Bonjour les amis,
Après la déclaration d' indépendance unilatérale de vendredi dernier, suivi de la mise en application de l' article 155 de la constitution qui destitue le président de la Généralité de Catalogne, nous avons vécu un épisode rocambolesque qui vient de transformer le drame catalan en vaudeville.
Lundi matin Puigdemont a envoyé un tweet avec une photo laissant croire qu' il se trouvait au palais de la généralité à Barcelone alors qu' il avait pris une voiture pour aller avec 5 membres de son gouvernement à Marseille où il a pris un vol direct pour Bruxelles.
Une fuite assez indigne et croquignolesque ...
Vous pouvez imaginer l' embarras du gouvernement belge qui se serait bien passé cette visite (fuite) très inopportune.Bien évidemment Puigdemont a le droit de se promener dans l' espace Schengen à sa guise.Il n' a même pas besoin de demander asile.Il a droit à au moins 90 jours de résidence sans avoir à fournir la moindre justification tant qu' il n' est pas réclamé par la justice espagnole.
Hier les médias espagnols ont été extrêmement critiques avec celui qui a fait voter en secret une indépendance pour finalement s' évaporer dans la nature au lieu d affronter ses responsabilités en restant près de son peuple.
Tous les qualificatifs ont été employés "...irresponsable,pathétique, ridicule, lâche, poule mouillée,traître, etc..."
Pendant 24 heures tout le monde a spéculé sur les motifs qui ont poussé Puigdemont à fuire à Bruxelles, et hier, il a eclairci un certain nombre de points lors d' une condférence de presse donnée en 3 langues: catalan, français et anglais.
En voici un résumé avec des extraits de conférence de presse où vous pourrez l' entendre s' exprimer dans la langue de Molière
Carles Puigdemont à Bruxelles: "Je ne suis pas ici pour demander l'asile politique"
"Je ne suis pas ici pour demander l'asile politique. Ce n'est pas lié à la Belgique, mais à l'Europe. Il n'y a aucun lien avec la politique belge. Il est question de pouvoir agir ici en liberté...
Que faut-il retenir de cette conférence de presse ?
En allant à Bruxelles, au coeur de l' Europe, Puigdemont tente d' internationaliser le conflit et de lancer un appel au secours aux dirigeants de l' UE.
Puigdemont dit qu' il ne va pas demander l' asile politique ( mais en fait on sait que pour fuire il n' en a pas besoin pour l' instant).
Il accepte les élections convoquées par Rajoy le 21 Décembre prochain, ce qui est incompatible avec sa déclaration d' indépendance mais on n' est plus à une incohérence près: en effet je rappelle que ce sont des élections autonomiques régionales pour le parlement de Catalogne que Rajoy vient de convoquer.
Puigdemont relève le défi démocratique et demande à Rajoy d' accepter les résultats si l' indépendantisme sort majoritairement élu de ces urnes.Rappelons encore une fois que ces élections du 21 Décembre ne sont pas un référendum d' autodétermination ( mais il est clair qu' une victoire du front indépendantiste serait catastrophique).
Il prétend être physiquement en danger en Espagne ( et cela fait franchement sourire quand on connaît la garde prétorienne qui l' entoure).Dimanche dernier il déjeunait tranquillement avec ses amis dans un restaurant de Girona, la ville dont il est le maire.Il s' est même permis le luxe de prendre un petit bain de foule auprès de ses administrés.
Il dit qu' il retournera en Espagne quand il aura des garanties suffisantes pour sa sécurité et sa liberté: une fois encore, cela fait sourire car depuis hier matin le procureur espagnol l' accuse de rébellion, sédition et malversation de fonds publics.Il est d' ailleurs convoqué au tribunal de l' audience nationale demain matin.
Puigdemont affirme enfin que l' Espagne n' est pas un Etat de droit car, selon lui, la séparation des pouvoirs entre l' exécutif et la justice n' y est pas garantie.Bien évidemment aucune démocratie n' est parfaite mais toutes les affaires de corruption traitées par les tribunaux espagnols et qui mouillent le pouvoir en place démontrent que la justice fait son travail de manière assez indépendante.
Ajoutons que durant son séjour à Bruxelles Puigdemont s' est mis en contact avec le parti indépendantiste flamand de Theo Francken où il a des appuis déclarés, c' est à dire, pour ceux qui ne connaissent pas la politique belge, que Puigdemont a trouvé de forts soutiens au sein même de l' extrême-droite européenne ..." Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es..."...Je dis ça pour les mélenchonnistes toujours assez complaisants avec les indépendantistes.
La question qui se pose aujourd' hui 1er Novembre est de savoir si Puigdemont va répondre à la convocation de la juge espagnole Carmen Lamela demain matin.
Je n' en suis pas sûr...Peut-être que la petite mascarade du " grand libérateur en exil " va continuer, mais espérons qu' il n' en sera rien.
Pendant ce temps-là les Etats-majors des partis s' organisent pour savoir comment ils vont se présenter aux prochaines élections: en faisant liste unique ou en y allant séparément.Ils ont une semaine pour le faire et le temps urge.
Par ailleurs la question du substitut de Puigdemont ( qui a le droit de se présenter tant qu' il n' est pas formellement inculpé et condamné) va être cruciale.
En effet, Santi Vila qui faisait partie du gouvernement de Puigdemont et qui avait démissionné juste avant la déclaration d' indépendance en raison de son désaccord avec son chef, se présente comme candidat successeur.S' il est investi c' est la ligne indépendantiste modérée qui défendrait les couleurs du parti de Puigdemont, le PDeCAT.
Qu' entends-je par ligne modérée ? Disons que Santi Vila est partisan de poser la question de l' indépendance comme une question légitime mais en respectant le cadre démocratique espagnol.Ce serait un retour au bon sens...
Enfin il faut noter qu' il y a eu 2 sondages pour savoir au jour d' aujourd' hui si les indépendantistes perdraient ou pas ces élections et, finalement, rien n' est moins sûr.
Dans un des 2 sondages ils sont donnés perdants mais l' autre réalisé par le quotidien EL MUNDO indique que les indépendantistes auraient la minorité en voix d' électeurs mais une courte majorité en sièges...On le voit, les élections du 21 pourraient nous ramener à un scénario semblable à celui qui a provoqué la déclaration unilatérale d' indépendance, et ce, malgré l' incroyable et catastrophique dégradation du climat économique et social en Catalogne.
Rajoy a lancé un défi démocratique courageux mais il faut maintenant être très habile et le gagner.Je constate que la mise sous tutelle de la Catalogne se produit avec sagesse et prudence afin de ne pas humilier les catalans.Les hauts fonctionnaires qui substituent ceux qui ont été destitués sont généralement issus le la propre administration catalane. Rajoy n' a envoyé aucun superintendant de Madrid, ce qui aurait été très mal perçu.
Enfin, il faut reconnaître que l' action de la justice qui va traiter une trentaine d' inculpations pourrait perturber le scrutin, surtout quand on sait que les indépendantistes jouent A FOND la carte de la victimisation.
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