Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 septembre 2024 2 17 /09 /septembre /2024 06:53

Bonjour les amis,

Hier je vous faisais part (pratiquement en temps réel et de manière instantanée) de la vive émotion provoquée par ma découverte très tardive d'Allain Leprest.

C'est sur ce lien-ci.

http://alea-jacta-est-ex-posteur.over-blog.com/2024/09/le-temps-de-finir-la-bouteille.html

Aujourd'hui je reviens vers vous pour vous présenter  IL PLEUT SUR LA MER, un autre texte absolument bouleversant de ce poète du Nord...

 

Il pleut sur la mer

Il pleut sur la mer et ça sert à rien

Qu’à noyer debout le gardien du phare

Le phare, y a beau temps qu’il a plus d’gardien

Tout est électrique, il peut bien pleuvoir

Aujourd’hui dimanche

Sur la Manche

Il pleut sur la mer, c’est bien inutile

Ça mouille la pluie, c’est du temps perdu

Les mouettes s’ennuient, blotties sous les tuiles

Il tombe des cordes et l’eau s’est pendue

Aux plus hautes branches

De la Manche

Il pleut sur la mer et ça sert à rien

A rien et à rien, mais quoi sert à quoi ?

Les cieux, c’est leur droit d’avoir du chagrin

Des nuages indiens vident leur carquois

C’est l’été comanche

Sur la Manche

Il pleut sur la mer, l’eau, quelle imbécile !

A croire que la mer se pisse dessus

Saborde ses ports, ses cargos, ses îles

T’as l’air d’un moineau sous mon pardessus

D’une corneille blanche

Sur la Manche

Il pleut sur la mer et ça nous ressemble

De l’eau dans de l’eau, c’est nous tout crachés

Et nos yeux fondus au cœur de septembre

Regardent rouler des larmes gâchées

Curieuse avalanche

Sur la Manche

Il pleut sur la mer, c’est con comme la pluie

Peut-être c’est nous qui sommes à l’envers

L’amour a des nœuds plein sa mise en plis

Ça nous fait marrer, il pleut sur la mer

Aujourd’hui dimanche

Sur la Manche

Il pleut sur la mer...

Cécile Prévost-Thomas s'est entretenue avec Antoine Sénanque sur les liens de chansons, de lettres et d'amitié qu'il entretenait avec l'auteur-interprète Allain Leprest qu'il considère comme “le plus grand poète de ces dernières années”.

Extrait de cette interview avec une des réponses de Sénanque:

" - Oui, les textes m’ont le plus touché, mais aussi la voix, sa manière d’exprimer ses textes, l’espèce d’adéquation entre cette voix rocailleuse, fêlée et la rocaille et la fêlure qu’il y avait aussi dans ses textes, une espèce d’harmonie totale, ce type de force à laquelle je suis très sensible, qui est quand même la force du désespoir, de l’abîme. Ce sont des choses qui font résonance en moi : c’est avant tout par les textes et la force des textes que j’ai accroché avec Allain Leprest, c’est certain !..."

Voici sur ce lien-ci l'interview complète.

https://journals.openedition.org/fixxion/5573?lang=en

 

Il pleut sur la mer...

PS: Un peu en marge du poème d'aujourd'hui.

il existe en Espagne une expression qu'on entend fréquemment et dont je ne connais pas l'équivalent français. Il s'agit de "LLUEVE SOBRE MOJADO"  qui, traduit mot à mot, donnerait " il pleut sur un sol déjà mouillé"

C'est une expression employée quand une situation est déjà compliquée par elle-même et que les circonstances actuelles viennent en rajouter une couche...comme une averse sur un terrain déjà saturé et inondé...

Par exemple on peut utiliser cette expression pour parler de l'Ukraine déjà victime du désastre écologique de Tchernobyl qui subit maintenant les désastres écologiques de la guerre.

