Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 13:21

Bonjour les amis,

Pour sortir un peu de notre actualité terriblement tragique et pour me changer complètement les idées, j'ai lu  cette semaine le dernier Dicker, et bien m'en a pris.

 

"Un animal sauvage" ou quand Dicker nous propose un polar assez étourdissant...

Voici le résumé de l'éditeur :
Braquage à Genève, 2 juillet 2022, deux malfaiteurs sont sur le point de dévaliser une grande bijouterie de Genève. Mais ce braquage est loin d'être un banal fait divers...
Vingt jours plus tôt, dans une banlieue cossue des rives du lac Léman, Sophie Braun s'apprête à fêter ses quarante ans. La vie lui sourit. Elle habite avec sa famille dans une magnifique villa bordée par la forêt. Mais son monde idyllique commence à vaciller.
Son mari est empêtré dans ses petits arrangements.
Son voisin, un policier pourtant réputé irréprochable, est fasciné par elle jusqu'à l'obsession et l'épie dans sa vie la plus intime.
Et un mystérieux rôdeur lui offre, le jour de son anniversaire, un cadeau qui va la bouleverser.
Il faudra de nombreux allers-retours dans le passé, loin de Genève, pour remonter à l'origine de cette intrigue diabolique dont personne ne sortira indemne. Pas même le lecteur.

Je vous mets en lien une brève critique (assez proche de ce que j'ai ressenti moi-même) à laquelle j'ajouterai certains commentaires personnels.

Alors on pourra disserter des heures pour savoir si ce livre c'est de la littérature ou si ce n'en est pas, mais là n'est pas le problème. Pour moi Joël Dicker, tout comme Stephen King, a l'art (qui n'est pas donné à tout le monde) à la fois de camper des personnages qui m'intéressent et aussi de m'accrocher de la première page jusqu'à la dernière.

Les dialogues bien écrits, et souvent pleins d'humour, donnent beaucoup de vie au récit.

La narration est réellement menée avec virtuosité grâce à une construction qui alterne constamment le présent avec des retours en arrière à différentes époques.

Franchement, d'habitude je n'aime pas trop les auteurs qui recourent de manière trop systématique aux flash-backs mais Dicker est un peu mon exception à la règle car sa construction narrative est soignée de manière absolument impeccable et on n'est jamais perdus dans le récit. Une construction en forme de labyrinthe vertigineux, de faux-semblants, pour une histoire dans laquelle tous les protagonistes sont à la fois sincères et souvent menteurs aussi.

Je salue la prouesse.

Impossible pour le lecteur de savoir comment tout ça va se terminer car le rythme et les rebondissements sont maintenus jusqu'à la dernière page.

Et quand je suis arrivé à la fin du roman et que j'ai refermé le livre ça a été avec la sensation délicieuse et la mine réjouie de quelqu'un qui s'est fait embarquer sur plus de 400 pages dans un récit assez étourdissant.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 07:48

Bonjour les amis,

J'ai fini hier soir la lecture de Au fin fond de décembre, un polar signé Patrick Conrad.

Voici le résumé de l'éditeur :

Après avoir tué le mauvais suspect du viol et meurtre de sa fille, l’ancien inspecteur de police Theo Wolf sort de prison. Désormais devenu exterminateur de rats, il découvre le cadavre putride d’une femme lors de sa première mission. Complètement fasciné par cette femme, Wolf se lance dans une enquête qui l’entraînera dans les recoins les plus tordus et sordides d’Anvers…
Déployant une enquête aux rebondissements aussi abracadabrantesques que sordides, Patrick Conrad signe un roman noir décadent et singulier à l’humour tranchant et pervers.

 

Au fin fond de décembre...un polar onirique, très noir et jubilatoire aussi.

