Quand je peux de nouveau lire Emmanuel Todd sans m'énerver...

Publié le 3 Novembre 2025

Bonjour les amis,

Ces dernières années je m'étais tenu un peu éloigné des discours d'Emmanuel Todd, et ce, pour un certain nombre de raisons que voici:

1.- D'abord la forme:  je trouvais Todd très suffisant, parfois méprisant, moqueur et arrogant. Bref, l'intello dans toute sa spendeur. En France on dispose du mètre-étalon des esprits brillants "bourdieusains" qui prétendent nous tirer de notre ignorance crasse, de notre incapacité à voir au delà des faits et de comprendre les choses.

2.- Todd a souvent affiché des positions pro-russes après l'invasion de l'Ukraine, des positions singulièrement complaisantes envers les maîtres du Kremlin et qui avaient le chic de sérieusement m'énerver.

3.- Todd attaquait certaines théories, comme celle du grand remplacement en ne se situant que du côté des chiffres et il nous démontrait (calculette à l'appui) que les tenants de telles théories vivent dans une sorte de fantasme paranoïaque, alors que, de mon point de vue, il n'est nullement nécessaire qu'une partie de la population d'origine étrangère soit arithmétiquement majoritaire pour qu'elle mette en danger les piliers civilisationnels de leur terre d'accueil. Soyons clairs: je pense que dans un pays si seulement 10% de la population ne ressent pas de respect pour la nation d'accueil et pour ses règles constitutionnelles, de graves problèmes coexistentiels vont immanquablement survenir.

3.- Todd s'est laissé aller parfois à soutenir des thèses conspirationnistes en matière économique (voir la fiche wikipédia que je mets en lien à la fin de mon billet).

Ceci étant dit, ce matin, j'ai pris connaissance d'un récent article de lui assez long, et que j'ai pu lire avec intérêt jusqu'au bout.

On pourra discuter ici ou là de certains points qui ne manqueront pas de susciter des polémiques, mais cette analyse mérite d'être lue car elle est parfois brillante.

C'est un article souvent pertinent qui nous met en garde contre les raccourcis et rapprochements rapides très nombreux (mais fallacieux) dans les affrontements politiques actuels avec le programme de certains partis de l'Europe fasciste du XXème siècle. Todd nous démontre également que le populisme trumpien n'a pas la même "essence" que les populismes européens...Au terme "extrême-droite", Todd préfère employer "conservatisme populaire". C'est plutôt bien vu de sa part !

Cet article, le voici donc. Bonne lecture !

 

