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13 novembre 2016 7 13 /11 /novembre /2016 08:57

Bonjour les amis,

Suite à l' article de Fatizo, j' attendais avec impatience de voir COMANCHERIA, le film américain de l' écossais David Mc Kenzie. 

Notre ami résume très bien dans son article toutes les qualités de ce grand film.

L' interprétation des personnages principaux et secondaires, le contexte de crise sociale et économique, les paysages omniprésents du Sud profond,la photographie extraordinaire accompagnée d' une musique de Nick Cave aussi obsédante que celle de Ry Cooder dans Paris,Texas.

C' est souvent filmé en plans successifs très travaillés qui forment des véritables tableaux.

Tout simplement magnifique !

Je ne suis jamais allé au Texas mais là, pas de doute: on y est !

 

 

Comancheria...Du grand Art !

Le duo formé par les deux frangins est très attachant.Tanner, l' aîné qui a l' expérience des armes ( et de la taule) va filer un coup de main à Toby le jeune frère pour mener à bien son projet d' attaques de succursales bancaires pour sauver la propriété familiale.

L' aîné, qui est sympathique mais un peu impulsif, annonce la couleur dès le départ.Ces histoires-là ne finissent jamais bien.Il ' agit donc de faire quelques coups vite faits bien faits et de se retirer définitivement avant d' être repérés...

C' est un moment-clé du scénario qui va expliquer l' engrenage dramatique qui suivra:

Le jeune frère demande à l' aîné pourquoi, dans un tel contexte de risque, celui-ci accepte de l' aider.Tanner lui répond:

" parce que tu me l' as demandé frérot..."

Vraiment , ce film, c' est du grand art.Une histoire simple mais très bien construite avec beaucoup de soin, avec en contrepoint du duo formé par les frangins, un duo de rangers lancé à leurs trousses formé par Jeff Bridges, à deux doigts de la retraite, et de son acolyte commanche Alberto.

Il y a pas mal d' humour décalé dans le film dû au caractère particulier des texans qui sont bien sympas, mais tous un peu excités de la gâchette.

Par exemple, lors d' une attaque bancaire tous les otages restent généralement au sol et attendent gentiment la fin du hold-up.

Au Texas c' est pas pareil.Tout le monde a une arme, et rêve de s' en servir un jour ou l' autre...même les vieux papis rabougris !

Pendant le film je pensais à cette citation de JF Kennedy.

Il avait dit à Jacky le jour de l' attentat de Dallas:

" Aujourd' hui on va chez les dingos ! "

Revenons au film.

Jeff Bridges, amène beaucoup d' humanité, de bon sens et d' humour et c' est à lui que revient de tout faire rentrer dans l' ordre.Il est comme Dieu en personne...C' est lui qui donne au film une dimension et une fin shakespearienne.Il est LA CONSCIENCE même.La dernière scène du film, le dernier dialogue est simplement grandiose...J' ai a-do-ré !!!

On est passé peu à peu d' un bon film d' action, un peu western, un peu thriller à un drame en 4 actes qui n' a rien à envier aux plus grandes oeuvres du théâtre classique et où la force du destin s' abat de manière implacable sur chacun des personnages.

Comancheria c' est vraiment du grand Art !

Comancheria...Du grand Art !

PS: Il y a un détail du scénario qui est quand même assez savoureux.Les voleurs utilisent le cynisme des banquiers qui ne collaborent pas toujours avec la justice , et qui sont prêts à laisser fuir un délinquant pour ne pas perdre un futur  bon client...bien vu !

Je n' en dis pas plus...ceux qui auront vu le film me comprendront.

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6 novembre 2016 7 06 /11 /novembre /2016 08:53

Bonjour les amis,

Je viens de découvrir ( avec un certain retard ) un auteur espagnol que je ne connaissais pas  à travers son dernier livre et best-seller, intitulé CICATRICE.

Alors, pour vous mettre dans le bain, je vous traduis les toutes premières lignes du roman.

Ça commence comme ça:

IRINA:

La jeune fille ne sentit aucune douleur quand le clou lui entailla le visage, en dessous de l' oeil gauche

SIMON:

Ma première erreur fût de tomber amoureux d' elle.

Ma deuxième erreur fût de ne rien lui demander au sujet de cette cicatrice.

La mauvaise nouvelle, c' est que je suis sur le point de commettre la troisième erreur qui va être bien pire que les deux premières...

Voilà une belle entrée en matière comme je les aime.On est tout de suite projeté dans la problématique du héros dès les premières lignes.

Que vous dire de plus ?

C' est une histoire qui va mêler Simon un jeune anti-héros américain un peu asocial mais petit génie de l' informatique qui a à sa charge la garde et protection de son frère atteint d' une maladie mentale avec Irina, une belle russe dont Simon tombe amoureux via le net et qu' il fait venir aux Etats-Unis.Simon, après des années de galère, est sur le point de devenir millionnaire grâce à une application informatique qui intéresse une grande société de software.