Partager cet article
Repost0
16 septembre 2024 1 16 /09 /septembre /2024 17:43

Bonjour les amis,

le fait de ne plus vivre en France depuis des décennies a fait que je suis fatalement passé à côté de certains artistes qui n'avaient pas de projection internationale en dehors du monde francophone. J'écoute pour la première fois aujourd'hui Allain Leprest interpréter LE TEMPS DE FINIR LA BOUTEILLE et je suis vraiment ému...Et, en même temps que je le découvre, j'apprends aussi que ce poète écorché nous a quitté trop tôt.

https://www.youtube.com/watch?v=uJfZrTduhuE

Les paroles de cette admirable chanson sont sur ce lien.

https://www.paroles.net/allain-leprest/paroles-le-temps-de-finir-la-bouteille

Donc au moment oú je découvre un astre qui illumine mon ciel j'apprends en même temps que cet astre s'est déjà éteint, ce qui est franchement triste.

Je me consolerai en découvrant l'oeuvre de Leprest dans les jours qui viennent. Les artistes et les poètes ont au moins cette chance d'être éternels...

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2023 7 10 /12 /décembre /2023 07:48

Bonjour les amis,

J'ai fini hier soir la lecture de Au fin fond de décembre, un polar signé Patrick Conrad.

Voici le résumé de l'éditeur :

Après avoir tué le mauvais suspect du viol et meurtre de sa fille, l’ancien inspecteur de police Theo Wolf sort de prison. Désormais devenu exterminateur de rats, il découvre le cadavre putride d’une femme lors de sa première mission. Complètement fasciné par cette femme, Wolf se lance dans une enquête qui l’entraînera dans les recoins les plus tordus et sordides d’Anvers…
Déployant une enquête aux rebondissements aussi abracadabrantesques que sordides, Patrick Conrad signe un roman noir décadent et singulier à l’humour tranchant et pervers.

 

Au fin fond de décembre...un polar onirique, très noir et jubilatoire aussi.

Voici maintenant ce qu'en dit JP Guery sur la fiche babelio consacrée à ce roman:

"... Baignant dans une atmosphère onirique oppressante, ce roman du méconnu Patrick Conrad (écrivain, poète, plasticien et cinéaste belge) se déroule presqu'exclusivement dans l'obscurité inquiétante des nuits d'Anvers. D'immeubles minables en boites de nuits ringardes, d'hôtels miteux en bouges infâmes, l'ex-flic investi d'une mission quasi divine explore les tréfonds d'âmes humaines ravagées par la solitude et le manque d'amour. Impressionnant de noirceur !..."

https://www.babelio.com/livres/Conrad-Au-fin-fond-de-decembre/1563047

J'ajouterais juste qu'il ne s'agit pas du tout d'un polar dont la trame est compliquée avec des rebondissements toutes les cinq pages. Non, ici c'est du polar à l'ancienne, et ce sont les lieux, les ambiances très soigneusement décrites (y compris avec leurs odeurs) et les personnages que croise Théo Wolf qui captivent le lecteur.

Ces personnages sont souvent très attachants, peu épargnés par la vie, et ils affrontent la solitude chacun à leur manière, du mieux qu'ils peuvent. D'autres, parmi les protagonistes de cette histoire, sont moins affables et sympathiques mais leurs  travers sont traités avec une bonne dose d'humour et d'ironie.

Patrick Conrad maîtrise parfaitement sa narration, avec des dialogues très bien écrits qui donnent beaucoup de réalisme et de justesse à son récit, un récit dans lequel s'intègrent les rêves de Théo Wolf qui bousculent la perception que le lecteur a de la réalité. Ces rêves, à la fois surréalistes et hallucinés, apportent aussi une certaine forme de poésie à son histoire qui est une sorte de mortelle randonnée très onirique.

Il y a parfois des accents baudelairiens dans Au fin fond de décembre  (voir le poème de Baudelaire " La Charogne" par exemple).

Le roman est également original et surprenant, mais je ne révélerai pas certains éléments du récit qui sont troublants et parfois même très glauques, mais qui passent très bien sous la plume de l'auteur qui sait très bien nous mettre dans l'état d'esprit de ce qui guide le comportement pour le moins étrange de Théo Wolf.

Et puis il y surtout l'humour noir et décapant de Patrick Conrad.

Le dernier chapitre très jubilatoire m'a fait mourir de rire, d'un rire grinçant certes, car le thème est plutôt noir de chez noir.

Je retiendrai aussi de ce livre une citation de Montherlant qui apparaît dans ce dernier chapìtre: 

« Nous mourons, quand il n’y a plus personne pour qui nous voulons vivre ».

