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19 août 2023 6 19 /08 /août /2023 16:59

Bonjour les amis,

Je viens de terminer la lecture de PORCA MISERIA un livre autobiographique de Tonino Benacquista, écrivain et scénariste, né en France de parents italiens.

Ce titre il faut l'expliquer. "Porca miseria" est un juron que les italiens lâchent quand ils sont vivement contrariés. On pourrait traduire cette locution en français par " Bon sang ! ". Mais ce juron contient aussi le mot "misère", cette maudite misère qu'essaient de fuir les immigrés.

Voici un résumé du livre fait par l'éditeur:
« Les mots français que j’entends ma mère prononcer le plus souvent sont cholestérol et contrariété. Je m’étonne qu’une femme ayant tant de mal à amadouer sa langue d’adoption puisse connaître deux termes selon moi si savants. Contrariété l’emporte de loin. Elle finit par se l’approprier comme s’il la débarrassait du devoir d’aller mieux, et qu’une fois prononcé, rien ne l’obligeait à développer, tout était dit, contrariété.
Les soirs où l’affrontement avec son mari devient inévitable, elle assène le mot ruine, en italien, c’est la note la plus aiguë de son lamento, la rouiiiina, dont le sens est sans équivoque : c’est l’émigration, le départ maudit, la faute originelle, la source de tous ses maux, la contrariété suprême. »
En 1954, la famille Benacquista quitte l’Italie pour s’installer en banlieue parisienne. Les parents, Cesare et Elena, connaîtront le sort des déracinés. Dans ce bouleversant récit des origines, leur petit dernier, Tonino, restitue avec fantaisie cette geste. Il raconte aussi les batailles qui ont jalonné sa conquête de la langue française.
Avec Porca miseria, Tonino Benacquista trace la lumineuse trajectoire d’un autodidacte que l’écriture a sauvé des affres du réel.
"

Voici ce qu'écrit Palamède sur la fiche Babelio consacrée à ce livre:

"Un ressentiment réciproque des parents que l'un noie dans l'alcool et l'autre dans la dépression, un naufrage parental dont les enfants sont les premiers à pâtir, voilà ce que raconte Tonino Benacquista dont l'immigration d'Italie en France de ses parents dans les années 50 n'a pas rempli ses promesses, bien au contraire. Pourtant pour le benjamin de la fratrie, le seul des cinq enfants à être né en France, si le constat est amer face à ceux qui ne lui ont transmis aucune culture, que d'ailleurs ils n'avaient pas, le salut, l'ouverture au monde passera par la littérature. Une littérature qui s'est d'abord refusée à lui, incapable qu'il était d'ouvrir un livre pendant une partie de sa scolarité, tout en aimant déjà, ce qui est pour le moins paradoxal, écrire des histoires. Des histoires qu'on ne peut qu'aimer, comme celle de sa famille, avec ses mélancolies, ses bas et ses hauts, ses hontes et ses fiertés. Parce que qu'il se livre sur une profonde dépression arrivée au moment du succès, ou qu'il réécrive l'histoire de ses parents sous un jour plus favorable pour leur rendre hommage, car dit-il : « Se livrer au plaisir de l'extrapolation, c'est se consoler du talent que la vie n'a pas eu. » Tonino est un merveilleux conteur qui par la force de son humour et la finesse de son imagination nous séduit irrésistiblement."

 

J'ai dévoré ce livre et j'y ai retrouvé tellement d'éléments de ma vie personnelle ou de personnes qui me sont proches que, parfois, il m'arrivait de faire une petite pause de lecture.

J'ai sélectionné deux extraits.

D'abord un premier dans lequel l'auteur parle de l'une de ses soeurs qui est retournée vivre en Italie…

"Anna va choisir la voie exactement symétrique. Il est dit que dans une
famille d’immigrés de trois enfants et plus il s’en trouve toujours un pour retourner au bled. À l’occasion de vacances dans son village natal, elle rencontre son futur mari. Pas un Turinois, ni un Sicilien, mais un gars du cru. Comment s’en étonner ? Avec lui, elle rebâtira la maison même où elle a vu le jour, et où elle vivra le reste de sa vie. Comme si elle reprenait son histoire là où elle avait été interrompue et que ce passage en France était une ellipse enfin refermée. La voilà de retour."