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C
A propos du populisme, voici un excelent article de Richard Hanania, politologue étatsunien :<br /> <br /> "Tout cela pourrait indiquer que le populisme peut être une option valable à court terme dans un pays où les élites ont échoué de manière spectaculaire. Nous avons observé une tendance générale chez les électeurs moins éduqués à soutenir des dirigeants populistes moins compétents, plus corrompus, plus conspirationnistes, plus anti-science et moins éthiques – à des degrés divers – aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. En particulier lorsque les institutions fonctionnent bien, un mouvement qui suscite une hostilité générale à leur égard est généralement un mauvais signe."<br /> <br /> https://www.richardhanania.com/p/kakistocracy-as-a-natural-result
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A
Merci Caius pour cet article instructif qui mérite d'être lu dans son intégralité, notamment les statistiques et graphiques qui concernent les résultats et performances économiques des régimes populistes.<br /> Autres extraits de l'article:<br /> "Un article de 2023 de Funke et al., publié dans l' American Economic Review , a montré qu'entre 1900 et 2020, un régime populiste est associé à un PIB par habitant inférieur de 10 % après 15 ans, par rapport à un scénario contrefactuel plausible...."<br /> <br /> "Étant donné que les populistes de gauche et de droite poursuivent souvent des politiques différentes, cela prouve que le populisme, par essence, nuit à la croissance. Funke et al. constatent également une dégradation de la qualité des institutions sous l'effet de la gouvernance populiste...."
L
Conservatisme populaire... Il a raison, car le vote populaire majoritaire permet la victoire d'un Trump, d'un Netanyahu, et d'autres responsables d'extrême droite élus en Europe par une majorité populaire... Et puis les 10% de citoyens nés en Europe et qui lui portent une haine viscérale, ce que moi j'appelle l'ennemi de l'intérieur, contribuent au vote populaire pour l'extrême droite.<br /> Je l'avais déjà dit ici, Meloni a réussi peu à peu à m'ôter cette peur de l'extrême droite, son récent geste, celui d'expulser un imam salafiste.<br /> Bref, moi qui ai toujours voté PS, je suis "bouleversionné" dans mes convictions au point d'envisager un vote pour l'extrême droite dans le cas où elle se trouverait en face de l'extrême gauche. Je suis étonné de moi-même, de voir comment mes convictions, jusqu'ici immuables, peuvent changer face à la peur de l'islam radical.<br /> Nous savons tous que les 90% de musulmans restants qui peuplent l'Europe, sont des bons citoyens. Ce qui me gêne énormément est le fait qu'ils soient capables de manifester pour la Palestine, mais jamais contre le Hamas.
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A
A propos du communitarisme un ami m'a fait découvrir aujourd'hui David Duquesne, infirmier comme toi.<br /> De père français et de mère algérienne il témoigne dans ce lien youtube de certaines difficultés qu'il a vécu.<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=mLn6X8FNXoc<br /> <br /> Il a écrit un bouquin intitulé NE FAIS PAS TON FRANÇAIS.<br /> <br /> https://www.babelio.com/livres/Duquesne-Ne-fais-pas-ton-Francais--Itineraire-dun-batard/1618021
A
Merci pour tes commentaires et pour tes réflexions. De manière générale ce qui me préoccupe beaucoup c'est l'accroissement significatif du sectarisme et le fait qu'on ne s'écoute plus les uns les autres. Quand par exemple les LFIstes lancent à la figure des RNistes que ce sont des fachos ou des racistes ils créent un climat bien inutile de guerre civile dont on se passerait bien. Emmanuel Todd l'explique bien. Faut pas charrier et Hénin-Beaumont ce n'est pas Nuremberg non plus. Le drame c'est que certains partis ou certaines factions n'existent qu'à travers l'affrontement, la haine et la disqualification des autres. Si on commençait par retrouver un respect institutionnel tout le monde y gagnerait.<br /> Je me plains du sectarisme des autres mais il est probable que je n'en suis pas exempt non plus. Tout le monde devrait un peu balayer devant sa porte...Puisque tu as vu le film EDDINGTON ce qui m'inquiète c'est la dégradation du vivre-ensemble qui apparaît dans le film et qu'on retrouve chez nous aussi.