Cette citation aurait d'ailleurs pu apparaître en épigraphe de ce roman.

 

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Une rue déserte d'Anvers...un soir d'hiver...

Je vous laisse avec une chanson qui est à l'origine du titre Au fin fond de décembre...Cette expression est extraite des paroles de la chanson nostalgique TRY TO REMEMBER, extraite elle-même d'une comédie musicale à succès des années 60 à Broadway.

...Deep in December, it's nice to remember Although you know the snow will follow...

L'une des protagonistes du roman est une chanteuse qui avait fait partie de la troupe américaine de la comédie musicale THE FANTASTICKS.

Partager cet article
Repost0
21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 18:18

Bonjour les amis,

Aujourd'hui nous sommes le 21 Mars, et c'est donc l'arrivée du printemps.

Alors il se trouve qu'il y a une chanson un peu décalée et loufoque de Gotainer que j'adore et que je me passe comme un rituel quand arrive cette date du calendrier.

Cette chanson c'est AVANT DE VOIR SES YEUX et je vous invite à l'écouter sur le lien ci-dessous.

Les paroles et les arrangements musicaux sont pleins d'invention et de fraîcheur...Quel bien ça fait d'entendre ça !

Notamment, par exemple, ces vers désopilants. 

"Elle, elle était fleur d'aubépine Et moi le ver luisant Je louchais sur ses étamines Avec la langue qui pend."

Je sus qu'elle était la plus belle avant de voir ses yeux...

Et puis, pour les moins de vingt ans qui découvrent ce petit bijou de Gotainer, qu'ils sachent aussi que lorsque les choristes entonnent par derrière "cerisier rose et pommier blanc" il s'agit d'un clin d'oeil à une chanson au charme désuet des années 50.

Bon printemps à vous, chers amis du blog...Il est temps de sortir de la léthargie dans laquelle l'hiver vous a encroûté. Que vos neurones se régénèrent et que vos hormones se mettent à bouillonner...Soyez tête-en-l'air, soyez poètes, amoureux de la vie. Respirez à pleins poumons et profitez du renouveau de la nature. Gotainer vous a montré le bon chemin...😃

Je sus qu'elle était la plus belle avant de voir ses yeux...
Partager cet article
Repost0
19 juin 2019 3 19 /06 /juin /2019 20:18

Bonjour les amis,

Aujourd'hui, lors de l'épreuve du Bac de français, des milliers de lycéens ont été  "enduits avec de l'erreur", comme aurait dit Coluche qui savait bien mettre en scène des personnages un peu fâchés avec la langue française.

Alors, effectivement les petits jeunes, si l'auteur s'appelle Andrée avec un e y'a quand même une forte probabilité qu'il s'agisse d'une femme....car si c'était un homme ça indiquerait que l'écrivain ne sait pas écrire son nom.

Alors pour préparer les futurs candidats à l'épreuve de l'année prochaine, je les mets en garde.

George Sand est une femme et Camille Desmoulins est un homme.

Et Michelle, dans la chanson des Beatles est une fille.

D'ailleurs il y a des adjectifs dans le texte qui vous mettent sur la bonne piste. Mc Cartney chante bien :" Michelle, ma belle...."

Que ces futurs candidats sachent aussi que Jermaine Jackson est le frère du regretté Michael...et pas sa soeur ! 

Quant à Janet Jackson, il s'agit bien de sa soeur....Là y' a pas d' embrouille...Ouf!

De toutes façons la famille Jackson risque pas de tomber au bac...mais deux précautions valent mieux qu'une avec ces changements de programmes incessants !

Enfin, pour tous les candidats du Bac 2019 déçus de s'être trompés sur le sexe de l'auteur et qui estiment qu'une telle situation ne s'est jamais produite dans aucune annale de bac, je les préviendrai solennellement une 2 ème et dernière fois : "annale" dans ces cas-là prend deux N...

Partager cet article
Repost0
28 décembre 2018 5 28 /12 /décembre /2018 09:14

Bonjour les amis,

Je vous invite aujord'hui à écouter une délicieuse intervention publique de Jean d'Ormesson dans laquelle il parle de Marguerite Yourcenar.

