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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 08:29

Bonjour les amis,

J'ai vu hier CONCLAVE le film d'Edward Berger dont voici le synopsis suivi de la bande-annonce.

Synopsis: Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.

Alors commençons par ce que j'ai le plus aimé dans ce film. L'atmopshère feutrée et confinée d'un conclave à huis-clos au Vatican se prête merveilleusement bien à créer un vrai climat de thriller tendu et angoissant dans lequel se joue l'avenir de l'Eglise. Dans la bande-annonce on peut apprécier une esthétique extrêmement soignée grâce notamment au choix judicieux des couleurs dominantes, une esthétique soutenue dans les fréquents moments sans dialogues par une bande-son omniprésente. On découvre des rituels très codifiés depuis des siècles de la haute hiérarchie de l'Eglise. L'impression d'immersion dans ce conclave, avec  ses conversations sotto voce entre cardinaux, est une grande réussite.

J'ai vu le film en VO et on y entend parler en anglais, en italien, en latin et en espagnol ce qui ajoute une touche d'authenticité aux dialogues.

Le casting est servi par des acteurs vétérans, tous de grande qualité, et Ralph Fiennes signe ici une de ses plus belles interprétations dans le rôle du cardinal Lawrence chargé d'organiser l'élection du nouveau Pape dans un contexte de lutte des pouvoirs et de conspiration.

Donc le spectateur se laisse embarquer avec un énorme plaisir en se disant que ce film ça va véritablement être du caviar, mais cette illusion va peu à peu se déliter et laisser la place à certains doutes, puis finalement au sentiment qu'on s'est fait un peu avoir sur la marchandise.

En effet la vision des différentes tendances bien réelles qui règnent au sein de l'Eglise est ici présentée de manière plutôt simpliste, manichéenne.

Dans ce film la hiérarchie de l'Eglise apparaît comme un foyer d'ambitions, de corruptions et d'égoïsmes désespérants. Les conservateurs de la Curie romaine sont des extrémistes xénophobes (à tel point que ça en devient risible et caricatural) et les libéraux sont des conspirateurs arrogants.

En contrepoint des luttes intestines dans ce panier de crabes, un cardinal sud-américain (dont on devine qu'il représente les théologies de la libération) y apparaît comme un ange de vertu faisant la morale à ses collègues et les rappelant un peu à l'ordre. Une vision encore une fois qui paraît peu subtile, bien simpliste, avec une morale "bon enfant" (de choeur bien sûr), une morale très "américaine".

Je ne peux rien révéler des gros défauts du film sans en dévoiler les rebondissements, donc je m'en abstiendrai par respect pour ceux qui n'ont pas encore vu CONCLAVE et qui ont droit eux aussi aux différents effets de surprise du scénario. Je m'en tiendrai donc à des considérations générales.

Dans le dernier tiers du film le metteur en scène donne un grand coup de volant, fait un brutal changement de direction qui m'a paru un peu absurde et incongru. Quant à la fin elle cède complètement aux modes wokistes de notre époque, ce qui rend ce film outrageusement opportuniste comme si il était à la recherche d'un Oscar.

Dommage car Edward Berger tenait un sujet en or.

Je n'ai pas lu le roman de Robert Harris dont le film est inspiré mais il est possible que le défaut du film c'est peut-être précisément d'être resté trop fidèle au roman.

Le film plaira surtout à ceux qui ne connaissent pas bien l'Eglise et qui penseront trouver dans cette oeuvre une critique pertinente mais qui ne l'est pas tant que ça...

Les chrétiens traditionnalistes détesteront ce film et, d'après ce que j'ai pu lire ici ou là, les chrétiens progressistes aussi car ils n'apprécieront guère cette simplification un peu réductrice des enjeux et des débats qui secouent leur grande maison.

CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...
CONCLAVE d'Edward Berger ou quand l'idéologie woke se glisse au Vatican...

Il faut sans doute relativiser cette déception dont je fais état dans mon billet. La première partie du film était tellement alléchante, tellement bien mise en scène, qu'elle permettait de penser qu'on allait assister à un chef d'oeuvre et, au final, le film devient  dans le meilleur des cas juste plaisant pour certains, et dans le pire éxécrable pour d'autres.

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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 17:25

Bonjour les amis,

Aujourd'hui c'est Vendredi Saint et comme chaque année quand arrive le week-end pascal j'essaie toujours de me replonger dans des oeuvres musicales qui évoquent LA PASSION du Christ.

Par ailleurs, je suis en train de lire en ce moment  JESUS de l'historien Jean-Christian Petitfils, qui est une enquête passionnante sur la vie du Christ et qui offre aussi une synthèse sur les dernières recherches scientifiques sur ce sujet.

