Publié le 26 Septembre 2023

Bonjour les amis,

Vous connaissez tous THE HOUSE THE OF RISING SUN un succès planétaire interprété par les ANIMALS et qui était sorti en 1964.

Chez nous c'était notre Johnny national qui en avait fait une reprise en français.

Nombreux sont ceux qui croient encore aujourd'hui que la chanson originale était de lui.

J'ai appris cette semaine à ma grande surprise que cette ballade américaine avait été très probablement inspirée par une chanson européenne folk du XVI ème siècle.

Alan Lomax pense qu'elle est très proche d'une pièce anglaise intitulée THE UNFORTUNATE RAKE tandis que Vance Randolph pense que ce sont les français qui l'auraient introduit en Amérique à l'époque de Louis XIV...

Tout cela est fort bien expliqué sur le lien wikipedia ci-dessous.

Quoiqu'il en soit il est clair que l'origine de cette chanson est très lointaine. Grâce a Youtube j'ai pu mettre la main sur la première version enregistrée d'un certain Clarence Ashley...et elle date de 1933 ! 

Cet enregistrement EXCEPTIONNEL le voici, sur le lien ci-dessous.

Bien évidemment cette paternité antérieure que je trouve vraiment très intéressante n'enlève rien à la qualité et à l'originalité des arrangements très rock de la version des ANIMALS.

Leur accompagnement à l'orgue et leur façon d'égréner les arpèges métalliques sur des guitares électriques marquera le son de toute une génération.

La voix d' Eric Burdon n'est plus seulement celle d'une triste complainte mais celle fois-ci elle hurle, elle crie haut et fort son mal-être. Pas de doutes, avec les ANIMALS on est bien dans les années 60...avec la rage de vivre !

 

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #musique, #THE ANIMALS, #Eric Burdon, #Folksong, #Ballade, #Rock, #HOUSE OF THE RISING SUN

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Publié le 24 Septembre 2023

Bonjour les amis,

On ne s'habitue pas à la guerre en Ukraine, à l'horreur et à l'absurde, mais les infos sont tellement déprimantes que je finis par me "préserver" et que je ne cherche qu'à connaître les nouveautés qui permettent de comprendre si il y a eu un changement significatif dans l'évolution d'un conflit qui semble devoir durer éternellement, avec ses cohortes de nombreuses victimes innocentes et avec ses destructions massives qui ne laissent que ruines et désolation.

En marge des gros titres des médias sur les récents développements de la guerre je continue de lire sur facebook les chroniques d'André Markwicz  qui est un littéraire et non un expert militaire. Markowicz, tel un Candide écoutant les témoignages ukrainiens et russes, arrive souvent à me faire toucher du doigt ce qui se passe dans les esprits des protagonistes de ce conflit.

Voici le lien vers sa page facebook.

https://www.facebook.com/andre.markowicz

Markowicz a demandé au plus grand nombre de ses lecteurs de partager sa chronique du 24 septembre, et c'est donc ce que je vais faire aujourd'hui sur mon blog perso.

La voici ci-dessous:

Moissons...
Sur le front, qu’est-ce qui se passe ? – Les chaînes d’information (que je ne suis pas, ou juste pendant, quoi, cinq-dix minutes, sur mon ordinateur) en parlent pendant des heures et des heures, mais l’essentiel peut se résumer en deux points. – D’abord, alors que récemment encore, il était question d’une grande offensive russe au nord, du côté de Koupiansk, la seule chose que les Russes fassent vraiment aujourd’hui, c’est passer à la défensive, et pas seulement sur le court terme, mais bien d’un point de vue stratégique, – sur le long terme, et les officiels russes répètent à l’envi que la guerre sera longue, qu’elle durera des années. Sur le court terme, au contraire, dès que les Russes perdent ce qu’ils appellent « un point habité », ils se lancent dans des contre-offensives que tout le monde, et Russes et Ukrainiens, appelle « miassnye », c’est-à-dire, – j’en ai parlé dans le temps – des attaques de « viande ». Des attaques quasiment de front, vague après vague, selon la tactique (était-ce une tactique ?...) des Wagner à Bakhmout, – et ça fait des centaines, puis des milliers de morts.
Parce que les Ukrainiens avancent, centaines de mètres par centaines de mètres – sur des territoires à reconquérir qui font des centaines de kilomètres –, mais ils avancent, partout, malgré les champs de mines, c’est-à-dire, ces champs de mines, en les traversant, seulement pour arriver sur la première ligne de défense, avec ce qu’ils appellent ces « dents de dragon », ces rangées d’espèces de cônes censément anti-chars. Mais justement, ils attaquent, au début, pour s’en emparer, à pied, juste avec l’infanterie, par petits groupes, et, sur le front de Zaporojié comme sur le front du Donbass, les Russes cèdent du terrain, et les territoires libérés s’élargissent, jour après jour. On parle aujourd’hui, comme but atteignable (quand ?...) de Tokmak, qui se trouvait à quelque chose comme 20 km à l’intérieur des terres occupées, et nous n’y sommes pas, évidemment – mais Tokmak est un point nodal pour le trafic ferroviaire, et les Russes utilisent massivement les trains pour les transports de troupes et de matériels. S’ils perdent Tokmak, tout le sud du front sera privé d’approvisionnement.
Et puis, évidemment, la nouveauté, radicale, est la transformation de la Mer Noire et de la Crimée en zone de guerre, et le fait que les attaques ukrainiennes – là, seuls les Ukrainiens attaquent – ne feront évidemment que se renforcer. La flotte russe va se retrouver totalement détruite, cela, c’est clair et net, et il est clair et net que les moyens de DCA qu’elle a à sa disposition (qui sont les meilleurs de l’armée russe) sont insuffisants devant les armes occidentales – et aussi devant les drones ukrainiens, parce qu’il semble que l’Ukraine ait, par elle-même, dans ces conditions de guerre, élaboré des systèmes de drones qui sont parmi les plus sophistiqués du monde. L’épisode du bombardement de l’état-major de la flotte de la Mer Noire est symptomatique : d’abord, deux jours auparavant, c’est un état-major de réserve qui a été détruit (sans qu’on en parle plus que ça, vu le nombre de lieux qui sont aujourd’hui bombardés tous les jours), et puis, le 22 septembre, c’est le grand état-major, le bâtiment, immense, pompeux, dans lequel se trouvaient à ce moment-là non seulement tous les commandants de la flotte, mais aussi, pour une réunion, les commandants des forces terrestres du front de Zaporojié et, si j’ai bien compris, de Donetsk, parce qu’ils sont parmi les blessés graves de cette attaque, et que, visiblement, celui qui est « porté disparu » n’est personne d’autre que le commandant de la flotte lui-même, l’amiral Sokolov... – Et, quand on y pense, c’est quand même incroyable, de faire une réunion d’état-major inter-armes, au plus haut niveau, dans les bureaux de l’amiral (un missile est tombé directement dans le bureau), sans prendre aucune mesure de sécurité alors que les missiles sont dirigés par GPS... Ça dit comment ils pensent – comme s’ils étaient en 1941...
*
Il y a ça. Et puis, histoire qu’on n’oublie ce que ça veut dire, ces avancées par centaines de mètres (dont nous ne savons pas les pertes ukrainiennes qu’elles entraînent, mais ces pertes sont très très importantes), il y a autre chose. Je vous mets en commentaire un reportage que je n’ai trouvé qu’en russe (mais je suis nul en technique, il y a sans doute moyen de l’avoir en anglais), sur un village, libéré récemment, qui s’appelle Ourazhaïnoïé. « Ourazhaï », ça veut dire « la moisson ». Je ne sais pas de quand il date, ce village, mais, voilà, les gens, là, ils vivaient de leurs moissons. Il y avait entre 600 et 700 « cours », – les « cours », en russe (tout se passe en russe), ce sont des petites fermes. – plus d’un millier d’habitants — mais moins de 2000. Ça commence par une petite conversation avec un militaire ukrainien, qui vient de parler, par Facetime (ou quelque chose de pareil) avec sa femme et son enfant, de deux ans et demi. L’enfant a compris qu’il se passe quelque chose de pas bien. Quand il y a des sirènes, c’est lui qui tire la manche de sa mère et qui lui dit qu’il faut aller se cacher.... – Je vous laisse voir les yeux du père quand il raconte ça. En fait, il suffit de voir les images, même si vous ne comprenez pas les mots.
Et puis, on entre dans Ourazhaïnoïé. Aujourd’hui, n’y vivent plus que deux vieux. Qui ont refusé de partir, contre vents et marées. Il n’y a plus une seule maison intacte, tout est en ruine. Les Russes sont arrivés en avril 22, et ils ont commencé à tout piller, – ils ont pris absolument tout, dit le vieux qui raconte, tous les objets de consommation courante, tout l’électro-ménager, ils ont pris les voitures. À un moment, raconte-t-il, ils ont voulu prendre sa voiture, – mais il avait enlevé les roues (je ne sais pas pourquoi), les Russes sont partis avec la voiture sans les roues – les roues sont restées là, toutes seules, ils les avaient oubliées. Il y a encore des morts dans les maisons, – une vieille dame, qui était seule, et qui a été tuée, personne n’est allée la chercher pour l’enterrer, elle est toujours chez elle, dit le vieil homme. Elle est morte chez elle. Morte comment, je ne sais pas. Mais, au moment où le reportage était filmé, elle était là.
Des régions entières, totalement, mais totalement dévastées. Et, avec ce qui se passe en Crimée, d’un coup, les propagandistes de Poutine qui se réveillent, s’affolent et disent que, des bombardements comme ça (comme ceux de Crimée), c’est un pays ruiné pour des dizaines d’années...
Les crimes de l’invasion, les ravages... Ces « moissons sanglantes », selon l’effrayante, et si juste, expression, de Timothy Snyder, c’est le lot de l’Ukraine depuis longtemps-longtemps, mais, là, maintenant, depuis le 24 février 2022, – le lot, surtout, de cette population russophone que l’assassin du Kremlin affirmait vouloir libérer.
Et... dix millions de réfugiés. Un quart, ou presque, de la population totale du pays.
Ne dormez pas, n’oubliez pas. Partagez cette chronique. Faites ne serait-ce que ça si vous faites quelque chose.
Moissons sanglantes...et attaques de viandes...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #Ukraine, #Guerre, #Poutine, #Russie, #contre-offensive, #Mer noire, #Crimée