 

Alors, ce magnifique poème, le voici dans son intégralité:

 

Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Comme au fond de mon cœur un doux cœur adopté
Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge
N'empêcheront jamais que vous ayez été;

Que la beauté du monde a pris votre visage,
Vit de votre douceur, luit de votre clarté,
Et que le lac pensif au fond du paysage
Me redit seulement votre sérénité.

Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme
Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant;
Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.

Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme
M'instruisent des sentiers que vous avez suivis,
Et vous vivez un peu puisque je vous survis.

 

(extrait du recueil "Les charités d'Alcippe"  nouvelle édition 1984, Gallimard)

Tout de suite après voir entendu ce superbe poème, je suis allé lire la biographie de Marguerite Yourcenar et celle de l' écrivain français André Fraigneau, et je me suis rendu compte qu' il y avait un élément qui ne collait pas. D'Ormesson commet une erreur : Fraigneau est décédé en 1991 et Yourcenar en 87.

En continuant mes recherches j'ai trouvé cette autre explication d'un internaute qui me paraît plus vraisemblable: " Le poème rend hommage à Jeanne de Vietinghoff, mère spirituelle de Marguerite Yourcenar qui a inspiré le personnage de Monique dans Alexis ou le traité du vain combat" .

 

Jeanne de Vietinghoff (1875-1926)

Jeanne de Vietinghoff (1875-1926)

La petite erreur commise par Jean d' Ormesson n'est pas très grave. Peu importe à qui ce poème  est adressé car ce qui est vraiment remarquable c' est la beauté de ces vers destinés à un être aimé et disparu et qui vit encore dans l' esprit de la personne qui en fut amoureuse.

 "Que la beauté du monde a pris votre visage..."

Voici ce qui dit de ce vers Annbourgogne dans son blog.

Le visage de l’être aimé reflète ou concentre un instant toute la beauté du monde. Il ne s’agit bien sûr pas d’une beauté physique mais plutôt de la beauté de ce moment de bonheur et de vie. Le monde est beau lorsqu’on est heureux.

Cette beauté du monde à travers le visage est intensifiée par la beauté de l’âme ( la douceur ) et est comme éclairée par sa clarté.

Je vous invite à lire l' ensemble de ses commentaires sur l' article qu' elle a consacré au poème de Yourcenar.

Je terminerai ce billet en disant que ce poème exprime de manière sublime des sentiments universels que nous avons tous connus au moins une fois dans notre vie.

Qui d' entre nous n' a pas aimé secrètement un être (défunt ou pas) à qui il aurait pu dire: 

" Vous ne saurez jamais..."

Et s' imaginer lui réciter les tendres vers de Yourcenar, par exemple,sur cette douce musique mélancolique de Joaquin Rodrigo...

Partager cet article
Repost0
29 août 2018 3 29 /08 /août /2018 14:58

Bonjour les amis,

Avec " Le verger de marbre" d' Alex Taylor, on renoue avec la grande littérature policière, la meilleure qui soit, c' est à dire la littérature tout court.

Mais, avant de partager avec vous des commentaires personnels au sujet de cette oeuvre je vais laisser la parole ci-dessous à un internaute qui en parle très bien.

Toujours, pour vous mettre l' eau à la bouche, je vous invite à lire les critiques très pertinentes de IRIS29 et de CROSSROADS sur le lien ci-dessous, des critiques élogieuses auxquelles j'adhère à 100%.

Alors , je ne peux que confirmer les énormes qualités littéraires de ce court roman de 229 pages.

D' abord il y a l' environnement, le Kentucky profond, omniprésent, dont la nature imprègne et pétrit les caractères des personnages. Alex Taylor nous fait de très belles descriptions, très poétiques et aussi empreintes d' une extrême noirceur. 

Ses personnages sont imprégnés de croyances qui proviennent de la nuit des temps et ils interprètent, chacun à leurs façons, chaque manifestation de la nature, que ce soient les flots tourmentés de la Gasping River, le vol d' un vautour, où les gémissements du vent parmi les arbres.

L' accident tragique initial va dénouer des terribles tensions préexistantes entre tous les protagonistes qui vivent dans cette région rurale de manière ancestrale, avec leurs lourds secrets enfouis depuis toujours au fond de leurs mémoires. 

