Pour essayer de trouver des éléments de réponses à ces questions posées en préambule je lis en ce moment des livres d'auteurs qui ont été assez lucides et clairvoyants AVANT le conflit et qui me permettent aujourd'hui de mieux cerner la personnalité de Poutine.
J'ai d'abord lu le livre de Michel Eltchaninoff, DANS LA TETE DE VLADIMIR POUTINE. L'auteur a étudié tous les discours et tous les écrits du maître du Kremlin, ses inspirations nationalistes et hégémoniques russes, sa haine et son mépris de la démocratie, de l'occident. Tout cela est dans son livre et on se rend compte, avec effarement, que Poutine est en train de mettre en application un projet qui est rédigé noir sur blanc. il suffisait de l'écouter et de le lire. Par ailleurs, on vient maintenant de comprendre que lorsque Poutine faisait certaines plaisanteries, c'était à prendre au premier degré. Là, plus personne ne rigole maintenant...
J'ai commencé la lecture du livre d' Isabelle Mandraud POUTINE: LA STRATEGIE DU DESORDRE qui confirme les craintes exprimées dans l'ouvrage d'Eltchaninoff et qui nous explique les multiples stratégies kagébistes utilisées par le despote pour créer désordre et division en dehors de son espace. Des stratégies qui ont été déjà très fructueuses.
Par ailleurs le livre explique aussi que le système politique russe se donne des apparences "démocratiques" avec des élections en trompe-l'oeil, sans réelle opposition, étant donné que les vrais opposants ont été soit liquidés, soit écartés par mille moyens antidémocratiques, voire criminels. Il faut se rendre à l'évidence. La Russie est redevenue une dictature, qui plus est, une dictature sanguinaire.
Cette fois-ci ce n'est plus la Corée du Nord qui a un dirigeant isolé du reste du monde mais le plus grand pays de la planète (enfin, grand par la taille...pas par son PIB qui est le 12 ème mondial et qui passe derrière celui d'un petit pays comme la Corée du Sud !!! Ce qui en dit long sur l'inefficacité de l'économie russe...et ce qui explique aussi les vrais motifs de la guerre).
Ce qui est frappant, c'est de voir à quel point en occident on a été bien naïfs de croire que nous étions en position de rendre impossible la mise à éxécution du projet eurasiste du chef du Kremlin.
Là, maintenant, on est complètement redescendu de notre petit nuage. Poutine nous a tous ramené sur Terre, 50 ans en arrière, et il y a un certain nombre de questions qu'on ne se posera plus pendant au moins trois décennies.
La première des questions définitivement résolues concerne l'existence de l'Otan. Poutine nous a bassiné depuis deux décennies en nous reprochant de ne pas avoir dissous cette alliance au moment où le pacte de Varsovie disparaissait.
L'agression brutale du 24 Février au coeur de l'Europe renforce complètement l'Otan et va en faveur de cette expansion de l'alliance contre laquelle Poutine prétendait lutter. Des pays comme la Finlande et la Suède qui n'en faisaient pas partie étudient maintenant sérieusement leur intégration. Et puis, tous les pays de l'ex-URSS comme la Pologne, la Roumanie, La Hongrie, les Républiques Baltes bénissent le ciel d'être protégés par le parapluie que leur offre l'Otan. Voilà au moins une grande question qui ne se pose plus.
Les militants anti-otan de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite sont disqualifiés pour très longtemps. Leur bataille est définitivement vaine et perdue.
Deuxième question associée à la première. Le rôle de l'armée et son budget. L'attaque contre l'Ukraine est un électro-choc. Nous avons impérativement besoin d'une armée crédible, bien préparée. Quel dirigeant europeén osera mettre en doute ce principe à l'avenir ? Aucun ! Ce sera évident notamment durant la campagne électorale française.
La troisième question concerne l'Europe.
Cette unité affichée par les 27 pays pour prendre des sanctions économiques contre la Russie est inouÏe. C'est du jamais vu.
L'agression russe vient de recréer une unité perdue, une union sacrée. Même la Grande-Bretagne isolée par son Brexit est à nos côtés et reprend sa place géographique européenne.
Nous dissertions depuis plus de 20 ans sur ce qu'est l'Europe. Poutine a réussi à nous mettre d'accord sur ce que nous ne sommes pas et sur ce que nous voulons défendre.
Notre identité européenne devient limpide.
Nous croyons en la démocratie, en la liberté, en l'Etat de droit, en la paix. Nous ne considérons pas que la guerre est le moyen naturel de masquer un grand échec économique.
Poutine vient de nous rappeler cruellement que la paix n'est pas un mot en l'air, que ce n'est pas qu'une belle parole chantée par de doux poètes.
Non ! La paix se maintient de manière durable tant qu'on ne s'endort pas sur elle.
Pour reprendre la phrase du haut représentant de l'UE aux affaires étrangères, Josep Borrell:
"Nous devons être préparés au pire tout en désirant le meilleur"
Ce principe simple et clair comme de l'eau de roche va nous guider très longtemps.
Bienvenue au XXI ème siècle...Un siècle qui est pour l'instant un siècle de merde mais qu'il nous faut affronter courageusement pour le rendre meilleur.