Voici maintenant ce qu'en dit JP Guery sur la fiche babelio consacrée à ce roman:

"... Baignant dans une atmosphère onirique oppressante, ce roman du méconnu Patrick Conrad (écrivain, poète, plasticien et cinéaste belge) se déroule presqu'exclusivement dans l'obscurité inquiétante des nuits d'Anvers. D'immeubles minables en boites de nuits ringardes, d'hôtels miteux en bouges infâmes, l'ex-flic investi d'une mission quasi divine explore les tréfonds d'âmes humaines ravagées par la solitude et le manque d'amour. Impressionnant de noirceur !..."

https://www.babelio.com/livres/Conrad-Au-fin-fond-de-decembre/1563047

J'ajouterais juste qu'il ne s'agit pas du tout d'un polar dont la trame est compliquée avec des rebondissements toutes les cinq pages. Non, ici c'est du polar à l'ancienne, et ce sont les lieux, les ambiances très soigneusement décrites (y compris avec leurs odeurs) et les personnages que croise Théo Wolf qui captivent le lecteur.

Ces personnages sont souvent très attachants, peu épargnés par la vie, et ils affrontent la solitude chacun à leur manière, du mieux qu'ils peuvent. D'autres, parmi les protagonistes de cette histoire, sont moins affables et sympathiques mais leurs  travers sont traités avec une bonne dose d'humour et d'ironie.

Patrick Conrad maîtrise parfaitement sa narration, avec des dialogues très bien écrits qui donnent beaucoup de réalisme et de justesse à son récit, un récit dans lequel s'intègrent les rêves de Théo Wolf qui bousculent la perception que le lecteur a de la réalité. Ces rêves, à la fois surréalistes et hallucinés, apportent aussi une certaine forme de poésie à son histoire qui est une sorte de mortelle randonnée très onirique.

Il y a parfois des accents baudelairiens dans Au fin fond de décembre  (voir le poème de Baudelaire " La Charogne" par exemple).

Le roman est également original et surprenant, mais je ne révélerai pas certains éléments du récit qui sont troublants et parfois même très glauques, mais qui passent très bien sous la plume de l'auteur qui sait très bien nous mettre dans l'état d'esprit de ce qui guide le comportement pour le moins étrange de Théo Wolf.

Et puis il y surtout l'humour noir et décapant de Patrick Conrad.

Le dernier chapitre très jubilatoire m'a fait mourir de rire, d'un rire grinçant certes, car le thème est plutôt noir de chez noir.

Je retiendrai aussi de ce livre une citation de Montherlant qui apparaît dans ce dernier chapìtre: 

« Nous mourons, quand il n’y a plus personne pour qui nous voulons vivre ».

Cette citation aurait d'ailleurs pu apparaître en épigraphe de ce roman.

 

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Je vous laisse avec une chanson qui est à l'origine du titre Au fin fond de décembre...Cette expression est extraite des paroles de la chanson nostalgique TRY TO REMEMBER, extraite elle-même d'une comédie musicale à succès des années 60 à Broadway.

...Deep in December, it's nice to remember Although you know the snow will follow...

L'une des protagonistes du roman est une chanteuse qui avait fait partie de la troupe américaine de la comédie musicale THE FANTASTICKS.

Partager cet article
Repost0
12 juin 2022 7 12 /06 /juin /2022 08:23

Bonjour les amis,

En 2016 j'avais fait un billet concernant Juan Gómez-Jurado pour vous dire tout le bien que je pense de ce jeune auteur espagnol.

Or, il se trouve qu'à partir de 2018 Gómez-Jurado a commencé à publier une trilogie composée de REINA ROJA (Reine rouge), LOBA NEGRA (Louve noire) et REY BLANCO (Roi blanc).

Cette trilogie a déjà fait un énorme carton en Espagne. Je les ai lus moi-aussi avec la même voracité avec laquelle j'avais dévoré les trois tomes de Millénium de Stieg Larsson.

Je ne vous avais encore pas parlé de cette trilogie de Gómez-Jurado car j'attendais que ces livres soient traduits et publiés en France. C'est maintenant chose faite car REINE ROUGE est disponible chez vos libraires depuis le mois de Janvier.