Et puis, il y aussi de vraies personnifications du Mal dans ce roman, notamment avec Doat Luncan, le caïd local vieillissant mais toujours aussi effrayant, qui semble vivre au dessus des lois, qui défie le shériff, et qui fixe ses propres règles contre lesquelles personne ne semble avoir assez de force pour pouvoir s' y opposer. Doat Luncan inquiétant à souhait, toujours accompagné par ses dobermans menaçants qui lui obéissent au doigt et à l' oeil.

Les dialogues sont très bien écrits et de manière très sobre. On est dans la cambrousse et on n' aime pas les bavards. Les sentiments s' expriment de manière minimaliste...Les mots sont souvent lourds de sens, et pleins de sous-entendus menaçants...

Et puis cette histoire échappe complètement à son cadre rural et prend une dimension à la fois tragique, universelle, mythologique et biblique aussi. C'est une histoire forte, âpre, avec des caractères très violents, et dans laquelle les liens de sang vont jouer un rôle prépondérant....Je n'en dirai pas plus.

Je vous laisse deux extraits pour que vous puissiez apprécier le style de l' auteur:

Voici d' abord une description :

Il se rallongea en regardant le ciel nocturne et sa pléiade d'étoiles qui lui donnaient l'aspect d'un tesson de faïence carbonisé, des éclats de lumière accumulée zigzaguant dans le vide, les queues de comètes maigrelettes soutenant la sombre coupole des cieux fissurés. Des étoiles s'éteignaient, là-haut. Des planètes étaient percutées, s'enfuyaient dans un lacis convexe et s'embrasaient en volutes troubles qui flamboyaient puis disparaissaient, mais lui était là, dans ce monde, à côté d'un feu dans la chaleur de la nuit

Et voici un un dialogue entre le shériff Elvis et un personnage trouble et provocateur:  

 "Mais je ne vous aime pas . Je pense qu'il faut que vous le sachiez . J'aime pas les choses que vous dites et j'aime pas votre façon de vous asseoir sur ma chaise . J'aime pas votre odeur et j'aime pas le fait que vous portiez un costume. Ça me rend nerveux et j'aime pas du tout être nerveux . (...)Je vais vous arrêter. (..)"
Seul le grincement de la chaise lui répondit .
Il leva les yeux , l'homme avait disparu...

Le verger de marbre...un puissant drame mythique au fin fond du Kentucky
Le verger de marbre...un puissant drame mythique au fin fond du Kentucky

PS: je vous mets en prime une photo que j' adore et dont l' ambiance est assez proche de celle du roman...

Le verger de marbre...un puissant drame mythique au fin fond du Kentucky
Partager cet article
Repost0
6 février 2018 2 06 /02 /février /2018 14:08

Bonjour les amis,

J' ai vu cette semaine le dernier film du metteur en scène mexicain Guillermo del Toro intitulé LA FORME DE L' EAU, un film dont on parle beaucoup et qui a récolté déjà de nombreux prix.

Lauréat du Lion d'Or au Festival de Venise 2017, La Forme de l'eau a également reçu 2 Golden Globes (ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale) ainsi que 13 nominations aux Oscars.

Voici le sinopsis.

Durant la Guerre froide en 1962 Elisa,muette, travaille comme agent d'entretien dans un laboratoire où est retenu prisonnier un homme amphibien. La jeune manutentionnaire tombe alors amoureuse de la créature. Avec l’aide de son voisin, elle décide de le libérer. Elle ignore cependant que le monde extérieur pourra être aussi dangereux pour lui ...

 

Alors ce conte fantastique nous fait penser à des contes antérieurs bien sûr, à commencer par celui de LA BELLE ET LA BÊTE, sauf que cette fois-ci la bête ne se métamorphosera pas en beau prince charmant.

On pense aussi aux films américains des années 50 avec des monstres qui étaient un peu kitsch à l' époque, comme dans L' ETRANGE CRÉATURE DU LAC NOIR...

La forme de l' eau...
Elisa et la créature amphibienne

Elisa et la créature amphibienne

La forme de l' eau...

Le film se situe en 62 .C' est l' époque de  l' american way of life triomphante.

