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17 novembre 2024 7 17 /11 /novembre /2024 09:28

Bonjour les amis,

Cette année pour nos concerts de Noël avec notre groupe polyphonique choral CADENZA notre directrice de chant, Silvia, a mis au programme LA VERGINE DEGLI ANGELI (la Vierge des anges), une aria de extraite de l'opéra LA FORZA DEL DESTINO (La force du destin) de Giuseppe Verdi.

La Vergine degli angeli est l'hymne religieux qui clôt le final de l'acte II qui se déroule dans l'église de la Madonna degli Angeli près de Hornachuelos .

il est d'abord chanté par un chœur de voix masculines renforcé par les voix solistes d'un basse et d'un baryton, accompagnés de violoncelles, et ensuite c'est la voix soliste de la soprano qui interprète l'aria, accompagnée de la harpe.

Verdi allait souvent prier devant un petit autel annexe de la basilique de Cortemaggiore (ville située à quelques kilomètres du lieu de naissance de sa mère, Luigia Uttini), sur lequel se dresse le retable de Francesco Scaramuzza (Parme, 1805 - 1886 ) "La Résurrection de Marie" , dans laquelle la Vierge apparaît portée au ciel par un grand groupe d'anges. La tradition veut que ce soit précisément cette toile qui ait inspiré cet air au compositeur.

“La resurrezione di Maria” - Francesco Scaramuzza - Basilica minore Santa Maria delle Grazie- Cortemaggiore

“La resurrezione di Maria” - Francesco Scaramuzza - Basilica minore Santa Maria delle Grazie- Cortemaggiore

Voici les paroles originales de cette aria ainsi que leur traduction en français.

La vergine degli angeli
Mi copra del suo manto
E me protegga vigile
Di dio l'angelo santo
La vergine degli angeli
E me protegga me protegga
L'angiol di dio
E me protegga
L'angiol di dio
Me protegga
E me protegga

La vierge des anges
Me couvre de son manteau
Et me protège, vigilante,
De Dieu, l'ange saint,
La vierge des anges
Et me protège, me protège
L'ange de Dieu
Et me protège
L'ange de Dieu
Me protège
Et me protège

Passons à l'écoute maintenant et commençons avec l'orchestration complète originale de l'Opéra de Verdi.

https://www.youtube.com/watch?v=VhF6J_rqYco

Et puis, puisqu'on parle d'opéra je ne résiste pas au plaisir de vous joindre un enregistrement d'anthologie avec cette interprétation de LA CALLAS.

https://www.youtube.com/watch?v=whM848cm_ic

Passons à notre chorale maintenant. Nous serons accompagnés au piano pour interpréter cette Aria.

Le choeur sera exclusivement composé d'hommes comme dans l'opéra original.

J'ai commencé hier à travailler la partition des basses  et pour nous c'est vraiment cool. On est très à l'aise dans le registre de cette aria qui se situe au plein milieu de notre tessiture.

Bien évidemment, c'est sur le talent de la soprano que tout repose.C'est elle qui se devra d'être "divine" et qui devra transporter tout le public.

On fera notre première répétition chorale mardi prochain. Et pour l'instant je répète tout seul chez moi comme tout bon choriste qui se respecte.

Voici donc à quoi ressemblera (du moins, je l'espère) notre version chorale de LA VERGINE DEGLI ANGELI.

https://www.youtube.com/watch?v=6eb_9lG1fNY&t=1s

PS: Une petite erreur que ne doivent jamais commettre les choristes amateurs dont je fais partie.

Quand un choriste est sur scène et qu'il entend une soliste il ne doit JAMAIS céder à la tentation de la regarder, sauf si c'est le jeu de scène théatral de l'opéra qui l'impose.

En effet le choriste ne doit pas se comporter sur scène comme un membre du public qui profite lui aussi du spectacle. Ça la fout mal. Le choriste fait bien évidemment partie du spectacle et ne peut se comporter en spectateur.

Par exemple, lors de mon concert de l'année dernière de la messe de l'HOMME ARMÉ de Karl Jenkins, mes camarades et moi avons tous évité de regarder la soliste, même quand nous ne chantions pas.

Même si la soliste est absolument géniale le choriste garde son regard braqué sur le public. 

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15 septembre 2024 7 15 /09 /septembre /2024 10:43

Bonjour les amis,

Aujourd'hui j'ai envie de partager avec vous une des magnifiques lettres que Pasolini avait adressée à la Callas.

