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25 août 2022 4 25 /08 /août /2022 15:20

Bonjour les amis,

Cette après-midi, alors que j'étais en train de répondre à un de mes lecteurs sur mon blog, mon fils a ouvert précipitamment la porte de mon bureau en s'exclamant:

- Marie la française est morte !

- Attends...c'est quoi?...Qu'est-ce que tu me dis là ?

- Marie la française s'est fait chopper par une vachette à Beniarbeig...

La nouvelle était assez consternante pour moi. Je vous explique un peu.

C'est l'été en Espagne et chaque village célèbre ses fêtes patronales, notamment avec l'organisation quotidienne de jeux taurins. Je vous précise que ces jeux sont dangereux pour les humains mais qu'en principe tout le monde évite de faire du mal aux animaux.

Quant à "Maria la francesa", ça faisait 30 ans que je la connaissais. Une vraie passionnée très connue dans le canton. Elle ne ratait aucune course de vachettes et de taureaux. Mais en fait elle était aussi  très prudente.

Elle aimait provoquer une charge de l'animal mais, toutefois, elle entrait précipitamment dans les cages de protection prévues à cet effet pour ne pas risquer de se faire encorner.

Marie la française était une vraie passionnée mais elle n'était pas téméraire.

Qui plus est, son grand âge (73 ans) ne lui permettait plus de prendre le moindre risque.

Je me souviens qu'elle portait toujours des attache-lunettes pour ne pas risquer de perdre sa monture dans les arènes.

Que s'est-il donc passé dans le petit village de Beniarbeig?

 J'imagine qu'elle a dû être distraite et qu'elle n'a pas bien situé l'animal et qu'elle ne l'a pas vu venir sur elle.

Un seul coup de corne en pleine poitrine lui a été fatal. Voici l'article du journal qui relate sa mort.

Alors il faut avouer que pour nous qui connaissions la française depuis tant d'années, la nouvelle est assez consternante, presqu'incroyable Cela n'aurait jamais dû se produire.

Je suis bien évidement très attristé par la fin incongrue de Marie, de la "torera" comme on la surnommait.

La camarde vient de commettre une énorme faute de goût et aurait dû savoir que la française était une véritable institution locale, qu'elle était intouchable...

La camarde aurait dû savoir que Marie aimait se donner des frissons mais qu'elle ne voulait pas braver la mort.

Vraiment la camarde ne respecte rien !

Marie "la française" est morte...
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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 10:02

Bonjour les amis,

Vendredi prochain commenceront les fêtes populaires de Sant Jaume dans mon village.Hier soir nous sommes allés monter le garito qui est le petit local où on se retrouvera tous les jours pour souper ensemble avant de partciper aux festivités nocturnes ( bals,disco-mobil, rallyes humoristiques, etc...).Des tables sont dressées dans la rue pour souper et ce sont une cinquantaine de penyas ( groupes d' amis) qui se cotoient tous les soirs, chacune préparant sa tambouille, ou la commandant à un catering,partageant avec les penyas voisines musiques, boissons,plaisanteries , etc...

Le garito de ma penya est situé près des arènes et nous sommes donc au coeur de la fête.

Lors du souper d' hier soir on a parlé de l' accident de Pedreguer.Ma voisine de table qui travaille à l' hôpital de Dénia ( service facturation) nous dit que chaque année à Pedreguer il y a toujours au moins un blessé grave, et que cette année, il y a eu carrément un mort...

L' un de nos amis nous explique que le touriste qui s' est fait choper avait fait des photos et des enregistrements avec son portable toute l' après-midi, et que plusieurs fois les villageois lui avaient dit qu' il était trop près des animaux et qu' il devrait rester dans les ratières pour prendre ses photos en toute sécurité...Par 2 fois il a été écarté...la 3 ème fois il n' a pas vu arriver un taureau qui était en retard par rapport au reste du troupeau.Les deux coups de cornes sur le thorax et l' abdomen ont été extrêmement violents...les 2 blessures ont été mortelles.Les villageois ont immédiatement transporté la victime à l' abri dans les ratières mais la mort a été quasi instantanée.Les services de santé de la croix rouge n' ont pu que constater le décès.

Donc c' est bien l' imprudence et le manque d' expérience qui sont à l' origine du tragique accident.Il y a une règle d' or qu' il ne faut jamais oublier dans ce genre de manifestations, c' est de garder toujours un oeil sur les animaux...on peut boire un coup, rigoler et discuter avec un groupe d' amis, mais toujours garder un oeil sur l' endroit où se trouvent TOUS les animaux...