Elisa vit seule,de manière marginale, accompagnée seulement par son vieux voisin.Elle adore les comédies romantiques musicales en noir et blanc.Il lui arrive parfois d' éxécuter quelques claquettes pour apporter un peu de sel et de magie dans son quotidien terne et un peu glauque...Elisa est un personnage dans la lignée d' Amélie Poulain, une muette qui s' exprime par le langage des signes et qui va initier en secret une relation  avec le " monstre"...Elisa, étant elle-même marginalisée par son handicap, a de l' empathie pour la créature amphibienne et sait communiquer avec elle de manière intuitive et sensible . 

L'histoire se passe en pleine guerre froide avec des personnages volontairement très stéreotypés: le colonel buté,brutal,dominateur,macho,inquiétant à souhait, patriote, qui croit en Dieu et en l' Amérique, les agents russes infiltrés et comploteurs,les scientifiques qui travaillent dans des labos secrets, etc...

L' esthétique très vintage années 50 n' est pas sans rappeler l' univers de Jean Pierre Jeunet, celui de Tim Burton et aussi celui de la bande dessinée.Le travail sur la photo est extraordinaire et souligne bien le caractère des personnages ( notamment la brutalité du colonel, la douceur et l' humanité d' Elisa, etc...).

Le film joue sur plusieurs registres: la terreur,le fantastique, la magie, la poésie, ...

C' est un cinéma bourré de clins d' oeil et de références.

Le scénario, fait d' actions et de rebondissements assez prévisibles, copie les films fantastiques américains des années 50, sauf que le regard du réalisateur est décalé et nous fait appréhender en arrière fond tout le substrat idéologique qui anime les personnages .Leur volonté de faire triompher leur modèle de société ( blanc, impérialiste,chrétien traditionaliste,anticommuniste,consumériste, etc..) leur fait commettre des actes cruels et monstrueux sans l' ombre d' une hésitation,sans le moindre sentiment de culpabilité, convaincus qu' ils sont d' être du côté de Dieu, du bon Droit et de la civilisation.Le film est à deux degrés de lecture et possède toujours une ironie sous-jacente...LA FORME DE L' EAU est donc aussi un conte philosophique, une métaphore.

Ce n' est pas un hasard si c' est la petite femme de ménage handicapée qui va rompre l' ordre établi par toute une structure pyramidale et hiérarchisée de pouvoir autoritaire.

A noter que Del Toro pimente son récit en abordant la sexualité de ses personnages...cela peut-être tour à tour doux-amer,moqueur,caricatural, tendre ou ironique...ou merveilleux.

Et puis, il y a quelques scènes réellement magiques dans le film, des moments de grâce où on flotte dans l' élément liquide ( d' où le titre)...

La forme de l' eau...

LA FORME DE L' EAU nous narre une histoire mille fois racontée, sauf que le traitement original et délicieusement subversif de Del Toro sait renouveler le genre, tout en s' inscrivant dans une tradition cinématographique.

L' esthétisme créé par Del Toro s' appuyant sur une grande photographie de Dan Laustsen est le premier atout de son film.Il nous recrée une belle vision retravaillée des années 60.C' est une esthétique qui est parfaitement en adéquation avec le propos du réalisateur et le regard qu' il porte sur ces années-là.

Le casting est parfait, et il faut souligner la grande prestation de Michael Shannon en colonel maléfique.L' interprétation simple et sincère de Sally Hawkins ( qu' on connaissait depuis BLUE JASMINE) est pour beaucoup dans le fait que le film "fonctionne" et que finalement on accroche à l' histoire...

 

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 09:56

Bonjour les amis,

Ce matin en ouvrant ma page facebook il y avait une belle photo simple et sans artifices, prise à partir des cotes du Nord, et accompagnée de ces quelques vers du poète belge Emile Verhaeren:

"La mer est belle et claire et pleine de voyages
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :
L’inconnu est seul roi des volontés sauvages."

 

Partez, avec le seul amour en vous  de l'étendue éclatante et hagarde...

Du coup, je suis allé lire dans son intégralité ce magnifique poème du grand auteur belge, un classique des lettres françaises que je ne connaissais pas ( ce qui est le comble pour quelqu'un comme moi qui est né en Terre de Flandres) . 

Alors, à mon tour de partager avec vous ce beau poème que je dédie à un bon ami,à l' esprit aventurier, qui a fait l' acquisition il y a quelques temps d' un beau voilier et qui va avoir du temps devant lui pour voyager...