Et voici un deuxième extrait qui raconte quand le père prépare le départ en vacances au pays natal:

"La veille il a pris soin de glisser dans nos bagages des plaquettes de
chocolat et des paquets de café en vue de passer pour un parent prodigue
aux yeux de la famille. Laquelle fait semblant de s’émerveiller au lieu de le
rassurer : les Italiens ne souffrent d’aucune privation. Il ne réalise pas qu’il
fait preuve de la même condescendance que son frère américain à son égard
quand il lui envoie un billet de dix dollars dans un courrier…."

J'ai une petite anecdote personnelle au sujet du café et du chocolat que mes parents également apportaient aux amis et aux voisins restés au pays.

Un jour, alors que j'avais une dizaine d'années, j'ai surpris une conversation en italien entre deux voisines de mon grand-père paternel. L'une d'entre elles disait à l'autre qu'elle n'aimait pas le café torréfié à la française, et comme elle n'arrivait pas à se résoudre à jeter ce café que mes parents lui avaient offert (car ça aurait quand même été dommage) elle l'incorporait peu à peu " à petites doses" en le mélangeant avec son café italien habituel...Tout ça pour ne pas gâcher la marchandise !

Mes parents étaient loin de s'imaginer que leur café était "éliminé" à petites doses!....🤣🤣🤣

 

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30 mars 2018 5 30 /03 /mars /2018 15:25

Bonjour les amis,

Parmi les faits divers mineurs de cette semaine, j' ai retenu une affaire assez cocasse de licenciement d' un barman français en Colombie Britannique.

Licencié pour comportement agressif envers ses collègues, le serveur a invoqué devant le juge un malentendu culturel dû à sa culture française...

Ce qui est cocasse dans cette histoire ( voire même un peu inquiétant) ce n' est pas tant que le serveur invoque sa culture française pour se défendre mais plutôt que le juge considère que son argument est recevable...Voila qui en dit long sur notre image à l' étranger !

Alors, au delà des idées reçues, des lieux communs, des réputations plus ou moins méritées, il faut d' abord dire que dans le milieu de la restauration en France, il y a effectivement une tradition de rapports très directs, parfois assez violents, pas toujours très compatibles avec les us et coutumes anglo-saxons.

On se souvient tous du chef cuistot interprété par Bernard Fresson qui gueule comme un putois sur les serveurs dans le film GARÇON de Claude Sautet. En fait, ça fait partie du business...Deux heures plus tard, une fois que le " coup de feu" en cuisine est passé tout le monde redevient cool, et copain-copain.

Ecoutez l' extrait à partir de 20 secondes...

Cette agressivité du serveur licencié m' a également remis en mémoire mon arrivée à Paris fin des années 70.Le petit provincial un peu timide que j' étais trouvait les parisiens à la fois stressés, stressants  et agressifs.

J' habitais rue de Montessuy, près de la Tour Eiffel, et j' avais pour voisine de palier une dame suisse, très élégante, très classe, d' une quarantaine d' années.

Elle m' avait confié que lorsqu' elle était débarquée dans la capitale ça l' avait choqué elle-aussi cette agressivité des parisiens.Et puis, elle m' a dit qu' elle s' était rendue compte que lorsqu' elle répondait aux gens sur le même ton,et avec la même fermeté, tout se passait bien.Il n' y avait pas d' escalade.Tout le monde trouvait ça normal et c' était bien accepté.

Alors,chers amis, pour éviter de colporter davantage cette image peu flatteuse de gaulois agressifs,moi je proposerais à tous nos professeurs d' histoire d' apprendre à nos chères têtes blondes dès le collège que notre tradition, c' est l' élégance, le panache et la courtoisie.

Il serait bien de rappeler à nos élèves certains épisodes de notre histoire, et que, par exemple, à la bataille de Fontenoy, nous n' avons pas tiré les premiers et que nous avons invité courtoisement Messieurs les Anglais à le faire...

NB: Ne perdez pas les explications sur le document vidéo et notez à la fin de l' intervention du locuteur que si on déplace la virgule, la phrase change de sens.