Du coup, notre conversation entre amis se poursuit et l' ensemble des participants affirme qu' il faudrait purement et simplement supprimer ces jeux.Un de nos copains n' est pas du tout d' accord.Il rappelle que personne n' est obligé d' y aller, que celui qui n' aime pas ces activités peut rester chez lui, de la même façon qu' on n' oblige personne à aller voir un match de foot.Il rappelle que sans ces activités taurines nous n' aurions pas tous les soirs nos arènes pleines à ras-bord de gens venus des 4 coins de notre canton.

Ce à quoi je lui réponds qu' il faudrait demander aussi l' avis des vachettes et des taureaux et que les animaux aussi souffrent.Ils sont stressés...ils courent sur l' asphalte, glissent, tombent,se font mal et essaient vainement de trouver le chemin du coral.Il y a dans ces jeux une dimension forcément humiliante pour les bovins même si la grande majorité des participants les respectent et leurs vouent un véritable culte.

Malgré tout je pondère un peu ce jugement.D' une part ceux qui savent vraiment courir ( ils sont peu...) ne brutalisent pas les bestiaux, et on peut considérer qu' ils produisent un vrai spectacle par leur art d' esquiver les coups de cornes.Savoir faire une couse devant un taureau et passer juste devant 2 cornes mortelles est toujours impressionnant et produit une vraie sensation esthétique ( tout comme un joueur de foot qui esquive un ou deux défenseurs par l' habileté de ses feintes).

Je modère aussi mon réquisitoire en rappellant que condamner les jeux, c' est à terme condamner l' espèce qui va disparaître purement et simplement.En effet sans l' argent des jeux taurins l' élevage de ces animaux n' est pas du tout rentable.

Un de mes amis me répond immédiatement qu' on ne peut justifier un type d' élevage rien que pour produire des jeux qui font souffrir les animaux.Je lui réponds que, d' un point de vue éthique et moral, il a complètement raison mais qu' il ne doit pas perdre de vue qu' une prohibition condamnera plus de 99% des élevages.La diversité disparaitra...Par ailleurs il ne faut pas oublier que ces animaux doivent vivre en liberté pour être performants lors des jeux et que leur sort est probablement bien plus enviable que celui des veaux élevés en batterie pour la consommation humaine et qui savent à peine marcher lors de l' abattage.Les vachettes ont une vie heureuse dans leurs champs ( voir mon petit reportage précédent)...il n' y a qu' au moment des jeux qu' elles sont stressées et ça dure pour chacune d' entre elles une vingtaine de minutes.

Ma belle-soeur nous explique que, non seulement ces jeux nécessitent toute une infrastructure et une logistique de protection ( barrières démontables, personnel,croix-rouge, présence policière, etc..) mais que de plus en plus de commandos anti-taurins viennent tenter d' empêcher ces activités,faire le coup de poing lors des fêtes et que les autorités municipales doivent parfois prévoir des dispositifs policiers afin d' éviter des heurts, des troubles et de la castagne entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre...cette année il y a eu une manifestation ( parfaitement pacifique celle-là) près de chez moi à Dénia.

Bon...Il faut reconnaitre qu' ils n' étaient pas bien nombreux...mais ils gagnent en force dans d' autres villes

Bon...Il faut reconnaitre qu' ils n' étaient pas bien nombreux...mais ils gagnent en force dans d' autres villes

Vous le voyez les amis, la société espagnole est parfaitement divisée sur cette affaire.Certaines villes ont déjà prohibé toute forme de jeux avec les animaux.Sur le long terme je ne me fais aucune illusion...ces jeux vont disparaître.Je suis plutôt d' accord d' ailleurs, même si, au fond de moi, une petite voix me glisse que l' Espagne ne sera plus tout à fait l' Espagne sans ses villageois allant braver ses nobles taureaux.D' autres me répondront que mon argument est aussi ridicule que si je disais que Rome n' est plus Rome depuis la disparition des jeux du cirque...

Je ne vais pas polémiquer et je vais donner plutôt donner raison aux anti-taurins mais simplement je voudrais rappeller que si on veut parler de souffrance animale alors là, les amis, il y a bien pire que le traitement des vachettes et des taureaux...bien bien pire !

