Bonjour les amis,
Depuis le mois de Février a commencé un mégaprocès en Espagne au cours duquel sont jugés les principaux responsables des graves événements qui ont secoué la Catalogne lors de la célébration d'un référendum complètement illégal le 1er Octobre 2017.
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_2017_sur_l%27ind%C3%A9pendance_de_la_Catalogne
Depuis ces événements il y a une énorme campagne en Catalogne des séparatistes pour faire croire à la communauté nationale et internationale que ces détenus sont des prisonniers politiques, alors que rien n'est plus faux.
Personne en Espagne n'est en prison pour délit d'opinion. L'actuel président de la Catalogne Quim Torra, par exemple, n'est pas en prison alors que chacun de ses propos sont des attaques contre l'Etat espagnol, alors qu'il a incité de manière publique les CDR (comités de défense de la république) à se manifester dans la rue.
Ces 12 accusés du procès actuel ne sont pas des prisonniers politiques mais des politiques qui sont en prison...Nuance ! Et ils le sont pour des faits d'une énorme gravité, pour avoir enfreint l'ordre constitutionnel, mais aussi les lois de leur propre parlement régional de Catalogne.
Même AMNESTY INTERNATIONAL qui est une référence en matière de droits de l' homme ne considère pas que ces détenus sont des prisonniers politiques au sens littéral du terme.
Ceux qui sont jugés, mis à part le fait d'avoir enfreint l'ordre constitutionnel, sont accusés également d'avoir détourné des fonds publics (que nous payons tous) pour organiser ce référendum illégal.
Les principaux chefs d' inculpation sont donc rébellion,sédition et détournements de fonds publics...
La semaine dernière 41 sénateurs français (de droite comme de gauche) ont signé une lettre reprenant la terminologie des séparatistes et dans laquelle ils accusaient l'Espagne de "répression politique".
Alors ces 41 sénateurs sont (de mon point de vue) assez ignorants, incohérents et assez irresponsables aussi.
Quant à Benoît Hamon qui viendra rendre visite à ces leaders séparatistes en prison, il ferait bien (de mon point de vue) de rester sagement chez lui et de ne pas venir donner à l'Espagne des leçons de démocratie.
Le procès est public, très médiatique, et le juge Marchena prend un soin extrême à ce que les droits de la défense soient rigoureusement respectés. Ce procès est un exemple du genre, un modèle de rigueur...
Aucune cour internationale de droits de l'homme ne pourrra l'annuler. J'en mettrais ma main au feu...
A Benoît Hamon, et à ces 41 sénateurs, je ne leur dirais qu'une seule chose.
Imaginez que demain un responsable politique corse, ou breton commence à appeler à la désobéissance civile et à dépenser de l'argent public pour organiser un référendum illégal d'autodétermination.
Pensez-vous que l'Etat français attendrait sagement la célébration du scrutin pour réagir ?
En Espagne les responsables ont été mis aux arrêts après les événements du 1er Octobre et après avoir été mis en garde de maintes fois par le tribunal constitutionnel.
En France, en Allemagne, ou en Italie, je gage qu'ils auraient été détenus bien avant, dès qu'ils auraient annoncé officiellement leurs intentions d'organiser un scrutin illégal. Un élu qui s'arroge des droits que la constitution ne lui donne pas commet l'un des pires crimes que puisse perpétrer un responsable politique.
En l'ocurrence c'est un miracle que ce crime n'ait pas débouché sur une conflagration civile. Le risque était bien réel.
Quant à ceux qui disent qu'il n'y avait aucune violence, je ne leur montrerai qu'une seule photo : celle d'une voiture de la Garde Civile pendant les journées insurrectionnelles du 20 septembre 2017.
Donc à Benoît Hamon et à ces 41 sénateurs je leur dirais ceci:
" Avec quel culot pouvez-vouz exiger de l'Espagne de ne pas condamner des faits qui seraient sanctionnés très durement dans votre propre pays ?".
Un peu de décence, messieurs !
Manuel Valls qui concourt cette année pour la mairie de Barcelone a affirmé que si Puigdemont s'était réfugié à Paris, la justice française l'aurait extradé et rendu aux espagnols.
Alors, ressaisissez-vous un peu, messieurs les 41 sénateurs.
Quant à ceux qui veulent comparer les 12 détenus à Nelson Mandela, ou à Gandhi, laissez-moi bien rire.
Mandela avait 99,9% du peuple noir derrière lui : ça lui donnait le droit de désobéir, et par ailleurs son pays avait été colonisé par les blancs. Rien de tout cela n'est vrai en Catalogne. Les séparatistes étaient minoritaires aux dernières élections légales, et par ailleurs la Catalogne, comme toutes les régions d'Europe n'a jamais été une colonie, ni même un royaume...L'Espagne s'est formée, comme tous les pays d'Europe par des systèmes d' alliances entre couronnes. Il en va de la Catalogne comme de la Bourgogne ou de la Bretagne...Toutes ces régions auraient pu se convertir en un pays à un moment de leur histoire mais l'histoire, justement, en a voulu autrement.
Bien évidemment, la situation catalane est extrêmement préoccupante et inquiétante. Le problème va devoir se résoudre de manière politique. Il y aura des élections générales en Espagne le 28 Avril prochain, et malgré la politique de main tendue de Pedro Sánchez la situation actuelle est complètement bloquée. Les séparatistes exigent en prérequis à toute négociation le droit à un référendum d'autodetermination, et ce droit nécessite une modification de la constitution qui ne pourra s'obtenir que grâce à une majorité parlementaire.
L'imbroglio est parfait...et cet imbroglio risque d'avoir une forte incidence sur le résultat des futures élections anticipées dans toute l'Espagne le 28 Avril prochain.
C'est justement à cause du problème catalan que Pedro Sánchez n'a pas pu faire voter son budget sans le soutien des forces nationalistes et qu'il a dissous l'assemblée législative pour aller vers de nouvelles élections.
Donc la question catalane est au coeur des débats en Espagne. Je dirais même plus : on ne parle que de ça !...Chaque parti politique se présente aux élections en indiquant quelle est sa position sur ce thème, et les électeurs vont trancher très prochainement.
Donc c'est vraiment pas le moment, en plein débat démocratique national, que Benoît Hamon vienne s'ingérer de manière inopportune dans un dossier d'une énorme complexité dont il ne connaît probablement pas tous les ressorts et sur lequel il n'a aucune leçon à nous donner.
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