Bonjour les amis,
Hier soir je suis allé écouter dans mon village un concert de la soprano Carmen Paula ROMERO, accompagnée au piano par Beatriz Miralles et à la clarinette par Angel Belda.
Pour vous présenter cette chanteuse, je vous invite à regarder cet extrait de concert donné à Denia près de chez moi. Carmen Romero y apparaît à partir de 4 minutes 44 secondes.
Le trio d'interprètes nous a proposé hier soir un programme intitulé " ARREU DEL MON", ce qui veut dire en valencien AUTOUR DU MONDE. Ce fut un programme en forme d'invitation à un voyage musical à travers l'espace et le temps, et dans lequel il y avait des pièces européennes et américaines allant du Romantisme allemand et français du XIX ème, en passant par des oeuvres inspirées par les folklores anglais, écossais, mexicains jusqu'à des pièces américaines plus contemporaines et très jazzy. Un programme exquis, plein de bon goût, qui demandait parfois beaucoup de virtuosité, tant de la part de la soprane, que de ses musiciens.
Parmi les pièces qui ont été interprétées hier soir il y avait LES BELLES DE CADIX de Léo Delibes.
Un air que je ne connaissais absolument pas, un boléro qui fut créé en 1887 et qui demande beaucoup de virtuosité vocale de la part de la soprano.
En voici d'abord le texte:
Nous venions de voir le taureau,
Trois garçons, trois fillettes,
Sur la pelouse il faisait beau,
Et nous dansions un bolero
Au son des castagnettes;
Dites-moi, voisin,
Si j'ai bonne mine,
Et si ma basquine
Va bien, ce matin,
Vous me trouvez la taille fine?
Ah! ah!
Les filles de Cadix aiment assez cela.
Et nous dansions un bolero
Un soir c'était dimanche,
Vers nous s'en vint un hidalgo
Cousu d'or, la plume au chapeau,
Et la poing sur la hanche:
Si tu veux de moi,
Brune au doux sourire,
Tu n'as qu'a le dire,
Cette or est à toi.
Passez votre chemin, beau sire,
Ah! Ah!
Les filles de Cadix n'entendent pas cela.
Et nous dansions un bolero,
Au pied de la colline.
Sur le chemin passait Diégo,
Qui pour tout bien n'a qu'un manteau
Et qu'une mandoline:
La belle aux doux yeux,
Veux-tu qu'à l'église
Demain te conduise
Un amant jaloux?
Jaloux! jaloux! quelle sottise!
Ah! ah!
Le concert d'hier a été filmé par des professionnels mais, à défaut de pouvoir partager avec vous des images de l'interprétation de Carmen Paula Romero qui seront sans doute disponibles un de ces jours, voici une excellente version d'Angela Georghiu.
Alors, pour moi c'est toujours une grande et agréable surprise de découvrir des pièces du répertoire français à l'étranger.
Un ami espagnol qui était assis à côté de moi dans la salle me jette un coup d'oeil d'un air de dire :
" Toi, tu connais ça..."
et moi je lui réponds par une mimique qui veut dire :
"Bin non, je connais pas..."
Parmi les pièces du programme d'hier soir, celle qui m' a le plus touché (et que je ne connaissais pas non plus) c'est LE PÂTRE SUR LE ROCHER de Frantz Schubert, un long poème lyrique de 12 minutes composée de plusieurs parties bien différenciées.
Voici ce que dit de ce lied allemand Wikipédia:
" Le titre fait référence aux bergers des préalpes romantiques de Haute-Autriche. Le lied comprend 3 sections et met la soprano et la clarinette à rude épreuve. La première section est heureuse quand le berger solitaire, juché sur le sommet de la montagne, écoute les échos montant d' en dessous. La deuxième section devient sombre lorsque le berger exprime son amour lointain, son profond désespoir tragique, son isolement, et sa solitude. La troisième section fait jaillir une lueur d' espoir merveilleux de renaissance, du ciel et du printemps..."
Avant d' écouter cette longue pièce, je vous conseille si vous n'êtes pas familiarisé avec la langue de Goethe de suivre les paroles avec leur traduction française juxtaposée sur le lien ci-dessous pendant que vous écoutez l'interprétation extraordinaire de Barbara Nonney.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Der_Hirt_auf_dem_Felsen
Hier, j'ai été littéralement transporté pendant l'interprétation de Carmen Paula Romero. C'est un des plus beaux lieds que j' ai entendu de ma vie. Là, on touche le sublime , et on baigne dans un état de grâce. Seule la musique peut provoquer de telles émotions. L'écoute se transforme en une expérience quasi mystique.
J'ai beaucoup apprécié l'ensemble du programme de Carmen ROMERO, mais l'interprétation de ce lied-là fut un moment magique, hors du temps, et qui m'a littéralement bouleversé et emporté dans une autre dimension.
A la fin du lied, je regarde une amie mélomane qui est dans la salle. On se parle avec les yeux et on pense la même chose : ce qu'on vient d'entendre c'est, comme dirait Fabrice Lucchini, énorme...