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18 août 2024 7 18 /08 /août /2024 09:02

Bonjour les amis,

Je viens de terminer la lecture du premier roman du cinéaste belge Lucas Belvaux, un roman intitulé LES TOURMENTÉS et qui porte bien son titre. On n'est pas volé sur la marchandise... 

LES TOURMENTÉS de Lucas Belvaux...un premier opus tout simplement magistral !

L'histoire démarre avec les retrouvailles qui ne doivent rien au hasard entre deux frères d'armes, des mercenaires. Max, l'homme de terrain placide, a l'âme d'un chef, il s'est rangé des tranchées et travaille désormais comme homme à tout faire auprès de Madame, une riche héritière. Il décide de proposer un marché à Skender, son vieux copain mais surtout un électron libre, soldat hors normes, qui ne réussit pas à se réintégrer dans une vie normale et qui erre sans domicile fixe.

Pour en savoir plus sur ce roman je vous invite à lire sur le lien suivant de la fiche Babelio un excellent commentaire d'une internaute qui signe sous le nom de KIRZY.

KIRZY y décrit très bien le style précis et acéré de Belvaux et les qualités littéraires de son roman qui commence avec des phrases très courtes mais qui s'allongent dans les chapitres ultérieurs.

Je préciserai simplement que le pacte entre les 3 personnages (qui s'expriment tous dans ce livre successivement et de manière constamment alternée A LA PREMIÈRE PERSONNE) m'est apparu tellement immoral et répugnant que j'ai bien failli stopper net la lecture du roman dès de début.

Mais j'ai continué (et bien m'en a pris) car il y a la qualité d'écriture de Lucas Belvaux qui prend le lecteur dans ses filets de manière dense et qui nous offre une plongée vertigineuse dans les affres de ces trois âmes damnées. LES TOURMENTÉS n'est pas un polar au sens habituel car c'est l'évolution psychologique des 3 protagonistes qui est au coeur du roman. Belvaux qui a une grande connaissance de l'âme humaine nous livre certains passages sublimes qui sont dans la lignée de ce qu'a écrit le grand Joseph Conrad. Ses héros sont parfois comme l'égal des Dieux. Ils fixent eux-mêmes des codes et des morales qui leurs appartiennent. Ce sont eux qui, au delà des conventions sociales, redéterminent les règles du jeu.

LES TOURMENTÉS c'est une histoire d'hommes, c'est aussi l'histoire d'une femme, 3 histoires qui s'entrechoquent et dans lesquelles il est question de vérité, de morale, d'humanité et de rédemption.

Tout simplement magistral !

Portrait de l'auteur

Portrait de l'auteur

PS: J'ai dévoré le livre un peu trop rapidement car je désirais connaître la fin. Or, c'est une erreur car chaque personnage évolue et apporte son ressenti d'une manière qui captive le lecteur. Par ailleurs les membres de la famille de Skender s'expriment aussi à la première personne, de manière vraiment touchante, dans ce récit qui est complètement maîtrisé.

PS nº 2: Rosemar m'a envoyé dans son commentaire un lien de Mediapart dans lequel il y a un extrait du livre de Belvaux qui parle des traces indélébiles que provoque la guerre, un extrait qui vous permettra de juger de son style.

 

 

PS nº 3 : Hors-sujet.

Je viens d'apprendre à l'instant le décès d' Alain Delon. Qu'il repose en paix !

Voici ce qu'écrit Maurice Ullrich dans l'HUMANITÉ.

Il n’était pas un saint et n’a jamais prétendu l’être. Difficile quand on a un peu la beauté du diable et même si Visconti, en 1960, en fait dans Rocco et ses frères une sorte d’archange se sacrifiant pour son frère perdu, Simone. Quelques mois plus tôt, c’est le personnage de Tom Ripley dans Plein Soleil qui le révèle. Manipulateur, cynique et assassin, quand bien même on entrevoit en lui comme la fêlure des humiliations subies à n’être qu’un domestique de luxe dans le film, un enfant rejeté dans la vie, peut-être. C’est déjà la marque d’Alain Delon, décédé dimanche 18 août à l’âge de 88 ans. On le retrouvera dans plus de quatre-vingt-dix films, sans compter les téléfilms et les apparitions au théâtre. Le regard bleu parfois glacial, le visage fermé, le sourire inquiétant, le corps qui occupe l’espace, un peu comme un félin. La tendresse, ce n’était pas trop son truc, même quand il dit à Claudia Cardinale dans Le Guépard qu’il veut qu’elle soit sa femme et non pas une maîtresse.

 

Simplement ajouter que j'imagine parfaitement Alain Delon quand il avait une trentaine d'années dans le rôle de Skender, le héros du roman de Lucas Delvaux...Les personnages de grands tourmentés ça lui allait plutôt bien...

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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 13:21

Bonjour les amis,

Pour sortir un peu de notre actualité terriblement tragique et pour me changer complètement les idées, j'ai lu  cette semaine le dernier Dicker, et bien m'en a pris.

 

"Un animal sauvage" ou quand Dicker nous propose un polar assez étourdissant...