Voici le synopsis:

Antonia Scott est spéciale. Très spéciale . Elle n'est ni flic ni criminologue. Elle n'a jamais porté d'arme ni d'insigne, et pourtant, elle a résolu des dizaines d'affaires criminelles. Avant de tout arrêter. Depuis un tragique accident, Antonia se terre dans un appartement vide et n'aspire qu'à une chose : qu'on lui fiche la paix. C'était compter sans l'inspecteur Jon Gutiérrez. Missionné pour lui faire reprendre du service, il parvient à la convaincre d'étudier un dernier dossier, celui d'un assassin sans scrupules qui s'en prend aux héritiers des plus grandes fortunes d'Espagne. Sa particularité? L'homme ne semble motivé ni par l'appât du gain, ni par le plaisir de tuer. Un cas complexe auquel la police madrilène n'entend rien. En un mot, le terrain de jeu favori d'Antonia Scott.

REINE ROUGE de Gómez-Jurado est débarquée chez vos libraires...

Alors Gómez-Jurado fait partie de ces auteurs qui, tout comme Stephen King,  savent attraper le lecteur dès les premières pages et savent mener un récit tambour battant. Dans REINE ROUGE on trouvera de l'intrigue, du mystère, des personnages dont la psychologie nous interpelle et pour lesquels on a beaucoup d'empathie, et aussi des personnages mystérieux et terriblement inquiétants.

Voici un extrait du livre qui nous parle de l'esprit d'Antonia, un esprit vif et torturé, qui fonctionne comme une jungle grouillant de singes tapageurs et agressifs, sautant de lianes en lianes. 

 

"...Antonia Scott ne s’autorise à penser au suicide que trois minutes par jour. 
Pour la plupart des gens, trois minutes représenteraient un infime intervalle de temps. 
Mais pas pour Antonia. On pourrait dire que son esprit a beaucoup de chevaux sous le capot, mais le cerveau ­d’Antonia n’est pas une voiture de sport. On pourrait dire qu’il possède une impressionnante capacité de traitement de données, mais la tête ­d’Antonia n’est pas un ordinateur. 
L’esprit ­d’Antonia s’apparenterait plutôt à une jungle, une jungle grouillant de singes, qui bondissent à toute allure de liane en liane en transportant des choses. Énormément de singes portant énormément de choses, qui se croisent dans les airs en montrant les crocs." 

Vous trouverez sur la page Babélio que je mets en lien ci-dessous les commentaires de PECOSA et de EVE-YESHE auxquels je souscris pleinement.

Je terminerai en vous disant que si vous aimez REINE ROUGE, vous ne serez pas déçu par la suite. Le tour de force de Gómez-Jurado est de ne jamais nous ennuyer. Au contraire, les enquêtes s'internationalisent, s'élargissent et l'intérêt du lecteur va crescendo.

La série est complètement addictive et Gómez-Jurado devient, comme le dit le libraire Jérôme Toledano, " le nouveau maître de vos nuits blanches".

PS: Vous pourrez vous faire une petite idée du roman par vous-mêmes en lisant le début de REINE ROUGE sur le lien affiché ci-dessous, en cliquant sur la photo de la page de couverture du livre.

Partager cet article
Repost0
21 septembre 2019 6 21 /09 /septembre /2019 07:47

Bonjour les amis,

Il y a quelques jours je vous parlais de PARASITE le dernier film de de Boog Joon-Ho qui a obtenu la palme d' or au festival de Cannes.

http://alea-jacta-est.ex-posteur.over-blog.com/2019/09/parasite.un-film-coreen-en-forme-de-metaphore.html

Et un ami a attiré mon attention sur un film antérieur de ce réalisateur, datant de 2003 et intitulé MEMORIES OF MURDER, et donc, je l'ai visionné cette semaine. En voici le synopsis :

En 1986, dans la province de Gyunggi, le corps d'une jeune femme violée puis assassinée est retrouvé dans la campagne. Deux mois plus tard, d'autres crimes similaires ont lieu. Dans un pays qui n'a jamais connu de telles atrocités, la rumeur d'actes commis par un serial killer grandit de jour en jour. Une unité spéciale de la police est ainsi créée dans la région afin de trouver rapidement le coupable. Elle est placée sous les ordres d'un policier local et d'un détective spécialement envoyé de Séoul à sa demande. Devant l'absence de preuves concrètes, les deux hommes sombrent peu à peu dans le doute...

