Publié le 16 Février 2020

Bonjour les amis,

Un film de Scorcese, qu'on le veuille ou pas, c'est toujours un événement, donc una saga de 3 h 30 comme THE IRISHMAN, ça ne peut pas se rater.

Voici le synopsis:

Cette saga sur le crime organisé dans l'Amérique de l'après-guerre est racontée du point de vue de Frank Sheeran, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale devenu escroc et tueur à gages ayant travaillé aux côtés de quelques-unes des plus grandes figures du 20e siècle. Couvrant plusieurs décennies, le film relate l'un des mystères insondables de l'histoire des États-Unis : la disparition du légendaire dirigeant syndicaliste Jimmy Hoffa. Il offre également une plongée monumentale dans les arcanes de la mafia en révélant ses rouages, ses luttes internes et ses liens avec le monde politique.

 

Le film est une adaptation du récit de Charles Brandt issu des entretiens réalisés avec Frank Sheeran dit l'irlandais, intitulé J'AI TUÉ JIMMY HOFFA (Editions du masque).

C'est une radiographie de l'Amérique des années 60-70, époque durant laquelle la mafia avait infiltré la politique, la justice et les syndicats et notamment le plus puissant d'entre eux, celui des camionneurs dirigé par le très charismatique Jimmy Hoffa (interprété par  Al Pacino).

Cette histoire est vue à travers les yeux de Frank Sheeran (Robert de Niro), escroc et tueur au service de la mafia, mais aussi personnage-tampon dans le film car il est au service du clan de Russel Buffalino mais devient aussi homme de confiance de Jimmy Hoffa.

Cette situation privilégiée de Sheeran permet à Scorcese de nous faire entrer très naturellement au sein des luttes et rivalités entre clans mafieux.

Comme toujours Scorcese sait s'y prendre pour nous accrocher et nous raconter l'ascension d'un escroc au sein de la mafia. Sheeran a de l'intuition et sait s'entourer de personnages inquiétants et puissants qui le protègeront. Scorcese n'essaie pas de nous le rendre sympathique. Sheeran se comporte souvent comme une brute et n'a pas beaucoup d'états d' âmes quand il s'agit d' éxécuter des contrats.

Scorcese pour réaliser ses flash-backs dans le passé a utilisé un procédé technique nouveau qui permet de traiter l'image des visages des protagonistes en lissant leurs rides pour les rendre plus jeunes. Je n'ai pas été emballé par cette innovation technique car elle se sent à l'écran. Les personnages ont des traits rajeunis mais leur démarche, leurs attitudes restent celles de personnes âgées.

La partie la plus réussie du film concerne le parcours de Jimmy Hoffa dont la disparition qui n'a jamais été élucidée par la justice nourrit encore l'imaginaire des américains. Al Pacino nous régale en interprétant avec brio le caractère démago et populiste du personnage. Hoffa sait comment se mettre le public de n'importe quel meeting dans sa poche. C'est un personnage incombustible, qui rebondit toujours. Finalement on se dit que Trump ne serait que le n-ième et dernier avatar issu de cette Amérique-là.

Mais, malgré l'égocentrisme démesuré de Hoffa, on a de la sympathie pour lui car il est entier et va jusqu'au bout de ce qu'il est. Il possède aussi une certaine classe. Il aurait pu prendre une retraite dorée en Floride mais c'était pas son genre ...Lui c' était l' Amérique sans concessions avec une mentalité de cow-boy, du genre " on ne touche pas à ma femme, ni à mon ranch, ni à mon cheval...ce qui est à moi, reste à moi..."

Le film dure 3 heures 30 minutes et la dernière demie heure qui est consacrée au regard que Sheeran porte sur sa trajectoire se fait un peu longue, même si elle n' est pas inintéressante.

Scorcese, c'est un peu le Victor Hugo de la mafia, et il nous éclaire bien sur cette partie de l'histoire mafieuse de son pays qui ne nous est pas très connue avec toute une galerie de portraits de personnages à la fois inquiétants et très pittoresques, pour ne pas dire folklos.... Il y a aussi dans ce film 4 ou 5 moments d'anthologie, dont un appel téléphonique assez monstrueux, et d'une terrible vraisemblance psychologique, qui m'a marqué et qui restera dans mon esprit...J'ai aimé aussi le personnage de l'une des filles de l'irlandais dont le comportement m'a  rappelé cette phrase de Victor Hugo: " L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn...".

 

 

THE IRISHMAN ou quand on aime toujours Scorcese, mais sans toutefois crier au génie...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #cinéma, #Mafia, #Hoffa, #De Niro, #Scorcese

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Publié le 9 Février 2020

Bonjour les amis,

J'essaie de me mettre un peu à jour, notamment avec les films qui ont décroché des nominations aux Oscars qui seront décernés demain. J'ai donc vu aujourd'hui DOLOR Y GLORIA du célèbre cinéaste espagnol Pedro Almodóvar.

Voici le synopsis:

Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.

Salvador Malla, le personnage central du film est si proche d'Almodovar qu'on ne peut que considérer que Dolor y Gloria est une oeuvre d'inspiration autobiographique, et aussi une oeuvre dans laquelle Almodóvar fait un grand travail d'introspection.

Au début du film on apprend que Malla  vit cloîtré depuis plusieurs années dans sa grande maison en proie à des douleurs articulaires et aussi à d'affreuses migraines. Mais il est aussi dépressif, en pleine crise d'inspiration, incapable d'envisager de se lancer dans un nouveau projet artistique malgré les sollicitations de son entourage.

Malla est arrivé à un point mort de sa vie...incapable d'avancer sans porter un regard sur ses oeuvres passées, et aussi sur sa trajectoire affective, et notamment sur les relations avec sa mère interprétée par Pénélope Cruz.