Voici le résumé de l'éditeur :
Braquage à Genève, 2 juillet 2022, deux malfaiteurs sont sur le point de dévaliser une grande bijouterie de Genève. Mais ce braquage est loin d'être un banal fait divers...
Vingt jours plus tôt, dans une banlieue cossue des rives du lac Léman, Sophie Braun s'apprête à fêter ses quarante ans. La vie lui sourit. Elle habite avec sa famille dans une magnifique villa bordée par la forêt. Mais son monde idyllique commence à vaciller.
Son mari est empêtré dans ses petits arrangements.
Son voisin, un policier pourtant réputé irréprochable, est fasciné par elle jusqu'à l'obsession et l'épie dans sa vie la plus intime.
Et un mystérieux rôdeur lui offre, le jour de son anniversaire, un cadeau qui va la bouleverser.
Il faudra de nombreux allers-retours dans le passé, loin de Genève, pour remonter à l'origine de cette intrigue diabolique dont personne ne sortira indemne. Pas même le lecteur.

Je vous mets en lien une brève critique (assez proche de ce que j'ai ressenti moi-même) à laquelle j'ajouterai certains commentaires personnels.

Alors on pourra disserter des heures pour savoir si ce livre c'est de la littérature ou si ce n'en est pas, mais là n'est pas le problème. Pour moi Joël Dicker, tout comme Stephen King, a l'art (qui n'est pas donné à tout le monde) à la fois de camper des personnages qui m'intéressent et aussi de m'accrocher de la première page jusqu'à la dernière.

Les dialogues bien écrits, et souvent pleins d'humour, donnent beaucoup de vie au récit.

La narration est réellement menée avec virtuosité grâce à une construction qui alterne constamment le présent avec des retours en arrière à différentes époques.

Franchement, d'habitude je n'aime pas trop les auteurs qui recourent de manière trop systématique aux flash-backs mais Dicker est un peu mon exception à la règle car sa construction narrative est soignée de manière absolument impeccable et on n'est jamais perdus dans le récit. Une construction en forme de labyrinthe vertigineux, de faux-semblants, pour une histoire dans laquelle tous les protagonistes sont à la fois sincères et souvent menteurs aussi.

Je salue la prouesse.

Impossible pour le lecteur de savoir comment tout ça va se terminer car le rythme et les rebondissements sont maintenus jusqu'à la dernière page.

Et quand je suis arrivé à la fin du roman et que j'ai refermé le livre ça a été avec la sensation délicieuse et la mine réjouie de quelqu'un qui s'est fait embarquer sur plus de 400 pages dans un récit assez étourdissant.

 

 

 

 

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10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 07:48

Bonjour les amis,

J'ai fini hier soir la lecture de Au fin fond de décembre, un polar signé Patrick Conrad.

Voici le résumé de l'éditeur :

Après avoir tué le mauvais suspect du viol et meurtre de sa fille, l’ancien inspecteur de police Theo Wolf sort de prison. Désormais devenu exterminateur de rats, il découvre le cadavre putride d’une femme lors de sa première mission. Complètement fasciné par cette femme, Wolf se lance dans une enquête qui l’entraînera dans les recoins les plus tordus et sordides d’Anvers…
Déployant une enquête aux rebondissements aussi abracadabrantesques que sordides, Patrick Conrad signe un roman noir décadent et singulier à l’humour tranchant et pervers.

 

Au fin fond de décembre...un polar onirique, très noir et jubilatoire aussi.

Voici maintenant ce qu'en dit JP Guery sur la fiche babelio consacrée à ce roman:

"... Baignant dans une atmosphère onirique oppressante, ce roman du méconnu Patrick Conrad (écrivain, poète, plasticien et cinéaste belge) se déroule presqu'exclusivement dans l'obscurité inquiétante des nuits d'Anvers. D'immeubles minables en boites de nuits ringardes, d'hôtels miteux en bouges infâmes, l'ex-flic investi d'une mission quasi divine explore les tréfonds d'âmes humaines ravagées par la solitude et le manque d'amour. Impressionnant de noirceur !..."

https://www.babelio.com/livres/Conrad-Au-fin-fond-de-decembre/1563047

J'ajouterais juste qu'il ne s'agit pas du tout d'un polar dont la trame est compliquée avec des rebondissements toutes les cinq pages. Non, ici c'est du polar à l'ancienne, et ce sont les lieux, les ambiances très soigneusement décrites (y compris avec leurs odeurs) et les personnages que croise Théo Wolf qui captivent le lecteur.

Ces personnages sont souvent très attachants, peu épargnés par la vie, et ils affrontent la solitude chacun à leur manière, du mieux qu'ils peuvent. D'autres, parmi les protagonistes de cette histoire, sont moins affables et sympathiques mais leurs  travers sont traités avec une bonne dose d'humour et d'ironie.

Patrick Conrad maîtrise parfaitement sa narration, avec des dialogues très bien écrits qui donnent beaucoup de réalisme et de justesse à son récit, un récit dans lequel s'intègrent les rêves de Théo Wolf qui bousculent la perception que le lecteur a de la réalité. Ces rêves, à la fois surréalistes et hallucinés, apportent aussi une certaine forme de poésie à son histoire qui est une sorte de mortelle randonnée très onirique.

