Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 18:17

Bonjour les amis,

Je ne connais pas les programmes actuels de français mais je me souviens que lorsque j' étais élève nous devions apprendre des poèmes par coeur et les réciter en classe devant le professeur et nos camarades.

C' était un exercice excellent pour travailler la mémoire et la diction.Je me souviens avoir fait ce type de prestation publique jusqu' en classe de seconde.

Un jour l' un de nos camarades ( qui était tétanisé par l' idée de devoir réciter un texte en public) avait dû travailler et mémoriser le poème de François Villon: "La Ballade des Dames du temps jadis".

Alors, notre petit copain qui manquait beaucoup d' assurance était tellement angoissé par sa future audition qu' il n' arrêtait pas de répéter le poème à voix haute à tous moments de la journée.

Et nous, voyant que l' idée de son passage en public le rendait nerveux et angoissé, on s' était amusé à lui changer un des vers du refrain.

En effet, au moment ou notre ami récitait " Mais où sont les neiges d' antan ? " nous on lui glissait à l' oreille " Mais où sont les vierges d' antan ? " histoire de lui faire perdre un peu ses moyens.

Evidemment, notre camarade s' énervait encore plus avec nous, et nous demandait d' arrêter de le troubler davantage car il avait peur de commettre ce lapsus en public.

Alors pour l' embêter encore plus on en remettait une deuxième couche en lui susurrant:

" Mais où sont les verges d' antan ? "

Notre copain commençait à perdre les pédales entre neiges, vierges et verges !

C' était d' autant plus compliqué pour lui qu' à un moment donné du poème il devait dire

" Où sont-ils VIERGE souveraine ? "

Le jour de l' audition, nous étions tous sur le qui-vive, dans l' attente de voir si notre ami surmonterait la terrible épreuve que supposait pour lui cet exercice et réussirait à réciter le poème sans se mêler les pinceaux.

Dès qu' il commença sa récitation nous sentîmes qu' il était très extrêmement tendu, pétrifié à l' idée de commettre un terrible lapsus...et quand il arrivait au vers fatidique, il interrompait sa diction de peur de commettre l' erreur devant le regard intrigué du professeur qui ne comprenait pas le motif d' une telle hésitation.

Notre ami a réussi à passer le premier couplet sans trop d' encombres, puis le deuxième tant bien que mal et puis arrivé au troisième,patatrac !

Il a balancé Verge ou vierge  dans l' hilarité générale,et s'est interrompu, incapable d' aller plus loin...

Notre ami était rouge de confusion....rouge pivoine jusqu' à la pointe de ses oreilles.

Le professeur qui était agacé par ses hésitations successives avait fini par éclater de rire lui aussi quand il en eut compris le motif...Ça s' est terminé dans la bonne humeur générale.

Tout ça les amis pour vous dire que, encore aujourd' hui, quand j' entends la chanson de Brassens je ne peux m' empêcher de penser à l' extrême gêne et confusion de notre copain  qui nous en a voulu un certain temps...

Tout ça pour dire aussi que, comme vous pouvez le constater, nos blagues de potache à l' époque n' étaient pas bien méchantes.

Alors je vous remets le texte original de François Villon ( et non pas de François Fillon)...et surtout ne confondez pas neiges avec vierges, ni avec verges...( c' est complètement idiot mais cette blague facétieuse de lycéen me fait rire encore aujourd' hui...).

Ce jour-là, ce jour de la récitation fut assez inoubliable.Nous n' avions pas eu droit qu' au seul  poème de Villon: la tête et la mine consternée de notre pote c' était tout un poème aussi...lol !

Dites moi où, n'en quel pays 
Est Flora la belle Romaine, 
Archipiades, né Thaïs 
Qui fut sa cousine germaine, 
Écho parlant quand bruit on mène 
Dessus rivière ou sur étang 
Qui beauté eu trop plus qu'humaine. 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

Qui beauté eu trop plus qu'humaine. 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

Ou est la très sage Hélloïs, 
Pour qui châtré fut et puis moine 
Pierre Esbaillart a Saint Denis? 
Pour son amour eu cette essoine. 
Semblablement, ou est la reine 
Qui commanda que buridan 
Fut jeté en un sac en Seine? 
Mais ou sont les neiges d'antan? 
Fut jeté en un sac en Seine? 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

La reine blanche comme lis 
Qui chantait a voix de sirène, 
Berte au grand pied, Bietrix, Aliz 
Harembourgis qui tient le Maine, 
Et Jeanne la bonne Lorraine 
Qu'Anglais brûlèrent a Rouen; 
Où sont ils Vierge souveraine? 
Mais où sont les neiges d'antan? 
Où sont ils Vierge souveraine? 
Mais où sont les neiges d'antan? 

Prince, n'enquérez de semaine 
Ou elles sont, ne de cet an, 
Que ce refrain ne vous remaine: 
Mais ou sont les neiges d'antan? 
Que ce refrain en vous remaine; 
Mais ou sont les neiges d'antan?

 

Et puis je vous remets aussi l' excellent article de Rosemar consacré à ce poème.

 

Je dédie ce billet à la mémoire de Monsieur Van Lathem qui fut notre professeur de français et qui sut nous faire partager son enthousiasme et son amour pour notre belle langue.

Partager cet article
Repost0