Publié le 29 Mars 2012

Jeudi 29 mars 22 h  

 

A l' heure où j' écris, les grandes manifestations dans toutes les capitales de provinces sont en train de se terminer et on peut déjà tirer des conclusions satisfaisantes de cette 8 ème grève générale depuis l' avènement de la démocratie en Espagne.

 

Tous les grands secteurs ( industrie, bâtiment, transport, éducation, activités portuaires, etc...) ont suivi massivement l' appel des syndicats, avec une participation variant entre 70 et 80 %, pour rejeter de manière non équivoque la réforme du code du travail ainsi que les mesures austéritaires du gouvernement de Mariano Rajoy.

Cette journée est un franc succès qui fera date et qui permettra de donner une vraie légitimité aux syndicats pour reprendre les négociations.

Les manifestations ont été très largement suivies et ce sont des millions de travailleurs qui sont aujourd' hui descendus dans la rue à Madrid, Barcelone,Valladolid et plus de 110 villes du territoire national.

On peut regretter une plus faible participation très prévisible dans les petites et moyennes entreprises qui s' explique par le fait que le petit patronnat espagnol, a l' habitude de soumettre ses salariés à des chantages ignobles et complètement illégaux.Encore une fois on voit bien qu' il existe deux catégories de travailleurs: ceux qui, comme moi, ont un vrai statut qui les protège "encore" et qui peuvent exercer leur droit de grève, et l' immense majorité des travailleurs de petites et moyennes entreprises qui sont soumis à des menaces implicites qui ne s' expriment pas de manière directe mais qui sont bien réelles et qui font que ceux-ci n' osent pas utiliser leur droit légitime et constitutionnel  à participer à cette journée de mobilisation.Rien qu' en Catalogne il y a eu plus 120 plaintes déposées par les syndicats contre des entreprises qui ont menacé leurs salariés.Dans ma région de Valencia, ce sont plus d' une trentaine de plaintes sans même parler de toutes les pressions illégales qui sont difficilement prouvables devant les tribunaux.Toutes ces intimidations n' ont malgré tout pas pu  empêcher des millions de travailleurs d' exprimer leur profonde colère.

 

La porte-parole du gouvernement a essayé de minimiser le succès de cette journée de lutte et son  impact , mais peu importe ! Maintenant ils savent combien nous étions vraiment et notre détermination! et il va falloir que, quelque part dans leurs calculs, ils prennent en compte la nouvelle donne...ça risque d' être moins facile que prévu et il va falloir compter avec le refus du peuple.

 

J' espère également que les dirigeants européens comme Merkel,Monti ou Sarkozy , ainsi que les autorités de Bruxelles qui soutiennent la politique austéritaire de Mariano Rajoy auront pris bonne note de cet avertissement !

 

 

Ah, oui, j' oubliais ! Il y a eu une énorme participation de tous les étudiants.Cette grève on l' a faite surtout pour eux également... pour nos enfants et pour qu'à l' avenir ils puissent travailler dignement sans être soumis à des contrats de MERDE résiliables à souhait, rétribués avec des salaires inférieurs à 600 euros par mois .

Bonne fin de soirée à tous...AJE

 

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  Photo de la manisfestation de Valencia ( capitale de ma région)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Rédigé par alea-jacta-est

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Publié le 28 Mars 2012

 

En effet, suite aux premières mesures de réductions budgétaires drastiques du gouvernement Rajoy ainsi qu' à sa réforme du code du travail, les plus grandes centrales syndicales des salariés appellent demain 29 Mars tous les travailleurs espagnols à une grève générale dans tout le pays.Demain ce sera le premier test.

 

 

 

 

 

Les victimes des premières mesures gouvernementales sont surtout les travailleurs, avec en première ligne les fonctionnaires et les personnels de santé qui verront leur charge de travail augmenter et leur salaire BAISSER.

Pour reprendre et détourner une phrase bien connue, il s' agit de TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS !!! alors qu' en même temps le coût de la vie augmente de manière très significative...

 

Rappelons que l' Espagne fait partie du peloton de tête des pays à forte évasion fiscale( de l' ordre de 23% du PIB) et que ce gouvernement aurait pu commencer par prendre l' argent tout simplement là où il est, en mettant en place une politique de contrôle un peu plus sérieuse.Les quelques informations de première main dont je dispose sur ce sujet dénotent d' un laxisme des pouvoirs publics  plus que complice ( auquel il faut malheureusement associer la passivité des socialistes espagnols qui n' ont rien fait non plus à ce sujet...et oui, c' est comme ça !!)

 

Mais au lieu de cela, Mariano Rajoy, en bon défenseur du grand patronnat devant l' éternel, a préféré démarrer son mandat en prenant des sévères mesures limitant les droits et les statuts des travailleurs et en faciltant  par exemple les procédures de licenciement tout en réduisant les indemnisations alors que l' Espagne compte déjà 24% de chômeurs( la folie...plus du double qu' en France !! Ce dernier chiffre est toutefois faussé par ceux du travail au noir qui , bien évidemment, ne sont pas connus officiellement.Là aussi on attend que ce gouvernement prenne des mesures sérieuses ).

 

Dimanche dernier, la droite a reçu un sérieux avertissement ainsi que  sa première GIFLE électorale en perdant les élections régionales en Andalousie.Rajoy n' aura même pas eu droit à ses 100 jours de "grâce", ce dont je me réjouis car il faut essayer de le stopper le plus tôt possible.

 

Demain ce sera l' occasion de savoir si le peuple espagnol accepte avec résignation une politique économique et sociale qui va le plonger de manière durable dans une grande précarité ou si, au contraire, les travailleurs veulent obliger ce gouvernement à reprendre les négociations là ou il les a laissé...