Il y a parfois des accents baudelairiens dans Au fin fond de décembre  (voir le poème de Baudelaire " La Charogne" par exemple).

Le roman est également original et surprenant, mais je ne révélerai pas certains éléments du récit qui sont troublants et parfois même très glauques, mais qui passent très bien sous la plume de l'auteur qui sait très bien nous mettre dans l'état d'esprit de ce qui guide le comportement pour le moins étrange de Théo Wolf.

Et puis il y surtout l'humour noir et décapant de Patrick Conrad.

Le dernier chapitre très jubilatoire m'a fait mourir de rire, d'un rire grinçant certes, car le thème est plutôt noir de chez noir.

Je retiendrai aussi de ce livre une citation de Montherlant qui apparaît dans ce dernier chapìtre: 

« Nous mourons, quand il n’y a plus personne pour qui nous voulons vivre ».

Cette citation aurait d'ailleurs pu apparaître en épigraphe de ce roman.

 

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Je vous laisse avec une chanson qui est à l'origine du titre Au fin fond de décembre...Cette expression est extraite des paroles de la chanson nostalgique TRY TO REMEMBER, extraite elle-même d'une comédie musicale à succès des années 60 à Broadway.

...Deep in December, it's nice to remember Although you know the snow will follow...

L'une des protagonistes du roman est une chanteuse qui avait fait partie de la troupe américaine de la comédie musicale THE FANTASTICKS.

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15 juillet 2022 5 15 /07 /juillet /2022 07:03

Bonjour les amis,

Je viens de terminer la lecture du livre dont tout le monde parle, GUERRE, un manuscrit de Louis-Ferdinand Céline retrouvé dans des conditions un peu invraisemblables.

GUERRE de Louis-Ferdinand Céline

Résumé

Parmi les manuscrits de Louis-Ferdinand Céline récemment retrouvés figurait une liasse de deux cent cinquante feuillets révélant un roman dont l’action se situe dans les Flandres durant la Grande Guerre. Avec la transcription de ce manuscrit de premier jet, écrit quelque deux ans après la parution de Voyage au bout de la nuit (1932), une pièce capitale de l’œuvre de l’écrivain est mise au jour. Car Céline, entre récit autobiographique et œuvre d’imagination, y lève le voile sur l’expérience centrale de son existence : le traumatisme physique et moral du front, dans l’« abattoir international en folie ». On y suit la convalescence du brigadier Ferdinand depuis le moment où, gravement blessé, il reprend conscience sur le champ de bataille jusqu’à son départ pour Londres. À l’hôpital de Peurdu-sur-la-lys, objet de toutes les attentions d’une infirmière entreprenante, Ferdinand, s’étant lié d’amitié au souteneur Bébert, trompe la mort et s’affranchit du destin qui lui était jusqu’alors promis. Ce temps brutal de la désillusion et de la prise de conscience, que l’auteur n’avait jamais abordé sous la forme d’un récit littéraire autonome, apparaît ici dans sa lumière la plus crue. Vingt ans après 14, le passé, « toujours saoul d'oubli », prend des « petites mélodies en route qu'on lui demandait pas ». Mais il reste vivant, à jamais inoubliable, et Guerre en témoigne tout autant que la suite de l'œuvre de Céline.

GUERRE de Louis-Ferdinand Céline

Le point de départ du roman est un fait réel puisqu'il s'agit de la grave blessure dont a été victime Céline et qui lui a laissée toute sa vie d'horribles séquelles, et notamment des acouphènes qui torturèrent ses tympans.

Cette blessure infligée donnera lieu dans le livre à des descriptions très pénibles et très crues, aujourd'hui on dirait "gore".

Céline sait nous plonger en quelques lignes dans l'horreur de 14, au milieu des gémissements d'une chambre collective de gueules cassées. 

Son écriture est crue, rageuse, évitant tout pathos.

Pour Céline cette blessure est l'occasion de liquider toute dette envers la société, une société qu'il vomit à chaque page.

Ce qui frappe c'est l'incompréhension fondamentale entre le personnage Ferdinand (vrai anti-héros) et ses contemporains. 

Ferdinand garde pour lui (et pour le lecteur) ce qu'il pense réellement des événements qu'il traverse car s'il le faisait publiquement il risquerait le peloton d'éxécution. Son hypocrisie est ici une question de survie !

A l'hôpital de campagne où il est soigné Céline nous présente toute une galerie de personnages qui sont tous un peu jobards, un peu bizarres, un peu décalés, et pour qui la guerre sera l'occasion de laisser libre cours à leurs penchants les plus triviaux et vulgaires.

Les dialogues sont souvent abrupts. On est loin du politiquement correct actuel. Les hommes sont d'affreux phallocrates. Les femmes présentées souvent comme de la "chair à bites" savent exercer un réel pouvoir sur des hommes incapables de résister à leurs instincts libidineux. C'est du "Basic instinct" chez Rabelais, au milieu des râles et de la souffrance.