Cela commence un peu comme une version asiatique du SILENCE DES AGNEAUX dans la Corée de 1987.

Les meurtres ont lieu à la campagne et Joon-Ho nous dépeint un monde rural assez glauque, encore très arriéré, très éloigné de la vision actuelle moderniste qu'on a de la Corée....On marche dans la bouillasse, les locaux de la police sont vétustes, délabrés. Les logements des protagonistes sont pratiquement insalubres...

Seules les images de la nature environnante contrastent de manière rafraîchissante avec l'univers terne, gris et désespérant des villages et des usines...

La police locale ne dispose d'aucun moyen sérieux d'investigation et leurs méthodes sont un résumé de tout ce qu'il ne faut pas faire, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes assez burlesques...

Deux enquêteurs sont sur l'affaire, le flic local qui essaie de la jouer à l'instinct et l'inspecteur qui vient de la capitale et dont les méthodes sont plus rationnelles.

Boon-Ho dénonce les conditions complètement abusives des gardes à vue ainsi que l'usage systématique de la violence et de la torture pour obtenir des aveux des suspects.

Les fausses pistes se multiplient, l'enquête avance et nous permet de découvrir une Corée où se mêlent modernité et croyances archaïques, un pays qui vit sous la menace d'une possible guerre avec son voisin du Nord, un pays où peurs et angoisses sont refoulées de manière collective.

Et puis le film finit par échapper complètement aux standards habituels du genre. Le mal est présent , bien réel, mais demeure insaisissable et plonge nos 2 flics dans un doute permanent. On perd ses repères et aucune des deux méthodes d'investigation ne permet d'acquérir la moindre certitude.

MEMORIES OF MURDER c'est l'histoire d'un échec désespérant. Le Mal est parmi nous et peut offrir un visage ordinaire...

Encore une fois, et tout comme dans PARASITE, le film est une grande métaphore de la société. L'histoire est menée de main de maître sur un rythme trépidant et ne laisse jamais au spectateur le temps de souffler.  

Et contrairement à PARASITE pour lequel j'avais émis une petite réserve, dans MEMORIES OF MURDER Joon-Ho maîtrise complètement son sujet et nous offre un film cohérent de la première jusqu'à la dernière image.

Le film commence avec des enfants à la campagne qui se moquent de l'enquêteur en l'imitant, et puis on comprend à la fin que ce n'est pas un simple hasard...

Memories of murder...ou quand le mal est présent et insaisissable...

Alors, la petite surprise supplémentaire pour moi c'est qu'après avoir vu ce film avec 16 ans de retard, il se trouve que l'actualité nous en reparle depuis la semaine dernière. En effet, ce film raconte une histoire vraie  de serial killer et il semblerait qu'avec plus de 30 ans d' écart la police coréenne ait finalement réussi à identifier le vrai assassin...Une bonne occasion de plus pour voir ce film que je recommande chaudement.

Partager cet article
Repost0
18 mars 2019 1 18 /03 /mars /2019 07:16

Bonjour les amis,

Je viens de finir ALEX, le 2 ème roman d'une trilogie de Pierre Lemaître qui narre les enquêtes du commandant de brigade criminelle Camille Verhoeven.

ALEX de Pierre Lemaître...un thriller glaçant qui vous captivera jusqu'à la dernière page...

Alors, de cette histoire dont il est important de ne rien raconter pour laisser la surprise au lecteur, je ne vous donnerai que le point de départ.

Alex, une jeune femme séduisante, est kidnappée en plein jour à Paris...