Si on me donnait à choisir entre la vie d' un bovin promis à la consommation de viande et celle d' un bovidé qui doit participer à des jeux taurins, et bien je n' hésiterais pas une seule seconde...La vie du deuxième sera plus longue et bien plus heureuse que celle du premier.

En attendant vendredi soir à 24 heures, et après le chupinazo prononcé par les quintos sur le balcon de la mairie devant des centaines de villageois laissant exploser leur joie ( 1 minute 55 secondes le la vidéo ci-dessous),seront lâchés 8 vachettes et taureaux et les arènes seront pleines...

PS: notez à 13 minutes de la vidéo une partie de foot-vachette...interdit de toucher l' animal ( petite vachette pas trop dangereuse ou taurillon)...il faut marquer des buts en tentant de l' éviter...tout ce qu' on risque, ce sont quelques bleus ou ecchymoses.

PS nº 2: Pierre m' a envoyé un petit mail au sujet de l' incident qui a bien failli lui couter la vie.

Il me dit que sa version est un mélange de la mienne et de celle de Daniel.

Cette terrible mésaventure me rappelle un film de Woody Allen ( Accords et désaccords) où chaque participant raconte sa version ...du coup le film a 3 ou 4 fins possibles, je ne sais plus.

Là, Daniel Pierre et moi, on est un peu comme les évangiles et chacun raconte son point de vue.

Je dois voir Pierre dans quelques jours et donc j' aurai l' occasion d ' apporter d' éventuelles mises au point complémentaires.C' est quand même lui qui s' est retrouvé nez à nez avec " el bicho" même si moi, j' ai eu droit à la vue panoramique...Décidément, quel dommage que cette scène d' anthologie n' ait pas été filmée ne serait-ce que sur un simple portable !

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 09:07

Bonjour les amis,

Le tragique accident de lundi dans le village voisin de Pedreguer me donne l' occasion de vous raconter une petite anecdote personnelle qui s' est produite quand votre serviteur venait de débarquer en Espagne et ne connaissait pas bien les risques liés aux élevages bovins de la région.

C' était en 1989 et je venais d' acheter un nouvel appareil photo réflex et j' avais envie de faire ma première pellicule dans une zone protégée près de chez moi.Il s' agit d' anciennes rizières ( aujourd' hui partiellement réhabilitées) dans lesquelles il y avait entre autres, un élevage de taureaux et de moutons...

Je prépare donc mon matos et j' indique à mon épouse que je vais aller à la marjal de Pego faire quelques photos animalières.

J' arrive dans la zone en fin d' après-midi quand la lumière est moins crue et violente, et je commence par faire quelques clichés des moutons s' abreuvant dans les canaux des rizières.

toutes les photos ont été prises par l' auteur

toutes les photos ont été prises par l' auteur

Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...

Je finis mes premières photos, et je décide d' attaquer les choses sérieuses avec les prises de vues des vachettes et des taureaux.J' aperçois au loin le jeune pasteur, un homme d' une trentaine d' années, et je lui demande s' il m' autorise à photographier ses animaux.Je sens tout de suite qu' il est content que je lui demande son autorisation.Je perçois aussi qu' il est très fier de la qualité de ses animaux qui méritent largement un petit reportage.Il me dit de le suivre et je lui emboîte le pas...

je commence par quelques clichés pris d' assez loin...

Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...

Puis mon pasteur insiste sur le fait qu' il a de beaux spécimens à me montrer et m' indique de le suivre.Simplement, il y a un petit problème: pour accéder à la zone qu' il m' indique il faut carrément traverser à pied tout le troupeau.J' hésite mais finalement je me dis que je suis en sécurité avec lui vu qu' il est le pasteur, et je le suis mais cette fois-ci collé pratiquement à son corps...On traverse le troupeau: il y a les vaches accompagnées de leur leur petit qui s' agitent un peu lors de notre passage et montrent quelques signes d' agacement mais se tiennent finalement plutôt tranquilles...

Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...

Mon pasteur insiste et me demande de ne plus bouger de là où je suis car il veut à tout prix me montrer ses plus beaux bestiaux.Il commence à parcourir la zone en commençant des manoeuvres destinées à ramener les animaux vers moi, de manière à ce que je puisse faire de beaux clichés...vraiment sympa, le mec...

Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
beau portrait de specimen dit " manso"

beau portrait de specimen dit " manso"

Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...
Le jour où j' ai failli mourir "bêtement"...