Là, il y va fort Céline ! Comme d'habitude chez lui, tout le monde en prend pour son grade.

Il emploie souvent l'argot de son époque (que je connaissais déjà un peu) mais j'ai eu plus de mal à saisir le sens de certains dialogues que lors de la lecture du VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT. Il m'est même parfois arrivé de consulter le lexique qui est à la fin du livre pour essayer de bien piger ce que l'auteur voulait dire.

GUERRE est un récit assez court et moins abouti que le VOYAGE mais il offre un magnifique contrepoint à tous les fans de Céline.

Plus de 60 ans après sa mort, celui-ci nous revient de manière tout à fait inattendue, comme si il nous faisait un petit coucou d'outre-tombe, comme s'il nous crachait une dernière fois à la figure:

" Vous pouvez penser de moi ce que vous voulez, je vous emmerde, tas de nulos! ".

NB: Si vous désirez en savoir plus voici le lien Babélio avec des critiques très pertinentes et des extraits du roman

https://www.babelio.com/livres/Celine-Guerre/1400401

 

 

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18 juin 2022 6 18 /06 /juin /2022 05:46

Bonjour les amis,

J'ai fini hier la lecture du PIÈGE de Jean Haff Korelitz dont voici le résumé:

 Jacob Finch Bonner a connu son heure de gloire comme romancier avant de sombrer dans l’anonymat. Il enseigne désormais l’écriture dans une université du Vermont. Un jour, un de ses étudiants, Evan, lui dévoile l’intrigue du livre qu’il ambitionne d’écrire. Une intrigue géniale. Le best-seller assuré.
Quelques années plus tard, Jacob apprend la mort d’Evan, qui n’aura pas eu le temps de concrétiser son projet. Aussi décide-t-il d’utiliser à son profit l’idée fantastique de ce dernier. Et c’est un triomphe. Mais au plus haut de sa gloire, Jacob reçoit un e-mail anonyme, terrifiant : Vous êtes un voleur.
Jacob va alors tout faire pour identifier son interlocuteur avant que quiconque apprenne ce qu’il a fait. Pour cela, il va revenir dans le Vermont, pour enquêter sur la vie et la mort d’Evan. Il ne sait pas encore à quel point le jeu va s’avérer dangereux.
L’intrigue parfaite c’est celle de ce roman, véritable piège qui dévore peu à peu son lecteur. 

LE PIÈGE de Jean Hanff Korelitz...

Au début du roman l'autrice nous parle des affres d'un écrivain en panne d'inspiration.

Jacob le héros n'a rien publié depuis 2 ans et, qui plus est, anime un atelier d'écriture dans une université américaine. Paradoxe cruel: Jacob doit apprendre à ses étudiants à écrire un récit ou une fiction alors que lui-même n'en n'est plus vraiment capable.

Il y a là un thème  auquel je suis sensible, à savoir la situation d'un professeur qui manque de crédit vis-à-vis de ses étudiants et qui est obligé de les bluffer un peu. Il ne s'en tire pas trop mal d'ailleurs, mais, comme toujours, les bluffeurs sont malgré tout partiellement démasqués par leurs étudiants. C'est donc une situation professionnelle qui ne peut qu'aggraver l'état de déprime de Jacob qui a affaire, entre autres, à un élève particulièrement provocateur et retors. Ça donne de très bons passages dans le livre.

Mais le moteur de ce polar c'est  le thème du maître-chanteur qui joue au chat et à la souris avec sa victime, et là aussi, les angoisses de Jacob nous touchent et nous interpellent. C'est la partie psychologique du roman la mieux fouillée, celle qui fait le vrai intérêt du livre.

Au moment même où Jacob connaît un immense succés et où les médias se l'arrachent, celui-ci sait qu'il peut tout perdre en moins de 24 heures et être rejeté comme un vulgaire imposteur. Commence pour lui une période d'angoisse permanente.Jacob n'est pas complètement coupable mais il n'est pas complètement innocent non plus. Donc il a 2 possibilités pour affronter le défi qui lui est lancé:  choisir de défendre la vérité ou tenter de mettre le corbeau hors d'état de nuire.

Jacob va essayer de se libérer de l'emprise de son maître-chanteur en menant une enquête, et dans le récit de cette enquête Jean Haff intercale régulièrement des passages du roman que Jacob a écrit. On a donc un roman dans le roman qui va permettre au lecteur de se faire assez tôt une idée de l'identité du corbeau

L'enquête avance, en suivant de nombreux méandres qui requerront toute l'attention du lecteur et il faudra attendre les dernières pages pour comprendre les vraies motivations qui animent la personne qui cherche à nuire à Jacob..

En résumé on a une histoire techniquement impeccablement construite qui démarre très lentement mais qui va peu à peu captiver le lecteur jusqu'à la dernière page...On pourrait reprocher, ici ou là, certaines invraisemblances du récit, mais c'est la vraisemblance psychologique qui importe, et de ce point de vue, le roman est plutôt réussi.