Ce matin j'ai découvert sur les réseaux sociaux une oeuvre de Max Ernst plutôt surprenante et intitulée:

"La Vierge corrigeant l’enfant Jésus devant trois témoins : André Breton, Paul Eluard et le peintre"

1926. Huile sur toile, 196 × 130 cm. Museum Ludwig, Cologne.

Une Madone comme vous ne l'avez jamais vue...

Voici ce qu'en dit RL Leucart:

"Cette toile, peinte en 1926, est doublement provocatrice. D'abord, ce pied-de-nez à l'histoire de l'art détourne une des images qui a le plus inspiré les artistes occidentaux, la Madone à l'enfant. Ensuite, la toile est sacrilège (à la suite de son exposition, Ernst sera d'ailleurs officiellement excommunié par l'Eglise catholique). La Vierge, dépeinte en mauvaise mère, fesse violemment Jésus dont l'auréole, comme un vulgaire couvre-chef, est tombée au sol. Remarquez d'ailleurs que l'auréole encercle la signature de l'artiste, qui se voit ainsi "sanctifié", comble de l'ironie.

Dans l'encadrement d'une sorte de fenêtre, trois témoins : les pionniers du surréalisme Paul Eluard (à gauche), André Breton (à droite) et Max Ernst lui-même, dont on devine au fond le regard bleu. Trois drôles de rois mages qui viennent signer cet attentat contre le bon goût et les institutions religieuses."

L'oeuvre est incontestablement trangressive, choquante. Même maintenant en 2023 elle heurte encore la vue. Dans aucun des évangiles, la Vierge n'apparaît comme une femme violente.

Même pour un non-croyant ce tableau est "blasphématoire".

Nota Bene : rappelons au passage, en ces temps de néo-obscurantisme que nous vivons, que le blasphème n'est pas un délit...du moins pas en France.

 

Par ailleurs, en regardant bien cette oeuvre je me suis dit qu'on reste choqué en 2023, et pas forcément pour les mêmes motifs que les spectateurs qui la virent en 1926.

En effet la fessée semble violente et du coup on a l'impression d'assister à une scène de de maltraitance infantile.

Donc Max Ernst n'était pas en odeur de sainteté en 1926 (et c'était voulu de sa part) mais son oeuvre coince un peu au XXI ème siècle également car elle ne correspond pas du tout aux nouveaux canons éducatifs actuels pour lesquels toute forme de violence est complètement exclue.

Si les inquisiteurs wokistes voient son oeuvre aujourd'hui ils s'en indigneront en déclarant qu'elle est une apologie insupportable de la maltraitance des enfants. Ils y verront aussi une atteinte à la dignité d'une jeune personne qui est dénudée et châtiée devant 3 témoins oculaires.

Je suppose que Ernst, en son temps, voulait surtout jouer la provo mais maintenant la lecture de son oeuvre est biaisée par une société qui a changé et qui ne va jamais rire ou sourire de la moindre violence faite à un enfant.

Donc, contrairement à d'autres oeuvres qui ont choqué par le passé mais qui sont entrées dans les moeurs comme LA NAISSANCE DU MONDE de Gustave Courbet, cette Madone de Ernst reste définitivement transgressive, provocatrice et politiquement incorrecte.

PS: Je profite du sujet abordé pour partager avec vous un dessin qui n'est pas aussi artistique que le tableau de Max Ernst, mais qui a le mérite d'être à la fois transgressif et assez humoristique.

Une Madone comme vous ne l'avez jamais vue...

PS nº 2: Continuons avec les transgressions. Dans une vidéo on voit Lady Gaga interpellée par une dame dans la foule à propos de sa bisexualité. Elle lui crie :

" - Tu iras en Enfer ! "

Lady Gaga se retourne, revient sur ses pas, embrasse la dame sur la bouche et lui dit :

"-  Maintenant nous irons toutes les deux en Enfer ! "...🤣

 

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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 18:09

Bonjour les amis,

Comme vous le savez je réside en Espagne depuis de nombreuses années, et parfois, il m'arrive en étudiant le passé de ce pays d'apprendre certains éléments de l'histoire de France que j'ignorais. En voici un petit exemple.

Je suis allé il y a quelques semaines à une conférence donnée à la maison de la culture de mon village  par Jésus Huguet, historien spécialisé entre autres dans l'étude des populations Cathares du pays valencien.

Conférence de Jésus Huguet suivie avec attention par votre serviteur

Conférence de Jésus Huguet suivie avec attention par votre serviteur

Jésus Huguet...descendant de cathares

Jésus Huguet...descendant de cathares

Alors vous savez tous que les cathares formaient un mouvement religieux français dissident établi dans le sud de la France, principalement en Occitanie, mais vous ignorez peut-être qu'après avoir été persécutés et pourchassés par les autorités royales et religieuses de l'époque, ils trouvèrent refuge en Espagne. En fait l'Espagne en tant que pays n'existait pas encore à l'époque, et de nombreux cathares fuirent en Catalogne (qui faisait partie du Royaume d'Aragon) et au Nord du Royaume de Valencia (ma région actuelle...).