Arrivé à ce point de mon reportage je suis déjà complètement satisfait mais le pasteur insiste sur le fait qu' il a un novillo qui est très brave.Il tient à tout prix à me le présenter et me fait comprendre que ce serait vraiment dommage d' avoir fait tout ce déplacement sans aller le voir.Il me demande d' être patient et s' en va pour me le ramener...

Au bout de quelques minutes, il parvient à ce que l' animal se rapproche de la zone où je suis.Et là, mes amis, d' un seul coup, sans doute pris par l' enthousiasme ou l' euphorie je ne sais, je me plante bien en vue devant le taureau pour essayer d' obtenir le meilleur cliché possible.L' animal est en arrêt, il m' observe et je sens que ma photo va être trop statique, alors du coup je le provoque un peu en tapant du pied...Celui-ci m' observe en grattant le sol en réponse et en baissant le cou plusieurs fois de manière inéquivoque.Il indique clairement qu' il est sur le point de charger mais moi, comme le pasteur est à côté, je pense que celui-ci contrôle son bestiau tout comme un maitre-chien contrôle l' agressivité de son berger allemand, donc je n' hésite pas., et je crie:

" VAMOS TORO VA ! " en tapant du pied.

Finalement je prends la photo du mieux que je peux sans obtenir exactement ce moment précis où la menace se fait sentir...

Bon ça ne se voit pas là, mais à ce moment précis il est menaçant...

Bon ça ne se voit pas là, mais à ce moment précis il est menaçant...

Quelques jours plus tard je vais récupérer mes clichés et je les montre à mon beau-père qui s' y connait car il a travaillé dans les champs durant toute sa jeunesse.Mon beau-père apprécie, regarde le portrait du manso et me demande :

" T' étais où toi ? "

Je lui réponds:

" Moi ? j' étais juste en face...sans utiliser le zoom pour avoir la meilleure définition possible ! "

Il me regarde très étonné, un peu surpris, et du coup je le rassure:

" De toutes façons, il n' y avait pas de danger car le pasteur était juste à côté"

Et là, mon beau-père s' esclaffe et m'explique longuement que les taureaux ne sont pas des chiens qui obéissent au doigt et à l' oeil...que si le taureau m' avait chargé le pasteur n' aurait rien pu faire...

Et là, du coup, j' ai repensé à ce moment d' inconscience, quand je me suis mis devant le taureau et que je l' ai provoqué en lui criant:

" Vamos toro va !!! "

Aujourd ' hui les amis , après avoir vu des dizaines d' entrées de taureaux dans les fètes populaires et connaissant beaucoup mieux de quoi ils sont capables, je peux vous assurer que si vous me proposiez un million d' euros cash sur la table pour refaire ce que j' ai fait ce jour-là je n' accepterais pas...Ça a été de la pure folie car j' étais dans un champ boueux sans échappatoire possible.

J' imagine encore aujourd' hui la perplexité du bovin que j' ai provoqué ce jour-là:

" C' est à moi que tu parles ? parce que là je ne vois personne d' autre autour de moi ! Tu veux vraiment que je charge ? You speaking to me ??? "

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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 13:47

Bonjour les amis,

les fêtes de mon village voisin ont été endeuillées hier soir à une heure du matin quand un taureau a encorné un touriste français de 44 ans.Voici deux brefs articles relatant cette regrettable tragédie sur les liens ci-dessous

image d' archives: fêtes de Pedreguer

image d' archives: fêtes de Pedreguer

image d' archives: fêtes de Pedreguer

image d' archives: fêtes de Pedreguer

Je précise avant toute chose pour les non-initiés que ces jeux n' ont rien à voir avec les corridas.En l' occurrence, ce sont les participants qui mettent en péril leur intégrité physique.Ceux qui participent à ces courses ( et dont je ne fais pas partie) sont des passionnés qui aiment bien les montées d' adrénaline provoquées par le fait de courir quelques mètres ( et parfois quelques centimètres) devant un ou plusieurs animaux potentiellement extrêmement dangereux.

Je ne dispose pas de statistiques officielles mais une chose est certaine: parmi le nombre de victimes mortelles de jeux taurins en Espagne il y a une très grande proportion de touristes, sans doute une très nette majorité.

J' ai moi-même, en 25 ans, été témoin de nombreux incidents qui auraient pu (ou dû) avoir des conséquences tragiques.Je vous en citerai seulement deux.

