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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 08:07

Bonjour les amis,

Le week-end pascal me donne toujours l' occasion de me replonger dans la musique de Bach, et notamment celle de ses Passions.

Aujourd' hui je vous propose une version de l' aria ERBARME DICH de la Passion selon ST Mathieu interprétée cette fois-ci par Julia Hamari.

Ce sublime mouvement en Si mineur dépeint le désespoir de Pierre ayant renié Jésus.La partie de violon solo exprime les remords de l' apôtre, réalisant ce qu' il vient de faire et la vérité des paroles de Jésus.

 

Erbarme dich
Arie (Alt)
Erbarme dich,
Mein Gott, um meiner Zähren willen !
Schaue hier,
Herz und Auge weint vor dir
Bitterlich.
 Aria (alto)
Pitié pour moi, Seigneur,
Je souffre et pleure et prie,
En mon coeur, quelle peine,
Quels tourments amers.
Pitié pour moi, Seigneur.

Alors ce morceau possède une force particulière, cosmique, presque aussi forte que celle de la création du monde.Il nous plonge dans une profonde affliction.

La très belle introduction au violon nous prépare à un développement d' une extraordinaire intensité.La voix s' élève et et nous fait partager les sentiments de détresse, d' agonie, de solitude et de profonde amertume de Pierre.

Julia Hamari nous livre ici une version complètement transcendée .Il n' est qu' à l'écouter...Son chant va au delà des mots et touche profondément notre âme.

Mais à travers cette voix c' est aussi une douleur universelle, un sentiment d' anéantissement et de dévastation qui s' expriment, toute une humanité qui pleure sur sa condition.L' irréparable a été commis.

Ce n' est pas par hasard que Tarkovsky a choisi cette musique et cette version-là pour accompagner les images de son film LE SACRIFICE qui se déroule après un accident nucléaire.

Erbarme dich

Et puis, je ne peux résister au plaisir de vous faire partager une autre version très différente, avec un traitement plus moderne, plus proche de l'esprit du baroque, avec moins de vibrato dans la voix.Ecoutez Delphine Galou...Encore une fois c' est sublime,prodigieux, magistral...bouleversant !

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17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 08:40

Bonjour les amis,

CALL ME BY YOUR NAME était le dernier film nommé pour les Oscars 2018 qu' il me restait à voir et c' est maintenant chose faite.

Voici le Synopsis:

Été 1983. Elio Perlman, 17 ans, passe ses vacances dans la villa du XVIIe siècle que possède sa famille en Italie, à jouer de la musique classique, à lire et à flirter avec son amie Marzia. Son père, éminent professeur spécialiste de la culture gréco-romaine, et sa mère, traductrice, lui ont donné une excellente éducation, et il est proche de ses parents. Sa sophistication et ses talents intellectuels font d’Elio un jeune homme mûr pour son âge, mais il conserve aussi une certaine innocence, en particulier pour ce qui touche à l’amour. Un jour, Oliver, un séduisant Américain qui prépare son doctorat, vient travailler auprès du père d’Elio. Elio et Oliver vont bientôt découvrir l’éveil du désir, au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne qui changera leur vie à jamais.

CALL ME BY YOUR NAME est un film qui est à la fois très sensible, sensuel, et qui possède aussi ( comme le montre la bande-annonce) un style très naturaliste avec de splendides images de la campagne italienne,des balades en bicyclettes,des parties de cartes au bistrot,des baignades dans la nature,des cueillettes d' abricots, des petits déjeuners familiaux en terrasse sous des soleils ardents.

Oliver, le jeune américain superbement interprété par Armie Hammer, est non seulement très séduisant,mais il est aussi très charismatique et ne laisse personne indifférent dans cette villa familiale ( ...et le spectateur aussi cède rapidement à son charme et à sa grande classe naturelle et spontanée) .Elio, au début du film, semble gêné par cette aura d' Oliver qui lui fait de l' ombre.

Elio qui est très intelligent et sensible vit un peu en dehors du monde réel, plongé dans ses lectures, ses études musicales,...Il est très égocentrique, très ado, souvent mal luné,timide aussi,parfois à la limite du comique.Les deux caractères ne peuvent être plus éloignés entre Oliver ( plus âgé) qui semble  toujours tout maîtriser et jouer de son charme, et Elio qui vit ses émotions de manière bien plus introvertie, gauche, et mal assurée...Timothée Chalamée interprète de manière extrêmement sensible le personnage troublé et tourmenté du jeune Elio.