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Publié le 21 Septembre 2023

Bonjour les amis,

L'emploi malveillant des intelligences artificielles fait depuis quelques temps de nombreuses victimes (pour l'essentiel des femmes).

 Je vous invite à lire sur le lien ci-dessous ce qui s'est produit la semaine dernière en Espagne où des jeunes adolescentes ont vu des photos d'elles manipulées et les représentant dans le plus simple appareil circuler sur les réseaux sociaux ou être carrément publiées sur des plateformes pornographiques comme onlyfans.

Sur Instagram, la mère de l’une des victimes, Miriam Al Adib, a dénoncé une «ignominie». «Quand je suis arrivée à la maison, l’une de mes filles m’a dit, avec un dégoût énorme, «Regarde ce qu’ils ont fait!» Ils ont pris une photo d’elle et l’ont montée comme si elle était nue, à l’aide d’intelligence artificielle.» Elle a affirmé que la police lui avait indiqué que ces photos avaient pu être mises en ligne sur la plateforme OnlyFans ou sur «des sites pornographiques».

Une autre mère a déclaré, sur la télévision publique espagnole TVE, que ces images avaient été utilisées comme moyen de chantage pour obtenir de l’argent de la part de sa fille.

En fait, aujourd'hui, on parle d'une trentaine de victimes, des jeunes filles entre 11 et 17 ans ce qui situe ces délits dans la catégorie agravante de "pédopornographie".

La police a déjà identifié plus de 10 suspects appartenant tous à l'environnement de ces jeunes filles. La plupart sont des adolescents et n'ont même pas 14 ans, ce qui veut dire que pénalement ils ne sont pas responsables et qu'ils vont dépendre de la loi sur les mineurs.

L'un des suspects est sorti du groupe de jeunes qui traficotaient les photos quand il s'est rendu compte que circulait aussi sur Whatsapp une photo dénudée de sa propre soeur. On imagine maintenant la situation familiale et comment doivent se sentir aujourd'hui à la fois le jeune coupable, et les parents...et la pauvre frangine!

La loi de protection des personnes est devenue plus sévère en Espagne sauf que face à ce nouveau type de délit il n'est pas simple de quantifier la gravité du préjudice pour les victimes. Une chose est sûre: le préjudice est bien réel, bien grave, surtout pour des jeunes filles mineures.

La justice espagnole prend très au sérieux cette affaire, et il est probable qu'elle tentera d'en faire un exemple pour mettre un coup d'arrêt à de telles pratiques.