Toute l'histoire est par ailleurs délicieusement amorale ce qui la rend à la fois cruelle et jubilatoire.

Jean Hanff Korelitz

Jean Hanff Korelitz

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15 juin 2022 3 15 /06 /juin /2022 17:03

Bonjour les amis,

Je suis tombé par hasard sur une vidéo youtube dans laquelle la journaliste Aude Lancelin raconte les mésaventures qu'elle a vécues après avoir découvert que Bernard-Henry Levy avait pris très au sérieux dans un de ses ouvrages un canular "gros comme une maison".

Mais, écoutez-la, c'est assez savoureux !

Alors, avouez que cette histoire est vraiment édifiante. Plutôt que de rectifier et de s'excuser auprès de ses lecteurs BHL riposte avec des sous-entendus un peu ignobles.

Mais surtout le reste du microcosme médiatique parisien ostracise la journaliste qui n'avait fait que dire la vérité, et en l'occurrence, une vérité plutôt burlesque.

Crime de lèse-majesté. On n'égratigne pas BHL impunément...

Quand on écoute Aude Lancelin jusqu'au bout de la vidéo on ne sait plus trop s'il faut en rire ou en pleurer.

Je profite l'occasion pour vous indiquer que Aude Lancelin avait reçu le prix Renaudot pour son essai LE MONDE LIBRE et qu'ensuite elle a publié un autre opus intitulé LA PENSEE EN OTAGE.

PS: Hors-sujet.

Je viens d'apprendre aujourd'hui que Clémentine Autain, candidate très wokiste de France Insoumise vient de sortir un roman.

Voici la critique assassine de Marianne.

Ayant beaucoup de mal à supporter le personnage Clémentine Autain, assez représentatif d'une nouvelle classe politique démago-populo-wokiste, je ne lirai certainement pas le roman pour me faire une idée par moi-même. Sur ce coup-là je fais un vote de confiance en faveur de  Marianne.

Le bouquin est publié aux prestigieuses éditions Grasset, mais pourtant il ne semble pas que l'éditeur nous ait déniché une nouvelle Colette !....😂

PS nº 2: Dans le même genre, sachez qu'une autre candidate que j'ai du mal à écouter plus de 5 minutes et que j'aime affubler du pseudo de "Sardine Ruisseau" aussi a écrit des romans que je ne lirai jamais...lol !

Bon, j'arrête de me moquer...aujourd'hui c'était mercredi et je siffle la fin de la récré...

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13 juin 2022 1 13 /06 /juin /2022 09:41

Bonjour les amis,

Il y a des polars qui valent mieux que certains essais historiques, philosophiques, sociologiques ou politiques. C'est le cas du roman INDÉCENCE MANIFESTE signé par l'auteur suédois Karl Lagercrantz.

Voici le résumé du roman:

Angleterre, 1954. La paranoïa engendrée par la guerre froide se généralise, en Europe comme ailleurs. Deux employés du bureau des Affaires étrangères, Burgess et Maclean, ont été démasqués comme étant des espions soviétiques et aux États-Unis la chasse aux sorcières de Joseph McCarthy contre les communistes et les homosexuels bat son plein. Un matin pluvieux de juin, le corps sans vie du mathématicien Alan Turing est découvert à son domicile de Wilmslow. À côté de lui, sur la table de chevet, une pomme croquée imbibée de cyanure. L'homme a été condamné à la castration chimique pour son homosexualité quelques années plus tôt, et l'explication d'un suicide semble convenir à tout le monde. Mais l'inspecteur Léonard Corell, en charge de l'enquête, s'intéresse de plus près au passé du mathématicien. Pourquoi Turing avait-il été surveillé durant des semaines avant sa mort ? Et pourquoi les services secrets cherchent-ils à cacher à tout prix le rôle mystérieux qu'il a joué durant la Seconde Guerre mondiale ?
Thriller hybride entêtant, enquête vertigineuse où la police cherche à décrypter la vie d'un homme passé maître dans l'art du codage, Indécence manifeste brasse déjà des thèmes chers à David Lagercrantz, tels que la marginalité, les mathématiques comme possible grille de lecture et de cryptage du monde, et les divers visages de l'espionnage, sur lesquels l'auteur de Millenium 4 vient récemment d'offrir une nouvelle et passionnante variation.

Avant de vous parler du roman il faut rappeller que le destin tragique d' Alan Turing qui avait réussi à décrypter le secret du codage des  des sous-marins allemands durant la 2 ème guerre mondiale avait été porté à l'écran dans le film IMITATION GAME. Un film d'une bonne facture qui retrace cette période de la vie du grand savant.

Donc ce film est un bon point de départ pour entrer dans la biographie de ce personnage passionnant.

Alan Turing était profondément original, cultivait une pensée propre. Il était aussi un peu asocial et ne se souciait pas de séduire son entourage professionnel ou d'être dans l'air du temps.

Voici ce que dit un internaute à propos du livre sur la page Babelio.