R
Pour ma part, j'ai plusieurs fois critiqué les positions d'Emmanuel Todd :<br /> <br /> https://rosemar.over-blog.com/2016/05/les-propos-dangereux-d-emmanuel-todd.html<br /> <br /> <br /> https://rosemar.over-blog.com/2015/05/emmanuel-todd-persiste-et-signe.html<br /> <br /> <br /> <br /> https://rosemar.over-blog.com/2015/03/une-etonnante-declaration-d-emmanuel-todd.html<br /> <br /> <br /> Il est vrai que dans l'article cité, il se livre à une analyse sociologique qui semble assez nuancé....<br /> <br /> <br /> <br /> Belle soirée, AJE
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A
Merci pour les liens sur tes propres articles qui abondent dans le sens de mon long préambule.<br /> Emmanuel Todd est intelligent, cela va sans dire, mais son désir d'aller à contre-courant l'a souvent amené à soutenir des positions peu défendables.<br /> Franchement j'avais fini par le cataloguer parmi ceux que je n'écoute plus. Donc cet article que je partage ce matin est vraiment une bonne surprise qui m'a fait plaisir. Le voici revenu à des positions plus "écoutables" et quand Todd n'est pas animé par le goût de la provocation il nous dit des choses très intéressantes, et sait faire des rapprochements explicatifs auxquels on n'aurait pas forcément pensé. J'ai aimé aussi son analyse assez fine des xénophobies qui sont très différenciées, notamment entre l'Europe et les USA. Des xénophobies qui n'ont pas la même "essence", qui ne se nourrissent pas à la même source et dont le but final n'est pas le même.<br /> Todd nous dit de manière convaincante: " Ne mélangeons pas tout ! ".<br /> J'ai bien aimé aussi son passage concernant le renouveau de l'antisémitisme, qu'il nomme antisémitisme 2.0.<br /> Je retiens aussi cette phrase qu'on pourra reclaquer à plus d'un wokiste: "Le seul populisme occidental qui passerait aujourd’hui à 100% le test de l’expansionnisme serait celui de Netanyahu. "<br /> Bonne fin de soirée l'amie
C
Intéressant point de vue comme toujours mais je crois que cet article cerne mieux ce qui se passe aux USA :<br /> <br /> AUTOMNE AMÉRICAIN<br /> Par Peter Nowak<br /> <br /> Au lieu de comparer les États-Unis sous Trump au nazisme, il serait plus approprié de rappeler une histoire récente de répression en RFA : l'« automne allemand ».<br /> <br /> Le meurtre du célèbre débatteur droite Charly Kirk a-t-il été l'équivalent américain de l'incendie du Reichstag ? Ces derniers jours, de nombreux médias ont posé cette question. Pour certains, cela ne faisait aucun doute. Pour eux, il semble évident que cet attentat débouchera sur une persécution à grande échelle par l'État des forces critiques à l'égard de Trump. Après l'incendie historique du Reichstag le 28 février 1933, des communistes, des sociaux-démocrates et d'autres opposants au nazisme ont été arrêtés dans la nuit même et torturés dans les caves de torture des SA ou dans des camps de concentration sauvages. Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés après l'incendie du Reichstag n'ont pas survécu à leur détention.<br /> <br /> Cet événement historique est ainsi devenu le symbole d'une vague de répression étatique après un attentat qui a peut-être même été perpétré avec, au minimum, la tolérance des autorités. Le degré d'implication des dirigeants nazis dans l'incendie du Reichstag reste aujourd'hui encore un sujet controversé. Mais de telles analogies sont-elles vraiment pertinentes pour analyser la situation politique intérieure aux États-Unis après le meurtre de Kirk ? Ou s'agit-il plutôt d'une utilisation maladroite de concepts issus d'une époque qui ne correspond pas du tout à la situation actuelle aux États-Unis ? Cette interprétation s'impose au moins si l'on considère que Trump et son méga-mouvement ont depuis longtemps été qualifiés de fascistes. Au plus tard après la tentative d'assaut du Congrès par les partisans de Trump en janvier 2020, le terme « moment du Reichstag » a été utilisé. Il s'agit donc actuellement d'une nouvelle version.