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8 juin 2023 4 08 /06 /juin /2023 07:31

Bonjour les amis,

Ce matin j'ai essayé (sans succès à cause de pb techniques de la plateforme overblog) de répondre à un article de Rosemar dans lequel Caius propose dans ses commentaires une longue série d'arguments et d'articles qui mettent en doute le fait que les russes seraient les responsables volontaires de la destruction partielle du barrage de Kakhova.

Je vous invite à lire les commentaires de Caius sur le lien ci-dessous.

Pour ma part, j'avais écrit avant cette destruction, que Poutine était comme ces enfants qui préfèrent casser un jouet  plutôt que de le rendre à son propriétaire.

Au sujet de qui a fait sauter le barrage André Markowicz (écrivain et traducteur) ne doute pas un seul instant qu'il s'agit des russes. Je vous livre sa lecture sur les motivations de Poutine qui, selon lui, ne sont pas directement d'ordre militaire...Ce n'est pas, selon lui, pour freiner l'avance d'une éventuelle contre-offensive ukrainienne que le barrage a été détruit. On serait plutôt dans une logique du "jouet cassé" et d'un chantage ignoble à la destruction.

Voici ce qu'il a publié sur sa page facebook.

https://www.facebook.com/andre.markowicz

"Le dernier chantage

Sur la responsabilité des Russes dans la destruction du barrage, il n’y a aucun doute, comme sur le fait que cette destruction n’est pas un accident, mais une décision réfléchie, et réfléchie très, c’est le cas de le dire, en amont. — Les autorités ukrainiennes avaient signalé, dès l’automne 22, que le barrage, entièrement sous le contrôle des Russes, avait été miné. Tout le monde est d’accord pour dire qu’aucun missile n’est assez puissant pour le faire sauter.

Non, il s’est agi, visiblement, à la fois de faire sauter, depuis l’intérieur, le bâtiment principal (qui abritait le centre de direction) – un peu comme les russes avaient fait avec la prison d’Elinovka –, et de faire céder les postes secondaires (je ne sais pas comment ça s’appelle en français, je n’ai pas trouvé le mot, on dit en russe : « peremytchki ») qui maintiennent la sécurité de l’ensemble. Bref, sur un bâtiment qui avait été fragilisé par un bombardement durant l’automne, on a fait monter le niveau de pression de l’eau (le niveau de l’eau sur le barrage n’avait jamais été, historiquement, aussi haut depuis une semaine, après voir été le plus bas une semaine auparavant), et il y a eu une réaction en chaîne (ne me demandez pas comment, techniquement parlant) qui a fait qu’à un moment précis, tout a cédé.

Une semaine auparavant, un décret officiel russe avait été passé, cité abondamment aujourd’hui par la presse ukrainienne : il s’agit de dire que, puisque la situation militaire était instable,  il n’y aurait pas de contrôle technique ni d’études des causes des avaries sur les installations hydrauliques jusqu’au... 1er janvier 2028. Un document sidérant, et qui dit tout. Pourquoi jusqu’au 1er janvier 2028 ? Parce qu’il s’agit toujours de la même doctrine « Serguéïevtsev » : on détruit tout et on ne répare pas. On fait vivre la population dans la misère et, concrètement, l’esclavage, le temps qu’elle vienne, par nécessité, nous manger dans la main. Et là, bon, d’ici cinq ans, on commencera à reconstruire...

Sauf que... que signifie cette destruction ?

On dit que c’est pour empêcher l’offensive ukrainienne d’avancer. Ce n’est pas ça, pour une raison toute simple : même avec le barrage, la largeur du Dniepr à cet endroit là fait qu’il est impossible, ou quasiment impossible, de forcer le passage, surtout s’il s’agit de faire passer du matériel lourd (c’est la raison pour laquelle les Russes avaient été forcés de laisser Kherson). Il y avait des combats, mais c’étaient des escarmouches, sur des îles côtières, dans des endroits marécageux. Mais non, il ne s’agit pas de ça. Comme il ne s’agit pas, en faisant sauter ce barrage, de ne plus faire parler de l’offensive elle-même, qui se développe, parce que, ça, c’est une stratégie de deux jours.