" Roman ? Polar historique ? Biographie ? «Indécence manifeste » de David Lagercrantz est un peu tout cela.
Le 7 juin 1954, Alan Turing est retrouvé mort sur son lit, à coté de lui une pomme croquée empoisonnée au cyanure. L'explication d'un suicide semble satisfaire tout le monde. Leonard Corell, jeune inspecteur chargé de l'enquête, ressent la nécessité d'investiguer plus à fond sur sa mort. Il reconstitue sa vie et découvre que Turing était homosexuel, ce qui était interdit à l'époque, et a été condamné à la castration chimique. En interrogeant son entourage, ses amis, ses collègues, il fait le portrait d'un homme seul, renfermé qui a du mal à se faire comprendre. Il découvre que Alan Turing était un génie en mathématiques et qu'il a joué un rôle essentiel - et très secret - pour les services secrets durant la guerre en fabriquant une machine qui permettait de casser les codes allemands. En reconstituant le mystère qui entoure Alan, c'est sur sa propre vie que Corell s'interroge.
Ce roman sans action ou suspense où se côtoient des personnages réels (Alan Turng, Robin Gandy, Ludwig Wittgenstein) et fictifs (Leonard Corell) arrive à nous captiver. Très bien documenté, il nous plonge dans les années 50, ces années d'après-guerre et aussi de guerre froide. La peur du communisme. L'intolérance. L'homophobie. David Lagercrantz met en lumière l'injustice qu'a subie Turing. Un bel hommage a cet homme considéré comme l'un des pères de l'informatique et de l'ordinateur. Un très bon roman historique."

Lagercrantz s'est beaucoup documenté sur les travaux de Turing pour sortir un livre d'une telle facture. Turing était absolument obsédé par les intelligences artificielles. Il peut être considéré comme un des précurseurs de ce concept car il avait pressenti que les machines pourraient atteindre des niveaux d'activités bien supérieurs à ceux des simples robots imitant de manière mécanique les actions humaines.

En fait Turing s'est tellement penché sur la question de l'intelligence qu'il a tenté de la redéfinir. C'est en cela que le roman atteint une dimension philosophique et métaphysique.

On est pris d'un certain vertige parfois pendant la lecture .On ressent le besoin de se ménager des pauses. 

Cette lecture n'est pas toujours aisée, et ceux qui sont versés dans les mathématiques capteront plus facilement le contenu de certains passages du livre, mais sans que ceux qui n'ont aucune notion ne perdent pied et ne puissent  comprendre le sens général des préoccupations qui guidaient Turing.

Ce polar est vraiment à part. Ce n'est pas une enquête au sens traditionnel du terme. Turing est parti en laissant derrière lui une grande part de mystère.

Le livre instruit le lecteur, l'interpelle, lui ouvre des horizons et lui fait se poser des questions.

Cette enquête nous parle d'une quête. Turing avait poursuivi toute sa vie son Saint-Graal...

Le circonstances tragiques de sa mort ne font qu'ajouter du mystère à cette quête.

Lagercrantz rend un magnifique hommage à Turing, à ce qu' a été sa vie, à la cruauté des souffrances terriblement injustes que lui a infligées la société de son époque, à son courage.

Turing a cultivé une profonde liberté, une liberté fondamentale. Il a suivi son étoile sans se laisser influencer par les pensées dominantes de son époque. En cela il a éte un héros scientifique extraordinaire.

Oui, la science a ses héros et Turing en était un.

INDÉCENCE MANIFESTE... un grand polar métaphysique!
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7 juin 2022 2 07 /06 /juin /2022 08:05

Bonjour les amis,

J'ai terminé hier la lecture de L'AFFAIRE ALASKA SANDERS, le dernier Dicker qui est déjà en tête des ventes en France.

L'auteur m'avait déçu avec LA DISPARITION DE STEPHANIE MAILER, et du coup j'avais fait l'impasse sur le livre suivant intitulé L'ENIGME DE LA CHAMBRE 622.

L' AFFAIRE ALASKA SANDERS est le 3 ème volet d'une trilogie dont j'avais lu les 2 premiers tomes qui sont LA VERITÉ SUR L'AFFAIRE HARRY QUEBERT et LE LIVRE DES BALTIMORE.

J'avais apprécié le premier volet et adoré le deuxième donc je me suis senti titillé, avec une grosse envie de lire L'AFFAIRE ALASKA SANDERS dont voici le synopsis.

 

Le retour de Harry Quebert
Avril 1999. Mount Pleasant, une paisible petite bourgade du New Hampshire, est bouleversée par un meurtre. Le corps d'Alaska Sanders, arrivée depuis peu dans la ville, est retrouvé au bord d'un lac.
L'enquête est rapidement bouclée, puis classée, même si sa conclusion est marquée par un nouvel épisode tragique.
Mais onze ans plus tard, l'affaire rebondit. Début 2010, le sergent Perry Gahalowood, de la police d'État du New Hampshire, persuadé d'avoir élucidé le crime à l'époque, reçoit une lettre anonyme qui le trouble. Et s'il avait suivi une fausse piste ?
Son ami l'écrivain Marcus Goldman, qui vient de remporter un immense succès avec La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, va lui prêter main forte pour découvrir la vérité.
Les fantômes du passé vont resurgir, et parmi eux celui de Harry Quebert.