Entre Elio et Oliver s' installe un jeu subtil et complexe, fait de lutte pour le pouvoir de la part d' Elio, mais aussi d' une attirance de plus en plus forte qui le submerge...

Le film dure 2 h 11 minutes et Luca Guadagnino prend le temps de nous installer dans ce jeu d' attirances mutuelles.C' est le moment de l' été, des longues introspections, du temps qui s' étire...

Je n' en dirai pas plus sur le scénario mais le film traite du désir,de la sensualité, du sentiment amoureux, des craintes et des doutes que provoquent la passion, de la tendresse, et de la douleur aussi...Ce n' est pas un film qui parle d' un amour de vacances, ni d' une simple histoire d' un été.C' est un film qui parle de grand amour, de passion qui marque pour toute une vie.

Le metteur en scène prépare très soigneusement l' épilogue de son histoire qui nous réserve une longue scène finale qui nous submerge d'émotions avec, entre autres,un échange très tendre entre Elio et son père qui a tout compris de la grande passion que celui-ci éprouve pour Oliver.

Cette fois-ci nous sommes en 1983, et ce n' est pas la société qui est ennemie de nos deux amants, mais ils vivent des temps différents,  et appartiennent à deux générations distinctes.En ce sens, la thématique du film de Guadagnino se veut universelle, et pas limitée à une histoire d' amours gays.

Enfin, et pour être sincère, le thème du film ne m' intéressait pas particulièrement à la base.J' ai vu CALL ME BY YOUR NAME car il était en lice pour les Oscars.

Donc, pour quelqu' un comme moi qui à priori n' était pas tenté par le thème, et s' agissant d' un film qui dure 2 h et 11 minutes ( c' est à dire interminable...), disons que j' ai bien tenu le choc, que le réalisateur a su maintenir mon attention et que la scène finale méritait que je patiente...Il y a dans les dialogues finaux des éléments qui m' ont frappé et des mots dont la portée universelle et intemporelle ont résonné quelques jours dans mon esprit.Le metteur en scène a atteint son objectif: il y a quelque chose dans l' histoire d' Elio et d' Oliver qui nous bouleverse.

 

 

 

CALL ME BY YOUR NAME...toute la force du premier grand amour.
CALL ME BY YOUR NAME...toute la force du premier grand amour.
CALL ME BY YOUR NAME...toute la force du premier grand amour.
CALL ME BY YOUR NAME...toute la force du premier grand amour.

Sachez enfin que le film est une adaptation d' un roman d' André Aciman édité en français sous le titre PLUS TARD OU JAMAIS.

Je ne tarderai pas à le lire et je vous dirai si l' adaptation de Guadagnino est fidèle au roman, et si, par ailleurs, celui-ci m' a plu...

 

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16 mars 2017 4 16 /03 /mars /2017 14:10

Bonjour les amis,

Il y a deux jours je vous parlais de Frida Boccara et j' avais mis en lien l' une de ses chansons inspirée d' une Aria de la Passion selon Saint Mathieu de J.S. Bach, et intitulée Cent mille chansons.

Alors cette chanson m' a replongé dans un épisode très précis de mon histoire personnelle:

 le jour où J.S. BACH est entré DÉFINITIVEMENT dans ma vie.

C' était dans les années 80. Je prenais des vacances dans le Nord de l' Italie et je me baladais dans Florence à la nuit tombée.Je me dirigeais vers mon hôtel quand j' aperçus un attroupement de personnes devant la Basilique San Lorenzo.

C' était complètement inhabituel car à cette heure tardive les églises sont fermées.Je m' approche du groupe et demande à un vieux monsieur italien le motif de cet attroupement, et celui-ci m' explique qu' il va y avoir un concert de musique sacrée.Il s' agit d' un grand choeur bavarois accompagné de tout un orchestre qui vont interpréter la Passion selon Saint Mathieu de J. S. BACH.

Il me précise que l' ensemble orchestral allemand est de grande qualité technique et que le samedi suivant ils doivent interpréter cette même Passion au Vatican devant le Pape Jean-Paul II.

Je sympathise avec ce charmant mélomane italien qui m' explique qu' il est tout seul,que je peux voir le concert avec lui et qu' il en profitera pour m' exposer les grandes lignes de l' oeuvre, et comment elle s' articule.Bien évidemment j' accepte son invitation sans la moindre hésitation.