Stop, il ne faut rien dire de plus. Et je vous déconseille d'aller lire sur Babelio les commentaires élogieux des lecteurs qui risquent de vous donner trop d'informations.

Ce roman est une mortelle randonnée diabolique pleine de rebondissements.

J'ajouterai que le récit est séparé en 3 parties bien distinctes.

Alors parlons du style de Pierre Lemaître. Celui-ci possède un art consommé de la narration. Il sait faire apparaître des informations qui relancent sans cesse l'intérêt du lecteur.

Le rythme est haletant...ALEX est un roman qui décoiffe ! 

J'aime beaucoup les descriptions de Pierre Lemaître qui arrive toujours, en quelques mots ou adjectifs judicieusement choisis, à bien dépeindre le caractère de ses personnages.

Le lecteur imagine très bien les situations qu'il décrit. Il y a par exemple une scène de séduction qui est assez jubilatoire. Le lecteur ne peut s' empêcher de pouffer.

Lemaître sait jouer sur plein de registres et arrive à mêler par exemple humour et horreur.

Il y aussi les dialogues qui sont extrêmement bien écrits. Certains échanges m'ont fait penser au film GARDE A VUE de Claude Miller. Les réparties des personnages sont souvent savoureuses, pleines d'esprit, ou d'émotion , ou d'ironie, ou de cynisme...

A titre d'exemple du style de l' auteur, je vous mets cet extrait:

" - Stefan Maciak, né en 1949, famille polonaise, famille modeste, famille laborieuse, un exemple pour la France intégratrice (....) 

 - Notre Maciak pousse l' assimilation jusqu'à devenir alcoolique. Il boit comme un polonais donc c'est un bon français..."

L'auteur maîtrise complètement son récit et nous emmène où il veut et comme il veut d'une manière qui est très plaisante pour le lecteur.

Je suis resté scotché jusqu'au bout  du roman et, à 10 pages de la fin, et alors que j'avais déjà plein d'éléments instructifs à ma disposition, je ne savais toujours pas ce qui s'était réellement passé.

Quant à la fin, elle surprend et elle est géniale...

Quand j'ai refermé la dernière page, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que ce livre pourrait être adapté au cinéma, et en faisant des recherches sur le net, je me suis rendu compte que le projet existe et qu'un producteur américain va financer l'adaptation du roman qui sera mis en scène par Louis LETERRIER.
 

 

J'ai essayé pour ma part d'imaginer le casting du film.Si j'avais dû réaliser cette adaptation dans les années 80, j'aurais choisi Isabelle Adjani dans le rôle d'Alex.

Je terminerai ce billet en remerciant une grande amie qui m'a conseillé vivement la lecture de ce roman.

Bien évidemment, je vais reprendre la trilogie de LEMAÎTRE par le début, et attaquer le premier opus, intitulé TRAVAIL SOIGNÉ.

Partager cet article
Repost0
3 mars 2019 7 03 /03 /mars /2019 08:04

Bonjour les amis,

Je viens de voir THE GUILTY du réalisateur danois Gustav Möller.

Voici ce que l'on peut lire à propos de ce film sur la page allociné :

Le réalisateur s'est inspiré d'un appel au 112 d’une femme kidnappée dont il a été témoin. Assise dans une voiture à côté de son ravisseur, elle devait parler en langage codé. Rien qu'en entendant la voix de cette femme, le réalisateur pouvait imaginer la situation : "J’ai compris que chaque personne écoutant cet enregistrement verrait des images différentes : une femme différente, un kidnappeur différent, etc… C’est là que je me suis dit : et si on utilisait cette idée d’images mentales dans un film ? Au cinéma, on peut créer tout un univers à l’intérieur d’une seule pièce. Avec The Guilty, j’espère avoir réalisé un thriller haletant, qui offre à chaque spectateur une expérience qui lui est propre".

Alors, je me suis laissé prendre de la première jusqu'à la dernière minute par ce thriller haletant.