                                             LE VOYAGE

Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.

Le soir se fait, un soir ami du paysage,
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain, dorment encor.

Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées,
Au fouet soudain des montantes marées !
Oh ce regonflement de vie immense et lourd
Et ces grands flots, oiseaux d’écume,
Qui s’abattent du large, en un effroi de plumes,
Et reviennent sans cesse et repartent toujours !

La mer est belle et claire et pleine de voyages.
A quoi bon s’attarder près des phares du soir
Et regarder le jeu tournant de leurs miroirs
Réverbérer au loin des lumières trop sages ?
La mer est belle et claire et pleine de voyages
Et les flammes des horizons, comme des dents,
Mordent le désir fou, dans chaque coeur ardent :
L’inconnu est seul roi des volontés sauvages.

Partez, partez, sans regarder qui vous regarde,
Sans nuls adieux tristes et doux,
Partez, avec le seul amour en vous
De l’étendue éclatante et hagarde.
Oh voir ce que personne, avec ses yeux humains,
Avant vos yeux à vous, dardés et volontaires,
N’a vu ! voir et surprendre et dompter un mystère
Et le résoudre et tout à coup s’en revenir,
Du bout des mers de la terre,
Vers l’avenir,
Avec les dépouilles de ce mystère
Triomphales, entre les mains !

Ou bien là-bas, se frayer des chemins,
A travers des forêts que la peur accapare
Dieu sait vers quels tourbillonnants essaims
De peuples nains, défiants et bizarres.
Et pénétrer leurs moeurs, leur race et leur esprit
Et surprendre leur culte et ses tortures,
Pour éclairer, dans ses recoins et dans sa nuit,
Toute la sournoise étrangeté de la nature !

Oh ! les torridités du Sud – ou bien encor
La pâle et lucide splendeur des pôles
Que le monde retient, sur ses épaules,
Depuis combien de milliers d’ans, au Nord ?
Dites, l’errance au loin en des ténèbres claires,
Et les minuits monumentaux des gels polaires,
Et l’hivernage, au fond d’un large bateau blanc,
Et les étaux du froid qui font craquer ses flancs,
Et la neige qui choit, comme une somnolence,
Des jours, des jours, des jours, dans le total silence.

Dites, agoniser là-bas, mais néanmoins,
Avec son seul orgueil têtu, comme témoin,
Vivre pour s’en aller – dès que le printemps rouge
Aura cassé l’hiver compact qui déjà bouge –
Trouer toujours plus loin ces blocs de gel uni
Et rencontrer, malgré les volontés adverses,
Quand même, un jour, ce chemin qui traverse,
De part en part, le coeur glacé de l’infini.

Je ne puis voir la mer sans rêver de voyages.
Le soir se fait, un soir ami du paysage
Où les bateaux, sur le sable du port,
En attendant le flux prochain dorment encor…

Oh ce premier sursaut de leurs quilles cabrées
Aux coups de fouet soudains des montantes marées !

Partez, avec le seul amour en vous  de l'étendue éclatante et hagarde...
Partager cet article
Repost0
24 mars 2017 5 24 /03 /mars /2017 18:17

Bonjour les amis,

Je ne connais pas les programmes actuels de français mais je me souviens que lorsque j' étais élève nous devions apprendre des poèmes par coeur et les réciter en classe devant le professeur et nos camarades.

C' était un exercice excellent pour travailler la mémoire et la diction.Je me souviens avoir fait ce type de prestation publique jusqu' en classe de seconde.

Un jour l' un de nos camarades ( qui était tétanisé par l' idée de devoir réciter un texte en public) avait dû travailler et mémoriser le poème de François Villon: "La Ballade des Dames du temps jadis".

Alors, notre petit copain qui manquait beaucoup d' assurance était tellement angoissé par sa future audition qu' il n' arrêtait pas de répéter le poème à voix haute à tous moments de la journée.

Et nous, voyant que l' idée de son passage en public le rendait nerveux et angoissé, on s' était amusé à lui changer un des vers du refrain.

En effet, au moment ou notre ami récitait " Mais où sont les neiges d' antan ? " nous on lui glissait à l' oreille " Mais où sont les vierges d' antan ? " histoire de lui faire perdre un peu ses moyens.