Malla hésite aussi. Il est plein d'incertitudes et provoque, de manière volontaire ou pas, des rencontres 40 ans plus tard avec certaines personnes qui ont compté dans sa vie, tout en redoutant ces retrouvailles qui pourraient lui apporter de cruelles désillusions.

Antonio Banderas interprète de manière remarquable les hésitations, les doutes et les incertitudes de Malla. 

On navigue donc dans ce film entre de fortes réminiscences de l'enfance  et des résurgences dans le présent de personnages du passé. 

Tous les personnages secondaires sont intéressants et apportent des éléments qui vont amener une fin très cohérente et assez somptueuse. Parmi ces personnages notons un acteur argentin oublié du grand public, accro à l'héroïne, mais qui n'a pas perdu sa flamme artistique et qui est suffisamment fort pour contrôler son addiction afin de pouvoir remonter sur les planches, le premier grand amour de Mallo qui est de passage dans la capitale, un peintre en bâtiments analphabète à qui Mallo-enfant a appris à lire et à écrire, une agent artistique toujours prête à veiller sur la santé physique et mentale de Mallo et sur sa carrière.

Almodóvar se met a nu de manière sincère, sans exhibitionnisme, sans vanité, sans artifices et finit par proposer au spectateur une des clés de la création artistique.

DOLOR Y GLORIA m'a profondément ému car le film touche certaines cordes sensibles universelles que nous portons tous en nous, que nous soyons créateur ou pas...Nous sommes tous le fruit de nos passions, de nos émotions, de notre propre histoire et parfois pour pouvoir avancer il nous faut nous réconcilier avec notre passé.

 

 

 

DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...
DOULEUR ET GLOIRE ou quand Almodóvar se met à nu, loin de tout artifice...

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Publié le 8 Février 2020

Bonjour les amis,

Le 20 Janvier dernier j'avais lu un article sévère mais juste de mon ami  Fatizo sur 1917.

Mais, bien évidemment j'avais quand même envie de voir 1917, d'abord pour me former ma propre opinion, mais aussi parce que Sam Mendes est l'auteur d' AMERICAN BEAUTY que je considère comme le meilleur film de sa décennie.

Quand un auteur signe un chef d'oeuvre, on se dit que ses autres films ne peuvent pas être complètement mauvais (...et c'est le cas ici).

Par ailleurs, j'étais prévenu par Fatizo, donc, d'une certaine manière prédisposé à m'attacher aux qualités du film plutôt qu'à ses défauts.

Alors, allons-y pour ma critique, et commençons par le négatif.

Je confirme les appréciations de Fatizo. Le scénario tient en 2 lignes, il y a des invraisemblances (il n' y a pas de torrents dans le Nord de la France), certains personnages sont très creux et n'apportent rien à l'histoire, la majorité des dialogues sont plats, sans consistance...Et puis, surtout, le scénario est très prévisible de la première minute jusqu'à la dernière : le comble pour une oeuvre qui prétend rénover ce genre de cinéma.

J'ajouterai, dans les aspects négatifs, que l'image des soldats allemands est complètement stéréotypée : plus caricatural tu meurs...Dans ce film, les allemands sont de vrais machines de guerre, sans âme, ni compassion : on a droit, entre autres scènes, à un aviateur allemand qui poignarde un anglais qui lui sauve la vie...S'agissant de la première guerre mondiale on aurait aimé un peu plus de pondération de la part de Mendes : cette guerre des impérialismes n'était pas une lutte entre les bons et les méchants...

1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...

Alors, pourquoi faut-il voir 1917 malgré tout ?

La réponse est simple. Elle tient à la mise en scène et à la virtuosité de Sam Mendès avec sa caméra.

C'est son parti pris. Ce film est un hommage à l'action héroïque que mena son grand-père qui avait reçu pour mission de faire passer à un colonel un message du haut commandement destiné à sauver la vie de centaines de soldats : pour arriver jusqu'au colonel il devra risquer sa peau en traversant  un no man's land plein de dangers.

Nous sommes donc projetés au coeur des tranchées avec des longs plans-séquences extrêmement soignés, très nerveux. La guerre de 14 comme si vous y étiez...dans la peau d'un soldat de première classe chargé d'une mission vitale.

On plonge dans la boue, dans les flaques, dans les cratères de trous d'obus, entouré de cadavres et de rats, en tentant d'éviter les pièges tendus par l'ennemi. La réalisation est impeccable. On est saisi d'horreur, on retient son souffle.

Il y a aussi des scènes de nuit qui sont très oniriques et flamboyantes : des mouvements d'ombres et de lumières hallucinants et angoissants dans la nuit embrasée par les tirs d'obus et les incendies. Là, le spectacle devient tout simplement dantesque, horrible et grandiose : Mendes se transforme en Akurosawa de la première guerre mondiale.

Ces scènes-là, ces tableaux fantasmagoriques à eux-seuls méritent qu'on voie ce film...

1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...
1917 de Sam Mendes...le parti pris de tout miser sur la caméra...

Ajoutons qu'il y a aussi une certaine poésie dans ce film. La caméra sait s'arrêter sur des pétales de fleurs de cerisiers qui s'envolent, sur le vent qui agite les herbes folles au milieu de cette folie, sur notre héros qui récite un poème pour tranquilliser un bébé, sur un bataillon de soldats qui écoute un doux chant nostalgique parlant du désir de rentrer au pays juste avant de se lancer dans une bataille échevelée. Oui, le film réserve quelques moments de grâce, d'humanité au milieu de cette barbarie.

Si je devais résumer 1917 en trois adjectifs je dirais : épique, flamboyant, onirique...

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Rédigé par alea-jacta-est

Publié dans #cinéma, #film de guerre, #première guerre mondiale, #1917, #Sam Mendes

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