Le film est très bien écrit, avec une grande rigueur, et obéit aux règles du theâtre classique: unité de temps, de lieu et d'action.

Enfin, et pour être plus précis en ce qui concerne l'unité d'action, disons que, comme dans tout bon polar, il y a une trame secondaire qui va se mêler avec beaucoup d'habileté à la trame primaire et donner de la cohérence à l'ensemble du film.

Ce film fait travailler l'imagination du télespectateur car celui-ci se trouve dans la situation de Asger, le policier qui est en liaison téléphonique avec les protagonistes et qui doit compléter ce qu'il ne voit pas à partir de ce qu'il entend.

Tout le film repose sur les dialogues et est construit comme une pièce de théâtre, comme un huis-clos. On repense à certaines scènes de Garde à vue de Claude Miller, avec la nuit et une pluie battante en arrière-fond qui alimentent un climat très angoissant.

Il faut noter également un grand travail sur la bande-son : tout se passe au téléphone et on est sensible au moindre bruit, au moindre claquement de porte, au moindre son non-identifié ou à une simple respiration.

L'acteur principal Jakob Cedergren (qui a un faux air à John Travolta dans Blow out) possède un grand charisme. Son regard exprime parfaitement ses doutes, ses angoisses et ses frustrations.

The guilty...nuit d'enfer au commissariat

L'histoire est contée presque en temps réel.

Asger sait qu'il y aura une tragédie s'il ne s'en tient qu'au protocole et s'il ne se limite qu'à ses simples responsabilités. Il va donc prendre le risque de provoquer des événements alors qu'il ne possède pas tous les éléments qui permettent de juger de la pertinence de ses initiatives.

On est en plein dilemme, et le spectateur ne sait jamais si Asger déraille, outrepasse ses fonctions, ou alors, s'il est doté d' une grande perspicacité...On navigue entre deux eaux...Intelligence émotionnelle brillante ou délire paranoïaque...

Je n'en dis pas plus. Il ne faut rien raconter de cette histoire pleine de rebondissements et j'en ai déjà trop dit.

Partager cet article
Repost0
26 août 2018 7 26 /08 /août /2018 18:09

Bonjour les amis,

Ça y' est ! Je viens de finir la lecture de La disparition de Stephanie Mailer, le dernier roman de Joel Dicker, un volumineux pavé de 640 pages.

En voici le synopsis :

30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’État de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers: le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu’une passante, témoin des meurtres.
L’enquête, confiée à la police d’État, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l’appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration.
Mais vingt ans plus tard, au début de l’été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu’il s’est trompé de coupable à l’époque.
Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses.

Ce roman qui est un page turner est écrit avec des allers et venues incessantes entre 1994, époque du quadruple crime, et 2014, époque de la reprise de l'enquête.

Il y a de nombreux personnages, tous intéressants, ce qui donne l' occasion à l'auteur de multiplier à l' infini les fausses pistes.

A noter que les 4 ou 5 personnages principaux du roman se relaient de manière continue pour nous narrer en parallèle les deux enquêtes : la passée et la présente.

L' intérêt est toujours soutenu et chaque chapitre apporte une révélation qui permet au lecteur de compléter peu à peu cet énorme puzzle.

Il faut souligner la maestria avec laquelle Dicker sait bâtir une histoire et composer un tableau labyrinthique dans lequel on ne se perd jamais. De ce point de vue, la construction et l' architecture mathématique du récit est impressionnante.

Simplement, le roman est très long et on s' essouffle un peu parfois : le lecteur impatient que je suis n' a pas forcément envie d' arriver à la 630 ème page pour comprendre ce qui chiffonne le héros à la 15 ème... Par ailleurs, Joel Dicker accumule un nombre incroyable d' événements, de rebondissements, de péripéties et de coïncidences qui rendent globalement son histoire complètement improbable, profondément invraisemblable. 