Donc, la solution est dans notre histoire, dans notre culture.Enseignons à nos élèves comment répondre à une insulte ou à une moquerie en leur faisant apprendre par coeur la tirade du nez de Cyrano de Bergerac, et c' en sera fini du harcèlement entre élèves.

Vous le voyez les amis, face à la violence, à la vulgarité, à l' agressivité rien de tel que le verbe, le panache, l' esprit...

Alors, au lieu de se chercher de mauvaises excuses, ce barman devrait essayer d' être français, mais dans le sens classique du terme...!

Tel Super Dupont le fier et noble faux super-héros de Gotlib !

Excusez-moi d' avoir été un peu trop " français" avec vous...

PS: Redevenons sérieux juste deux secondes.Ce barman devrait savoir que la première chose qu' on apprend quand on s' installe à l' étranger c' est de ne pas essayer d' imposer les normes sociales de son pays d' origine, mais plutôt d'essayer de comprendre et de respecter celles du pays où on a émigré...Bien évidemment il ne s' agit pas de renier son identité, mais simplement de savoir prendre aussi la couleur des murs sans faire de vagues, ni de de scandales.

 

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22 septembre 2016 4 22 /09 /septembre /2016 15:07

Bonjour les amis,

Nicolas Sarkozy a déclaré récemment::«Dès que l'on devient Français, nos ancêtres sont Gaulois»

Une formule volontairement provocatrice, un peu polémique, qui a declenché l' hilarité chez les profs d' histoire et donné lieu à de très nombreux commentaires ironiques dans les médias.

Une formule qui prête facilement à la critique.

Mais, en ce qui me concerne , la petite phrase de Sarko a eu un autre écho et m' a replongé dans mon enfance et dans ma propre histoire.

En effet, je suis né sur le sol français mais mon père qui était très "rital" avait insisté auprès de l' agent civil de la Mairie pour que je reste italien.

A l' âge de 10 ans, j' ai demandé à mon père qu' il entreprenne les formalités pour que je puisse acquérir la nationalité française, ce qui fut chose faite assez rapidement.

Depuis, j' ai chez moi un acte de naturalisation de la République Française dans lequel le juge indique que je suis de nationalité franco-iltalienne.

J' ai été très sensible au fait que la République m'a octroyé la nationalité française sans pour autant me faire renoncer à l'italienne.Une République à la fois généreuse,respectueuse et courtoise...

Par ailleurs, à l' époque j' étais un grand fan des aventures d' Astérix ( et je le suis resté bien sûr) et quand je lisais les albums de Goscinny et d' Uderzo , j' avais un curieux sentiment car je me sentais FORCÉMENT du côté des gaulois ( au sens où l' exprime Sarkozy) tout en gardant un fort attachement et une certaine admiration pour mes ancêtres romains.

La République m' avait déclaré franco-italien, et le féru lecteur d' Astérix que j' étais se sentait complètement gallo-romain.
Donc, finalement, cette phrase de Sarko qui fait rire tout le monde, je la fais un peu mienne quand même.J' en suis la preuve vivante.

Quand on devient français on devient gaulois...quelque part...

En fait, en naissant sur le sol français, je suis devenu de facto gaulois...La question ne se posait même pas.L' école intégrait en ces temps-là.Les identités n' étaient pas un obstacle.Nous étions tous citoyens d' une République protectrice et respectée.

Plus tard, quand notre instituteur nous fera chanter:

" La République nous appelle

sachons vaincre ou sachons mourir

Un français doit vivre pour elle

pour elle un français doit mourir"

Je penserai que je n' avais pas envie de mourir ( même en héros), mais que s' il avait fallu choisir un camp, ça aurait été bien évidemment celui de la République et de la liberté...

Oui, mes ancêtres spirituels étaient bien gaulois.Je faisais mien un héritage historique et culturel qui n' appartenait pas à mes ancêtres génétiques mais dans lequel ma propre histoire allait s' inscrire....

Image d' Epinal d' un village gaulois tel qu' ils étaient représentés dans nos livres d' histoire

Image d' Epinal d' un village gaulois tel qu' ils étaient représentés dans nos livres d' histoire

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