Bonjour les amis,
Cet article est la suite de celui que j' avais consacré au défi séparatiste catalan qui doit théoriquement culminer avec une tentative de célébration d' un scrutin référendaire durant la journée du 1er Octobre prochain.
http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2017/09/catalogne-rien-ne-peut-s-ameliorer-jusqu-au-1-er-octobre.html
Comme je l' annonçais, chaque jour qui passe en Espagne nous apporte son lot de sentences judiciaires et d' interventions de la garde civile pour tenter de rendre impossible la consultation illégale et anticonstitutionnelle.
Rajoy a décidé de répondre à cette crise, non pas de manière politique, mais en faisant appliquer la loi.
Les juges interdisent des meetings, la garde civile entre dans les rédactions de certains journaux pour faire des perquisitions et saisit du matériel électoral dans des imprimeries.
Les juges menacent les maires disposés à enfreindre la loi de poursuites judiciaires.
La réponse des indépendantistes ne s' est pas faite attendre car hier, ce sont plus de 700 maires qui, avec le soutien du président de région Carles Puigdemont et la maire de Barcelone Ada Colau,ont décidé de braver le pouvoir central en scandant " NOUS VOTERONS ! "
La tension est monté d' un cran, et il ne fallait pas être grand prophète pour le prévoir.
Il reste 15 jours avant la célébration du scrutin, et ça risque d' être très très long à tenir...Je croise les doigts pour qu' il n' y ait aucun incident grave dans la rue, ni débordements d' ici là.
Face à cette crise d' une gravité sans précédent pour le pays, j' aimerais partager quelques observations avec vous.
1. Rajoy en s' appuyant UNIQUEMENT sur la loi, et en ne tentant pas de résoudre de manière politique le conflit, est tombé dans le piège des séparatistes.
Si plus de 40% d' une population est prête à commettre une illégalité, au nom d' une autre légalité qu' ils se sont donnés, l' application de la loi n' est plus en mesure de faire respecter la légalité.
Rajoy est débordé qu' il le veuille ou pas.Plus il utilise ses juges avec leurs sentences pour brandir des interdits, et plus les citoyens en faveur d' un référendum seront tentés de les braver.C' est un cercle vicieux.
Si dans un village vous installez un feu rouge mais que 40% des habitants n' en veulent pas et qu' ils ne le respectent pas, ce feu rouge ne signifie plus rien.Pire encore: les habitants auront à coeur de passer le feu au rouge.
Moralité: la LOI avec un grand L a ses limites, et dans le cas du conflit catalan, on voit bien qu' elle n' est plus en mesure de ramener un minimum de normalité dans le pays.Au contraire, l' application de la LOI envenime les esprits.
2. Les séparatistes jouent à fond la carte de la victimisation.Le fait que le gouvernement utilise contre eux des instruments répressifs leur permet de créer un élan de sympathie à leur égard, y compris au niveau international.La presse britannique a commencé à publier des articles désignant Mariano Rajoy comme principal responsable de la situation créée.
Chaque jour qui passe depuis 2 semaines donne de la force à l' indépendantisme et on entre peu à peu dans la zone rouge.Le bras de fer bénéficie aux séparatistes.
3. Pendant qu' on parle de répression et de démocratie, on ne parle plus de ce que supposerait l' indépendance de la Catalogne.Le débat se focalise sur le droit de voter, et on oublie de parler des conséquences de ce vote.Pour les indépendantistes, c' est le scénario parfait....On parle de liberté, de démocratie tout en omettant le débat de fond et les terribles conséquences néfastes pour tout le monde d' une indépendance.
4. Comme le référendum est illégal,il n' y a pas de campagne pour le NON à l' indépendance afin de ne pas légitimer une consultation illégale.Du coup, ne sont réellement en campagne que les partisans du OUI....Encore une fois, le scénario est parfait pour les séparatistes, vu qu' on n' entend qu' eux.
Tout le monde sera d' accord aujourd' hui pour dire que le problème est d' une énorme complexité.Je vois avec effarement le chef du gouvernement espagnol qui veut transmettre de la sérénité à la citoyenneté mais qui n' est plus du tout maître du jeu.Je vois un Mariano Rajoy dont l' incompétence et la passivité pourraient nous faire perdre l' une des régions les plus importantes du pays.
Alors, quelle est la possible solution ?
Reste t' il une solution ?
Le pouvoir central peut-il prendre une initiative politique à 15 jours du scrutin ?
La réponse est OUI mais malheureusement Mariano Rajoy ( qui s' est toujours caractérisé par son inaction politique) ne va rien entreprendre et continuera de se protéger, de manière de plus en plus inefficace, derrière les juges et la garde civile.
La seule manière de désamorcer le conflit, c' est de faire comme les britanniques avec l' Ecosse, ou les canadiens avec le Québec.
Rajoy devrait proposer un pacte avec les catalans avec la promesse d' un référendum d' autodétermination, avec la promesse d' une modification de la constitution pour qu' une telle consultation ait lieu.Ce serait l' Etat central qui reprendrait l' initiative et qui définirait la loi électorale avec des conditions qui garantissent la démocratie du scrutin.Il ne reste plus qu' une seule solution: organiser un référendum et le gagner.On n' aurait jamais dû en arriver là, mais maintenant on y est.
C' est la seule manière d' éviter le choc frontal le 1er Octobre prochain.
Alors que va t' il se passer le 1er Octobre prochain ?
Personne ne le sait, et quand je dis personne, c' est personne....mais j' imagine déjà un scénario qui est tout à fait possible ( voire probable).
Le 1er Octobre prochain les élections seront marquées par pleins d' incidents mais les gens iront voter quand même ( un certain nombre...).Il y aura des villes où les gens ne pourront pas voter, et d' autres où ça se fera malgré l' illégalité du scrutin.
Et là, même avec un pourcentage faible de participation, le OUI va triompher vu que les partisans du NON ne se seront majoritairement pas déplacés.
Et j' ai bien peur les amis, que le 2 Octobre prochain nous allons vivre une autoproclamation uniatérale d' indépendance.
Ne vous méprenez -pas: je n' ai pas dit qu' il y aura l' indépendance.
Je dis que nous allons assister à une scène où le président Carles Puigdemont entouré de tous ses partisans annonceront au peuple de Catalogne et au monde entier l' indépendance de leur région.
En attendant voici quelques images de la manifestation d' hier avec les 700 maires entrés en rebellion...de quoi méditer...