En fait la trajectoire de chaque personnage prise indépendamment est crédible, mais l'accumulation de toutes ces péripéties autour de la disparition de Stéphanie Mailer ne l' est plus...Tous les protagonistes du roman ont vécu des événements exceptionnels qui sortent de la normalité : c' est ça qui surcharge le récit et qui le rend un peu trop rocambolesque et  "baroque".

Mais, malgré tout, le lecteur tient le coup car les caractères son bien définis, les personnages bien campés, et chacun d' entre eux nous captive avec sa personnalité, sa trajectoire et ses problèmes personnels bien spécifiques auxquels on s'identifie.

Joel Dicker, tout en n' entrant pas de manière trop approfondie dans la psychologie de ses personnages ( certains d' entre eux sont simplement esquissés, d' autres sont assez stéréotypés) nous en dit suffisamment pour que notre imagination fasse le reste et pour que notre intérêt se maintienne. Dicker sait accrocher le lecteur...

 

 A noter qu' il y a aussi un roman dans le roman : ici, c' est une pièce de théâtre qui doit être montée par un metteur en scène un peu excentrique et j' ai retrouvé dans ce livre un humour assez proche de celui de Woody Allen dans le film COUPS DE FEU SUR BROADWAY, avec des situations loufoques et un peu délirantes...

Le roman aborde plusieurs genres donc : le polar, la comédie, le vaudeville, la farce...

On peut considérer que les romans antérieurs de Dicker La vérité sur l' affaire Harry Québert et   l' Histoire des Baltimore sont des oeuvres littéraires mais par contre, avec La disparition de Stephanie Mailer c' est moins sûr.

Ce livre c' est avant tout un scénario, une narration dense, riche, mais avec peu de passages soignés d' un point de vue strictement littéraire. De nombreux dialogues sont plats, même si certains d' entre eux sont assez drôles quand même...

Ici, c' est l' histoire qui nous porte...le récit...l' enchevêtrement des événements et l'imagination décidément très fertile de l' auteur capable de créer de nombreuses sous-intrigues dans l' intrigue.

Le seul endroit du roman dans lequel j' ai trouvé une vraie qualité littéraire, une vraie patte de grand auteur, c' est quand l' agent de police Anna Kanner raconte sa tournée du matin dans la neige, avant que les habitants d' Orphea ne se réveillent...

Finalement, même si La disparition de Stephanie Mailer  n' est pas le meilleur des trois romans de Dicker que j' ai lus, je suis quand même content d' être allé jusqu'au bout et j' en ai aimé le dénouement. J' ai refermé la dernière page du livre avec satisfaction....Il est d' ailleurs très probable que je lirai le prochain roman de Dicker.

La disparition de Stephanie Mailer...

PS: Je vous mets en prime, la liste des principaux personnages du roman, et, comme dans tous les bon polars, le coupable est dans cette liste...

La disparition de Stephanie Mailer...
Partager cet article
Repost0
21 mars 2016 1 21 /03 /mars /2016 17:33

Bonjour les amis,

Je viens de voir un polar espagnol intitulé CIEN AÑOS DE PERDÓN qui vient de sortir sur les écrans.Un film réalisé par Daniel Calparsoro qui raconte une histoire de braquage dans le contexte actuel d' une Espagne secouée par les affaires de corruption.

Tout commence par un récit conventionnel d' une bande de malfrats ( 3 argentins et un gallegue) qui vont braquer une banque à Valencia ( capitale de ma région) pour s' attaquer aux coffres et emporter rapidement le plus gros butin possible.

L' attaque se fait avec prise d' otages et on apprend très vite que l' équipe a un plan pour s' échapper et tromper la vigilance de la police.Comme toujours dans les bons polars, il y a un élément imprévu qui va compliquer le scénario initial prévu par les malfrats.Il se trouve que justement , le jour de l' attaque, tombe une pluie torrentielle sur Valencia ( phénomène rare et violent que j' ai connu plusieurs fois et qu' on appelle ici la gota fria, la goutte froide...).Cette pluie torrentielle va rendre impossible le plan de fuite par les égouts de la ville.