<br /> <br /> Cela fait maintenant déjà quelque temps que Kirk a été assassiné. Force est de constater qu'il n'y a pas eu jusqu'à présent d'arrestations massives d'opposants à Trump. Ce qui existe depuis le deuxième mandat de Trump, ce sont des rafles et des expulsions visant principalement les travailleurs migrants. Mais celles-ci retiennent beaucoup moins l'attention du public libéral que la suspension temporaire d'une émission télévisée du comédien Jimmy Kimmel, qui a rapidement repris. Actuellement, c'est l'inculpation de l'ancien directeur du FBI James Comey, critique de Trump, qui incite les opposants à se faire entendre davantage contre le fascisme de Trump.<br /> <br /> Cette hiérarchisation des priorités en dit long sur la conception de la démocratie des détracteurs libéraux de Trump, qui sont loin d'être aussi préoccupés par la persécution des travailleurs et des pauvres que par la suppression d'une émission de télévision ou la mise en accusation d'un fonctionnaire de l'appareil d'État américain qui a lui-même utilisé les mêmes moyens contre ses adversaires.<br /> <br /> Si l'on transpose cela à la situation en Allemagne, on peut dire que la non-élection de la juge libérale de gauche Frauke Brosius Gersdorf a provoqué une vive agitation dans les milieux libéraux. On a noté avec une indignation particulière que l'Union, avec sa campagne contre la juriste, avait repris la propagande de droite de l'AfD et avait ainsi indirectement accordé à ce parti de droite une influence sur l'élection des juges. Mais presque personne dans ce milieu ne s'oppose avec la même verve à la campagne de dénigrement permanente contre les bénéficiaires du revenu universel, présentés comme des profiteurs de l'État providence. Ici aussi, les partis de l'Union et l'AfD tiennent presque le même discours.<br /> <br /> Mais presque personne dans ce milieu ne s'oppose avec la même verve à la campagne de dénigrement permanente contre les bénéficiaires du revenu citoyen, présentés comme des réfractaires totales qui abusent de l'État providence. Là encore, les partis de l'Union et l'AfD tiennent un discours presque identique. La question de savoir quel parti détient le copyright de cette campagne de dénigrement doit rester ouverte. Mais presque personne dans le milieu libéral de gauche ne dénonce le fait qu'il n'y ait jamais eu de barrière entre l'AfD et l'Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU) dans leur rejet du revenu universel.<br /> <br /> Il serait parfois utile de revenir sur la situation récente en Allemagne pour évaluer et critiquer de manière adéquate les développements aux États-Unis. En effet, pour analyser la situation actuelle après l'assassinat de Kirk, il n'est pas nécessaire de remonter à l'Allemagne de 1933.<br /> <br /> Il suffirait de se pencher sur la RFA au milieu des années 1970, lorsque les attentats de la Fraction armée rouge et d'autres groupes militants de gauche ont conduit à une campagne contre toutes les initiatives et personnes situées à gauche du SPD. Cette époque est rapidement entrée dans l'histoire du cinéma sous le nom d'« automne allemand ». Ici, la période se concentre sur les années 1975-1977, l'apogée des attentats de la RAF. Il serait peut-être plus approprié de parler de la période de plomb, également un titre de film, qui a commencé beaucoup plus tôt et dont les conséquences sont encore inscrites aujourd'hui dans la Constitution allemande.<br /> <br /> À l'époque, il y avait une attaque générale contre tous ceux qui critiquaient le capitalisme et la constitution en vigueur en RFA, même s'ils n'avaient rien à voir avec la RAF ou le mouvement du 2 juin. Même les théoriciens de l'école de Francfort, Horkheimer et Adorno, ont été déclarés « instigateurs intellectuels du terrorisme ». La campagne a porté ses fruits. L'intimidation, en particulier à l'égard des personnalités de gauche connues, était monnaie courante. Il suffisait en effet d'utiliser un poème critique du capitalisme dans un cours scolaire pour être pris pour cible par les experts antiterroristes.