Les ennuis commencent pour Simon, notamment avec un meurtre qui le touche de très près et qui l' affecte...

Pendant que notre héros essaie de comprendre ce qui lui arrive, l' auteur nous conte d' autres épisodes antérieurs qui se sont déroulés en Russie et aussi en Afghanistan.On se doute, tout au long du bouquin que ces évènements ont une relation avec les déboires de Simon mais sans vraiment tout capter.

Ce que j' ai vraiment aimé dans ce livre c' est la façon bien rythmée qu' a Gomez-Jurado de nous raconter une histoire sans temps morts.C' est du bon polar à l' anglo-saxonne, bien construit.

Contrairement à beaucoup de romans policiers le lecteur en sait plus que le héros qui,ici, ignore tout des épisodes russes et afghans.

Tout l' art de l' auteur est de nous en dire plus que ce que sait Simon mais finalement le lecteur n' arrive pas à juger et à savoir si celui-ci prend de bonnes initiatives ou non...

Comme dans de nombreux bons polars , il y a aussi une dimension tragique et inéluctable.On sent que le destin de certains personnages va être irrémédiablement guidé par leur passion, et non par leur raison.

Gomez-Jurado est écrivain mais c' est aussi un journaliste et ça se sent dans son écriture car les péripéties qui se déroulent aux Etats-Unis, en Russie et les épisodes de guerre en Afghanistan sont décrits avec précision et de manière très réaliste.

On sent qu' il a bâti son histoire en utilisant de nombreux faits réels. D' ailleurs à la fin du bouquin  il nous livre en post-face le nom de certains personnages réels qui l' ont inspiré.

La fin du roman amène bien, et sans entourloupes, les réponses que le lecteur attendait et arrive à échapper à une issue trop conventionnelle.

J' étais ravi...complètement ravi...

 

Couverture du livre original qui, à mon avis ne tardera pas à être traduit en français

Couverture du livre original qui, à mon avis ne tardera pas à être traduit en français

Photo de Gomez-Jurado

Photo de Gomez-Jurado

J' étais tellement ravi que j' ai tout de suite repris cet auteur à zéro en commençant la lecture de son premier roman, L' ESPION DE DIEU

Encore une fois l' auteur m' a accroché dès les premières pages.

Je ne vais pas vous en raconter trop car je n' en suis qu' au tout début, mais je vais juste vous dire qu' il s' agit d' une espèce de SILENCE DES AGNEAUX mais au Vatican avec un personnage inquiétant qui nous fait plonger au coeur des ténèbres et du Mal...Ça parle de pédophilie, de centre médical américain de traitements pour prêtres déviants,avec une galerie de personnages très intéressants, notamment l' enquêtrice italienne, assistée par un colonel en retraite de l' US air force qui est également prêtre !

Même si l' histoire semble conventionnelle il y a l' art de la narration de l' auteur et la qualité des dialogues.La justesse psychologique aussi ...tout y est...pour l' instant je le lis avec beaucoup de plaisir et de délectation.

Voici une critique de ce roman.

Le polar se porte donc bien outre-pyrénées, et Juan Gomez-Jurado est le digne successeur d' auteurs comme Manuel Vasquez Montalban ( et son personnage fétiche le détective catalan Pepe Carvahlo) et Lorenzo Silva ( avec son couple  d' enquêteurs de la Garde civile Bevilacqua et Chamorro ).

Ces deux derniers  auteurs nous proposaient des personnages bien ancrés dans la réalité politique et sociale espagnole ( un peu comme Maigret l' était pour pour la France) tandis qu' avec Gomez-Jurado, on a affaire à une nouvelle génération de jeunes auteurs qui écrivent des histoires à l' américaine qui n' ont rien à envier à leurs illustres modèles anglo-saxons.

CICATRICE est bien meilleur, par exemple, que le roman anglais LA FILLE DU TRAIN de Paula Hawkins dont on a fait grand bruit et qui, après un bon début très alléchant, se révèle finalement bien décevant à la lecture ( NB: il parait que le film adapté du livre qui vient de sortir sur les écrans est assez moyen-moyen...je vous en reparlerai dès que je l' aurai vu).

PS: j' ai pratiquement tout lu de Lorenzo Silva qui est un grand auteur mais malheureusement ses livres n' ont pas été traduits en français...et il y en a au moins un qui a reçu le prix Planeta et qui mériterait une traduction pour tous ceux qui s' intéressent à l' Espagne d' aujourd' hui. Il s' agit de La marca del meridiano qui propose. à travers une enquête de Bevilacqua, une vraie réflexion sur la corruption qui mine le pays.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lorenzo_Silva

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