Je ne connaissais presque rien de J. S. BACH à l' époque mais j' ai tout de suite été emballé par le fait de pouvoir assister, de manière complètement improvisée, à l' exécution d' une oeuvre d' une telle envergure.

Nous sommes entrés dans l' Eglise.J' ai pris un des carnets à disposition du public avec le texte original de l' oeuvre traduit en 4 langues.Mon ami transalpin s' installa près du choeur sur la gauche.Nous étions très bien placés.

 

 

Le jour où J.S. BACH est entré dans ma vie...
Le jour où J.S. BACH est entré dans ma vie...

Quand le concert commença, mes amis, ce fut tout de suite LE CHOC !

Ecoutez les 3 premières minutes...

Pendant que vous entendez le début de cette oeuvre sur vos enceintes dites vous que dans une église, avec la réverbération naturelle qu' il y a,l' effet est très impressionnant: vous êtes subitement projeté dans la 5 ème dimension....Et dès que le choeur entre à 2 minutes trente secondes on en attrape la chair de poule.

Je me sens littéralement transporté par l' ampleur et la profondeur de cette oeuvre imposante et magistrale.Au fil des minutes, je m' installe peu à peu dans cette Passion en suivant sur le carnet la traduction des parties chantées pour ne pas en perdre une miette.

Puis arrivent les parties pour soliste, dont notamment le fameux ERBARME DICH, MEIN GOTT.

L' une des plus belles pièces jamais composées.Si vous n' êtes pas ému c' est que vous n' êtes pas complètement  humain...

 

Le " Mache dich mein herze rein"...( qui fut réadapté par Frida).

 

L' oeuvre durera près de 3 heures, et quand arrivera la partie finale avec le choeur, je serai au bord des larmes.

Je n' avais jamais entendu rien de tel...J' étais soufflé !

Ce concert, ça a été un vrai choc, une révélation.Dès que je suis rentré à Paris je me suis précipité  à la Fnac pour acheter le disque.Comme je n' y connaissais rien, j' ai commencé avec Karajan.Plus tard j' écouterai d' autres versions sur instruments anciens. Harnoncourt, Herreweghe, etc...

Je pris durant la même semaine la décision de m' inscrire à l' école de musique Paul Beuscher ( cours de solfège et de piano, alors que j' avais 26 ans).

Je dirai à mon professeur de piano: " Il faut que vous m' appreniez à jouer du Bach..."

Celui-ci sourira et me fera remarquer que le piano n' existait pas à son époque...Peu importe !

Oui ce concert avait définitivement changé ma vie.Bach ne me quittera plus jamais.

je travaillerai sur ses préludes et fugues avec acharnement pendant des dizaines d'  heures.

Plus tard, je découvrirai l' étendue de son oeuvre orchestrale et instrumentale.Un véritable puits sans fond...Une production qui donne le vertige.

L' artiste le plus fécond et le plus universel de toute l' humanité.

Je lirai avec avidité sa biographie très dense écrite par Roland de Candé.

 

Le jour où J.S. BACH est entré dans ma vie...

Un certain nombre d' années plus tard j' intègrerai une chorale qui me permettra d' interpréter certaines de ses oeuvres comme le Jesu Bleibet, meine freunde.

Non, Bach ne me quittera plus jamais.

Il est le seul artiste ( avec Mozart) qui m' a fait douté de la non-existence de Dieu car, quand on interprète ses oeuvres Dieu n' est jamais loin.

C' est le seul compositeur dont je ne me suis jamais lassé.Jamais !

Bien sûr, je continuerai de me passionner pour des tas d'autres compositeurs, des tas d' autres musiques, mais Bach m' accompagnera toujours et de manière définitive.Comme un bon ami toujours présent dans les meilleurs moments comme dans les pires.

Et vous savez quoi ?

Si on m' abandonnait sur une île déserte avec la possibilité d ' emmener toutes les oeuvres d' UN SEUL compositeur, d' après vous, lequel choisirais-je ?

Le jour où J.S. BACH est entré dans ma vie...

Alors pour revenir à la chanson de Frida Boccara. Elle y parle de cent mille  chansons, de cent mille saisons.

Comment ne pas penser à Bach qui fût tout cela ! 

Cent mille  chansons, cent mille saisons .CENT MILLE SOLEILS RADIEUX !

Bach, d' une fécondité prodigieuse, qui ne se répétait jamais,et qui composait le Bonheur, tout simplement.

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