<br /> <br /> Même l'historien social-démocrate Bernt Engelmann s'est retrouvé pris dans l'engrenage. La publication du troisième tome de sa trilogie anti-historique a été retardée. Il s'intitulait en effet « Deutsche Radikale » (Les radicaux allemands) et faisait référence aux activistes de la révolution bourgeoise du XIXe siècle. Mais dans la période sombre de l'« automne allemand », un tel ouvrage historique était considéré comme une apologie du terrorisme. Aujourd'hui, on peut encore découvrir cette période dans des films contemporains tels que le classique « L'honneur perdu de Katharina Blum ». À l'époque, les groupes de gauche parlaient également de la fascisation de la société allemande.<br /> <br /> Mais en réalité, il s'agissait d'une restructuration autoritaire de l'État au sein de la société bourgeoise. Bon nombre des dispositifs répressifs mis en place à l'époque n'ont jamais été abrogés. Aujourd'hui, même certains membres de la gauche se posent en défenseurs de « notre démocratie », comme on aime à appeler la constitution allemande, contre le fascisme. Celui-ci est perçu au niveau national comme étant représenté par l'AfD et, à l'étranger, par les démocraties dites illibérales. Selon les intérêts de politique étrangère, cela inclut la Hongrie sous Orban, mais aussi, bien sûr, les États-Unis sous Trump.<br /> <br /> Dans ce contexte complexe, on oublie souvent que le bloc européen dominé par l'Allemagne cherche à se démarquer dans la lutte capitaliste interne entre les différents blocs. Il est donc clair que le fascisme est vu soit chez le plus grand parti d'opposition et les adversaires du capitalisme, mais jamais dans le propre appareil d'État. C'est aussi la raison pour laquelle les commentateurs de la situation politique actuelle aux États-Unis sous Trump pensent immédiatement à l'incendie du Reichstag, mais rarement à la période sombre de l'automne allemand. Le premier est associé à la période nazie, universellement condamnée. Mais lorsqu'il s'agit de l'automne allemand, il faudrait également parler de la manière dont une restructuration autoritaire de l'État a été mise en œuvre à l'époque en RFA, qui s'est inscrite dans la Constitution et les appareils d'État. C'est précisément cette Constitution et ces appareils d'État qui sont aujourd'hui défendus par la gauche comme une arme contre divers fascisme.<br /> <br /> L'une des voix de gauche en Allemagne qui s'élève contre la thèse du fascisme appliquée aux États-Unis de Trump est celle du journaliste et sociologue Ingar Solty. Dans son livre Trumps Triumph (Le triomphe de Trump), publié aux éditions VSA, il souligne qu'il ne peut être question d'une fascisation des États-Unis sous Trump. Il se réfère toutefois principalement à la société américaine, dans laquelle le programme de Trump ne recueille pas la majorité, et mise sur un populisme social-démocrate au sein du Parti démocrate américain, qui pourrait remporter les prochaines élections. On célèbre ici à nouveau les espoirs réformistes d'une victoire électorale prétendument de gauche, qui sont régulièrement anéantis, que les réformistes perdent ou gagnent les élections et mènent une politique de droite, c'est-à-dire conforme au capitalisme.<br /> <br /> Mais le véritable cœur du livre de Solty se trouve dans le sous-titre. Celui-ci s'intitule « États-Unis divisés, restructuration autoritaire de l'État et nouvelle confrontation entre blocs ». En effet, la restructuration autoritaire de l'État au profit des fractions les plus modernes du capital est actuellement en cours partout dans le monde. Elle est menée par des gouvernements de droite tels que l'administration Trump aux États-Unis ou Orban en Hongrie, mais aussi par divers gouvernements sociaux-démocrates, comme actuellement en Grande-Bretagne ou en Allemagne sous Schröder avec l'introduction de l'agenda Hartz IV.<br /> <br /> La restructuration autoritaire de l'État n'a pas commencé aux États-Unis sous Trump, comme le suggèrent de nombreux critiques de gauche. Cela revient à ignorer que le nombre d'expulsions de migrants sous Obama et Biden n'était pas inférieur à celui sous Trump. Ce dernier les met toutefois en scène de manière plus martiale. Et la persécution des minorités, des opposants à la guerre et des détracteurs du gouvernement était bien plus grave sous Nixon et Reagan qu'elle ne l'est actuellement sous Trump. Le Black Panther Party a été littéralement démantelé par des moyens répressifs et certains de ses dirigeants ont été exécutés par la police. En 1970, des étudiants qui protestaient contre la guerre du Vietnam ont été abattus par la garde nationale à l'université de Kent, dans l'Ohio. Au début des années 1980, sous Reagan, des contrôleurs aériens en grève ont été menottés et emmenés par la police.