Les cathares ne s'appelaient cathares entre eux. Ils se désignaient comme des Bons Hommes.

Ils considéraient que l'église de Rome était corrompue, d'ailleurs ils la surnommaient la putain de Babylone.

Il furent persécutés sans relâche. L'épisode le plus tristement célèbre est sans doute le siège de Béziers durant lequel le représentant du Pape Arnaud Amaury, à qui le chef de la troupe avait demandé comment séparer les bons chrétiens des cathares, ordonna :

"Tuez-les tous...Dieu reconnaîtra les siens ! "

Plus de 20 000 personnes, femmes, enfants et vieillards furent passés par le fil de l'épée...

Un épisode que je connaissais moins, c'est que les cathares en lutte cherchèrent des appuis notamment chez leur voisin ibérique, le Roi  Pierre II d'Aragon qui livra bataille contre les forces du Roi français et du Pape à Muret.

Une bataille qui termina en désastre pour les aragonais: leur Roi fut tué et son fils de 6 ans fût fait prisonnier par les français. Le Pape demandera plus tard la libération du fils de Pierre II, Jacques 1er d' Aragon.

Ce sera lui le futur Jacques le Conquérant, celui qui libérera, entre autres, le Royaume de Valencia des Maures. C'est le fameux Sant Jaume qui est célébré chaque année dans mon village au mois de Juillet.

Ce qui est intéressant c'est de voir comment l'inquisition ne va pas relâcher ses efforts. Les cathares étaient vaincus, éradiqués, éparpillés et le dernier des "parfaits" s'était réfugié en Espagne.

Les "parfaits" étaient les membres de la congrégation qui vivaient en respectant des règles de vie très strictes et qui étaient les seuls habilités à offrir le "consolament" aux croyants, aux bons hommes et bonnes Dames qui désiraient entrer dans le Royaume de Dieu.

Or, il se trouve que le dernier cathare, le dernier parfait qui pouvait faire ce sacrement s'était réfugié à Morella, dans ma région.

Il s'appelait Guillaume Bélibaste. Il avait commis un crime dans sa jeunesse, avait fui, vécu dans la clandestinité avant d'être initié par un autre parfait, Philippe d' Alairac.

La fin de Bélibaste est digne d'un roman d'Alexandre Dumas.

En effet l'inquisition envoya Arnaud Sicre un espion chargé de se rapprocher de lui, et de le convaincre de revenir en France. Pour tendre son piège Sicre convaincra Bélibaste de revenir en France pour donner le consolament à l'une de ses parentes avant qu' elle ne meure. Bélibaste est méfiant mais accepte, et dès qu'il arrivera en France il sera attendu par les forces de l'inquisition, arrêté, jugé et condamné au bûcher en 1321 à Villerouge-Termenès.

Ainsi disparaîtra le dernier des parfaits...le dernier des cathares

Je suis en train de lire l'histoire de Bélibaste contée par un écrivain espagnol  Victor Amela, dans un livre intitulé EL CATARO IMPERFECTO, étant donné que Bélibaste a été un parfait imparfait à cause de son crime de jeunesse.

BÉLIBASTE,Le dernier des PARFAITS...
L' auteur qui tient entre ses mains un poignard semblable à celui qu'utilisa Bélibaste pour commettre son crime

L' auteur qui tient entre ses mains un poignard semblable à celui qu'utilisa Bélibaste pour commettre son crime

Ce roman qui est très bien documenté n'est malheureusement pas traduit en français mais il existe d'autres ouvrages sur ce sujet qui sont indiqués à la fin de ce lien wikipédia.

Autre ouvrage qui relate la vie et le funeste destin de Bélibaste

Autre ouvrage qui relate la vie et le funeste destin de Bélibaste

Alors, en hommage à ce pauvre Guilhem Bélibaste il existe encore aujourd'hui à San Mateu dans la province de Castellon un passage qui porte son nom, avec une plaque commémorative.

BÉLIBASTE,Le dernier des PARFAITS...

En raison de la fuite des Cathares il y a aujourd'hui encore de nombreux espagnols qui ont des noms d'origine occitane. On trouve aussi dans certains cimetières des tombes cathares avec leurs croix caractéristiques.

BÉLIBASTE,Le dernier des PARFAITS...

Mais avec la mort du dernier parfait leur religion disparaîtra...les survivants craignant les foudres de l'inquisition n'oseront plus jamais s' affirmer publiquement.

Bélibaste sera définitivement le dernier d'entre eux.

BÉLIBASTE,Le dernier des PARFAITS...
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