A propos du dernier Dicker...

Avant de vous livrer quelques commentaires personnels je vais partager avec vous 2 critiques. Voici la première, très positive, d' Andromeda 69 sur la page de Babelio.

" J'ai totalement retrouvé le style de l'auteur. Pour commencer, il y a de quoi lire comme d'habitude, presque 600 pages ici, mais qu'on ne voit pas défiler. Puis, les aller-retours constants entre passé et présent qui donnent une certaine dynamique. Beaucoup de personnages aussi, tout comme beaucoup de détails et de faits qui tournent autour de l'intrigue, où l'on perçoit au premier abord une sorte d'imbroglio mais où l'auteur réussit à rassembler toutes les pièces sans jamais rien oublier.
L'intrigue, qui demande tout de même un minimum de concentration si l'on veut tout retenir, est superbement bien construite et menée. J'avais le cerveau en ébullition mais tellement tenu en haleine que j'ai quasiment tout lu d'une traite. La plume de l'auteur aidant, très agréable, fluide et appliquée."

Vous trouverez ci-dessous sur la page Babelio l'ensemble des commentaires assez enthousiastes des lecteurs.

Voici maintenant une critique de Cannibaleslecteurs qui est beaucoup plus proche de ce que j'ai ressenti moi-même à la lecture du roman.

Effectivement, j'ai été dès le départ ravi de me replonger dans l'univers de Marcus Goldman et de ses amis.

J'ai tout de suite été très accroché par les nouveaux personnages qui apparaissent dans ce roman. Contrairement à Cannibaleslecteurs, j'aime les dialogues de Dicker qui me paraissent toujours bien enlevés, rythmés, avec des répliques non dénuées d'esprit ou d'humour.

Le livre compte 572 pages et on va donc dire que je me suis régalé sur plus de 400. Le récit m'a happé et embarqué dans une aventure qui m'a permis de me déconnecter complètement de mon univers quotidien.

Le problème est que dans la dernière partie du roman  Dicker épuise son lecteur, surenchérit sur les fausses pistes et sur les rebondissements, et plus il le fait et plus son récit devient invraisemblable et plus la psychologie de ses personnages s'en ressent, devient peu crédible et trop contrastée.

Dommage ! Dommage car le roman promettait bien plus !

La lecture du livre est très agréable mais l'oeuvre reste finalement superficielle et n'atteint pas la grandeur ou la profondeur du LIVRE DES BALTIMORE.

L'affaire Alaska Sanders se termine sur une autre affaire non résolue qui sera sans doute l'objet du prochain roman de Dicker. Je le lirai probablement car je suis malgré tout assez accro à l'univers de Dicker.

Cet auteur agace parfois par ses procédés narratifs systématiques, par ses clins d'oeil trop insistants , mais il sait aussi camper des personnages attachants, capter l'attention de ses lecteurs et les séduire.

Et pour revenir à L' AFFAIRE ALASKA SANDERS, à chaque lecteur de se faire sa propre idée. 

Rarement les réactions entre les critiques littéraires et le grand public n'auront été aussi divergentes.

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 06:51

Bonjour les amis,

J'ai enfin pu voir avec quelques mois de retard l'adaptation qu'a fait Xavier Giannoli du grand roman de Balzac (le plus abouti selon Marcel Proust).

Tout a déjà été dit sur cette somptueuse adaptation. La bande-annonce ne trompe pas sur la marchandise. C'est une magnifique mise en scène, très enlevée, qui nous rappelle par certains aspects le AMADEUS de Milos Forman. D'ailleurs Giannoli utilise abondamment la musique pour donner du rythme à son film, pour nous faire passer des ambiances de fêtes les plus frivoles à des climats plus romantiques, voire dramatiques et ténébreux.

Les dialogues sont ciselés avec des mots qui font mouche.

Ce qui frappe le plus dans ce film c'est l'incroyable modernité de cette oeuvre qui vilipende le cynisme à la fois cruel et frivole d'une société où tout s'achète et tout se vend. Comme si Balzac avait bien compris toutes les tares qui continuent aujourd'hui encore de tarauder notre société, comme si il avait bien capté notre perte pour ne pas dire absence totale de valeurs morales.

Nous sommes durant la restauration de la monarchie, en pleine mouvance libérale. On assiste à la collusion entre le pouvoir politique et la presse, une presse qui n'hésite pas à manipuler l'information (à faire de l'infox ou à émettre des fake-news avant que le terme n'existe). A noter une utilisation très drôle dans le film de métaphores animalières avec des volailles telles que les canards, les pintades ou aussi les pigeons...

Ce film est aussi une peinture sociale cruelle qui fait apparaître le mépris de Paris pour la Province (qui visiblement ne date pas d'hier...), la différence entre ceux qui portent un nom à particule et les autres, le mépris social envers les comédiens et les comédiennes de théâtre qui sont à la fois adulées mais maintenues à distance des plus hautes sphères aristocratiques.