 

Inutile de vous dire que demain, votre serviteur, ira dans son lycée bien sûr, mais pour faire partie des piquets de grève.

Demain, c'est le genre de rendez-vous qu' il vaut mieux ne pas rater, sinon on va être mal...très très mal....


Bonne fin de journée à vous tous

 

PS. Fait peu habituel: l' évêque de Ciudad Real, Antonio Algora, est sorti de sa réserve pour appuyer les participants à cette grève et critiquer sévèrement ce gouvernement qui s' attaque aux plus faibles.Pour moi qui suis toujours critique avec l' église catholique , je tiens à saluer le courage de cet évêque qui n' aura probablement pas reçu la bénédiction de sa hiérarchie...

 

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Rédigé par alea-jacta-est

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Publié le 3 Mars 2012

Une curieuse polémique est en train de naître en Espagne après que le conseil municipal du  village de Rasquera( province de Tarragona) ait décidé de louer 7 hectares pour la culture du cannabis à une association de fumeurs de Barcelone comptant plus de 5000 membres.

Le maire du village a proposé à ses administrés ce moyen peu orthodoxe pour générer l' argent nécessaire pour faire face aux difficultés financières et à  l' endettement de sa petite bourgade.L' idée serait donc , d' une certaine manière, d' autoriser la culture du cannabis afin de "sortir de la crise" sachant que l' association barcelonnaise est prête à payer 1,3 millions d' euros en deux ans pour la cession de ces terrains.

 

 

 

 

 Le principal problème est qu' aujourd' hui, personne en Espagne n' est capable de savoir avec exactitude si l' initiative de ce village est illégale car la situation juridique est pour le moins confuse pour ne pas dire paradoxale.

 

En effet, d' un côté, la consommation de marihuana  et d' autres drogues dites douces n' est pas prohibée ( sauf dans les lieux publics), et de l' autre, la culture au sens habituel du terme et le trafic sont interdits par le code pénal avec des peines pouvant aller jusqu' à 6 ans de prison.

Malgré tout,  la jurisprudence espagnole accepte que les particuliers puissent faire une culture limitée pour une consommation "personnelle" ou "partagée" à but thérapeutique ou ludique...

Les petits clubs d' amis cultivent déjà au pays basque ( 50 associations) et en catalogne( une trentaine d' associations) avec le consentiment des autorités judiciaires.

Le village de Rasquera pose problème car cette fois-ci on passe à une autre échelle: ce n' est plus le petit club de copains qui cultive quelques plantes au fond du jardin avec une semi-complaisance des autorités locales mais 5000 membres d' une association qui disposeront de 7 hectares qui pourraient être mis en exploitation.

 

Donc le ministère public de la Région de Catalogne va devoir trancher très rapidement sur la légalité de l' initiative du conseil municipal de Rasquera car ce cas risquerait vite de faire école et de s' étendre comme une traînée de poudre dans tout le pays si l' Etat n' y mettait pas un frein, ou tout du moins un peu d' ordre.

La bataille judiciaire sera intéressante car , en fait,  il ne sera pas aussi simple d' interdire les futures plantations du village en se basant sur le seul fait que la taille de l' exploitation est un peu trop grande. Comment interdire à ces villageaois ce que l' on a consenti par ailleurs pour des petits groupes d' amis ?

 

Ce débat donnera peut-être l' occasion au  pouvoir politique d' affronter avec maturité un phénomène  qui touche tous les secteurs de la société.Il y a tellement d' hypocrisie sociale autour de ces questions que ça obligera l' Etat à se définir lui-même de manière un peu plus cohérente tout en essayant de sortir de ce flou artistique..

 

Je terminerai ce petit billet par quelques considérations personnelles avec lesquelles j' imagine que vous ne serez pas forcément d' accord.

Je suis personnellement contre la décision du conseil municipal de Rasquera.Si on commence à cultiver du cannabis de manière anarchique dans la péninsule pour sortir de la crise, on pourra dire qu' il y a quelque chose qui VA TRÈS MAL dans ce pays !!!

Pour paraphraser un grand dramaturge, on pourra s' exclamer " qu' il y a quelque chose de pourri au royaume d' Espagne" . Par ailleurs, en vertu de quoi les bénéfices engendrées par ces cultures devraient aller à un village plutôt qu' à la communauté nationale ou pour le moins régionale?

C' est à l' Etat de prendre ses responsabilités: ou le cannabis est légal dans un  cadre prévu par la loi, ou il ne l' est pas... To be or not to be !!

Si l' Etat admet un certain degré de légalité à la culture du cannabis, dans ce cas, c' est lui qui doit programmer l' extension et la répartition géographique des sites de production tout comme pour le tabac, et c' est lui qui doit également garantir la qualité et la quantité des productions.

J' imagine déjà vos objections: qu' en est-il de la liberté de tout un chacun de cultiver son petit plant à la maison ? Je crois, qu' en cas de légalisation,la loi pourrait avoir une tolérance qui limite la culture domestique au strict usage personnel pour éviter tous les trafics à grande échelle.

 

ALEA JACTA EST

 

NB: petite observation un peu hors-sujet : inutile de vous dire que cette initiative est une TRÈS TRÈS MAUVAISE nouvelle pour tous les trafiquants qui amènent ces produits  de " l' extérieur"..... Bien évidemment, tous les grands dealers et tous les mafieux sont contre la légalisation des drogues , cela va sans dire.... 

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Rédigé par alea-jacta-est

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