<br /> <br /> À l'époque déjà, l'expression « Winter America » s'était imposée dans les cercles artistiques. Peut-être devrions-nous donc qualifier la situation actuelle aux États-Unis sous Trump d'« automne américain ». Si l'on veut faire une analogie avec l'histoire répressive de l'Allemagne, celle-ci serait en tout cas beaucoup plus appropriée que la référence à l'incendie du Reichstag.<br /> <br /> https://overton-magazin.de/top-story/us-amerikanischer-herbst/
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A
Merci Caius pour cet article de Nowak qui critique également les rapprochements historiques un peu "osés" dirons-nous et aussi l'hypocrisie de l'opinion américaine plus indignée par la suppression temporaire d'une émission télévisée que par les razzias effectuées contre les migrants démunis, contre les faibles...Des indignations très sélectives donc, comme disait Bedos !<br /> Quitte à faire des analogies avec l'Allemagne la comparaison avec la RFA des années 70 est sans doute plus judicieuse. Il y avait eu à l'époque un certain nombre d'entorses aux bonnes moeurs démocratiques lors de la lutte contre la Fraction armée rouge...<br /> PS: A noter sur cette époque un film que j'avais bien aimé IL FAUT TUER BIRGIT HAAS...une époque où la fin justifiait parfois un peu trop les moyens...<br /> https://www.youtube.com/watch?v=RYWPaeIpqS8
M
Moi je ne pense pas pouvoir encore le lire..<br /> J'en ajouterais une couche, je cite un article de 2015 concernant les massacres djihadistes en France et dont voici des extraits: <br /> <br /> Emmanuel Todd : "Le 11 janvier a été une imposture"<br /> Quatre mois après les manifestations post-attentats, l’historien et démographe Emmanuel Todd publie un livre réquisitoire contre une France pétrie de bonne conscience, qui a fait sécession de son monde populaire. ...<br /> . Quatre mois après les tueries de janvier, tout se passe pourtant comme si rien ne s’était passé, comme si le réservoir de l’indignation avait flambé d’un coup dans le noir de la nuit française, sans laisser aucune empreinte. ...<br /> C’est le moment qu’a choisi l’historien et démographe Emmanuel Todd pour publier «Qui est Charlie ?» (Seuil, parution le 7 mai), réquisitoire terrible contre la France de François Hollande. Un texte écrit dans la fièvre, en trente jours à peine. Son angle d’attaque, particulièrement original, consiste à observer l’origine régionale et sociopolitique des manifestants du 11 janvier. Une fois encore, Todd fait parler les cartes et les statistiques …<br /> <br /> https://www.nouvelobs.com/actualites/20150428.OBS8114/emmanuel-todd-le-11-janvier-a-ete-une-imposture.html
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A
Merci pour le lien et pour ce rappel Mo.<br /> Le brulôt anti-Charlie faisait aussi partie de ces raisons que j'invoque au début de mon billet qui font que Todd m'éxaspère parfois.<br /> Todd, l'intello supposé brillant, s'était transformé sur ce coup-là en idiot utile du "frérisme".<br /> De manière générale son argumentation stastistique ne convaint pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Il n'est nullement nécessaire d'être arithmétiquement majoritaire pour provoquer de très graves problèmes de cohabitation au sein d'une nation. Je vis en Espagne qui a dû lutter contre le terrorisme de l'ETA et j'en sais quelque chose.<br /> Mais aujourd'hui, dans cet article que j'ai mis en lien, je sens que Todd a mis son sectarisme un peu à part pour analyser la situation présente et il fait des observations qui me paraissent bienvenues sur les nouveaux populismes. Au lieu de traiter les LePenistes de fachos, il s'intéresse avec honnêteté à la nature de ce mouvement AUJOURD'HUI et à son moteur sans tomber la caricature qui en est faite par les LFIstes. Il en vient pratiquement à récuser le mot "extrême-droite" car ce qui caractérise la formation de Marine Lepen c'est son "souverainisme".