Le premier exemple concerne un touriste russe complètement bourré (circonstances qui sont loin d' être exceptionnelles) qui, dans les arènes de mon village, s' est brusquement lancé devant le taureau en le provocant de manière délirante et inconsciente.Quand j' ai vu la scène j' ai pensé: " il va mourir dans quelques instants"...et il s' est produit une espèce de petit miracle: au moment où le taureau l' a chargé, le russe complètement kamikaze s' est précipité vers lui ( donc vers sa mort) et a trébuché juste devant la bête qui du coup est passée sur son corps mais ne l' a pas encorné...il a été piétiné...il en est ressorti indemne, le corps couvert de plaies sanglantes et de bosses, mais sain et sauf....

Le deuxième incident qui aurait pu être tragique s' est produit en compagnie de deux personnes françaises qui me sont proches et qui étaient avec moi durant les fêtes de mon village, il y a une dizaine d' années.Je change juste les prénoms, disons que l' un s' appelle Daniel et l' autre Pierre.

Cet épisode s' est produit pendant les fêtes populaires de Sant Jaume qui durent une dizaine de jours.Nous avions assisté tous les trois à l' un des nombreux bals du village qui s' était terminé vers 4 h du matin.A la fin du bal, il y avait une dernière entrée nocturne de taureaux.Moi j' étais fatigué et j' avais envie de rentrer chez moi mais Daniel et Pierre avaient envie de courir devant les vachettes et les taureaux avant qu' on aille se coucher.Je vais donc avec mes deux compères aux arènes et je m' installe tranquilos dans les gradins car je ne cours jamais, au grand jamais, devant des bêtes à cornes...J' assistais donc au spectacle à moitié endormi quand, tout d' un coup, un taureau saute la première rambarde et se retrouve dans le premier couloir qui borde les arènes qu' on voit sur la photo ci-dessous.

Un touriste français tué par un taureau lors des fêtes populaires de Pedreguer

Quand ce genre d' incident se produit c' est extrêmement dangereux pour ceux qui sont piégés dans le couloir avec un taureau qui va débouler à toute vitesse vers eux.Ils doivent donc impérativement sauter à l' intérieur des arènes pour être à l' abri des cornes de l' animal.Il se trouve que Pierre était dans ce premier couloir et qu' il avait suffisemment d' expérience pour savoir ce qu' il avait à faire.Il saute de l' autre côté de la rambarde tant bien que mal ( il n' a plus 20 ans...) mais, malchance pour lui, il n' a même pas le temps de se recevoir sur ses deux jambes à l' intérieur des arènes que le responsable des portes qui permettent au taureau de se réincorporer dans la place à déjà ouvert la porte qui était très proche de l' endroit du saut du taureau.Bref, quand Pierre a fini de se recevoir sur ses deux jambes à l' intérieur des arènes,dos collé à la rambarde, il se retrouve nez à nez avec le taureau qu' il tentait de fuir et qui vient de rentrer à nouveau...et là, il n' y a plus d' échappatoire pour Pierre...j' assiste à la scène estomaqué...il va se faire tuer...embroché directement sur la paroi en bois...Il va être punaisé comme un vulgaire moustique...On entend un grand cri dans la foule...le temps s' arrête, et là, chers amis, il s' est produit un miracle.Le taureau qui tenait Pierre au bout de ses cornes ( il n' avait juste qu' à pousser) s' écarte sans raison et court derrière d' autres participants...Pierre est revenu nous rejoindre dans les gradins, blanc comme un linge...Daniel qui a assisté lui aussi à toute la scène n' en revient pas non plus.On a été à un millimètre d' une tragédie alors que Pierre avait suffisemment d' expérience pour ne pas se faire piéger bêtement.

Moralité: un seul moment de distraction, une seule approximation ou manque d' anticipation peuvent se réveler fatals quand on court devant de tels bestiaux..

je ne connais pas les circonstances exactes de l' accident d' hier soir.Je ne sais pas si la victime était inconsciente des dangers comme c' est très très souvent le cas, si elle était distraite et s' est faite surprendre ou si simplement elle a eu beaucoup de malchance.Une chose est sûre: quand on court devant des taureaux on joue VRAIMENT avec sa vie...Comme dit Daniel: " on n' est pas sur une play-station. Y' a pas de touche STOP "....Ce sont cinq à six-cents kilos d' énergie pure à l' état sauvage qui peuvent se déchaîner avec une puissance terrifiante et inouïe.Enfin , ceux qui décident de participer à ces activités doivent être lucides et savoir se situer à la bonne distance en fonction de leurs propres capacités...Moins on a d' expérience et mieux vaut rester loin du taureau pour se laisser une marge de sécurité.