Mais avant de le faire, il me faut vous en préciser le contexte.

Pier Paolo Pasolini et María Callas se sont rencontrés en 1969, lorsque les producteurs Franco Rossellini et Marina Cicogna ont proposé à la chanteuse le rôle de Médée. Pasolini n'aimait pas l'opéra et craignait les caprices d'une célébrité habituée au luxe. Maria Callas, en revanche, était fascinée par ce réalisateur militant et écrivain communiste dont on parlait tant. Les réserves mutuelles et les appréhensions réciproques entre les deux artistes disparurent instantanément dès leur premier contact.

C’est ainsi que Pasolini se souvient de la première fois qu’il a vu la chanteuse : «Un physique extraordinaire, avec ces grands yeux dans un visage aux pommettes saillantes, et avec ces traits et expressions qui s’intègrent parfaitement dans ma mythologie physionomique. ».

Quant à la Callas, elle a déclaré : « Nous sommes très unis spirituellement, comme cela est rarement permis. »

Ils ont immédiatement construit une intimité faite de voyages, de longues conversations et de nombreuses lettres pleines d'affection, de compréhension mutuelle et de présence.

Voici donc une de ces lettres dans laquelle Pasolini parle aussi de la nature très particulière du travail cinématographique.

"Chère Maria,

ce soir, à la fin de notre journée de travail, sur ce sentier de poudre rose, j'ai perçu avec mes antennes qu'il y avait en toi la même angoisse que celle qu'hier, avec tes antennes, tu as perçue en moi. Une angoisse très légère, à peine plus qu'une ombre, et pourtant invincible. Hier, il ne s'agissait pour moi que d'un peu de névrose ; mais aujourd'hui, il y avait en toi une raison précise (précise jusqu'à un certain point, naturellement) à ton accablement, au moment où le soleil disparaissait. C'était le sentiment de ne pas avoir eu complètement la maîtrise de toi-même, de ton corps, de ta réalité : d'avoir été "utilisée" (et de plus avec la fatale brutalité technique qu'implique le cinéma) et par conséquent d'avoir perdu en partie ta pleine liberté. Tu éprouveras souvent ce serrement de cœur, pendant notre tournage, et je l'éprouverai aussi avec toi. Il est terrible d'être celle qui est utilisée, mais aussi celui qui utilise.
Toutefois, c'est une exigence du cinéma : il faut briser en mille morceaux une réalité "entière" pour la reconstruire dans sa vérité synthétique et absolue, qui la rend par la suite plus "entière" encore.
Tu es comme une pierre précieuse que l'on brise violemment en mille éclats pour qu'elle puisse ensuite être restituée dans une matière plus durable que celle de la vie, c'est à dire la matière de la poésie. Il est justement terrible de se sentir brisés, de sentir qu'à un certain moment, à une certaine heure, en un certain jour, on n'est plus entièrement soi-même, mais seulement un éclat de soi-même : je sais combien cela peut-être humiliant.
Aujourd'hui, j'ai saisi un instant de ta splendeur, alors que tu aurais voulu me l'offrir tout entière. Mais ce n'est pas possible. À chaque jour sa lueur, et à la fin, on aura la lumière entière et intacte. Il y a aussi le fait que je parle peu, ou que j'ai tendance à m'exprimer de façon incompréhensible. Mais on peut facilement remédier à cela : c'est comme si j'étais en transe, j'ai une vision ou plutôt des visions, les "Visions de la Médée" ; dans cet état d'urgence, tu dois te montrer patiente avec moi, et m'arracher les paroles par la force. Je t'embrasse. »
PPP

Photo prise durant le tournage de Médée

Photo prise durant le tournage de Médée

Superbe photo qui souligne la grande complicité naturelle qui existait entre ces deux artistes que tout opposait

Superbe photo qui souligne la grande complicité naturelle qui existait entre ces deux artistes que tout opposait

Si vous  avez un compte facebook vous pourrez entendre Béatrice Dalle lire cette magnifique lettre de Pasolini à la Callas.

PS: Après avoir lu cette lettre si dense il ne me reste plus qu'à visionner le plus vite possible MEDEE qui est, d'après ce que j'en ai lu, une des oeuvres les plus âpres et ardues du grand metteur en scène italien qui s'est inspiré de l'oeuvre d'Euripide.

Son film est visible en intégralité en VO italienne (sous-titrée espagnole) sur ce lien-ci.

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