Il est clair que l'emploi malveillant des intelligences artificielles a permis de génerer un nouveau type de violence machiste, un nouveau type qui vient s'ajouter à la longue liste des autres violences faites aux femmes. C'est le pompon ! Il ne manquait plus que ça !

Selon une étude réalisée en 2019 par la société néerlandaise Sensity, spécialisée dans l'IA, 96 % des fausses vidéos en ligne sont de la pornographie non consensuelle et la plupart d'entre elles représentent des femmes.

Je me permettrai un dernier commentaire. Il y a une vive émotion (que je partage) en Espagne mais si on réfléchit un peu, on se dit que ça fait déjà longtemps que de très nombreuses stars internationales (actrices connues, chanteuses, etc...) se retrouvent sur des vidéos de porno hardcore, des DEEPFAKES, sans que ça n'émeuve beaucoup la société civile. On peut même parler de "montée en puissance" de ce type de violence comme le montre l'article ci-dessous.

Traduction d'un extrait de l'article ci-dessus

"En Grande-Bretagne, le gouvernement a proposé un nouveau projet de loi sur la sécurité en ligne qui vise à criminaliser le partage de deepfakes pornographiques.

Quatre États américains, dont la Californie et la Virginie, ont interdit la distribution de deepfake porn, mais les victimes ont souvent peu de recours juridique ..."

Les victimes ont souvent peu de recours juridique ! C'est à la fois bien triste et incroyable !

Il serait peut-être grand temps que tous les pays agissent de manière énergique !

 

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Publié le 16 Septembre 2023

Bonjour les amis,

durant la conférence de presse qui a suivi la projection au festival de Venise de THE PROMISED LAND, un film danois de Nicolaj Arcel, il s'est produit un moment un peu surréaliste lors d'une question posée par un journaliste interpellant Mads Mikkelsen et Nicolaj Arcel au sujet du manque de diversité du casting exclusivement composé d'acteurs nordiques.

Voici sur le lien ci-dessous une traduction en français des échanges qui ont eu lieu.

Voici maintenant la vidéo correspondant à la question du journaliste.

Alors, que dire si ce n'est que nous touchons là le comble de l'absurde avec les nouvelles normes hollywoodiennes.

Le journaliste demande pourquoi il y a un manque de diversité ethnique et le réalisateur tente de clore le débat avec une réponse qui théoriquement est sans appel.

Arcel répond au journaliste : " L'action se passe au Danemark en 1750 ....."

Tout est dit dans cette simple phrase qui m'a fait éclater de rire !

On pourrait croire que cette évidence va mettre un terme à l'échange mais le journaliste insiste en expliquant que le film coréen PARASITE a pu entrer en compétition du meilleur film étranger pour les Oscars parce qu'il faisait apparaître une minorité sous-représentée, ce qui n'est pas le cas dans THE PROMISED LAND.

Vous pourrez noter qu'au début de l'échange Mads Mikkelsen se marre. Il est plié en deux et, progressivement, il va se sentir très agacé par l'insistance du journaliste qui affirme que le film ne pourra pas être sélectionné par l'académie des Oscars.

Ce bref échange montre bien que Hollywood a une énorme influence qui s'étend au delà des frontières étasuniennes.

Je voudrais simplement rappeler que si l'on impose des quotas d'appartenance aux minorités (qu'elles soient ethniques ou sexuelles) cela risque de se faire au détriment de la crédibilité, de la vraisemblance et de la véracité historique d'une oeuvre.

Cela risque de se faire aussi au détriment du sens d'une oeuvre qui incluerait des personnages "exotiques" à l'histoire qui décentreraient de manière inutile l'attention du spectateur.

C'est déjà ce qui se passe aujourd'hui avec de nombreuses séries Netflix où apparaissent certains personnages secondaires qui n'apportent rien au récit et qui sont créés artificiellement simplement pour respecter le cahier des charges de représentations des minorités.

Mis à part les africains et les asiatiques, va-t-il falloir mettre aussi des gays et des trans dans le film d'Arcel pour satisfaire les exigences hollywoodiennes et pour ne pas froisser la communauté LGTB?

Est-ce que ça va faire partie du cahier des charges que tout créateur devra respecter même si ça va à l'encontre du thème qu'il veut traiter et que ça n'a rien à voir avec son histoire?

Si demain un réalisateur veut faire un film sur une communauté d'esquimaux du XIX ème siècle devra-t-il y inclure aussi quelques africains ou afro-américains?

