Bonjour les amis,
nous sommes en train de rajouter au répertoire de notre groupe choral polyphonique une chanson que tous les espagnols et latino-américains connaissent mais dont j'ignorais l'existence jusque la semaine dernière. Il s'agit de LA MURALLA (prononcer "la mouralia"). C'est une chanson composée par le groupe chilien QUILAPAYÚN qui a mis en musique en 1972 un poème de l'artiste cubain Nicolás Guillén.
Dans ce texte la muralla (la muraille) est une métaphore qui se réfère à l'époque où les châteaux servaient à se protéger des invasions barbares. Ici la muraille devient le symbole d'une société humaine qui se prémunit de tous les maux de la Terre et dont la construction de manière solidaire (avec des blancs et des noirs unis dans un même effort fraternel) est un appel à l'avènement d'une humanité idéale qui aspire à la liberté et à la justice.
Quant à la musique, composée sur sur un rythme à 3 temps, elle est, comme on pouvait s'y attendre de la part d'un groupe chilien, de facture très andine.
Dans la vidéo suivante on peut observer la ferveur du public pour lequel cette chanson est devenue une sorte d'hymne contre l'oppression.
Voici les paroles accompagnées d'un traduction sommaire et non littéraire, une traduction mot à mot.
Para hacer esta muralla
Pour construire ce murtráiganme todas las manos
Apportez toutes les mainslos negros sus manos negras
Noirs mains noireslos blancos sus blancas manos.
Blancs mains blanches.Una muralla que vaya
Un mur qui iradesde la playa hasta el monte
de la plage dans la broussedesde el monte hasta la playa
de la montagne à la plageallá sobre el horizonte.
au-delà de l'horizon.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?una rosa y un clavel
une rose et un oeilletabre la muralla.Ouvrez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?el sable del coronel
Sabre colonelcierra la muralla.
Fermez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?la paloma y el laurel
la colombe et le laurierabre la muralla.
Ouvrez le mur.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?el alacrán y el cienpies
les scorpions et les scolopendrescierra la muralla.
Fermez le mur.Al corazón del amigo
Au cœur de l'amiabre la muralla.
Ouvrez le mur.Al veneno y al puñal
Le poison et le poignardcierra la muralla.
Fermez le mur.Al mirto y la yerba buena
Au myrte et de mentheabre la muralla.
Ouvrez le mur.Al diente de la serpiente
Lorsque le serpent dentcierra la muralla.
Fermez le mur.Al ruiseñor en la flor.
Le rossignol dans la fleur.cierra la muralla.
Fermez le mur.
Alcemos una muralla
Levons un murjuntando todas las manos
toutes les mains agrippéeslos negros sus manos negras
Noirs mains noireslos blancos sus blancas manos.
Blancs mains blanches.Una muralla que vaya
Un mur qui iradesde la playa hasta el monte
de la plage dans la broussedesde el monte hasta la playa
de la montagne à la plageallá sobre el horizonte.
au-delà de l'horizon.Tun tun, ¿quién es?
Tun Tun, qui c'est?una rosa y un clavel ...
une rose et un oeillet ...
J'ai essayé de trouver sur youtube, malheureusement sans succés, l'arrangement choral que nous allons interpréter nous-mêmes. Il s'agit de celui de Roberto Rodrigues (qui est probablement d'origine brésilienne) et qui a écrit un arrangement à 4 voix avec de belles tensions harmoniques, un arrangement dans lequel les sopranos, contraltes, basses et ténors se répondent et fusionnent parfois en formant de accords assez recherchés.
Alors je vous propose 2 autres interprétations chorales de qualité, avec de très belles voix, pour que vous vous fassiez une idée, mais notre version à nous ne sera aucune des deux.
PS: Pour les petits jeunes de moins de 50 ans sachez que le groupe chilien QUILAPYÚN était en tournée en France en 1973 au moment du coup d'Etat d'Augusto Pinochet qui avait reçu un gros coup de main de la CIA pour faire tomber la démocratie chilienne dont le président démocratiquement élu était Salvador Allende qui est mort, en héros martyr, assassiné par la junte militaire. Plus tard, dans ses mémoires, le secrétaire d'Etat Henri Kissinger confiera que le coup d' Etat chilien avait coûté aux américains l'équivalent d'un jumbo jet 747...Pas cher payé pour flinguer une démocratie...
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