir à prononcer de manière incantatoire les "Pleni sunt caeli et terra gloria tua", comme si j'étais possédé....notamment à partir de 4 minutes 30 secondes sur la vidéo.

Cette première répétition a été très jouissive. C'est une chose que d'apprendre une oeuvre patiemment tout seul chez soi, et c'en est une autre que de partager ce qu'on a appris avec plus de 100 collègues. Ça décoiffe !...littéralement !...On attrape la chair de poule. On s'épate nous-même, surpris par la puissance collective sonore que nous imposons...On se regarde avec son voisin d'un air de dire:

" Eh mec ! C'est nous qui venons de faire ça ! "

PS: A la fin de la vidéo du Sanctus on voit des images de Yasser Arafat...Qu'il est loin ce temps !...Qu'il est loin le rêve de paix et d'entente !...😰😰😭

Plus que jamais la messe de l'homme armé est une oeuvre d'actualité qui envoie au monde entier un message de paix auquel il ne faut pas renoncer...que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient.

Première répétition de la messe de l'homme armé de Karl Jenkins...

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Publié le 13 Janvier 2024

Bonjour les amis,

Avant de commencer ma petite chronique cinéma permettez-moi de sourire de cette mode en France qui consiste non plus à chercher un titre français à un film anglo-saxon mais de substituer le titre original anglais par un autre titre anglais!...C'est la "french touch" quoi !...🤣

Il en va ainsi du film d'Alexandre Payne intitulé THE HOLDOVERS mais qui est présenté en France sous le titre WINTER BREAK. En Espagne ils ont traduit ce film par LOS QUE SE QUEDAN ce qui signifie "Ceux qui restent".

 

Voici le synopsis du film suivi de la bande-annonce.

Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ere aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable

Le film m'a enchanté, comme un beau conte de Noël auquel je ne m'attendais plus.

Le cinéma d'Alexandre Payne est subtil, intimiste, intelligent et évite les grosses démonstrations.

Les situations difficiles que vivent les trois personnages centraux (le prof, l'élève et la cuisinière) sont traitées sans mièvrerie, en évitant de trop appuyer sur la touche mélo.

Il y a dans ce film beaucoup de tendresse, de chaleur humaine, de générosité et de cruauté aussi, comme dans la vraie vie.

Il y a aussi l'humour très particulier de Paul Hunman qui est un professeur de culture classique passionné par les auteurs de l'antiquité.

A chaque situation inattendue de sa vie quotidienne il fait toujours un rapprochement avec une citation de Cicéron, de Marc-Aurèle ou d'un autre auteur classique.

On finit par se rendre compte qu'on n'a rien inventé que ce soit en amours, en amitiés, en rivalités, etc... Il n'y a rien de notre vie sociale que les grecs ou les romains n'aient pas eux-mêmes expérimenté et pensé. Cette partie-là du film est assez savoureuse. Hunman finit parfois par être assez convainquant sur l'importance de posséder une solide culture classique.

Nous sommes dans un lycée privé de la haute bourgeoisie de la Nouvelle-Angleterre dans des années 70, des années qui ont inauguré une nouvelle étape de liberté et de changements dans les relations professeurs-élèves. 

Mais Hunman est un prof à l'ancienne, assez strict, qui assume parfaitement le fait d'être haï et moqué par ses élèves, et par ses collègues aussi. Donc ce film n'est pas un remake du CERCLE DES POETES DISPARUS avec le professeur Keating qui était en avance sur son temps. Non. Ici Hunman n'aime pas beaucoup son époque qu'il considère corrompue et il revendique le fait d'être de la vieille école. Il utilise en classe une terminologie qui aujourd'hui ferait bondir les pédagogues et qui serait considérée comme totalement inadmissible.

Il s'en tient à une éthique professionnelle stricte (en laquelle il croit) qui consiste à préparer ses élèves à affronter la vie et à respecter certaines valeurs avec lesquelles il ne badine pas.

L'interprétation de Paul Giamatti qui incarne un personnage à la fois fort et vulnérable, rigide et fragile, est si pleine de sensibilité que j'en ai été profondément troublé et ému. Il mérite l'Oscar !

Les péripéties que vont vivre les trois protagonistes isolés pendant les fêtes de Noël vont bouleverser leurs vies. Chacun va donner, chacun va recevoir...chacun va apprendre des deux autres.

On a l'impression qu'on sait dès le départ où le scénario va nous mener mais Payne sait nous réserver des surprises qui relancent l'intérêt du spectateur.

Je ne vous en dis pas plus.

J'ai reçu ce film comme un gros câlin de Noël. Les dernières images sont très émouvantes et bouleversantes. Si vous voulez être touché en plein coeur ne ratez pas WINTER BREAK.

WINTER BREAK...un vrai conte de Noël sans mièvrerie...
WINTER BREAK...un vrai conte de Noël sans mièvrerie...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #cinéma, #Conte de Noël, #Noël, #Etats-Unis, #Lycée, #Education, #Culture classique

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