Evidemment, notre camarade s' énervait encore plus avec nous, et nous demandait d' arrêter de le troubler davantage car il avait peur de commettre ce lapsus en public.

Alors pour l' embêter encore plus on en remettait une deuxième couche en lui susurrant:

" Mais où sont les verges d' antan ? "

Notre copain commençait à perdre les pédales entre neiges, vierges et verges !

C' était d' autant plus compliqué pour lui qu' à un moment donné du poème il devait dire

" Où sont-ils VIERGE souveraine ? "

Le jour de l' audition, nous étions tous sur le qui-vive, dans l' attente de voir si notre ami surmonterait la terrible épreuve que supposait pour lui cet exercice et réussirait à réciter le poème sans se mêler les pinceaux.

Dès qu' il commença sa récitation nous sentîmes qu' il était très extrêmement tendu, pétrifié à l' idée de commettre un terrible lapsus...et quand il arrivait au vers fatidique, il interrompait sa diction de peur de commettre l' erreur devant le regard intrigué du professeur qui ne comprenait pas le motif d' une telle hésitation.

Notre ami a réussi à passer le premier couplet sans trop d' encombres, puis le deuxième tant bien que mal et puis arrivé au troisième,patatrac !

Il a balancé Verge ou vierge  dans l' hilarité générale,et s'est interrompu, incapable d' aller plus loin...

Notre ami était rouge de confusion....rouge pivoine jusqu' à la pointe de ses oreilles.

Le professeur qui était agacé par ses hésitations successives avait fini par éclater de rire lui aussi quand il en eut compris le motif...Ça s' est terminé dans la bonne humeur générale.

Tout ça les amis pour vous dire que, encore aujourd' hui, quand j' entends la chanson de Brassens je ne peux m' empêcher de penser à l' extrême gêne et confusion de notre copain  qui nous en a voulu un certain temps...

Tout ça pour dire aussi que, comme vous pouvez le constater, nos blagues de potache à l' époque n' étaient pas bien méchantes.

Alors je vous remets le texte original de François Villon ( et non pas de François Fillon)...et surtout ne confondez pas neiges avec vierges, ni avec verges...( c' est complètement idiot mais cette blague facétieuse de lycéen me fait rire encore aujourd' hui...).

Ce jour-là, ce jour de la récitation fut assez inoubliable.Nous n' avions pas eu droit qu' au seul  poème de Villon: la tête et la mine consternée de notre pote c' était tout un poème aussi...lol !

Dites moi où, n'en quel pays 
Est Flora la belle Romaine, 
Archipiades, né Thaïs 
Qui fut sa cousine germaine, 
Écho parlant quand bruit on mène 
Dessus rivière ou sur étang 
Qui beauté eu trop plus qu'humaine. 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

Qui beauté eu trop plus qu'humaine. 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

Ou est la très sage Hélloïs, 
Pour qui châtré fut et puis moine 
Pierre Esbaillart a Saint Denis? 
Pour son amour eu cette essoine. 
Semblablement, ou est la reine 
Qui commanda que buridan 
Fut jeté en un sac en Seine? 
Mais ou sont les neiges d'antan? 
Fut jeté en un sac en Seine? 
Mais ou sont les neiges d'antan? 

La reine blanche comme lis 
Qui chantait a voix de sirène, 
Berte au grand pied, Bietrix, Aliz 
Harembourgis qui tient le Maine, 
Et Jeanne la bonne Lorraine 
Qu'Anglais brûlèrent a Rouen; 
Où sont ils Vierge souveraine? 
Mais où sont les neiges d'antan? 
Où sont ils Vierge souveraine? 
Mais où sont les neiges d'antan? 

Prince, n'enquérez de semaine 
Ou elles sont, ne de cet an, 
Que ce refrain ne vous remaine: 
Mais ou sont les neiges d'antan? 
Que ce refrain en vous remaine; 
Mais ou sont les neiges d'antan?

 

Et puis je vous remets aussi l' excellent article de Rosemar consacré à ce poème.

 

Je dédie ce billet à la mémoire de Monsieur Van Lathem qui fut notre professeur de français et qui sut nous faire partager son enthousiasme et son amour pour notre belle langue.

Partager cet article
Repost0