Alors, effectivement, on ne peut être que catastrophé par la passivité et l'irresponsabilité de nos gouvernants qui lors de la COP 24 ont révisé à la baisse les objectifs sur le réchauffement climatique et qui ont accepté une augmentation de 2º C d'ici aux années 30 (au lieu du 1,5º C proposé lors des accords de Paris) ce qui correspondra à une mise en péril non pas de la moitié mais des trois quarts de l'humanité...
Fred Vargas a donc momentanément laissé tomber ses polars pour lancer avec son livre un grand cri de désespoir et d'indignation, et pour essayer de nous pousser à réagir avant qu'il ne soit définitivement trop tard.
Dans cet ouvrage Fred Vargas nous explique qu'on est surinformé sur le réchauffement, bombardé de news sur ce sujet, mais que finalement on est très mal éclairé sur ce thème car on n'a aucune vision globale du problème. Elle-même qui est scientifique a eu beaucoup de difficultés à trouver les informations vraiment importantes dont elle avait besoin pour écrire son livre. Elle a épluché pour nous des milliers de pages de rapports d'experts du GIEC pour essayer de mettre de l'ordre dans nos idées.
Son livre qui n'est pas très long est très didactique. Il donne des ordres de grandeurs qui nous permettent de nous situer et offre une parfaite synthèse de tous les nombreux paramètres qui provoquent le réchauffement climatique ainsi que leurs impacts respectifs.
A chaque problème posé par les industries qui provoquent du réchauffement les nouvelles technologies tentent d'apporter des solutions que Vargas analyse. Elle va jusqu'au bout et démontre que dans la grande majorité des cas ces solutions ne font que déplacer le problème.
Par ailleurs nous ne devons pas perdre de vue que les carences en matières premières comme les métaux sont inévitables et qu'il faut s' y préparer dès aujourd'hui, or on va exactement dans la direction contraire. Vargas démontre que nous gaspillons par exemple de manière insensée pour l'agriculture le phosphore nécessaire à la vie, A NOTRE VIE, alors que nous ne pouvons pas le fabriquer. Nous creusons notre tombe allègrement, de manière frivole !
Son livre pointe du doigt également les grands coupables dont on parle peu. Pendant qu'on se focalise sur les bagnoles (électriques ou pas), on ignore que 70% de la déforestation est provoquée par l'industrie agro-alimentaire.
Vargas préconise de revenir à une consommation de 200 grammes de viande par semaine (et non pas par jour) pour sauver les forêts (et nous-mêmes par la même occasion).
En fait j'ai lu si rapidement son bouquin (que je recommande chaudement) que je vais devoir le relire, mais cette fois-ci en prenant des notes (chose que je ne fais que très rarement).
J'aimerais aussi ajouter des commentaires un peu plus personnels.
D'abord il y a dans le constat de Vargas des éléments terribles qui devraient nous préoccuper. L'humanité, organisée en Etats qui veillent à leurs propres intérêts n'est pas vraiment dotée d'instances internationales décisionnelles capables de résoudre l'énorme problème auquel nous sommes confrontés.
C'est bien simple : si on attend que la solution vienne de nos dirigeants, on est mort...
Seul un sursaut citoyen sera à même d'inverser la tendance. A nous d'arrêter de consommer comme des fous, de voyager en avion inutilement, de changer de vêtements chaque saison, etc...
Ou nous le ferons, ou nous ne serons plus.
Le capitalisme qui pendant trois siècles a fait progresser l'humanité risque aussi de provoquer notre fin en tant que civilisation. Une néo-barbarie est déjà en train de naître (Trump, Bolsonaro n'en sont que les prémices...). C'est tout le sens de notre histoire qui est en train de se dissoudre aussi sûrement que la banquise.
Nos philosophes et historiens bien peuvent continuer de disserter sur plein de thèmes intéressants comme la démocratie, la liberté, etc...Tout ce qu'ils peuvent pondre sur ces sujets sera frivole et décalé face à l'énorme danger qui est à nos portes et qui risque de nous engloutir.
D'ailleurs il y a plein d'ouvrages que j'avais prévu de lire et que maintenant j'écarte...je les trouve frivoles...ou alors dépassés, plus à l'ordre du jour, pas de nature à donner des pistes de salvation pour l'humanité.
Pleins d'ouvrages actuels me paraissent aujourd'hui aussi incongrus que l'orchestre du TITANIC qui jouait de la musique avant le choc fatidique avec l'iceberg.
Extrait du livre de Vargas:
" On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s'est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. ..."