Rapidement on apprend que l' un des membres du groupe a été chargé d' une mission par un mystérieux commanditaire appartenant à un parti politique: récupérer le contenu du coffre 311 qui contient un ordinateur dans lequel sont stockés des informations qui pourraient faire tomber le gouvernement en place...

Je n' en dis pas plus mais tous ceux qui vivent en Espagne reconnaitront des éléments extraits de notre actualité politico-judiciaire, notamment l' affaire Barcenas.

La réalisation est très nerveuse, rythmée,et les acteurs interprètent très bien les personnages de braqueurs.Ils sont plus vrais que vrai...

Le film commence avec un premier négociateur, qui sera ensuite remplacé par un autre dont le motivations sont plus troubles.Tout se complique donc, tant au sein de l' équipe de truands où apparaissent des tensions qu' en ce qui concerne les forces de l' ordre dont on ne sait plus si elles ont intérêt à laisser s' échapper les truands ou, au contraire, si elles doivent les arrêter par tous les moyens même au risque de mettre la vie des otages en danger.Un jeu de bluffs mutuels s' installe entre les truands et le négociateur.

Il y a aussi dans ce film beaucoup d' ironie.On apprend par exemple que le chef des truands argentins avait réussi à faire sortir son fric d' Argentine ( le fameux corralito) pour venir se réfugier en Espagne, mais que là, ce sont les banquiers espagnols qui vont le déposséder avec les fameux produits toxiques ( preferentes) dont je vous avais déjà parlé.C' est le comble ! Dans ce film les banquiers y apparaissent encore plus voleurs que les casseurs de coffre-forts ( et là, je suis très bien placé pour vous dire que le film n' éxagère pas...).Donc il y a aussi dans ce film tendu et nerveux de gros éclats de rires et une certaine auto-dérision.

Enfin, je ne sais pas si ce film va être distribué dans quelques mois à l' étranger mais il est clair qu' il va beaucoup perdre à la traduction.En effet, les dialogues sont savoureux, notamment ceux des argentins qui parlent avec un accent très particulier et avec des expressions très imagées qui leur sont propres.Ils sont vraiment géniaux, ils crèvent l' écran, et tout le charme de ces dialogues est difficilement traduisible...

Je pense que c' est la part la plus réussie du film: ces dialogues très enlevés...Rodrigo de la Serna interprète le rôle de chef du gang de façon magistrale.Il m' a subjugué pendant toute la projection.Il y a aussi un des truands qui est sympa mais un peu simplet et gaffeur magnifiquement interprété par Joaquin Furriel, un jeune acteur argentin.

L' action se poursuit avec un rythme qui ne retombe jamais jusqu' à la dernière seconde.

C' est un film que je conseillerais à tous ceux qui comprennent l' espagnol, et aux autres, je leur dirais que je ne sais pas si c' est un bon film mais qu' il ressemble à l' Espagne d' aujourd' hui.Ce sont des personnages d' après-crise...Même la Directrice de l' agence bancaire trahit les siens et se met du côté des braqueurs car elle a elle-même été lâchée par sa hierarchie après avoir trompé sa clientèle pour eux.

Ça, c' est vraiment pas inventé...et ça s' inscrit très bien de manière très naturelle dans la narration.

Le contexte de l' Espagne actuelle est donc très bien retranscrit mais ça reste malgré tout un film d' action, et on se demande jusqu' à la fin comment tout ça va se terminer...

Au début du film on est très pris par la violence de la situation et par l' ambiance très tendue du braquage, mais à la fin du film le spectateur a plus de sympathie pour les braqueurs que pour les autorités.Il se produit une inversion des valeurs...d' ailleurs l' affiche le dit bien en sous-titre: qui vole qui ?

En sous-titre du film on peut lire: Qui vole qui ?

En sous-titre du film on peut lire: Qui vole qui ?

A L' Hatem: si tu as l' occasion de le voir en VO, ne le rate pas mon ami...tu vas te régaler avec les argentins !

Partager cet article
Repost0