Tout cela est absurde et Hollywood nous ramène au temps du Maccarthysme en imposant de nouvelles normes liberticides. Avec une différence toutefois. Ce coup-ci il s'agit, pour la première fois dans l'histoire de l'occident, d'une inquisition liberticide qui émane de la gauche et de l'intelligentsia.

PS: Pour revenir au cinéma, et à des choses plus sérieuses, je vous laisse avec la bande-annonce du film de Nicolaj Arcel dont voici le synopsis:

Danemark 1755, le capitaine Ludvig Kahlen part à la conquête d’une lande danoise inhabitable avec un objectif impossible : établir une colonie au nom du roi en échange d’un titre royal qui le sortirait de la misère. Mais le seigneur de la région, l'impitoyable Frederik de Schinkel, croit avec arrogance que cette terre lui appartient et fera tout pour étouffer les projets de Kahlen…

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Publié le 15 Septembre 2023

Bonjour les amis,

Je suis tombé aujourd'hui sur un article qui rapporte les mises en garde en Juillet dernier de l'UNESCO contre le tout technologique en classe.

Je vous mets en lien un excellent article dans sa langue originale (qui est le valencien, une langue co-officielle qui est parlée dans le sud-est de l'Espagne où je vis), et ensuite, je vous proposerai une traduction en français.

ASSEZ  DE FÉTICHISME TECHNOLOGIQUE EN CLASSE, DIT L'UNESCO

Le rapport de l'UNESCO La technologie dans l'éducation, qui a pour sous-titre "Un outil à quelles conditions?" et qui a été publié en juillet dernier, est un avertissement très sérieux contre un discours que l'on a entendu à maintes reprises au cours des dernières décennies, selon lequel l'avenir des salles de classe consiste à les remplir d'écrans. Le document est élaboré à partir de dizaines d'études indépendantes menées à travers le monde, et aboutit à une conclusion dévastatrice qu'il place en tête de synthèse : « Il existe très peu de preuves solides de la valeur ajoutée du numérique dans l'éducation. " Et il ajoute : « Beaucoup de ces indices proviennent de ceux qui tentent de les vendre. » L’exception évidente concerne les étudiants handicapés, mais pour le reste, il n’y a aucun avantage démontrable à utiliser ces outils en classe, et là où des études à grande échelle ont été réalisées, elles n’ont trouvé aucune amélioration significative.

Tous nos responsables éducatifs, pédagogues, etc. devraient lire attentivement le rapport (pour l’instant il n’est disponible qu’en anglais) et être capables de repenser de nombreuses opinions. Le chapitre quatre commence par un paragraphe très clair : « Étant donné que la technologie numérique affecte de nombreux aspects de la vie quotidienne, il est raisonnable de supposer que son application en classe transformera et améliorera automatiquement l’enseignement et l’apprentissage. Cependant, même si les étudiants doivent être formés au numérique, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils doivent être formés grâce au numérique. Sa valeur pour l’enseignement et l’apprentissage doit être démontrée. » En d’autres termes, c’est une chose d’enseigner aux étudiants comment fonctionne la technologie, quels sont ses avantages et ses dangers, et une autre chose d’enseigner les langues, les mathématiques ou les sciences naturelles grâce à cette technologie. Et pendant des années, nous avons été amenés, à tort, à croire que l’un impliquait l’autre.

L’un des points positifs du rapport est qu’il tient compte de la réalité en classe. Souvent, les pédagogues disent aux professeurs comment enseigner, mais ils partent du principe que tous les élèves sont motivés, attentifs, et n'ont pas de problèmes à la maison . Au lieu de cela, on peut cette fois lire que « les risques des technologies de l'information en classe sont souvent sous-estimés dans la recherche et les évaluations » ; il y a une page dédiée à ce que ceux d'entre nous dans les salles de classe savaient déjà, à savoir que les écrans sont une distraction. Ou comme le dit le rapport : « L’utilisation des smartphones et des ordinateurs perturbe l’apprentissage en classe et à la maison. Une méta-analyse de recherches sur la relation entre l'utilisation du téléphone portable par les étudiants et les résultats scolaires dans quatorze pays a révélé un léger effet négatif, qui était plus important au niveau universitaire. La diminution est principalement liée à l'augmentation des distractions et du temps consacré à des activités non académiques pendant les heures d'apprentissage.