Bonne fin de journée les amis

PS: un jour je vous raconterai comment en 1989 j' ai joué sans m' en rendre compte avec ma vie, non pas lors de fêtes populaires, mais en photographiant des élevages de taureaux dans la nature...ce jour là aussi il y a eu un ange pour veiller sur moi...à l' époque je ne connaissais pas bien ces animaux, trop habitué à mes bovins pacifiques du Nord de la France, et j' ai bien failli, moi-aussi, me faire embrocher d' une manière parfaitement stupide...

PS nº2:

Je vais rajouter un petit commentaire en relation avec l'accident d' hier.Il y a quelques années, j' avais assisté à une entrée de taureaux à Pedreguer avec un couple d' amis, enseignants dans le Nord de la France.La copine qui avait passé sa jeunesse dans une ferme du Nord me disait que les vachettes espagnoles étaient en réalité inoffensives et qu' elle pourrait les ramener gentiment au coral avec une simple corde.Cette remarque m' avait fait franchement rigoler car j' avais été témoin des centaines de fois des difficultés qu' ont les pasteurs à faire rentrer leurs bestiaux dans l' enclos qui leur est réservé.J' explique gentiment à ma copine que ces bovins là sont le fruit d' une sélection qui s' est opérée pendant des siècles, et que , même si ils sont très paisibles dans leur milieu naturel ils n' ont pas du tout les mêmes réactions face aux humains que les bovins sélectionnés pour la production de lait ou pour l' alimentation .J' ai eu l' occasion de voir aussi, en milieu naturel des taureaux s' agresser entre eux, avec des chiens dressés pour ces élevages qui savent les séparer......impressionnant !
En fait, je crois qu' il y a beaucoup de touristes qui sous-estiment la dangerosité de ces animaux et qui pensent tout avoir compris après les avoir observé quelques minutes. Moi, après avoir vu des dizaines d' entrées, je pense que je saurais comment m' y prendre, comment courir en zig-zag pour ne pas me faire choper...malgré tout je n' ai jamais essayé de mettre en application mes connaissances.La théorie est une chose, la pratique en est une autre, et quand on sent le souflle de l' animal qui vient chauffer les fesses, avec deux cornes bien effilées sur lesquelles peuvent s' exercer une à 2 tonnes de poussée, ce n' est pas facile de garder toute sa lucidité et de faire ce que la théorie indique de faire

PS nº3:

Daniel qui vient de me lire et à qui j' ai demandé de corroborer ou de corriger ma version vu mon état de fatigue ce soir-là vient rectifier certaines erreurs IMPORTANTES de mon récit où j' ai simplifié l' histoire et complètement et injustement minimisé son rôle et son intervention courageuse et solidaire.
Voici donc sa rectification:..sa version, c' est la bonne, la définitive !

Mon cher ami,

Pour être tout à fait exact, je me dois de rectifier un peu ta version.

La vérité est en effet, d’après mes propres souvenirs, beaucoup plus à l’avantage de Daniel que dans situation de simple témoin tel que tu le présentes.

En effet, celui-ci (Daniel) se trouvait dans la même situation que Pierre au moment où le taureau (monstrueux je précise !) saute la premiére barriére. Il n’a pas choisi alors de revenir dans l’arène au moment où la bête fonçait sur lui. On dira, pour la beauté du récit, que c’était par clairvoyance (là, j’ai un petit doute tout de même).

Sauvé en ce qui le concerne par l’ouverture de la porte, il a pu en effet assister au franchissement (laborieux) de Pierre et , à c’est à ce moment-là qu’il y a une nuance de poids avec ta version. En effet, Daniel assiste en direct et à proximité à l’effondrement de Pierre lors de sa mauvaise réception et au retour de la bête et là, n’écoutant que son courage et dans un réflexe digne de Bruce Willis dans le pilotage du taxi de 5éme élément, il attrape Pierre par le col et le hisse en une fraction de seconde (ou 2) du bon côté de la palissade, ¼ de seconde avant le choc fatal car c’est uniquement après ça que le taureau, certainement par dépit, s’est remis à « courir après d’autres participants » non sans avoir , au passage, salué ce geste splendide de Daniel d’une ruade discrète signe chez cet animal d’un hommage appuyé à son adversaire.

Voilà , MONSIEUR, comment ça c’est vraiment passé. Tu peux me croire …j’y étais (et moi, je dormais pas !)

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