 

Alors les amis, il y a une question qui m' a taraudé pendant toute la projection. Je n'ai pas lu le roman de Balzac, or ce qu'on entend dans le film est si moderne que ça frise parfois l'anachronisme.

Quand Etienne Lousteau (joué par Vincent Lacoste) parle de ligne éditoriale du journal, je ne suis pas sûr que le concept existait à l'époque. Quand il affirme que tout ce qui est probable serait donné pour vrai dans son canard, je ne suis pas certain que le roman soit allé aussi loin dans la satire et la caricature. Bref, les dialogues m'ont paru si modernes (non pas tant au niveau de la langue utilisée mais des concepts abordés) que je n'ai pas arrêté de me poser la question de savoir si Balzac avait été aussi visionnaire.

J'ai enquêté sur le web pour trouver une réponse à cette question mais sans succés.

Alors, il ne me reste plus qu'une seule manière d'y répondre, c'est de lire moi-même le roman.

PS: En ce qui concerne l'interpétation de Benjamin Voisin en Lucien de Rubempré j'ai eu quelques difficultés au début du film, le trouvant un peu trop "bellâtre", voire inconsistant, pour ne pas dire "tête à claques"...mais, là encore, il faudrait avoir lu le roman pour savoir si Giannoli a été fidèle à Balzac.

ILLUSIONS PERDUES...à voir...et à lire.
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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 13:51

Bonjour les amis,

Je viens de terminer SEROTONINE, le dernier ouvrage de Michel Houellebecq que j'ai beaucoup aimé, même s'il se termine d'une manière plus amère que je ne l'espérais.

Alors pour vous présenter ce livre,  je vous renvoie à l'excellent article que Rosemar lui a consacré et, comme d' habitude, j'y ajouterai quelques commentaires personnels.

Tout d'abord parlons du style. Il me semble que Houellebecq a un peu changé son écriture et qu'il se lance souvent dans de très longues phrases qui rebondissent , virgules après virgules, tout comme la pensée de Florent qui se projette souvent assez loin dans le futur, et qui écarte, les unes après les autres, les fausses solutions qui se présentent à lui.

Le début du roman mêle drôlerie et dérision à une situation du narrateur qui est quand même assez glauque. Le rire est parfois salutaire : rions de notre misère pour ne pas en pleurer...Certains portraits de femmes sont tout simplement savoureux, notamment celui de Yuzu, la maîtresse japonaise. Il m'est souvent arrivé de pouffer de rire dans la première partie du roman.

Houellebecq change souvent de registre. Il peut commencer sur un ton badin et provocateur et d'un seul coup, nous balancer sans prévenir des passages très bien écrits, très pensés, d'une grande profondeur sur la nature de l'amour et de nos relations avec les femmes.

Quand il parle de "chattes" et de " bites" ce n' est jamais vulgaire et c'est toujours assez jubilatoire. Il sait nous toucher au plus profond de nos moteurs charnels.

Houellebecq joue la provo aussi, et beaucoup de ses affirmations péremptoires sont à prendre au second degré...Souvent, elles reflètent juste un fond de vérité. Seul lui peut se permettre d'écrire certaines phrases  politiquement très incorrectes en apparence.

Mais ce qui frappe le plus dans ce roman c'est l'enfermement du héros, qui prévoit et anticipe les futurs échecs qui l'attendent et qui préfère prendre la juste mesure de ses erreurs passées, qui sont en définitive assez irréparables.

Ce livre est aussi une réflexion sur notre liberté qui, lorsqu'elle se préoccupe trop de celle des autres, finit par nous projetter dans une solitude mortifère. L' isolement devient le prix de notre liberté, le lourd tribu que nous lui payons.

Le héros a besoin des femmes mais il ne tente jamais de tricher, ni de se les approprier de manière déloyale ou peu respectueuse de leur liberté. D'ailleurs, il n'applique pas à lui-même certains conseils qu'il donne à ses amis qui sont dans un état de dépression proche du sien. J' ai lu ici ou là que Houellebecq était  parfois mysogine : rien n' est plus faux. Au contraire, la femme et son sexe représentent pour lui la naissance du monde.

Le fond du roman est très noir car Florent se sent incapable de survivre sans l'aide de ses petites capsules de captorix ( un nouveau médicament mis sur le marché qui altère sa libido). 

Florent, frappé par l'état de notre monde et de nos relations sociales perverties par la marchandisation qui crée de nouvelles castes (voire de nouvelles aristocraties), ne peut y survivre que par des moyens artificiels.

Quand j'ai refermé la dernière page je me suis senti assez bouleversé, profondément remué par tant de lucidité sur notre condition humaine au XXI ème siècle.

Stressés, frustrés et isolés que nous sommes, avec le bonheur qui nous glisse irrémédiablement entre les doigts.

 

Sérotonine...ou quand la solitude et la dépression vous attendent au bout du chemin.

PS: En marge de ce roman, sa lecture m'a rappelé une info que j' ai lu récemment et qui m' a " frappé" comme aurait dit Coluche : Theresa May a créé un "ministère de la solitude" tant ce problème s'est converti en un fléau social au Royaume-Uni.

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