L’arrivée de notifications, ou la simple proximité d’un téléphone portable, peut empêcher les étudiants de prêter attention à la tâche à accomplir. Cela affecte la mémoire et la compréhension. On y retrouve également ce que pensent les enseignants : « Des études sur la perception des enseignants sur l'utilisation des tablettes et des téléphones mettent en évidence les difficultés de gestion de classe lorsque les élèves visitent des sites Internet autres que ceux indiqués par les enseignants ou en raison du niveau de bruit accru. » Demandez à n’importe quel professeur et il vous dira à quel point il est difficile de rivaliser avec un écran.

Il y a un autre aspect important qui est souvent oublié, c’est la vie privée. Une analyse de 163 produits éducatifs numériques a révélé que 89 % enregistraient les activités des élèves en classe et même en dehors des heures de classe, et vendaient ces informations à des agences de publicité. Cette surveillance a eu lieu sans le consentement des enfants ou des parents, et sans possibilité d'y mettre fin. Certains États ont commencé à réagir et ont interdit l'utilisation de produits d'entreprises comme Google ou Microsoft.

Enfin, il existe des preuves des risques liés à une utilisation excessive des appareils. « L'analyse d'un large échantillon de jeunes âgés de 2 à 17 ans aux États-Unis a montré qu'un temps d'écran plus long était associé à un moindre bien-être ; moins de curiosité, de maîtrise de soi et de stabilité émotionnelle ; une anxiété plus élevée; et davantage de diagnostics de dépression. L'UNESCO cite également trois études récentes qui indiquent que l'interdiction des téléphones portables à l'école améliore les résultats scolaires des élèves, notamment ceux d'un niveau inférieur. De plus en plus de pays décident de ne pas les autoriser en classe (entre autres, 40 % des États d’Asie du Sud-Est).

Ce rapport devrait constituer un changement de paradigme et montrer clairement que certaines idées vendues depuis vingt ou trente ans n'avaient aucune base empirique. Cela me rappelle les « guerres de la lecture » qui ont lieu actuellement dans de nombreux États des États-Unis. Il y a quelques décennies, la méthode traditionnelle d'enseignement de la lecture (structurée et basée sur la phonétique) a été abandonnée au profit d'un modèle plus « moderne » dans lequel les élèves découvraient la lecture à leur rythme, prenaient un livre s'ils en avaient envie, etc. . Le problème est que toutes, absolument toutes les études ont montré que l’apprentissage classique était bien plus efficace, et en fait, les taux de compréhension en lecture se sont effondrés dans tout le pays. Cependant, lorsque les autorités ont indiqué un retour au système précédent, de nombreux pédagogues et enseignants, formés à la méthode moderne, s'y sont opposés - malgré les preuves empiriques. Quant à la technologie, et outre l’éblouissement provoqué par les choses modernes, il y a une autre question pratique. Il est beaucoup plus facile pour un conseiller ou un ministre d'annoncer que quelques milliers d'ordinateurs ont été achetés que d'initier de profondes réformes du modèle éducatif.

Maintenant que nous savons que les médias sociaux et les smartphones ont créé une crise de santé mentale chez les jeunes générations, permettez-moi de terminer l'article avec l'avant-dernier paragraphe du résumé du journal : « Ce rapport souligne l'importance de vivre avec et sans la technologie numérique ; prendre ce qui est nécessaire dans une énorme source d’informations et rejeter ce qui est superflu ; de laisser la technologie soutenir – mais jamais remplacer – la connexion humaine sur laquelle reposent l’enseignement et l’apprentissage. L’accent devrait être mis sur les résultats d’apprentissage et non sur les apports numériques. On ne peut pas mieux dire !

Quand l'UNESCO met en garde contre l'utilisation abusive des écrans en matière éducative...

Voilà ! Personnellement, je n'ai pas grand chose à ajouter si ce n'est que ces dénonciations émises par de très nombreux enseignants qui, pour l'instant, prêchaient dans le désert sont cette fois-ci soutenues, études à l'appui, par la plus grande institution internationale en matière éducative, à savoir l'UNESCO.

C'est donc une aide bienvenue pour tout le monde, à commencer pour les cadres de l'Education Nationale, mais aussi surtout pour les profs qui pourront mieux se faire entendre avec un tel appui et qui auront des arguments à opposer quand ils ne seront pas assez écoutés.

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #education, #unesco, #portables, #numérique, #Ecrans, #pédagogie, #sciences de l'éducation

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