Oui, Kherson est inondée. Mais toutes les victimes (ou quasiment toutes), les destructions les plus catastrophiques se trouvent sur la rive gauche, qui est plus basse, et qui est entièrement occupée par les Russes. C’en est arrivé au point que si l’état-major a fait évacuer à l’avance ses troupes motorisées, il y a eu plein d’unités de fantassins, de nouveaux mobilisés, qui n’ont pas été prévenus de ce qui se passait, et les Russes ont perdu des dizaines et des dizaines de soldats à côté du barrage, qui ont été engloutis les premiers. Pour la population civile, rien, absolument rien n’a été entrepris. On a vu Saldo, l’agent de Moscou, faire une video à Kakhovka, et dire que les gens travaillaient normalement, que les stations-services étaient ouvertes, mais quand un autre canal télegram a publié la même interview, prise sous un autre angle, on a découvert, derrière le dos de Saldo, qu’il parlait au-dessus d’une place totalement engloutie sous une eau marron. Mais, dit-il, « les gens sont des gens, ils sont attachés à leur maison, ils ne veulent pas partir »... Ils ne peuvent pas partir, parce qu’il n’y a rien de fait.

La situation pour l’eau potable est critique pour tout le monde. Côté ukrainien, à Krivoï Rog (ou Rig), ville natale de Zelensky, 600.00 habitants, il y a déjà des problèmes, mais le pire à venir est en Crimée, dont l’approvisionnement en eau dépend entièrement du canal construit à partir de ce barrage. L’eau qui arrive aujourd’hui est marron, impropre à la consommation. Bientôt, il n’y en aura plus du tout.

C’est-à-dire que, concrètement, sachant que ces territoires (la rive gauche du Dniepr et la Crimée) ont été annexés, c’est la Russie elle-même qui a les a détruits, — qui a ruiné, délibérément, ses propres territoires.

*

Elle l’a fait pour une raison, et une seule. C’est que Poutine sait parfaitement que, militairement parlant, il aura perdu (la question, ici, n’est pas quand, dans quel délai), et qu’il devra, dans le meilleur des cas, revenir aux frontières de 1991. Ce qu’il rendra à l’Ukraine, sous le coup d’une défaite militaire, ce seront des territoires totalement ravagés, des territoires sur lesquels, pour la plupart, il ne pourra pas y avoir de production agricole pendant des années (alors qu’ils faisaient partie des terres agricoles les plus riches du monde). À cause des inondations, et à cause de l’imprégnation catastrophique des sols en métaux lourds qu’elles entraînent et entraîneront sur des années, en déchets de toutes sortes, accumulés depuis 70 ans par l’URSS, et qui ressortent aujourd’hui (et, en même temps, la destruction de trois parcs naturels, avec des réserves de flore et de faunes uniques  est, là encore, irrrémédiable qu’il est encore trop tôt pour mesurer).

*

Mais cette raison en est, en elle-même, une autre : Poutine se fiche de sa défaite militaire, à cause du chantage qu’il exerce. Ce qu’il montre, — pas à l’Ukraine (il se fiche de l’Ukraine), mais au monde entier, c’est qu’il est assez « déterminé » pour provoquer une catastrophe écologique et humaine majeure. Il le fait parce que cette catastrophe en appelle une autre : si une solution n’est pas retrouvée très rapidement, la centrale nucléaire de Zaporijia ne pourra plus se refroidir, et finira par sauter. Or, là encore, elle est totalement contrôlée par les Russes.  Le chantage est clair : soit vous, l’OTAN, vous trouvez une solution pour geler le front et arrêter la progression ukrainienne, soit il y a un accident nucléaire qui affectera tout le monde — et, là encore, le fait que cet accident affectera prioritairement des territoires contrôlés, au moment où j’écris, par les Russes, n’a aucune, mais aucune  -importance pour Poutine qui, avec son pouvoir, joue sa propre vie."

Pourquoi avoir fait sauter le barrage de Kakhova ?

A chacun de se faire son idée. Pour ma part je n'ai acquis aucune certitude mais cette explication d'un Poutine terroriste écologique prêt à tout et à n'importe quoi pour sauver sa peau reste la plus vraisemblable et colle avec la psychologie de ce personnage ignoble...Cette interprétation des faits comme une escalade dans le chantage écologique tient la route...malheureusement !

PS: Vous avez bien compris que mon billet d'aujourd'hui n'est pas un vrai billet mais plutôt la continuation d'une série d'échanges initiée sur l'article de Rosemar. J'ai continué sur mon blog à cause de problèmes techniques qui m'ont empêché de poursuivre sur le blog de Rosemar. Caius a présenté une argumentation solide qui mérite d'être lue et qui possède une logique indéniable...mais celle de Markowicz aussi possède sa logique. Ce conflit n'est pas irrationnel et Poutine n'est pas fou...simplement les raisons qui motivent certaines actions criminelles ne sont pas faciles à établir tant il y a un nombre très important de facteurs qui en sont affectés à court, moyen et long terme.

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